Un petit pas pour l'homme

Publié le 14 mars 2018 par Jérôme Voyageur

Paris, Mars 2018

Voici un bon moment que j'avais en tête d'aller faire un tour du côté du palais Chaillot pour enfin découvrir quelques-uns des musées qui y sont abrités. Jusque-là, je n'avais parcouru que les allées et salles du musée de la Marine, installé dans l'aile Passy, c'est-à-dire celle de gauche quand on regarde depuis la Tour Eiffel. Il est désormais fermé pour plusieurs années le temps d'une rénovation complète qu'ont déjà subi ses illustres voisins. Rendez-vous en 2021.

Ce dimanche matin, découvrant du beau temps et des trouées bleues dans le ciel, je me décide à en profiter pour aller dans Paris. L'avantage du dimanche, c'est d'avoir moins de circulation et la gratuité du stationnement. En suivant les indications avisées de mon ami Waze, je rejoins l'avenue Georges Mandel, la fin du trajet se fera à pied. Ce palais en impose toujours autant quand on débouche sur cette grande place du Trocadéro.Les deux volumes du palais Chaillot, flanquant le parvis me font penser à une version moderne des temples antiques : hautes colonnes, fronton paré de lettres d'or, ...

L'accueil des visiteurs se fait dans le patio : l'entrée plein tarif est de dix euros. Direction les étages pour découvrir les collections réparties sur deux niveaux, naturellement baptisées "Galerie de l'Homme". Il faut savoir que depuis la création du musée du Quai Branly, une parties des trésors ont été transférées d'un lieu à l'autre. Le musée de l'Homme est installé depuis 1937 dans les murs du palais de Chaillot, à l'époque dans le cadre d'une exposition universelle. Malgré son appellation de musée, il ne constitue qu'un département, certes imposant, du musée d'Histoire Naturelle. Suite à une fermeture de six ans entre 2009 et 2015, il propose désormais un cadre accueillant et une muséographique digne des standards modernes, mêlant régulièrement technologies digitales et pièces plus que millénaires, laissant une large place aux dispositifs expérimentaux et sensoriels.

La progression se fait de manière thématique en commençant par une première question "Qui sommes nous?" qui va être développée sur la première moitié du premier étage. Au travers de différents thèmes, l'exposition nous rappelle que nous sommes tous pareils, qu'il y a bien de choses qui nous rapprochent au sein de l'espèce humaine que de choses qui nous différencient, par exemple dans notre façon d'aborder la mort, mais pas seulement. On notera aussi le mur des langues : bien qu'en plastique, il suffit de tirer dessus pour entendre plusieurs dizaines de dialectes dont les locuteurs varient de quelques centaines à plusieurs millions. Quelques pas plus loin s'annoncent la collection de bustes. Plusieurs dizaines de têtes reproduites, des quatre coins du globe. D'ailleurs la présentation à l'inter-étage.

Juste après ce véritable mur de têtes commencent la seconde thématique "D'où venons nous?". Par le biais d'artefacts osseux, le parcours rappelle comment l'espèce humaine à évoluer depuis les primates jusqu'aux hommes en passant par les hominidés. Malgré le côté incomplet des ossements, on visualise aisément l'évolution de la forme des crânes. Grâce à un moulage, Lucy notre mère à tous est présente, tout comme néandertal et cro-magon. Mais c'est l'occasion de découvrir ou redécouvrir bien d'autres lignées, rappelant le foisonnement de cette période de l'humanité. L'extrémité de l'étage accueille deux vitrines rappelant d'une part quels animaux côtoyaient nos lointains ancêtres (mammouth, rhinocéros laineux, cheval de Przewalski,...) et d'autre part quels outils étaient utilisés pour transformer les proies en biens utilisables (peaux, fourrures, tendons, ....).

Une volée de marche conduit à l'entresol où se poursuit cette seconde thématique. Dans un recoin sombre aux éclairages ciblés sont présentées quelques splendeurs telles la Vénus de Lespugue ou encore le mammouth de la Madeleine. On aperçoit aussi la partie haute du mur des bustes. Nouvel escalier pour rejoindre le deuxième étage où se termine la seconde thématique. J'aime beaucoup le cercle dit des 4000 ans. Au premier abord, je n'en voyais pas l'intérêt : pas la moindre pièce exposée. Et pourtant .... Continent par continent, des écrits rappellent où en était chaque branche de l'humanité 4000 ans avant notre ère.

Lentement mais sûrement, on rejoint le troisième et dernier secteur du musée, intitulé "Où allons nous?". Impossible de rater la transition : c'est un bus de brousse africain bariolé de multiples couleurs qui occupe le centre de la pièce. Ici on bascule dans la période contemporaine de l'humanité. Une des vitrines montre comment nous sommes passé du médicament, à l'homme réparé, puis augmenté, jusqu’à essayer de prédire ce que sera la prochaine étape. Le visiteur est aussi questionné sur la globalisation du monde et son impact sur la diversité des peuples. A ce titre la comparaison de trois intérieurs, un africain, un parisien et un autre scandinave est assez révélatrice de la variété de nos besoins. L'exposition questionne aussi sur l'avenir de l'homme et de son environnement. Divers écrans permettent d'écouter les témoignages de multiples humains sur leur vision de l'avenir. Une cabine est librement accessible pour quiconque voudrait laisser son témoignage.

Avant de quitter le musée, autour de l'atrium, divers panneaux rappellent comment ce bâtiment à évoluer de 1877 à nos jours; Rares sont les éléments qui ont réussi à traverser tous les réaménagements.

Tout au long de la visite, il ne faut pas hésiter à profiter des grandes baies vitrées qui offrent une vue imprenable sur les jardins du Trocadéro et surtout sur la vieille Dame de Fer.

Infos pratiques:

- ouverture tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h

- plein tarif : 10 euros

- desserte par les métros 6 et 9

- boutique/ librairie, cafétéria et restaurant