De Lilongwe à Dar-Es-Salaam (5)

Publié le par Jérôme Voyageur

Vendredi 3 octobre 2008, à quelques kilomètres du Selous

 

 

A part un second passage nocturne du train, nous n’avons pas eu d’importun humain. Par contre, ce bivouac sauvage a été plein de vie toute la nuit : sons et cris en tous genres, dont les nocturnes galagos.

 

Après un petit-déjeuner bien fourni (madeleines de Morogoro et petits pains dénichés en pleine « jungle équatoriale »), je pars devant à pied. La piste est toujours aussi peu fréquentée. Je verrais juste un vélo me dépasser. La faune est là ; elle se fait entendre mais elle se dissimule. J’aperçois quand même quelques pintades et deux vervets filant dans la même direction puis une perdrix des sables avant que les véhicules me rejoignent au bout d’une grosse demi-heure.

 

Par deux fois déjà, nous avons coupé la voie ferrée, une fois dessous à pied, une fois dessus en véhicule. Puis arrive l’entrée officieuse dans la réserve de Selous. Dans cette portion avant la barrière, nous apercevons enfin quelques cercopithèques ou singes bleus, dont un se laisse voir suffisamment. A quelques centaines de mètres du poste de garde, alors que nous longeons leur camp où pullulent phacochères et babouins, nous avons la surprise d’apercevoir quelques-uns de ceux-ci qui attendent dans ce qui sert de gare, assis sur le banc ou le muret. On dirait vraiment des humains venus prendre le train.

 

Enfin, nous parvenons à la gate de Matambwe. Celle-ci est plus imposante que son équivalent dans la Ruaha. Par contre, nous nous demandons à quoi peuvent servir les nombreux gardes qui y devisent. Pendant que les formalités toujours aussi lentes se déroulent, nous jetons un œil à la vaste collection de crânes exposée sur la terrasse. Le jeu consiste à deviner de quel animal il s’agit. Pour certains, la réponse est confirmée par une petite fiche attachée.

 

Enfin, nous passons la barrière de ce second parc. La piste est bien rouge, comme on peut l’imaginer. En revanche, le ciel est toujours bien couvert. Soixante quinze kilomètres nous séparent de l’entrée opposée. Les premiers kilomètres sont assez mornes. La végétation y est sèche ; aucune faune n’y apparaît. Mais petit à petit, nous voyons apparaître les impalas, suivis des phacochères. L’un comme l’autre semblent se régaler des jeunes pousses vertes reparties après le brûlis. Puis viennent les incontournables girafes masaïs. Une impression nous laisse penser qu’elles sont plus petites alors qu’il n’en est rien.

 

Côté ciel, il finit par bruiner bien que cela ne dure pas ; juste ce qu’il faut pour faire remonter les parfums de la terre. Au loin, nous distinguons quelques gnous de Jackson. La végétation reste clairsemée, souvent de l’herbe rase, ponctuée d’acacias ici et là. Rien à voir avec la Ruaha. Les éléphants finissent aussi par se montrer. Cette famille est plus agressive que les autres. Ceci s’explique par la présence dans le groupe d’un tout petit. La matriarche nous offre toute une gamme de simulacres de charges entre deux aspersions de poussière. Les zèbres aussi s’insèrent dans le décor. Au fil de notre avancée, l’observation des gnous s’améliore. Nous pouvons ainsi observer les différences de cette sous-espèce de Jackson. Je note en particulier les postérieurs de couleur marron là où le reste de l’animal est plutôt noir. Nous sommes surpris par le nombre important de tous jeunes impalas, sûrement âgés de quelques jours à peine.

 

Au bout de trois heures de progression assez lente, après avoir quitté la piste qui sert d’axe principal, nous débouchons dans un lieu surprenant. La végétation devenue très dense et inextricable s’ouvre sur un lac inattendu où se mêlent le vert des berges et le bleu de la surface de l’eau, le tout complété par le sable des plages. Le lac de Nzerakera est un formidable lieu de vie. Toutes les tailles y sont présentes, dont les éléphants qui boivent sur la rive opposée et les hippopotames installés au milieu du plan d’eau. Des crocodiles de divers gabarits les accompagnent.

