Carnet de traversée du Kalahari (5)

Publié le par Jérôme Voyageur

Bureau d'information de Kubu Island

Bureau d'information de Kubu Island

Dimanche 6 avril 2008, bush camp non loin d’Orapa

 

La nuit s’est finalement bien passée même si certains ont bien cru que la bétaillère nocturne allait finir dans leur tente, alors qu’elle était de l’autre côté de la clôture. En revanche, c’est la première nuit aussi fraîche. Le feu matinal est le bienvenu pour réchauffer qui les mains, qui les orteils. Il y a même un second service de café pour réchauffe les corps. Pour se tenir chauds et entretenir la forme, nous reprenons nos marches matinales. Celle-ci me permet de revoir une veuve de Paradis que j’avais aperçus la veille. Elle est immanquable avec sa longue queue.

Nous embarquons alors en direction de Letlhakane. Et là, Ô surprise, à 8h30, un dimanche matin, nous trouvons un supermarché, véritable caverne d’Ali Baba. C’est l’orgie ! Tout y passe ! Fruits, légumes, gâteaux, filet de bœuf, … Une adresse à retenir pour le ravitaillement. C’est aussi là que nous découvrons une panne sur le circuit d’embrayage d’un des véhicules. Du coup, tous les chauffeurs changent de place.

Sans trop de difficultés, en sortant de la ville, nous trouvons la piste qui part vers le nord à travers les pans de Makgadikgadi. Nous faisons une halte au village de Mmatshumo, au départ pour nous renseigner et réparer et finalement pour déjeuner. C’est dans ce village que se situe le bureau de renseignements de Lekhubu Island. En effet, le coin est géré par la communauté locale de Gaing-O. Nous sommes accueillis par des gens charmants qui nous indiquent quelles pistes éviter, qui demander en arrivant sur place, … Pendant le repas, nous observons les allées et venues d’abord du bétail autour de la mare voisine (chèvres, vaches, ânes, …), puis ensuite des villageois juchés soit sur des ânes, soit sur des carrioles de bric et de broc.

Ainsi parés, nous pouvons reprendre la piste. A condition de savoir lesquelles. Il y en a plusieurs qui se recoupent, se redivisent. C’est plutôt déroutant et donne l’impression d’être perdu. Pourtant, il y a des panneaux en fer, stylisés en forme de baobab, qui indiquent l’île. Nous croisons aussi de nombreux postes de bétail bien isolés. Ceci explique les pistes annexes. Nous avançons ainsi comme depuis la sortie de Rakops à travers une forêt de petits mopanes.

Au bout de quelques kilomètres, nous dominons le pan de Ntsokota en contrebas. Il y a encore de l’eau. il s’agit ici de pans salins à la surface blanchâtre, propices aux mirages. C’est à cet endroit que Doubt et Inno découvrent des vers de mopanes dans les arbres, une grosse « chenille » dont ils se délectent à l’accoutumée. Nous verrons d’ailleurs un peu plus loin une famille en ramasser. Ils aimeraient nous en faire goûter à Vic Falls mais personne n’est partant ! Nous approchons ce pan sans le traverser sous peine de s’y enliser. Le soleil sous ce ciel pur, sans nuages, est brûlant.

Plus loin, nous traversons le pan de Tsitsane. C’est une sensation étrange de se retrouver sur cette étendue blanche avec seulement une bordure dorée autour. Une sensation de fin du monde, de désert ultime. Les zones salines alternent avec les étendues herbeuses aux teintes blond-vert. Ici et là apparaissent quelques cactus de petite taille. Nous finissons par atteindre une nouvelle barrière vétérinaire qui paraissait sérieuse avec sa double enceinte. Le garde se contentera juste de nous renseigner sans nous fouiller. Il nous confirme lui aussi que la piste directe par le pan vers l’île de Lekhubu es déconseillée car beaucoup trop humide encore. Nous sommes contraints de faire vingt kilomètres supplémentaires pour passer plus au nord. Retour dans les zones boisées avec des pistes toujours aussi déroutantes et peu de repères. Et accessoirement le sentiment de faire erreur.

Les postes de bétail sont déserts dans la journée mais nous finissons par dénicher quelqu’un qui nous confirme que nous sommes sur le bon chemin. Arrivés dans un semblant de village, même pas indiqué sur la carte, Whiskey, une des personnes que nous devions trouver sur l’île, nous trouve alors que nous ne le cherchions pas, sûrement pas là en tout cas. Il nous fournit tous les renseignements pour atteindre l’île, encore distante de treize kilomètres. Il doit nous retrouver sur les lieux ce soir ou demain. Nous dépannons aussi un autochtone qui a besoin de faire regonfler un de ses pneus. Il repart ravi vers la ville.

