Pachacutec, panorama andin (10)

Publié le par Jérôme Voyageur

Jeudi 28 Mai 2015, Cusco

 

Après le coucher tardif, nous avons opté pour un départ vers 8h30 pour la visite de la vieille ville de Cusco. Heidé est totalement dans son élément, elle qui vit ici. Nous rejoignons d’abord la grande halle Eiffel qui abrite le marché San Pedro. Ces visites sont toujours aussi sympas voir alléchantes quand se présentent les fruits ou les avocats. Comme ailleurs, il y a toujours autant d’animation. Nous faisons une étape dans l’église Santa Clara où les statues de la Vierge et de Saint José portent déjà leur tenue d’apparat et sont couverts de fleurs en prévision d’une prochaine procession. A la sortie nous entendons les clameurs d’une manifestation se faire plus précises. Nous voyons déboucher sous l’arche voisine deux colonnes de policiers encadrant quelques dizaines de manifestants calmes et toujours le même slogan qui monte « Mina no, agro si ». Toujours les mêmes revendications que celles entendues à Arequipa sur le parvis de la cathédrale. Nous laissons passer la troupe avant de poursuivre jusqu’à la place d’Armes en passant devant l’église de la Merced dont nous ne pouvons manquer la façade de pierres. Le temps est toujours aussi couvert : les photos de la place restent bien ternes.  C’est sûrement la plus vaste  de celles que nous avons pu voir jusque là. La cathédrale à elle seule s’impose en occupant presque les trois quarts du côté opposé. En débouchant sur la place se succèdent sur notre droite trois façades religieuses toujours de la même pierre rougeâtre, deux chapelles flanquées autour de l’église Saint Ignace de Loyola. Aucune n’a conservé sa consécration, la dernière est même devenue une boutique.  Ici nous commençons aussi à distinguer le double héritage de la ville impériale. Nombre de bâtiments reposent sur d’anciens murs incas.

La cathédrale n’étant pas encore ouverte, et cernée d’un cordon policier, nous remettons à plus tard la visite et continuons vers le quartier San Blas par la Cuesta del Almirante, une ruelle montant à gauche de la chapelle de la Sainte Famille. Nous découvrons quelques façades remarquables de l’époque coloniale et même quelques patios de la même époque, désormais cœurs d’hôtel de luxe, néanmoins accessibles pour la photo. C’est tout particulièrement le cas autour de la placette de Las Nazarenas. Un retour vers la calle San Blas est indispensable pour jeter un œil à l’une des attractions les plus connues de Cusco. L’actuel archevêché repose sur de hauts murs incas. Ceux-ci comportent un bloc à douze côtés, une pierre qu’on peut voir en photo dans tous les livres sur la ville. Elle est facile à localiser soit par la présence de touristes, soit par celle d’un inca comédien de rue. Cette ruelle continue à monter jusqu’à l’église éponyme en accueillant de nombreux ateliers d’artistes reproduisant des œuvres de toutes époques péruviennes tant inca et pré-inca qu’école de Cusco. D’ailleurs, la guide nous emmène dans la boutique-musée d’un artiste classé au patrimoine culturel national. Il faut reconnaître qu’il y a de très belles pièces … à un très beau prix ! Au hasard d’une vitrine, nous dénichons même une médaille remise par le président Chirac.

Du parvis de l’église, nous redescendons de la colline mais pas vers la place. Nous débouchons devant le Couvent Santo Domingo. Au moment d’entrer, je m’interroge sur la raison de notre arrêt devant ce couvent en particulier. Dans la toute première pièce nous trouvons seulement quelques panneaux explicatifs sur l’époque inca mais rien de transcendant. Nous passons ensuite dans le grand cloître où le mystère reste toujours aussi épais. Du moins le temps de passer sous les arcades qui cernent le cloître. Nous découvrons alors deux édifices d’époque inca chacun à trois portes dans l’enceinte même de cette construction chrétienne. Il s’agit d’anciens temples. Une maquette installée après le second bâtiment nous éclaircit les idées. Nous sommes sur les lieux d’un ancien complexe religieux inca de première importance, le Qurikancha, qui regroupait cinq ou six temples dont celui du Soleil et celui qui abritait les momies de tous les Incas. Grâce au classement au patrimoine mondial de l’Unesco, tous ces restes ont dû être mis en évidence et protégés. Avant de passer aux autres temples dont celui des étoiles, nous jetons un œil à la pinacothèque qui présente quelques tableaux dont une toile représentant la rencontre entre Pizarro et Atahualpa à Cajamarca.

