Journal africain (2)

Publié le par Jérôme Voyageur

Samedi 18 octobre 2003, Sesriem

 

 

Comme prévu, le réveil sonne à 4h45. Ou plus exactement, la douce voix de Maïté vient nous sortir du sac de couchage. Si on se lève si tôt, c’est qu’il y a une bonne raison : voir le soleil se lever sur les dunes de Sossusvlei. Le levant colore le ciel nuageux de rose, amis ces mêmes nuages gâchent le spectacle. Tant pis ! Nous poursuivons donc jusqu’à Sossusvlei, cette cuvette d’argile au cœur des dunes rouges. Là coulait une rivière, la Tsauchab. Aujourd’hui, tous les 10 à 12 ans, elle devient un lac temporaire, ce qui explique ce surprenant « pavement » argileux. Nous voilà donc en plein cœur du désert du Namib, le plus vieux désert du monde, qui abrite aussi les plus hautes dunes d’Afrique plus de 300 m de haut).

 

Maïté nous laisse quartier libre. Chacun monte alors à l’assaut de la dune de son choix. Des petites, des grandes, des abruptes, des en pente douce : chacun y trouve son bonheur. Si tôt dans la journée, le sable rouge est encore immaculé : pas de traces de l’homme, juste les empreintes des oryx et des springboks qui vivent là. Mais toute cette magnificence a un coût : grimper dans le sable est vite épuisant mais quel bonheur d’admirer ces étendues de sable. Quel sensation de se retrouver sur la crête comme seul au monde. Le bleu azur du ciel tranche avec le rouge brique du sable, et le vert des quelques acacias Erioloba qui arrivent à pousser dans la cuvette (vlei) avec quelques fleurs jaunes. Que de dire de ce moment inoubliable lorsque deux springboks on t galopé devant moi entre deux dunes ! Après ce moment en solitaire, je rejoins les autres au sommet d’un dune voisine.

 

Pour la petite histoire, ce sable rouge trouve son origine dans la rivière Orange qui marque une frontière naturelle entre la Namibie et l’Afrique du Sud. Elle charrie de la latérite jusqu’à l’océan. Là, le Benguela, un courant froid arrivant d’Antarctique, remonte la latérite le long de la côte. C’est alors qu’interviennent les vents dominants d’ouest pour ramener cette poudre rouge sur le continent.

 

Après trois heures d’ascension et de ballade dans les grandes dunes autour de Sossuvlei, nous retournons au camp de Sesriem. Il est temps de replier tout le barda pour nous diriger vers le nord. Cette piste nous amène à faire une halte à Solitaire, une station / boutique / hôtel / aérodrome au milieu de nulle part, en plein désert. Ce serait presque « Bagdad Café » en plus moderne. L’endroit porte parfaitement son nom. Le propriétaire des lieux, un Afrikaner à l’apparence bourru, complète le tableau mais vous vendra tout ce dont vous avez besoin : il fait même du pain et des gâteaux qu’ils vend aux clients. Assurément une halte à faire !

 

La suite de la piste est du même tonneau : de vastes étendues sèches et caillouteuses bordées, au loin, de petites montagnes. Nous finissons par arriver au campement de Mirabib, au nord est du parc du Naukluft. Quel lieu exceptionnel pour camper : un énorme rocher planté en plein désert caillouteux. Il se pare de couleurs ocres et rouges qui s’illuminent avec les rayons du soleil qui décline. Chacun arrive à voir des formes différentes dans le roc ! La soirée commence par une franche rigolade lorsque Jeffrey et Maïté nous gratifie de trois tours du rocher avant de s’arrêter. Finalement nous installons le camp tout près d’une caverne. Il semblerait que celle-ci aie des effets hallucinogènes. En effet, le repas se déroule dans une hilarité générale. Que dire du ciel nocturne. Des étoiles à ne plus savoir qu’en faire. Et la Voie Lactée ! Toujours aussi belle ! Il faut dire que loin de toute civilisation, l’endroit est parfait pour l’observation nocturne. Cette journée se termine par une excellente nuit de sommeil dans le silence le plus complet.

 

 

Dimanche 19 octobre, Mirabib

 

 

Question du matin : quel est donc cet animal qui est venu gratter quelques tentes cette nuit ? Chacun a son idée : chacal, lièvre, rat, … Mais le mystère reste entier, surtout que nous ne sommes loin d’être experts en empreintes ! ! Cet endroit restera pour moi le meilleur campement du séjour! Quel cadre !