A la sortie du village de cases, près d’un trou d’eau aménagé pour le bétail, nous apercevons trois femelles koudous qui déguerpissent à notre arrivée. Nous continuons aussi dans le choix aléatoire des pistes multiples. Celle que nous empruntons reste dans le style des précédentes. Alternance de zones boisées et de prairies dorées, parfois une saline. En plus, j’ai l’impression que nous retournons sur nos pas. Néanmoins, après plusieurs heures d’effort, l’île de Lekhubu finit enfin par apparaître derrière les étendues blondes de graminées.

Une île peut être, mais point d’eau ! Nous apercevons au moins les rochers attendus. Sur place, nous ne trouvons qu’un touriste botswanais et sa petite tente verte. Autant dire que nous avons le choix pour notre emplacement. Nous faisons tout le camp pour trouver le meilleur. En fait, ils sont répartis sur toute la longueur de la face ouest de l’île. Nous nous arrêtons finalement au numéro un où trône un gigantesque baobab probablement âgé de plusieurs millénaires, vu sa taille. Encore un petit coin de paradis. Une fois les tentes montées, nous sommes libres d’aller et venir. J’attends 16h même si il fait encore un peu chaud. une fois le sac bien rempli en eau et fruits, je me lance dans le contournement de l’île.

Nous ne sommes pas très loin de la pointe sud vers laquelle je pars. Je bifurque un peu avant pour aller jeter un œil aux restes archéologiques, ceux d’une civilisation datant du Great Zimbabwe. C’est aussi un lieu sacré pour le peuple San (aussi connus sous le nom de bushmen). Il ne reste en fait que quelques murets de pierres qui courent sur les rochers. Un baobab de taille raisonnable semble veiller sur les lieux. De là, je redescends vers le pan pour continuer mon tour. La face est se tourne entièrement vers l’immense pan de Sowa. Autant dire qu’on ne voit rien jusqu’à l’horizon, simplement la surface plane et blanchâtre du pan. Ce côté est encore plus beau que l’autre. D’abord, un champ de rochers arrondis qui offre un peu d’ombre pour se poser, apprécier le silence complet et perdre son regard dans l’immensité qui fait face. Un lieu propice à la méditation.

Un peu plus loin, c’est une petite plaine aux herbes dorées qui descend en pente douce vers le pan. Juste derrière alignés comme au garde à vous, se dressent une série de quatre baobabs qui contrastent parfaitement sur ce ciel parfaitement bleu, pur à souhait. En fait, j’en aperçois partout, de toutes tailles, de toutes formes, tantôt avec leur feuillage, tantôt sans. Ces arbres sont d’ailleurs le phénomène de cette île. A cet endroit, l’île s’aplatit un peu avant de reprendre de la hauteur au niveau de la pointe nord où je retrouve  un amas de rochers imposants. Certains baobabs semblent y pousser directement sur la roche. Le chemin de retour, côté « terre », se fait à travers le camp, même si il reste possible de continuer sur le bord du pan. De retour au camp, j’en profite pour me désaltérer et surtout changer de chaussures. Mes sandales ont subi une crevaison ! Pendant cette première ballade péri-insulaire, Fred a définitivement réparé l’embrayage du véhicule.

Une fois rechaussé, je repars à l’assaut. Lors du premier tour, j’ai aperçu la borne marquant le point culminant de cette île d’à peine un kilomètre de long. J’ai donc décidé d’y monter. Pour cela, je retourne vers le camp sans réussir à l’apercevoir depuis ce côté. Je finis donc par opter pour l’azimut « phacochère », droit vers le haut, sautant de rocher en rocher, jetant un œil pour être sûr qu’un serpent ne traîne pas, photographiant ici et là les nombreux baobabs qui se présentent. Pensant être arrivé à un point haut, je ne vois toujours rien. Je me dirige donc vers une autre hauteur sans plus de succès. C’est au moment où j’allais abandonner que je l’aperçois enfin, très reconnaissable avec sa base en béton, son mat métallique terminé par deux plaques fixées en croix. De là, le panorama est complet sur l’île et son environnement. Photos à 360°. En pivotant autour de la borne, mon regard évolue petit à petit des prairies dorées à la vacuité du pan de Sowa, avant de revenir progressivement vers la terre. Non loin de là, en redescendant, je croise le seul animal que nous ayons vu sur l’île : une tortue léopard bien placide. Il est temps de rentrer au campement, un peu à vue de nez mais cela fonctionne puisque je débouche juste au-dessus de notre baobab.