 

Les plages et les abords de celles-ci sont presque entièrement réservées à une multitude d’oiseaux, échassiers, pluviers, cigognes et j’en oublie. Une assemblée de babouins occupe la berge à la recherche de racines. J’ai la surprise d’en voir un en train de boire dans le lac. Vient ensuite le défilé des herbivores assoiffés. Les groupes se forment d’abord en lisière ; puis descendent les éclaireurs avant le reste du groupe. Le manège commence avec les gnous de Jackson qui viennent s’aligner comme au garde à vous pour boire dans une belle unité. Ils sont vite remplacés par les bubales de Coke. Des zèbres auraient dû suivre, mais un véhicule peu doué les a mis en fuite.

 

Après avoir parcouru une partie du tour du lac, nous finissons par nous installer à l’ombre pour pique-niquer tout près de l’eau avec une vue imprenable sur le lac. Quelle surprise de voir un trio de koudous pourtant si farouches dans le bosquet voisin. Moment rare et appréciable. Cette pause bien agréable se termine et nous reprenons la piste en pleine heure chaude, qui, aujourd’hui, porte vraiment bien son nom. C’est aussi le moment de la première crevaison à seulement quelques jours du terme. Seuls les herbivores ne semblent pas accablés par la chaleur. Nous apercevons pas mal d’impalas et de zèbres accompagnés de quelques gnous, et toujours les girafes. Nous distinguons même ce qui ressemble à une nurserie pour girafons.

 

Les informations glanées en route sur la présence d’un lion se révèlent inefficaces. Nous revenons bredouilles de notre traque. Nous partons donc en direction du lac de Siwandu que nous ne verrons finalement pas. La faute à ce petit groupe de lycaons qui fait la sieste à l’ombre. Le voilà enfin ce prédateur que je ne parvenais pas à voir tant il est rare et menacé. Dans le Selous, il n’y a d’ailleurs que deux meutes de huit et neuf individus. C’est dire la chance que nous avons eu de les dénicher en pleine chaleur. Ces chiens sauvages sont complètement bariolés ce qui ne les rend pas facile à distinguer. Encore plus là, alors qu’ils dorment. Nous sommes si proches que nous les entendons même haleter. Nous restons là un long moment à les regarder, espérant secrètement les voir bouger. Peine perdue : les mouvements se limitent à un changement de position. Pas un des quatre n’est plus vif que ses congénères. Pour le premier jour, le Selous nous offre un moment exceptionnel.

 

La pendule ayant tourné, il n’est plus question de poursuivre jusqu’au lac ; nous nous dirigeons vers le troisième, celui de Mzizimo. Nous y retrouvons encore des éléphants venus boire, des hippopotames au bain, et un nombre impressionnant de crocodiles. Quelques spatules africaines ont enfin fait leur apparition. C’est aussi le lieu d’un contact sympa avec un magnifique rollier pourtant si prompt à décoller, qui reste de longues minutes sans bouger devant nos objectifs.

 

Il est temps de continuer jusqu’à la sortie de Mtemere où nous voyons enfin la rivière Rufiji qui irrigue cette réserve, tout en servant de séparation entre la petite zone réservée aux touristes et l’immense réservée aux chasseurs. Pour le coup, il s’agit d’une vraie rivière au débit important. Ceci s’explique que le Selous soit aussi vert et couvert de végétation. Il ne reste que quelques kilomètres à parcourir pour rejoindre le Rufiji River Camp situé juste sur les berges de la rivière. Nous ne sommes pas dérangés par les autres campeurs : nous sommes seuls. Les uniques bruits viennent de la rivière où naviguent encore quelques bateaux pour touristes. Nous prenons notre repas à la lumière des lampes à pétrole déposées dans le camp à la tombée de la nuit. Bientôt, la lune tout juste montante apporte un peu de sa faible lumière. Mais rien de rafraîchissant, ni sac à viande, ni sac de couchage ne sont utiles en cette saison au Selous.

 

 

Samedi 4 octobre, Rufiji River Camp

 

 

Retour du réveil matinal. A 5h30, tout le monde est debout pour un petit-déjeuner nocturne autour du feu. Dès que les premières lueurs du jour apparaissent, nous nous mettons en route. A l’entrée du camp, je distingue une forme sombre au museau allongé qui trottine sous les arbres. Il s’agit d’une musaraigne géante à trompe d’éléphant. La journée commence bien.

