Journal africain (4)

Publié le par Jérôme Voyageur

Mercredi 22 octobre 2003, Spitzkoppe

 

 

Depuis hier, nous sommes entrés dans le Damaraland. Ce matin, nous explorons le Spitzkoppe. Il s’agit en fait de deux montagnes « pointues » appelées Petit Spitzkoppe (1500m) et Grand Spitzkoppe (1700 m) ainsi que plusieurs collines granitiques. Ces formations rocheuses son appelées « inselbergs » car elles forment des îles de pierre au milieu d’immenses plaines de savane. C’est un paysage qu’on retrouve très souvent en Namibie.

 

Le Spitzkoppe impressionne par sa couleur dominante rose à laquelle le soleil donne de multiples tons. Son apparence change à chaque point de vue. L’érosion lui a donné des formes tout en rondeur au cours des millions d’années. On peut même voir une très belle arche rocheuse, prétexte à de nombreuses photos. C’est d’ailleurs une illustration qui est souvent reprise dans les guides pour figurer le Damaraland. Nous retrouvons aussi nos amis les Damans qui sont nettement plus nombreux et moins craintifs.

 

Tout autour de la montagne et sur les collines avoisinantes, les Sans (un ethnie Bushman) ont réalisé des peintures rupestres avec une finesse assez impressionnante. Naturellement, nous apercevons de nombreux animaux représentés ainsi que des hommes. Malheureusement, quelques touristes débiles ont eu la géniale idée d’arracher ou de tagger ces œuvres. Le site le plus décoré reste la colline de Bushman Paradise qu’on atteint au prix d’une ascension plutôt abrupte, facilitée par la présence d’une chaîne. Avant de grimper, nous avons la chance d’apercevoir trois oréotragues (ou chamois du désert) ; ce seront les seuls du séjour ! Pendant la montée, c’est le tour des Agames : il faut dire que le coin leur convient tout particulièrement !

 

Nous continuons ensuite notre route dans le Damaraland en direction du massif du Brandberg qui abrite le Konigstein, le point culminant de la Namibie à 2573 m. Cette région présente une apparence différente de ce qu’on a déjà pu voir. Le paysage est beaucoup plus « ondulé », nous voyons de nombreux arbustes et le sol est souvent couvert de bouquets d’herbe. Cela a l’air de plaire aux animaux : un steenbok nous coupe la route, plusieurs springboks font la course avec le camion ; sans parler des nombreux écureuils sur le bas côté. Une outarde Kori déploie ses ailes dorées et nous gratifie d’un majestueux vol. En approchant de Uis (un village près du Brandberg), nous avons la chance d’apercevoir un groupe de Koudous (un mâle avec ses longues cornes torsadées et des femelles).

 

Arrivés au village, la tuile ! Un des pneus a crevé. Maïté change le programme et nous pique-niquons près de la station. Manque de chance le gonfleur de celle-ci semble avoir des faiblesses. Dur de faire la pression ! Mais enfin, nous arrivons à repartir. Nous nous rendons à l’entrée du massif pour rendre visite à la Dame Blanche. Un guide Damara nous accompagne : il nous donne quelques explications en chemin sur la faune et la flore. Nous apercevons une famille de Ganga (des oiseaux qui passent leur vie au sol) ainsi qu’un couple d’Agames des Rochers. Au bout d’une heure de marche sous le cagnard (pas loin de 50° C au soleil !!) dans le lit asséché de la Tsiab, nous atteignons enfin la Dame. Il s’agit en fait de peintures rupestres excellemment conservées, le trait est très fin, et les dessins sont polychromes. La fameuse « Dame Blanche » identifiée comme telle lors de sa découverte semblerait finalement être un homme, plus exactement un guérisseur, orné de peintures rituelles et blanchi par la cendre. Fait particulier, on peut observer la présence d’un squelette, rare représentation de la mort. Quant aux animaux à jambes humaines, ils sont la représentation de visions lors de la transe du chaman.

 

De retour à l’entrée, Seth, notre guide, nous lit un petit texte en langue Damara. Celle-ci est ponctuée de clics (quatre sortes) comme dans le film « Les dieux sont tombés sur la tête ».

 

Nous poursuivons vers le nord en direction de Twyfelfontein. Dès la sortie du Brandberg le paysage change encore. La végétation bien que plutôt sèche s’enrichit de nombreux petits arbres. De multiples petites montagnes rocheuses ponctuent ces étendues.

