Expédition au nord Mozambique (5)

Publié le par Jérôme Voyageur

Lundi 30 octobre 2006, Monkey Bay

 

 

Matinée libre à Monkey Bay. Notre étape finale n’étant pas très éloignée, nous avons toute la matinée pour faire ce que nous voulons. Chacun se lève quand il le veut, à son rythme, et prend son petit déjeuner quand bon lui semble.

 

Après m’être restauré, je décide d’aller me promener avant qu’il ne fasse trop chaud. Aujourd’hui, je choisis de partir explorer l’autre partie de la baie, vers le sud. Dès le début, la côte et les montagnes de la région de Lichinga apparaissent à l’horizon de l’autre côté du lac. Malgré l’heure matinale, il y a déjà de l’animation sur le lac mais certes moins que vers cinq heures du matin quand quatre pirogues de pêcheurs sont passées en hurlant avant d’ameuter la quasi-totalité du village sur la plage pour la vente du produit de la pêche. Quelques familles font à la fois leur lessive et leur vaisselle. Une malheureuse petite fille voit son chargement choir de sa tête ; elle est forcée de retourner au bord de l’eau pour nettoyer de nouveau les marmites qui sont tombés. Des pêcheurs diurnes se préparent à partir sur les eaux du lac en préparant filets, lignes et pirogues.

 

En revanche, la lumière encore assez basse permet de réaliser de beaux clichés. Et il y a le choix ! D’abord les plantations colorées des maisons qui bordent une petite partie de la baie, puis les pirogues sur la plage, le paysage de la baie, la végétation de joncs par endroits. Mais le fil conducteur reste l’avifaune. Tout le long, je peux voir des oiseaux. Les moins craintifs et les plus nombreux sont certainement les bergeronnettes - pies et les tourterelles. Sur les eaux du lac, j’aperçois par moment un cormoran qui navigue avant de plonger. L’aigle pêcheur, que les experts préfèreront appeler pygargue vocifer, se fait encore une fois entendre mais peu ou pas du tout admirer. En chemin, un martin-pêcheur pie fait son apparition mais très rapide et plutôt au sommet des arbres. Le téléobjectif est le bienvenu pour l’approcher ! Ce n’est qu’une fois parvenu dans la zone des joncs que cette faune se fait plus nombreuses. Les nombreux pépiements en témoignent. Encore faut il être patient pour ne pas les effrayer et espérer les apercevoir. C’est d’abord un adorable petit martin-pêcheur qui attire mon attention. Il faut dire que son bec rouge et son plumage bleu et orangé y sont pour quelque chose. On l’appelle martin-pêcheur malachite ou huppé. Plusieurs clichés en de longues minutes sont nécessaires pour parvenir à le photographier. Pendant mon affût, j’aperçois un héron lui aussi à l’affût derrière les joncs. Malheureusement, je ne le verrai pas plus en détail car effrayé par un de mes déplacements, il s’envole vers le lac. Tout autour volètent tisserins et tourterelles sans qu’on puisse vraiment les identifier. Il en sera de même au second « bosquet » de joncs. Arrivé suffisamment loin du lodge, je me décide à rebrousser chemin. Une pirogue aperçue précédemment disparaît sous mes mieux alors que je m’apprêtais à la prendre en photo.

 

Après une petite pause au lodge pour me désaltérer, je repars me promener vers le village situé juste avant le lodge. Tout semble calme, je ne vois pas grand monde hormis les chèvres et les brebis. Un groupe de babouins file à travers le chemin pour se réfugier dans les rochers, tout en grognant pour les plus gros.  Mais, petit à petit, je me rends compte que ce calme n’est qu’apparent. J’entends des conciliabules dans les cases. De l’autre côté du terrain de foot (incontournable dans n’importe quel village de la région !!), un flamboyant magnifiquement fleuri me tend les bras. Je déambule ensuite dans les ruelles ; du bruit attire mon attention : il s’agit du marché mais les étals sont très rares. Plus loin, un groupe de bambins se réjouit de me voir passer  avec de nombreux signes amicaux de la main et de grands sourires. Contrairement au début du voyage, la plupart des baobabs ont mis leur feuillage vert ce qui les rend un peu plus agréables à l’œil. Là, quelques oiseaux volètent et se cachent : ainsi, un petit cordon bleu me file entre les objectifs. Sur le chemin du retour, un superbe agama, bleu à tête rouge-orangé d’une vingtaine de centimètres se prélasse au soleil sur un four à briques. Sur la gauche, je parviens enfin à fixer enfin en vol l’aigle pêcheur. Jusqu’à présent, ils avaient toujours décollé à l’opposé !