 

Un petit quart d’heure plus tard, nous sommes à l’entrée de la réserve, mais les gardes ne sont pas encore arrivés. Ils se présentent au compte-gouttes. Nous avons même droit à une pluie fine qui est à l’origine de la gaffe du jour : en fermant les vitres, je trouve le moyen de déclencher le verrouillage centralisé des portières. Erreur, les clés étaient restées sur le contact. Par chance, un double est au camp. Fred retourne les chercher avec un garde. Cette péripétie nous aura fait perdre une vingtaine de minutes pendant lesquelles nous regardons ce qui se passe au bord de la piste d’atterrissage de Mtemere. Derrière la lisière opposée, il semble y avoir beaucoup d’animation : nous voyons passer des pintades, des impalas et des babouins. Les plus jeunes d’entre eux s’amusent follement en bout de piste.

 

A peine la barrière franchie, nous mettons en émoi un groupe de cercopithèques qui descendaient de leur arbre juste à ce moment là. Le mâle fait des bonds surprenants. Nous le voyons même se lever sur ses pattes arrières, tel un humain, et grogner dans notre direction. Par la suite, la brousse reste très, très calme. Même perchés sur le toit du véhicule, nous ne voyons guère plus.

 

Nous commençons par aller jeter un œil au lac que nous avions loupé hier pour cause de lycaons. Le Siwandu est un endroit idyllique. Au sortir d’une épaisse végétation souvent sèche, nous débouchons sur un écrin de verdure totalement paisible. Par contre, il est encore trop tôt pour la faune. Comme souvent, les premiers à apparaître sont les impalas et les girafes. Nous sommes à nouveau surpris par la quantité de tout petits impalas. Ils maîtrisent déjà bien le saut et la course. De petits cris éclatent pour appeler leur mère. Nous retrouvons la place des lycaons mais elle est vide comme nous pouvions nous y attendre. Il y a bien des traces sur la piste mais cela ne donne rien. Un gros vol de charognards attire notre attention, sauf que nous ne parvenons pas à approcher et encore moins à distinguer leur cible, la faute à une épaisse végétation.

 

Au bord d’un trou d’eau, alors qu’il semblait dormir paisiblement, un hippopotame se lève et commence à nous charger tandis que nous partons. Les oiseaux sont enfin réveillés. Après les œdicnèmes et les ibis hagedash du matin sont apparus les spatules, une grande aigrette et plusieurs beaux guêpiers à front blanc dont un se prête volontiers au jeu du modèle. Dans les sous-bois, nous apercevons plusieurs fois des écureuils, celui des arbres, tout gris et assez petit, et l’écureuil roux, bien plus beau, dont la queue touffue prend des teintes dorées lorsque le soleil y passe à travers.

 

Au hasard du passage près d’un lac, nous tombons sur une scène attendrissante. Deux femelles phacochères sont en train d’allaiter chacune deux petits. Tout ceci se passe debout et les petits passent entre les pattes arrières de la mère pour venir téter. Visiblement, notre présence ne dérange personne. Quoi qu’on peut se le demander en ne voyant plus de faune. Du coup, nous retournons à la barrière. Les arbres retentissent de mille sons. Les oiseaux s’y régalent mais tous ne se montrent pas. A part le tisserin que nous reconnaissons bien à son plumage jaune. Il est alors temps de rentrer au campement pour l’heure chaude. Les nuages qui passent régulièrement sont les bienvenus, mais restent rares.

 

Après le repas et l’écriture de ces quelques lignes, je pars me promener sur la piste d’accès histoire de voir s’il y a un peu de faune. J’y retrouve Fred et Robert qui observent un groupe de colobes noirs et blancs. Ceux-ci sont perchés dans les arbres. Trois d’entre eux sont même montés sur les plus hautes branches. Du coup, nous pouvons bien les voir depuis le sol, ces petits singes noirs dotés de sourcils, d’une barbe et d’épis blancs, ainsi que d’une longue queue.

 

Après cette belle observation, les lits tressés installés sous les paillotes nous tendent les bras. Il y fait si bon. Tous ceux qui ont goutté, ont succombé à une petite sieste, idéalement conclue par une douche régénérante, paré pour retourner une dernière fois en « game drive » au cours de cette expédition. Pour en profiter pleinement, nous partons à 15h30. Rapidement, l’après-midi se révèle plus prolifique que la matinée. Peu après avoir quitté la piste principale, nous retrouvons enfin un groupe d’éléphants. Ils sont toujours aussi craintifs que leurs congénères du Selous. Pourtant, dans le sous-bois, ils ne craignent pas grand-chose même pour les petits. Un peu plus loin, un trio de mâles buffles garde ses distances. Les herbivores suivants aussi. Malgré tout, c’est la débandade dès que nous approchons ; les gnous détalent dans un sens pendant que les zèbres galopent dans l’autre. Deux d’entre eux se trompent et partent avec les gnous. Quelques minutes plus tard, le gros du troupeau de zèbres fait demi-tour. Le groupe suivant se révèle moins craintif quoi que distant. Et toujours les impalas avec leurs petits ainsi que les multiples girafes.

