Expédition au nord Mozambique (1)

Publié le par Jérôme Voyageur

Lundi 16 octobre 2006, Paris

 

 

Voilà, le jour J est enfin arrivé. Cela faisait quelques semaines que j’attendais avec impatience le départ. Je vais enfin revoir l’Afrique Australe pour une nouvelle expédition. Cela fait à peine six mois que je suis revenu de mon précédent voyage, et l’envie est déjà revenue.

 

Une longue journée de voyage s’annonce. En début d’après-midi, je pars récupérer Nelly avant l’incontournable trajet en RER. Ce n’est pas que j’apprécie particulièrement ce moyen de transport mais il faut avouer que sur ce parcours, il est presque toujours synonyme de voyage, de grands espaces, de dépaysement, … C’est parti pour une bonne heure de train. Nous nous fondons dans la foule parisienne, assez dense en ce lundi après-midi, avec nos sacs bien chargés et nos looks de touristes. Passée la gare du Nord, nous nous retrouvons entre voyageurs. Quelques minutes plus tard, nous atteignons enfin l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle ; cette fois, ce sera le terminal 2F pour un petit saut de puce via un A319 d’Air France  jusqu’à Amsterdam Schipol. L’escale n’est pas très longue, cela nous laisse juste le temps de traverser ce long aérogare, franchir l’immigration et procéder à un léger ravitaillement en prévision des apéros à venir. C’est dans la salle d’embarquement que nous retrouvons Claire, arrivée de Biarritz via Lyon.

 

L’attente est particulièrement courte : au bout d’un quart d’heure à peine, l’embarquement commence. Pas le temps de s’ennuyer à attendre !! Cette fois nous partons vers Nairobi, au Kenya, à bord d’un Boeing 767 de la compagnie Kenya Airways : direction l’Afrique, la vraie ! Après un bon quart d’heur e de roulage sur les taxiways bataves, nous prenons enfin notre envol dans la fraîche nuit européenne. Dans environ huit heures et demie, nous poserons les pieds au Kenya pour une nouvelle escale. En attendant, la nuit est encore plus courte que d’habitude : d’abord, un repas servi particulièrement tard (aux environs de 23 h pour un décollage à 21 h !), et un petit déjeuner très matinal (genre 3h du matin !) et au milieu, difficile de fermer l’œil. D’ailleurs, en jetant un coup d’œil aux alentours, je ne semble pas être le seul dans ce cas. On dormira mieux ce soir, sous la tente, au bord du lac.

 

 

Mardi 17 octobre, aéroport Jomo Kenyatta de Nairobi

 

 

A Nairobi, c’est la brume et la pluie qui nous accueillent. Un vrai crachin londonien : heureusement que la végétation en bord de piste est là pour nous rappeler que nous sommes bien en Afrique. Nous avons deux heures à patienter dans un aérogare presque vide. Il faut dire que l’heure matinale n’aide pas. Enfin, vers huit heures, nous nous dirigeons vers la dernière salle d’embarquement du voyage, pressés par une hôtesse qui nous dit qu’on attend plus que nous alors que l’heure d’embarquement n’est pas encore arrivée !! C’est reparti à bord d’un nouveau B767, toujours de Kenya Airways, cette fois à destination de Lilongwe au Malawi (l’objectif final) avec un large crochet par Lusaka, capitale de la Zambie voisine. Un peu plus de deux heures de vol pour cette portion du vol ; et nouveau petit-déjeuner mais cette fois façon « breakfast » britannique. Nous survolons d’abord quelques volcans tanzaniens, aperçus à travers les nuages, l’immense Kilimandjaro sur la gauche,  puis c’est le survol de la vallée de la Luangwa. Arrivés à Lusaka, il faut encore patienter une bonne  heure, le temps de débarquer les gens arrivés à destination, embarquer les nouveaux, nettoyer un peu l’avion et charger les nouveaux bagages et le fret (ce qui ne sera pas une mince affaire !!). Enfin, nous reprenons l’air pour la destination finale, Lilongwe enfin, distant de moins d’une heure.