 

Quelques minutes après avoir quitté le campement, nous faisons une halte sur le Tropique du Capricorne. C’est l’occasion de faire une photo de groupe autour de la borne constituée d’une grosse pierre plate. Sur la piste, nous finissons enfin par voir les premiers zèbres de Hartman, ou zèbres des montagnes, plus petits et avec une seule série de rayures contrairement aux zèbres de Burchell qui possèdent des rayures grises entre les noires. De nombreuses autruches paradent mais difficile de les approcher en véhicule. Nous avons juste le temps de voir une meute de renards chauve-souris détaler. Quelques kilomètres plus loin, au bord de la piste, quatre mangoustes jaunes et un suricate ( à la queue toute fine), pointent leur museau hors du terrier.

 

Arrivés près du Bloedkoppe (littéralement montagne de sang ou montagne rouge), nous découvrons les Kokerbooms, aussi appelés arbres carquois, car ils servaient aux Bushmen pour transporter leurs flèches. Il s’agit en fait de grands arbres en forme de champignon, formés d’épaisses branches se terminant au sommet par des bouquets de larges feuilles pointues, le tout donnant l’apparence de flèches dans un carquois. Nous faisons la pause pique-nique au pied de cette vieille montagne aux teintes rosées, toute en rondeur après des siècles et des siècles de lente érosion. D’ailleurs, pour nous ouvrir l’appétit, Maïté nous invite à la gravir ce que nous empressons de faire en deux petits groupes chacun par sa voie. C’est limite escalade mais ça passe en faisant attention. Malheureusement, le dernier morceau pour parvenir au sommet nous paraît infranchissable et nous nous arrêtons à quelques mètres du but. Mais le point de vue sur la plaine déserte, la rivière asséchée et les montagnes au loin vaut vraiment le coup.

 

Autant dire que le repas du midi est le bienvenue, d’autant plus que, pour la première fois, il est suivi d’une pause de deux heures, l’occasion de faire la sieste en équilibre instable sur deux chaises pour certains, plus globalement l’occasion pour d’autres d’écrire quelques cartes postales pour faire partager les premiers jours à nos proches, voir les deux pour les derniers.

 

Nous reprenons la piste pour partir à la découverte des fameuses Welwitschia Mirabilis. Mais avant d’y parvenir, nous avons droit à une longue piste désertique sans un seul animal. Puis nous empruntons la Welwitschia Drive. Elle nous fait traverser un petit canyon où on aperçoit des traces de dolorite qui y forment des veines noir de jais sur les collines ocres. En poursuivant plus avant, nous apercevons enfin ces fameuses plantes. Heureusement qu’elles ont la particularité de vivre très longtemps (1500 ans pour la plus vieille en ce moment !) et d’être endémique à la région du Namib. A part cela, elles ne ressemblent à rien : deux larges feuilles fibreuses fendues en lanières  très longues, d’apparence plastique, qui traînent sur le sol. On croirait presque qu’elles sont sèches. Elles ressemblent à des pieuvres terrestres. Pour leur protection, elles sont encerclées de petites pierres, histoire de ne pas abîmer leurs racines. Dernière précision, il existe des plants mâle et femelle.

 

Après cette découverte florale vient le moment de planter le camp au pied d’une barre rocheuse que nous nous empressons d’escalader avant de nous balader dans le lit asséché (encore une fois) de la rivière située de l’autre côté. Nous ne verrons que trois autruches ( et encore de loin), ainsi qu’un chat sauvage. Par contre, nous sommes surveillés par les Damans, une sorte de marmotte grise et curieuse. Cette curiosité finit par aiguiser la nôtre. Avec Jeff, nous décidons d’aller voir ce qui se passe là-haut. Sans réfléchir, nous montons tout droit, azimut sanglier. Arrivés là-haut, nous en apercevons un qui va se cacher dès que nous sortons nos appareils. Nous aurons beau faire le guet, il ne ressortira pas. De rage, nous le lapidons, ou plus exactement, nous jetons des cailloux dans son terrier mais rien n’y fera. Nous en garderons une certaine inimitié avec cette espèce ! Même l’arrivée de Stéphanie là-haut n’y changera rien.

 

Dans la série des gags, ce campement mériterai le pompon. Avec J.P. nous devons être maudits car nous plantons la tente au seul endroit où les clous ne tiennent pas. Nous sommes obligés de poser une pierre sur chacun. Ce soir, le repas se termine par une veillée autour du feu. Encore une belle journée qui se termine.

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