 

L’approche du lac Siwandu est superbe. Nous traversons d’abord un sous-bois d’acacias à l’herbe rase, seulement fréquenté par les impalas et les babouins. Les lumières sont superbes. En fond, derrière les arbres, commence à briller la surface du lac. Celui-ci offre des paysages superbes de verdure. Quelques arbres morts baignant dans l’eau complètent parfaitement le décor. La vie des berges est très développée. Nous ne comptons plus les crocodiles aperçus. Ils ont d’ailleurs tendance à se réfugier dans l’eau quand nous approchons. Nous en verrons même certains se pourchasser dans l’eau. Au sol, les plus gros sont impressionnants lorsqu’ils se lèvent pour aller marcher. Tout près de l’eau se côtoient spatules, vanneaux et aigrettes. Sur un bosquet voisin, un martin-chasseur à tête brune a remplacé ses cousins pêcheurs. Deux girafes semblent avoir trouvé refuge sur ce qui ressemble à une presqu’île sur le lac.

 

Après avoir essayé plusieurs pistes dans l’espoir de croiser un félin, nous finissons par rejoindre la piste principale. Au bord de celle-ci, nous réussissons quand même à observer de la vie. La plupart du temps, les préposées sont les girafes. Néanmoins, nous apercevons un aigle pomarin. Plus loin, nous retrouvons quelques phacochères. Cette fois, pas de tétée. Ils ont appris comment brouter à genoux, déjà si jeunes. Une piste annexe au Nord de la principale ne nous permet que d’entrapercevoir une mangouste rousse qui file dans son terrier. Fred aura tout fait, en vain.

 

A moins d’un kilomètre de la barrière, alors que la piste d’aviation se profile, il fait descendre les passagers du toit. C’est à ce moment précis que je distingue au loin deux lycaons. Quel cadeau alors que l’expé se termine. Changement de programme pour le toit. Nous commençons à réfléchir à la situation. En approchant, mon impression se confirme. Nous sommes devant trois lycaons. Un quatrième finit par apparaître de l’autre côté de la piste. En fait, ils viennent d’attraper un jeune impala et sont en train de se disputer la carcasse. Ils ne sont pas partageurs. Deux ont déjà la face ensanglantée, tandis que les autres sont mis à l’écart. Autant ils étaient amorphes hier, autant aujourd’hui ils sont pleins de vivacités. Ils ne cessent de bouger devant nous. Puis leur vient l’idée de partager. Plus exactement, deux se saisissent de la carcasse et tirent dessus. Nous entendons les os craquer jusqu’à ce que chacun  ait un morceau et aille le déguster dans son coin. Puis l’un d’eux nous offre un moment de toilette : il frotte sa gueule sur une touffe d’herbe sèche. Ils trottent un peu avant de revenir au repas. Puis ils semblent nous quitter en direction du bush avant de revenir une dernière fois comme un au revoir. Quelle chance nous venons d’avoir à cinq minutes à peine de la fin du safari. Deuxième observation en deux jours de lycaons. Il y a fort à parier qu’il s’agit du même groupe malgré les vingt kilomètres de distance. Les gardes qui nous croisent sur place ainsi qu’un autre véhicule sont tous aussi ravis et arborent un large sourire.

 

Le retour au camp se fait dans une atmosphère mêlée d’émotion et de joie. Que voilà une belle conclusion à cette épopée animalière. Du coup, nous fêtons cela un peu plus que d’habitude. Le repas tourne vite à la forte rigolade. Tout devient prétexte à rire. Nous partons nous coucher sereins et contents de cette expédition réussie.

 

 

Dimanche 5 octobre, Rufiji River Camp

 

 

Le réveil de ce matin est reculé par rapport à celui d’hier. Mais la petite averse qui tombe vers 5h30 obligeant tout le monde à sortir mettre le double toit en catastrophe réveille tout le groupe. Et moins d’une demi-heure plus tard, le camp s’éveille alors que le jour vient de se lever. Pendant que les toiles sèches, nous flânons un peu dans le camp. C’est ainsi que nous parvenons à observer bien plus longuement la musaraigne géante à trompe d’éléphant. De plus près, nous nus rendons compte qu’elle est imposante par sa taille. Elle arbore un pelage bicolore avec sa tête rousse et son corps noir. De sa trompe, elle fouille le sol. A travers la végétation, un cercopithèque farouche nous observe de loin. A l’autre bout du camp, j’aperçois quatre écureuils lancés dans une série d’acrobaties pour atteindre l’arbre le plus haut.