 

Mais l’attente n’est pas terminée. Il faut encore faire preuve de patience. Cela commence d’abord sur le parking lorsque nous nous rendons compte que le pilote n’a pas vu le guide. Il n’y a pourtant que nous sur ce parking. Nous voyons alors ce guide courir pour se mettre devant nous ; puis l’escalier obligé de se déplacer pour suivre  notre avion ! Ensuite parce que les douaniers ne sont pas présents quand arrive l’avion. Enfin, parce que les bagages mettent une éternité à arriver : à tel point que je finis par croire que mon sac s’est perdu en route. Après un dernier contrôle du contenu du sac, je retrouve enfin Fred dans le hall de l’aérogare. Nous pouvons rejoindre Inno et les 4*4 sur le parking. Après une bonne banane et une gorgée d’eau (africaine), nous nous mettons enfin en route vers Salima. C’est là que nous récupérons Nadine et Michel arrivés quelques jours plus tôt. Désormais, le groupe est au complet pour poursuivre la route vers le sud. La route n’a néanmoins qu’un temps et se transforme en piste dès que nous obliquons vers l’Est. Nous traversons de nombreux villages, les gens du Malawi sont toujours aussi nombreux au bord des pistes, souvent avec leurs vélos. Nous apercevons aussi de nombreux baobabs qui commencent à peine à verdir. Manguiers et papayers sont chargés de fruits, malheureusement encore verts. Quelques flamboyants, couleur de feu, traînent ici et là, quand ce n’est pas le mauve d’une paire de jacarandas. La faune n’est pas nombreuse. Néanmoins, non loin de notre étape de Monkey Bay, au sud du lac, nous apercevons tour à tour un babouin puis deux rolliers à longs brins toujours aussi beaux avec leur palette de couleurs.

 

Le premier bivouac se déroule sur la pelouse verte et dure du Nkhudzi Lodge, juste au bord du lac Malawi. Evidemment, dès la tente dressée, une baignade bien agréable s’impose avant une douche réparatrice : cet immense lac d’eau douce est toujours aussi agréable. Ce soir, c’est grand luxe ; nous sommes nourris par le lodge : succulents filets de Chambo (une sorte de brème du lac), dîner aux chandelles, chaises et table en bois, et tout le toutim. Fred et Inno parachèvent la soirée avec mon gâteau d’anniversaire ainsi que qu’un petit présent ! Ce séjour se présente sous de très bons auspices ! Mais il est temps de dormir, car sur ce point, nous avons du retard après la nuit dans l’avion.

 

 

Mercredi 18 octobre, Nkhudzi lodge, Monkey Bay

 

 

Contrairement à ce que j’imaginais, j’ai assez peu dormi; pourtant le cadre s’y prêtait tout particulièrement. Aux premières lueurs de l’aube, j’étais donc déjà sur la terrasse au-dessus de la plage pour attendre le lever du soleil. Mais en fait, la lumière arrive bien avant. La vie s’éveille très tôt sur les rives du lac. On assiste au chassé-croisé des pêcheurs entre ceux qui rentrent de leur nuit de pêche et les autres qui y vont. Quelques ombrettes gambadent çà et là sur la plage. Un autochtone fait même son jogging sur le sable. Petit à petit, c’est notre camp qui reprend vie. Et enfin le disque rouge daigne apparaître derrière la côte mozambicaine : l’instant est furtif ! Il est maintenant temps de plier les tentes et de profiter d’un bon petit-déjeuner, avec des croissants, s’il vous plaît ! Le soleil nous rappelle très vite que nous sommes bien en Afrique : seulement 6 h et il fait déjà bien chaud.

 

Une heure plus tard, nous pouvons reprendre la route ou la piste ; on ne sait plus trop tant le bitume a disparu par endroits. Notre progression nous fait ainsi longer le sud du lac Malawi jusqu’à la localité de Mangochi qui dispose d’un pont pour franchir, non plus le lac, mais ce qui est devenu la rivière Shire, qui déverse les eaux dans le lac Malombe avant de devenir définitivement une rivière. Juste avant de franchir le pont, on contourne une tour assez  surprenante : une horloge dédiée à la reine Victoria ! Sur la gauche, on aperçoit les restes de l’ancien pont : on croirait presque à un tremplin, mais gare à celui qui se tromperait et l’emprunterait ! Il faut ensuite franchir une sorte de col qui mériterait d’être dans le tour cycliste du Malawi : les pauvres utilisateurs de vélos sont bien à la peine tant ils sont chargés.