 

Nous plantons la tente au camping d’Aba Huab, non loin du site de Twyfel. Nous avons rarement vu autant de monde dans un camp. Il restera d’ailleurs comme un des bivouacs les moins marquants. Par contre, le bar est très sympa : terrasse à l’étage sous un toit de chaume avec vue sur le couchant en sirotant une bière bien fraîche. Ce soir, Maïté a décidé de nous faire goûter de la viande sauvage : autruche (d’élevage) et koudou grillés. Autant l’autruche a une viande plutôt bonne, autant le koudou manque vraiment de saveur : mieux vaut le laisser courir dans la savane et se régaler à l’observer, croyez-moi !

 

 

Jeudi 23 octobre, Aba Huab

 

 

Ce matin, le réveil se fait au son de l’âne ; ça change du coq !! Après un pliage de camp express, et quelques minutes de piste, nous atteignons le site de Twyfelfontein. C’est le lieu où on trouve le plus de gravures rupestres bushmen. La ballade sur les flancs de la montagne de grès rouge permet de découvrir ce vaste « livre » animalier. En effet, les Bushmen réalisaient ces dessins pour expliquer la faune à leurs enfants : c’était un peu l’école buissonnière. On y aperçoit de nombreux animaux : oryx, autruches, zèbres, lions, éléphants du désert, rhinocéros, hippopotames, springboks, … En plus de leur apparence, les artistes ont dessiné les empreintes de chacun. On peut aussi distinguer quelques hommes dont des chasseurs et des bushmen assis en position traditionnelle. Il y a même une carte des points d’eau de la région mais celle-ci, il est difficile de la prendre avec soi !! Notre guide ponctue ses explications sérieuses de quelques blagues. Il nous fait même l’honneur de fredonner une chanson en Damara. Le tour se termine près de la fontaine qui a donné son nom au lieu, « twyfel » signifiant « jamais pleine ».

 

A quelques kilomètres de là, nous faisons une halte devant les orgues basaltiques. Il s’agit d’un gigantesque bloc de basalte composé de longues tranches verticales. Méfiance, les photos dans les guides sont trompeuses, elles ne sont pas si grandes que cela ! Elles méritent néanmoins un détour. Vu que nous sommes plutôt en avance, Maïté nous propose de rajouter au programme la « forêt pétrifiée ». Ce sont des troncs d’arbres amenés là par la mer puis pétrifiés il y a 260 millions d’années. Le plus gros fait six mètres de diamètre et le plus long mesure trente mètres. Les détails du bois sont vraiment très nets. On croirait presque du vrai bois. Le long du chemin, on peut observer quelques Welwitschia, des Euphorbes Damarana ainsi que des Mopanes, l’arbre local reconnaissable à sa feuille en forme de papillon.

 

Nous faisons halte dans le seul endroit ombragé du coin : la terrasse d’une petite boutique. Francis en profite pour pouponner un bébé damara !

 

Puis nous reprenons la piste dans un nouveau paysage très vallonné, très pierreux et ponctué de nombreuses montagnes. Ce désert de pierres rouges est piqué de boules vertes. Cela donne un certain charme. Au hasard de la route, nous apercevons une dizaine de girafes Masai, branche Botswana. Elles sont très claires et nous avons du mal à les distinguer dans les rochers. Nous avons aussi la chance de pouvoir observer un vieux mâle Koudou avec ses longues cornes torsadées. Il rumine paisiblement à l’ombre d’un arbre.

 

Notre journée se termine au camp de Kowarib. Nous nous retrouvons seuls au monde dans un cirque montagneux, surplombant une gorge où coule, enfin, un ruisseau. Celui-ci marque la limite entre Damaraland et Kaokoland. Pendant que Maïté et Jeffrey préparent le repas, nous descendons explorer cette gorge. De l’autre côté de la rivière (que nous franchissons avec quelques difficultés) se trouve une palmeraie de Makalani dont le fruit donne de l’ivoire végétale ; fruit qui est souvent sculpté pour en faire des pendentifs aux motifs animaliers.

 

De retour au campement, nous nous décrassons dans une douche géniale. Elle est installée dans un Mopane, en plein air, avec juste une palissade. Voilà une douche qui restera dans nos esprits. Et sûrement aussi la soupe du jour qui est beaucoup trop épicée !!

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