 

Finalement, après un dernier regard à la rivière Rufiji, il faut se résoudre à quitter ce petit coin de nature sauvage. Fred s’amuse à emprunter le second embranchement sur la piste du camp. Bien lui en a pris ! Nous tombons  sur un céphalophe de Grimm. Cette fois-ci, nous avons le temps de l’observer, quelques secondes de plus. Le temps de se rendre compte qu’il est bien différent du Dik-Dik : plus grand, le dos plus rond, et la robe plus sombre mais les mêmes petites cornes.

 

La première partie de la piste nous permet de constater qu’il y a pas mal d’autres camps et lodges tout le long de la rivière. En revanche, il y a assez peu de passage autochtone. Nous sommes presque seuls sur la piste. D’autant plus qu’ici l’habitat n’est pas dispersé comme nous l’avions vu de l’autre côté de la réserve. Les habitations sont regroupées dans les plus gros villages, dont Mloka le premier. Elles sont aussi plus spacieuses, ce qui explique sûrement la présence d’autant d’ébénistes pour meubler tout ça. Nos arrêts ne passent pas inaperçus : il y a rapidement rassemblement de foule. A plusieurs reprises, nous sommes même arrosés par de bonnes averses. Mais le soleil revient toujours. Nous progressons ainsi sur une belle piste africaine. La végétation est dominée par les cocotiers. Aux abords des villages apparaissent en plus les manguiers, les papayers, ainsi que, nouveauté, les anacardiers ou arbres à noix de cajou. Il est malheureusement trop tôt pour y goûter. Nous n’en profitons que visuellement comme tout ce qui nous entoure.

 

Au hasard d’un arrêt au beau milieu de la piste, nous tombons sur un vieil homme en train de couper des palmes qui servent à confectionner un tas d’objets et de nattes. Il est tout surpris de nous voir là. Et que dire de son visage lorsque Fred lui offre deux oranges : il rayonne de bonheur. A mesure que nous avançons la végétation évolue : les essences d’arbres sont beaucoup plus variées autour de cette piste souvent bien rouge.

 

Arrivés à Kibiti, nous la quittons définitivement pour le bitume. Nous retrouvons là la civilisation mais ce n’est que celle d’une petite bourgade bien animée en ce dimanche après-midi. Nous filons désormais vers le Nord à une moyenne bien supérieure à celle de la matinée sur la piste. Heureusement, nous n’y trouvons pas foule, surtout aucun de ces bus à la conduite dangereuse. Tout le long, où que le regard porte, ce ne sont que des cocotiers, au bord de la route et sur les collines avoisinantes. En revanche, les habitations changent. La plupart des maisons sont construites en dur.

 

C’est ainsi que nous arrivons à Dar-Es-Salaam peu avant quinze heures. Le choc ! Dans la banlieue sud, cela grouille de monde. La circulation se fait au pas. Des véhicules dans tous les sens. Et pourtant, il paraît que c’est calme. Que doit être un jour normal ? Le centre-ville est presque plus calme ! Mais quelle galère pour s’y repérer. Pas un panneau indicateur, des noms de rues affichés, de temps en temps. Nos plans se révèlent finalement peu utiles. Il vaut mieux demander son chemin régulièrement. Et donc, une bonne heure après être arrivés à Dar, nous finissons par dénicher le Silver Sands Hotel situé au bord de l’océan à plusieurs kilomètres au nord de l’effervescence de la ville. Point final de 3300 kilomètres d’expédition dont 800 dans les parcs.

 

Après cette bonne journée de liaison, nous commençons par aller piquer une tête dans l’océan Indien. Quel bonheur q’une eau si chaude où l’on rentre d’un trait. Et on y reste car le vent qui souffle nous rafraîchit vite. Ainsi revigoré, après une bonne douche tout aussi délassante, je peux me lancer dans la corvée du sac à réordonner avant de partir. Dernier dîner sur la plage, en partie à la frontale, la faute à une installation électrique un peu étrange pour ne pas dire plus. La nuit sera un peu chaude sans climatisation opérante. Heureusement, la pluie limitera un peu ces effets.