Le temple des Etoiles présente quelques particularités dont cette fenêtre qui devait permettre les observations et aussi un reste de fresque conservé pour montrer comment les espagnols avaient pu réutiliser les lieux. Nous sortons ensuite sur la terrasse à l’arrière du chœur. C’est là que nous retrouvons un nouveau mur tout en rondeurs. Nous sommes tout simplement dans les restes du temple du Soleil qui domine le jardin sacré où sont conservés quelques pierres. Ici aussi l’abside a dû être rebâtie pour révéler ce temple. Ce couvent est vraiment plein de surprises. Dommage que la fraîcheur nous ait un peu transis. Nous avons hâte de trouver quelques rayons de soleil.

Autre bâtiment surprenant quelques centaines de mètres plus loin : la Scotiabank. Il ne faut vraiment pas hésiter  à y pénétrer. Une partie du bâtiment est constituée d’un petit musée qui raconte l’histoire de l’Inca Yupanqui. Nous sommes dans son ancien palais. Quelques mètres plus loin dans la même rue, une trouée verte attire notre attention, d’autant plus qu’elle est cernée d’une palissade en plexiglas ; il s’agit là encore des restes d’un ancien palais inca, le Kusicancha où serait né Pachacutec. Dans un angle se dresse une maison coloniale construite à sa place. Nous pouvons revenir sur nos pas pour emprunter une longue rue étroite aux origines incas indéniables, qui nous ramène sur la place d’Armes, au ras de l’église Saint Ignace. Il semblerait que cette fois nous puissions enfin entrer dans la cathédrale quoi que ce ne soit pas si évident en voyant la façade complètement fermée

L’accès se fait par la chapelle de Sainte Famille (Sagrada Familia) accolée sur sa gauche. Celle-ci nous accueille par son imposant maitre-autel baroque totalement doré à la feuille. Cela commence fort. Malheureusement aucune photo n’est possible. Après quelques explications fournies par Heidé, nous pénétrons dans la cathédrale elle-même, trois immenses nefs de taille équivalente la composent. Un ensemble plutôt lumineux mais surtout rayonnant de richesse. Chaque chapelle latérale est fermée d’une immense grille en bois recouverte d’or. Dans la nef centrale, l’autel est en argent martelé et fait face à un chapitre en bois finement ciselé. A l’arrière du maitre-autel nous en découvrons un second ! Construit au ras du sol, il avait été recalé par les autorités de l’époque qui jugeaient cela inconvenable. Du coup, il est demeuré là, dissimulé, et n’a jamais été décoré. Il est resté en bois brut sans dorure. Nous terminons par la seconde grande chapelle qui complète le complexe cathédral. Dite du Triomphe, elle célèbre la victoire des espagnols sur les incas. Aujourd’hui elle est bien encombrée par des activités de restauration et de préparatifs de procession. Ainsi se clôt ce tour guidé du centre du nombril du monde inca.

Il est temps de se restaurer, ce qui aujourd’hui requiert beaucoup, beaucoup de temps. Nous quittons là notre guide qui a terminé son service avant de flâner dans la ville. Le retour du soleil nous permet de refaire des photos plus agréables, principalement autour de la place d’Armes. Au troisième passage de la journée devant la Merced nous décidons d’en rester là et de rejoindre l’hôtel. A 18h15, le responsable de l’agence locale vient nous rencontrer pour débriefer jour par jour le séjour, l’occasion déjà de se souvenir de tout ce que nous avons fait. A quelques-uns, nous rejoignons la place pour prendre un dernier repas ensembles, avant que certaines poursuivent vers l’Amazonie.