Les moustiques attaquent par centaines. Rien ne les arrêtent, ni les vêtements, ni les répulsifs. Ils avaient commencé dans l’après-midi, ils continuent dans le début de la nuit. Tout le monde y a droit : nous bourgeonnons. Cela ne nous empêche pas d’arroser cette belle journée avec une bière fraîche puis par un succulent repas, une fois encore : gem squach et un filet de bœuf succulent, fondant comme du beurre. Un véritable régal ! Nous finissons par un bon petit cake autour du feu. Là, nous observons le ciel qui paraît encore plus étoilé que les jours précédents. La Voie Lactée traverse toute la voûte céleste. Quelques étoiles filantes laissent leur traînée à travers la nuit. Un peu plus tard, avant de rejoindre ma tente, je m’étends dans la nuit sur un rocher, les yeux plongés dans cette immensité nocturne.

Afrique, je me noies dans tes nuits magiquement étoilées, comme je m’enivre de tes beautés naturelles toujours renouvelées et encore préservées.

 

Lundi 7 avril, Lekhubu Island

 

Six heures du mat’, le campement finit de se réveiller. Dès la sortie des tentes, les moustiques reprennent leurs assauts sanglants. Une fois le camp plié, nous retournons faire un tour de l’île. Je préfère pour ma part la traverser par le haut ; je retrouve ainsi les autres de l’autre côté de l’île, joliment éclairé par le soleil levant. Les aboababs sont encore plus beaux dans cette lumière. A l’arrivée des véhicules, nous immortalisons le staff et ses montures sur fond de pan. De vraies stars devant les objectifs des paparazzi.

Nous finissons par rembarquer tout le monde pour repartir vers le nord. Arrivés au village, nous ne trouvons toujours pas Whiskey, un des gardiens de l’île. Il semblerait que nous nous soyons croisés par des pistes différentes. Impossible de nous acquitter du droit de camping. Nous partons donc, surpris de trouver une piste aussi bonne. Les kilomètres défilent ainsi plus vite. Cela est d’autant plus agréable que le paysage est superbe. Longtemps nous longeons le pan de Sowa, perchés sur une sorte de dune, cernés à droite et à gauche par des étendues de graminées blondes. A gauche, des acacias terminent le tableau. De temps en temps, nous traversons une petite forêt de mopanes. Non loin des villages, nous voyons même quelques nouveaux baobabs dont les branches sont occupées par d’énormes nids, ceux de tisserins buffles.

Pendant longtemps, nous apercevons au loin, de l’autre côté du pan, les installations de la mine de sel, sortes de monstres difformes et sombres sur l’horizon bouillant et stérile. De notre côté, ce sont plutôt les autruches qui occupent par moments le paysage. Quant aux villages indiqués sur la carte, nous n’en traversons aucun. Ils sont probablement en retrait de la piste. Nous passons tout près de quelques cases qui semblent être des postes de bétail. Finalement, après la pause repas, nous finissons par déboucher sur une route goudronnée, celle qui relie Maun et Nata. Celle dernière n’est d’ailleurs distante que d’une dizaine de kilomètres. Même si il s’agit de la cinquième ville du pays, il n’y a pas grand chose. Juste l’occasion de faire les pleins de carburant et d’acheter quelques bricoles pour le ravitaillement. Nous poursuivons ensuite sur une vingtaine de kilomètres vers le sud jusqu’au sanctuaire de Nata, consacré à l’avifaune et la préservation de l’écosystème des pans.. il s’étend sur une partie du pan de Sowa.

C’est là que nous plantons nos tentes, non loin de l’entrée du sanctuaire, et donc pas très loin de la route de Francistown où circulent quelques camions. Fini le calme absolu du bush. Vers 17h nous prenons deux véhicules pour rejoindre le bord du pan où sont installées quelques plateformes d’observation. Quelle surprise de retrouver le pan recouvert d’une bonne épaisseur d’eau à cet endroit. Rien à voir avec mon souvenir, celui d’un lieu totalement sec et désolé. Dans une mare voisine, une demi-douzaine de spatules fouillent le fond pour dénicher leur pitance. Devant, les eaux sont assez calmes. Une poignée de mouettes pas trop piaillantes, quelques pélicans ici et là, quelques canards, … Nous entendons aussi les chacals dans notre dos. Ainsi, nous attendons le coucher de soleil sur la surface inondée du pan. Il est partiel du fait de la présence d’un gros nuage jusque sur l’horizon. Néanmoins, le spectacle reste agréable. Il est alors temps de rentrer au camp. Les dernières journées approchent ; il faut donc en profiter de plus en plus.