 

Ainsi, nous finissons par atteindre la ville de Mandimba où se situe le poste frontière avec le Mozambique (en fait, cette ville est située côté Mozambique). Les formalités de sortie sont très rapides contrairement à ce qu’on pourrait croire avec la foule alentour. Les premières banques « mobiles » font leur apparition : ici, la revente de devises se fait directement devant les autorités sans que personne n’y trouve à redire ! Le même manège se reproduit quelques centaines de mètres plus loin en territoire mozambicain. Là, il faut être bien plus patient : la vie semble plus paisible et les douaniers prennent donc leur temps. Un mot magique permet de faire ouvrir la barrière sans trop parlementer : zidane !! Nous venons aussi de quitter un territoire anglophone pour passer en terre lusophone, langue qu’aucun d’entre nous ne maîtrise !!

 

Au début, le paysage ne semble pas trop changer. Nous retrouvons les mêmes manguiers et papayers. Les villages sont construits de la même façon avec les toits en sorte de chaume et les murs soit en palmes tressées, soit en briques faites maison dans les nombreux fours qui jalonnent la piste. Toujours aussi les mêmes silos et poulaillers, eux-aussi en palmes tressées. Puis, insensiblement, les cases s’agrandissent, passent à la forme rectangulaire, là où elles étaient rondes ; des sortes de « hangars » apparaissent, toujours dans le même matériau : long bâtiment simplement composé d’un toit posé sur une série de poteaux. Nous croisons aussi régulièrement une voie ferrée qui semble bien peu utilisée à en voir l’herbe sur le ballast.

 

Arrivés à Cuamba, ville un peu plus importante, nous bifurquons vers l’Est pour tenter d’atteindre dès demain l’océan. Les villages  dont toujours aussi nombreux. Il semble y avoir des cases partout. Et quand ce n’est pas habité, les sols sont quasi systématiquement livrés aux flammes des brûlis, bien tardifs pour certains. Tout y passe même certaines forêts et même quelques cases ! En revanche, le paysage évolue radicalement. Nous longeons désormais d’énormes massifs rocheux : on dirait que ces petites montagnes sont tombées là par hasard. D’abord de formes très arrondies, mais toujours abruptes, elles se transforment au fil des kilomètres en pics plus acérés. Lorsque le soleil décline, les couleurs sont encore meilleures, ajoutées au rouge de la piste et au doré des cases. Nous passons aussi régulièrement devant de nombreuses écoles et leurs nombreux élèves, souvent en uniforme coloré.

 

La moindre rivière est un point d’attraction : des femmes y font leur lessive, les enfants profitent de la baignade, même dans des eaux bien peu claires. A Malema, nous apercevons quelques maisons de l’époque portugaise, désormais à l’abandon. Les grandes avenues (de terre !) sont bordées d’arbres, le centre étant occupé par des poteaux. On pourrait presque y faire du slalom. En plein centre, nous tombons sur une plantation de frangipaniers roses, visiblement un bâtiment officiel.

 

Peu à peu, la piste devient plus cassante, réduisant ainsi le rythme. C’est de toute façon le moment de se mettre en quête d’un bivouac pour le soir. Malheureusement, les nombreux brûlis et la densité de villages rendent la chose fort mal aisée. Ce n’est qu’à la tombée de la nuit que nous finissons par nous installer dans un ancien champ de maïs qui fera bien l’affaire pour une seule nuit. Ce soir, les frontales sont presque indispensables pour le montage des tentes. Même le feu a du mal à démarrer : on aurait peut-être dû demander aux pyromanes locaux ! Enfin, tant bien que mal, Fred et Inno réussissent à préparer le repas ; ça deviendrait presque une tradition : on commence avec des gemsquash, ces cucurbitacées locales, vertes et rondes. Et on finira par de succulentes mangues avant une petite veillée autour du feu. Comme la veille, nous n’avons pas mis la surtoile sur les tentes : nous profitons ainsi du ciel étoilé à travers les moustiquaires.

Expédition au nord Mozambique (1)
Expédition au nord Mozambique (1)Expédition au nord Mozambique (1)Expédition au nord Mozambique (1)
Expédition au nord Mozambique (1)Expédition au nord Mozambique (1)Expédition au nord Mozambique (1)
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article