 

De retour au lodge, il est bien temps de piquer une tête dans les eaux claires du lac. Ce moment est toujours aussi agréable et rafraîchissant. Il est maintenant temps de plier la tente. Jamais je ne l’avais démontée aussi tard. Cette journée tranquille a vraiment du bon. A tel point que nous prenons même le pique-nique sur une table en bois à l’ombre de l’énorme flamboyant. Nous reprenons tranquillement les véhicules pour rejoindre Senga Bay un peu plus au nord, toujours au bord du lac. La distance assez courte nous autorise un rythme assez tranquille, d’autant plus que la première partie est une piste moyennement roulante par endroits. Nous commençons à bien rire dès la sortie du village en voyant un couple à vélo : monsieur met pied à terre et tient le vélo tandis que madame, toujours assise à l’arrière du deux-roues en amazone, sort son téléphone portable et passe un appel ! Comme quoi l’homme africain n’est pas si machiste. Sinon, le long de la piste puis de la route, nous apercevons régulièrement de superbes flamboyants qui rayonnent au milieu des villages.

 

Après environ deux heures de trajet, nous retrouvons Salima, à la recherche d’une pharmacie : en vain, elle a été transférée dans une autre ville ! Apparemment il ne faut pas trop être malade, sinon c’est soit l’hôpital, soit la clinique privée quand on a les moyens. Après cette vaine recherche, nous mettons le cap vers Senga Bay, à une vingtaine de kilomètres à l’est de Salima. En chemin, nous nous arrêtons d’abord devant un des nombreux vendeurs de mangues, et surtout un marché artisanal.

 

En un peu plus d’un an, rien n’a changé, toujours le même aspect taudis des cabanes (un mélange de bois , de chaume, et de bâches plastiques). Toujours les mêmes genres d’objets. De nombreux articles en bois figurant humains et animaux, tout types de boîtes diverses et variées, des tables et chaises typiques, des masques (parfois très encombrants). On trouve aussi diverses pièces de vannerie : des classiques tapis, en passant par les paniers, les coffres, et surtout une des originalités de la région, les 4*4 reproduits de manière particulièrement fidèle. Bien évidemment, j’ai craqué pour un d’eux. En fait, cela datait déjà de mon précédent passage au Malawi. Il va sans dire que dans cet endroit, il faut absolument négocier le prix annoncé.

 

Emplettes faites, nous bouclons les sept kilomètres qui nous séparent du Steps Camp, un camping installé sur la baie avec sa propre plage et même de gros rochers (genre granit rose à Ploumanach) sur la pointe nord. Evidemment, dès la tente dressée, la deuxième baignade du jour s’impose. L’eau est encore plus claire ici ; par contre, sur plusieurs dizaines de mètres, il doit y avoir à peine un mètre d’eau. Qu’importe !! Il suffit de nager plus loin. Il ne reste plus qu’à faire quelques clichés de l’endroit, tout en profitant des nombreux oiseaux qui passent : ombrettes, bergeronnettes-pie, aigles pêcheurs, martin-pêcheurs, … Mais déjà vient le moment de faire le sac, alléger tout ce qui peut l’être, transférer ce qu’il faut du bagage cabine au bagage soute et vice-versa. Ceci occupe un bon moment et la fin de la journée approche. Le dernier repas en terre africaine se prépare déjà. Ce soir, Inno nous prépare sa spécialité du Zimbabwe : la salza. Il s’agit de farine préparée un peu comme de la polenta. A côté, il prépare une sauce à base de ratatouille et de saucisse coupée en petits cylindres. Le résultat est à la fois bon et consistant. Avec ça, nous devrions bien dormir ! Mais c’était sans compter sans une armée de fourmis minuscules qui a envahi nuitamment trois de nos tentes. Au réveil, à la lumière du jour, le résultat est impressionnant ! Ce coin du camp étant pourtant bien, à l’abri du vent.