 

Vendredi 29 Mai, Cusco

 

Le ciel est encore plus gris qu’hier. Un signe qu’il est temps de partir ? Tous nos bagages sont chargés dans un taxi (jamais je n’aurais imaginé qu’une voiture puisse en absorber autant) tandis que nous sommes pris en charge par un minibus. Nous testons aussi les embouteillages de Cusco ; c’est l’occasion de découvrir que la gente féminine est particulièrement bien représentée dans la police de la circulation. Nous allons enfin voir cet aéroport qui nous étonnait tant la ville est cernée de collines. C’est au dernier moment à un carrefour qu’apparait une petite tour de contrôle. Si la partie enregistrement est plutôt bien développée, la partie commerciale est réduite à la portion congrue. Alors que nous attendions depuis belle lurette dans la salle des départs nationaux, le personnel du contrôle de sécurité nous renvoie au rez-de-chaussée, par le chemin le plus long qui puisse être imaginé, vers une porte 11 indiquée nulle part. Nous finissons par deviner qu’il s’agit de la salle des départs internationaux, mais pour un vol intérieur vers Lima. L’orientation se fait au tout dernier moment devant le guichet de l’immigration. Alors que nous approchons de la porte d’embarquement, celle-ci est subitement modifiée générant un vaste mouvement de foule dans la salle. Finalement, après  quelques accrocs et retards, nous décollons vers Lima tandis que les neuf qui restent se répartissent sur trois vols différents en direction de Puerto Maldonado.

A l’arrivée un chauffeur nous attend comme convenu pour nous conduire en ville dans le quartier de Miraflores. Le conducteur ne parlant que l’espagnol, il me passe Brenda au téléphone qui m’explique en français tout le détail de la halte et les heures de rendez-vous à respecter. Entre le retard du vol intérieur et la marge à prendre pour l’enregistrement, je ne dispose que d’une heure trois quarts. Tout juste le temps de dénicher une table dans le centre commercial Larcomar où nous avons été déposés et d’aller faire quelques pas sur le front de mer. Nous avons même droit à un exercice d’évacuation du centre commercial avec bouclage du quartier par la police ! Ils ne prennent pas à la légère les risques de séismes et de tsunamis. Les pseudos-plages de galets et le temps couvert ne font pas vraiment envie. A l’heure dite, le chauffeur est de retour. C’est ici que je quitte Annie et Jean-Michel. La circulation dans Lima est hallucinante !

Les formalités à l’aéroport sont vite expédiées vu qu’il n’y a presque personne aux guichets Iberia et que j’ai déjà mes cartes d’embarquement. Il ne reste plus qu’à tuer le temps et écluser les sols encore en poche. Pour changer, lorsque le vol approche, Iberia ne peut pas se passer d’un nouveau grand n’importe quoi. Cela commence par l’appel individuel d’une bonne trentaine de personnes (à ce niveau-là c’est du jamais vu pour moi). Nous continuons par une véritable mêlée que constituent les pseudo-files par groupe d’embarquement. Est-il donc si compliqué d’avoir trois panneaux portant le nom du groupe histoire de mettre un peu d’ordre ? Sans compter que l’embarquement commence à l’heure où il aurait dû se terminer ! Heureusement, l’avion est cette fois moderne. Enfin des écrans individuels tactiles et des sièges qui laissent de la place aux jambes. Comme quoi, quand ils veulent, ils peuvent …

Après deux films, j’arrive à plutôt bien dormir pendant cinq ou six heures ce qui rend le vol beaucoup plus court malgré les onze heures de vol. En y réfléchissant, les trois heures d’escale à Madrid me paraissent presque plus longues. Miracle lors de l’embarquement pour Paris : Ibéria fait les choses bien en faisant respecter un ordre strict pour l’embarquement. C’est bien la première fois que je vis cela avec cette compagnie. Néanmoins, le personnel navigant se rattrape en faisant bouger pas mal de passagers pour de futiles raisons. Cela ne m’empêche pas de somnoler jusqu’à Orly. Commence alors l’attente du sac avec le gros doute qu’il soit bien là. Heureuse surprise, je peux enfin rejoindre mon domicile avec toutes mes affaires.

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