 

 

Lundi 6 octobre, Silver Sands Hotel

 

 

Réveil tranquille ce matin. Ce serait presque une grasse matinée et pourtant à 7 heures, je suis déjà levé. Après une douche « réveillante », je rejoins les autres qui sont déjà attablés. Vu la rapidité du service, je n’ai rien perdu. Décidément, le service hôtelier dans cette partie de l’Afrique est carrément folklorique. Heureusement que nous avons tout notre temps aujourd’hui. Je reprends mon carnet pour fixer les impressions de ces derniers moments avant de retourner piquer une tête dans l’océan Indien. Surprise, elle semble plus fraîche qu’hier mais une fois immergé, elle est toujours aussi agréable. Je constate aussi que j’ai pied longtemps. La plage semble s’enfoncer très lentement. Les îles au large restent cependant inaccessibles. Pas très loin de l’hôtel, sur une langue de sable qui se découvre avec la marée, un bon nombre de pêcheurs semblent pêcher depuis la plage en y ramenant un filet. Le manège dure toute la matinée. Impossible pourtant, même accompagné, d’aller voir. Il n’est pas possible de quitter l’hôtel par la plage sans être accompagné, et encore, juste sur quelques centaines de mètres. Apparemment, suite à des agressions il y a quelques années, ils ont opté pour l’option la plus restrictive.

 

Il ne reste qu’à tuer le temps et rendosser une tenue plus adaptée au climat européen. Dur, dur alors que la température tanzanienne ne s’y prête pas. Nous assistons à toutes les péripéties possibles et imaginables dans la gestion d’un hôtel. C’en est risible quand on ne le subit pas directement. Et pour être sûr d’arriver à l’heure à l’aéroport sans trop de stress, un minibus a été prévu pour nous et quelques heures de marge. Il faut bien cela pour affronter une circulation encore plus chaotique avec les bouchons en plus. C’en est effrayant. Et il faut y rajouter pollution, chaleur et odeurs. Un vrai bonheur que cette ville de Dar-Es-Salaam. Nous mettons finalement pas loin d’une heure trente pour atteindre le Julius Nyerere International Airport. Extérieurement, il semble moderne et assez vaste. Dans la réalité, il n’en est rien. Tout se passe en fait à l’extérieur. Seuls les voyageurs peuvent pénétrer dans l’aérogare. Seule une cafétéria offre un coin de fraîcheur et de repos à l’étage. Deux petites boutiques de souvenirs sont là mais il vaut mieux attendre celles plus nombreuses et mieux achalandées du duty-free.

 

En revanche, nous sommes agréablement surpris par l’efficacité du personnel à l’enregistrement. Cela tranche avec l’énième contrôle de sécurité qui cherche à absorber trop vite des passagers alors que la salle d’embarquement ne suit pas le même rythme. Mais nous parvenons quand même à monter à bord et à décoller sans encombres. Semble-t-il des gens étaient déjà à bord avant que nous montions. Résultat l’avion est quasiment plein. Aucune chance de pouvoir s’étendre. Quelle déception que le plateau repas KLM. C’est vraiment très succinct avec une salade et une soupe, bonnes néanmoins. Heureusement que le petit-déjeuner est là pour rattraper le coup. Entre les deux, une nuit passée bien vite sans vraiment dormir profondément.

 

Le retour sur le sol européen a lieu à Amsterdam Schipol peu avant sept heures. Les marges prises pour l’escale n’auront donc pas servi mais mieux vaut prévenir que guérir. Les deux avions, le mien pour Paris, l’autre pour Lyon, sont en retard. Mais aucune communication sur le sujet pour l’avion de Paris. J’apprends en vol que le retard est dû à une grève en France. Youpi, je ne vais pas pouvoir rentrer chez moi depuis l’aéroport !

 

Moins d’une heure plus tard, me voilà de retour à Paris. Mais un nouveau hic survient : pas de sac sur le tapis. C’est la première fois que cela m’arrive depuis que je prends l’avion. L’effet des vacances m’empêche de trop m’énerver. Car comment expliquer qu’en près de 2h30, le bagage n’a pas été transféré d’avion. Et le gars du service bagages d’Air France qui trouve cela normal, tant c’est courant à Schipol ! Grrrr ! Je ne le récupèrerais que le lendemain matin, entier et complet. Toutes ces péripéties aériennes m’auront quand même rapporté quelques milliers de miles d’indemnité, mais en réclamant, évidemment.

La vie dans le Selous
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