 

 

Mardi 31 octobre, Senga Bay

 

 

Aujourd’hui sonne le dernier réveil du voyage. Enfin, c’est une façon de parler. Car une heure avant l’heure du petit-déjeuner (soit cinq heures du matin), nous sommes presque tous debout pour guetter le lever du soleil. En attendant qu’il se montre, nous assistons au ballet des barques qui pêchaient au lamparo cette nuit, illuminant ainsi l’horizon nocturne d’une nuée de lucioles. Désormais, ils rentrent au bercail vendre le produit de leur pêche. Patiemment, l’horizon rougeoie au-dessus des côtes mozambicaines. Puis le premier rayon monte avant que le soleil n’apparaisse enfin, très pressé. Il faut pourtant attendre quelques minutes avant que les reflets sur les eaux du lac soient beaux.

 

Il ne reste plus qu’à nous restaurer avant de plier définitivement le camp. Avec l’avance que nous avons prise, nous sommes prêts bien trop tôt. Après avoir discuté un petit moment, nous décidons de nous mettre en route vers Lilongwe et son aéroport. La route n’offre pas un grand intérêt touristique ; par contre, elle est jalonnée de barrages. Nous en verrons ainsi cinq jusqu’à l’aéroport. Je crois que nous n’en avions pas vu autant sur tout le séjour cumulé. La plupart du temps, ça se passe très vite (et bien !) sauf quand ils commencent à poser des questions du genre « Pourquoi vous allez à l’aéroport ? » ou alors quand ils veulent savoir ce que nous transportons. Le conducteur se lance alors dans un bobard pour écourter la discussion : ça marche à chaque fois !

 

L’aérogare a lui aussi changé en quinze jours ; les nombreux flamboyants ont joint leurs couleurs à celles des jacarandas, toujours fleuris. A l’intérieur de l’aérogare, c’est très calme à une heure aussi matinale (9h30). Les boutiques sont toujours aussi rares. Il faut donc patienter avant que l’enregistrement n’ouvre. Nous enregistrons finalement avant les autres qui sont sensés partir trente minutes avant nous !! Le shopping étant quasi impossible, nous nous acquittons directement de la taxe de sortie (30$) avant de dire au revoir à Fred. Il ne reste plus qu’à monter à l’étage dans la salle d’embarquement, elle aussi toujours aussi succincte avec ses deux boutiques duty-free et son petit snack-bar. Malheureusement, une employée de l’aéroport vient littéralement nous harceler pour que nous descendions très, très tôt au contrôle de sécurité. Les filles étant décidées à boire et grignoter quelque chose, nous la laissons parler. Nous la laissons même revenir trois fois avant d’obtempérer. On est en plein délire : cette pauvre dame arrive à dire une chose et son contraire dans la même phrase. Au final, nous sommes obligés de descendre au contrôle une heure avant l’horaire d’embarquement. Et quand on voit la salle d’attente de Lilongwe, on préfère y passer le moins de temps possible. Pour une raison que j’ignore, le contrôle est strict : bagage cabine aux rayons X, puis fouille manuelle systématique du même bagage, suivi d’une palpation systématique et quelques questions (voir même une nouvelle vérification de passeport). C’est de cet endroit que nous voyons atterrir le second avion (celui de Nelly et moi) avant le premier. Nous devions décoller trente minutes après eux et nous décollons finalement trente à quarante minutes avant eux !!

 

Direction Johannesbourg et l’Afrique du Sud à bord d’un appareil de South African Airways pour un transit de quelques heures, le temps de faire quelques emplettes dans cet aérogare idéal à ce sujet. « Out of Africa », l’incontournable boutique, reçoit donc notre visite, enfin nos visites car nous y repasserons plusieurs fois, le temps de trouver un petit présent pour chacun. Il ne reste plus qu’à attendre l’embarquement pour Paris sur un A340 d’Air France. C’est la première fois que je vole à bord de notre compagnie nationale pour un long-courrier, et finalement, je suis globalement satisfait du service (malgré tout ce que j’avais pu entendre !). Est ce la fatigue ? Toujours est il que le voyage passe assez vite. Je réouvre l’œil lorsque nous survolons la Sardaigne. Il ne reste qu’une poignée d’heure avant de se poser à Roissy. L’arrivée y est saisissante : le choc thermique est sanglant ! Passer de plus de 30°C à 6°, cela se sent ! Les manteaux cachés au fond des sacs depuis quinze jours sont les bienvenues. Nous devons encore patienter au moins trois quarts d’heure avant que nos bagages arrivent enfin. Un peu plus et ils n’arrivaient pas ! Il ne nous reste plus qu’à rejoindre le RER bien désert en ce matin de Toussaint !

 

Fin de l’aventure et retour « brutal » à la vie citadine et occidentale.

 

Vivement le prochain voyage !

 

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