 

Mardi 8 avril, camp de Nata Bird Sanctuary

 

La nuit a été ponctuée par les cris des animaux à moteur et apparemment par un cheval. Le coq s’est réveillé bien tôt alors que ce matin nous prenons un petit peu plus de temps. Une fois le camp plié, nous partons faire un tour dans le sanctuaire.

Le premier à se montrer est un vanneau armé bien reconnaissable à sa parure grise, blanche et noire. Sans parler de son chant qui explique pourquoi en anglais, on parle de vanneau forgeron. Un peu plus loin, cinq cous dépassent, ceux d’autruches qui se promènent derrière les hautes herbes. Sur la première mare, deux spatules d4afrique sont déjà à l’ouvrage, leur bec si particulier à l’œuvre dans l’eau. Au milieu, c’est une colonie d’avocettes dont beaucoup sont encore endormies. Elles sont reconnaissables à leur long bec loir et plat, avec l’extrémité recourbée vers le haut. Tout au fond, quelques chevaliers difficiles à identifier.

Nous poursuivons en empruntant une piste annexe qui permet d’approcher l’étang suivant. Encore un dortoir. Quelques hérons garde-bœufs à gauche, un héron cendré au centre et quelques pélicans gris (plus petits que leurs cousins blancs)au fond sur une langue de sable. En repartant, nous faisons détaler un mamba noir de plus d’un mètre. Ces lieux font un peu penser aux paysages de Camargue. Nous débouchons finalement au bord du pan. Une paire de pélicans gris naviguent tandis que les grands pélicans blancs sont tous massés au loin sur une berge, inaccessibles pour nos véhicules. Pas de flamant rose à l’horizon, pas même les deux qui nous ont survolés hier soir. Quelques uns en profitent pour se tremper les pieds. Depuis que nous sommes partis, les petits queleas à bec rouge, des granivores, opèrent d’impressionnantes évolutions aériennes à plus d’une centaine. Cela donne des effets spectaculaires. Nous les retrouvons tous branchés sur l’arbre voisin de la plateforme. Nous continuons ensuite le long du pan sans pouvoir approcher les pélicans. Sur la mare suivante, nous retrouvons quelques vanneaux, des canards et trois dendrocygnes roux.

Après ce tour des oiseaux matinaux, nous reprenons la piste de la sortie pour retourner à Nata faire réparer une chambre à air et acheter quelques bricoles pour les repas. La première étape étant plus que laborieuse pour ces trois jeunes botswanais. Enfin, nous repartons. La route vers Kasane qui était si bonne est désormais percée de nombreux nids de poule, ou plutôt d’autruche. La conduite est infernale.

Au bout de quelques dizaines de kilomètres, Fred nous réveille en sursaut. Le premier éléphant du circuit vient de pointer le bout de sa trompe près d’une mare à nénuphars sur la droite de la route. Il est en train de se délecter de feuilles de mopanes. Nous en apercevons encore deux autres dans les cinq cent mètres qui suivent, dont un qui traverse la route loin devant nous avant de filer entre les arbres. Le quatrième est un grand moment. Nous l’observons pendant un bon quart d’heure, l’approchant à quelques mètres tant il est paisible. Il ne s’occupe pas de nous, seulement des tiges de melon qu’il prélève au sol, et seulement cela. Il semble s’en délecter. De même que nous qui nous régalons de le voir faire de si près. En partant, il nous donne la preuve de sa délicatesse en passant au-dessus de la clôture sans la toucher.

La barrière sanitaire est passée sans problème, simplement en parlant des éléphants vus juste avant. Plus loin, sur la gauche, un trou d’eau accueille trois éléphants. Malheureusement, ceux-ci disparaissent à notre arrivée. Enfin bon, nous en sommes à sept éléphants en quelques dizaines de kilomètres, tout cela au bord de la route.

Il est temps de se poser. Fred s’engage alors dans une piste sur la gauche de la route. Les traces d’éléphants y sont nombreuses et fraîches. Après avoir avancé un bon moment, Fred finit par dénicher l’endroit idéal pour notre bivouac sauvage du jour. Un trou d’eau en contrebas, sur la gauche de la piste, un grand arbre pour l’ombre sur la droite et un espace suffisamment dégagé pour les tentes. Nous devrions être bien, ainsi retirés au cœur de la nature. Il faut juste prendre garde à ne pas s’installer sur les pistes des éléphants. Sinon gare aux visites nocturnes !

Avec un peu de renfort, la salade tradition (choux-pommes) est tout aussi rapidement préparée qu’avalée. C’est que les éléphants nous ont creusé. Ensuite, c’est la course à l’ombre. Car celle de l’acacia avec ses dentelles de feuillage n’est que partielle. A force de bouger, nous finissons presque tous par nous retrouver sur la piste. D’un côté la table pour le tarot, de l’autre une chaise depuis laquelle je peux tranquillement observer les oiseaux autour du trou d’eau.

Autant l’eau n’attire personne, autant les arbres et les bosquets alentours sont pleins de vie. J’entends d’abord leur chant puis je finis par les repérer. Il y a les incontournables calaos avec ici à la fois des becs jaunes et des becs rouges. Il y a ce couple de francolins à bec rouge bien craintifs dès que j’approche. Sur les cimes j’aperçois souvent une corvinelle noir et blanc (anciennement pie grièche à longue queue) bien narquoise. Elle refuse de se faire immortaliser, décollant à la moindre tentative d’approche. Une trentaine de queleas occupe un arbuste, effectuant quelques décollages. Une veuve royale daigne enfin se laisser approcher. Et puis il y a ce sublime petit cordon-bleu grenadin, avec sa tête rose, son corps roux et le début de sa queue bleue. Dans le même style, une belle amarante échappe à l’identification. Voilà qui m’occupe un bon moment en alternance avec l’écriture de mon carnet et les quelques minutes consacrées à la dizaine de petits papillons jaunes et blancs regroupés au bord de l’eau.

Vers 16h30-17h, nous partons marcher sur la piste en direction du bush et aussi vers la source de ce ronronnement qui semble correspondre à celui d’un moteur de pompe. A une quarantaine de mètres seulement du camp, nous tombons sur une carcasse d’éléphant aux os blanchis et non dispersés, dont il reste encore un peu de cuir. En revanche, il n’y a plus les défenses. En levant les yeux vers le bush, nous apercevons des têtes et des cous de girafes. Et sur la piste, c’est un lion qui a laissé ses empreintes. Nous essayons de faire le moins de bruit possible mais à huit, cela n’a rien d’évident. Un peu loin dans les fourrés, j’aperçois une antilope qui démarre bondissante avec sa femelle : c’était un couple d’impalas.

Ainsi, nous finissons par apercevoir un trou d’eau et par la même occasion l’origine du bruit. Il s’agissait bien d’une pompe qui alimente en eau le trou d’eau. nous avons aussi la surprise de voir quatre ou cinq carcasses d’éléphants morts dans cette zone. Manque d’eau avant l’installation de la pompe ? Mystère. Une dizaine d’aigrettes ont élu domicile dans un arbre mort, tandis que des canards à bec rouge occupent la surface de l’eau.

Au loin, les têtes des girafes apparaissent toujours. En avançant, nous trouvons un nouveau point d’eau. Il y en a ainsi quatre qui s’enchaînent faisant le plaisir des oiseaux d’eau. Quelques vanneaux armés sont là, de même qu’un ravissant gonolek rouge et noir. Un rollier bien peu farouche reste un bon moment perché sur sa branche morte.

Quoi que nous aussi. Nous stoppons à la quatrième mare. A une centaine de mètres devant nous apparaît un éléphant. Sur notre droite, un groupe de girafes cherche à venir boire toujours avec autant de prudence. Nous tentons de rester sur place espérant les voir de près. Manque de chance, cela ne marche pas. L’éléphant n’est pas pressé, préférant continuer de manger ; nous en sommes réduits à le suivre dans les jumelles tandis que les girafes sont bien trop inquiètes pour avancer plus. Nous choisissons donc de les laisser tranquilles. Sur le chemin du retour, nous immortalisons les beaux reflets qui se forment sur les mares faute d’un coucher de soleil très beau. Nous apercevons à nouveau un couple d’impalas bien plus fugitivement cette fois.

Retour au campement d’où il émane une alléchante odeur. Notre acacia est immanquable désormais avec le collier de fumée qui s’y est accroché. Les garçons nous ont préparé de délicieuses pâtes à la carbonara, à tomber par terre. Ca plus la bière fraîche pour fêter une nouvelle belle journée ponctuée de huit éléphants. Que demander de plus lorsqu’on a la chance de vivre de si beaux moments ?

Ce soir le bush est calme lorsque nous rejoignons nos tentes. Nous verrons bien si le trou d’eau attire quelques visiteurs.

Carnet de traversée du Kalahari (5)
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