Prenons un peu de hauteur dans l'Ourika

Publié le par Jérôme Voyageur

Vallée de l'Ourika

Marrakech, Mardi 25 Décembre 2018

 

C'est Noël, mais ici c'est un jour comme les autres. Il fait même presque plus doux que la veille. La seule différence est l'utilisation exceptionnelle de réveils pour être sûrs d'être à l'heure. Nous avons rendez-vous devant l'agence près de la Koutoubia pour partir en excursion. Ce matin, nous passons clairement avant l'ouverture de la plupart des commerces. Par contre, nous sommes surpris de croiser quelques voitures qui semblent autoriser à circuler sur la place à ce moment de la journée. J'avais prévu un peu large su les horaires: nous patientons une dizaine de minutes à l'agence en attendant l'arrivée de Brahim qui sera notre chauffeur pour la journée.

Les premiers kilomètres en sortant de la ville me font halluciner. Ce n'est qu'une succession ininterrompue de constructions ou de programmes immobiliers en prévision. Il y a même un parc de loisirs aquatiques. Nous apercevons aussi les structures démontables qui ont servi en début de mois pour le festival international du film. Plus loin, nous empruntons la ligne de départ du circuit automobile de la ville. Les préparatifs ont commencé pour le prochain grand prix de Formule Electrique. Décidément, Marrakech est le centre d'une intense activité.

Vallée de l'OurikaVallée de l'OurikaVallée de l'Ourika

Vallée de l'Ourika

Après une vingtaine de minutes, nous commençons à apercevoir les premiers villages sur les dernières collines du Haut-Atlas, prémices à la véritable entrée de la vallée. La gorge commence à se resserrer progressivement: les villages commencent à s'agripper de plus en plus verticalement. Les plaques verdoyantes côtoient les pans rocheux. A diverses reprises, nous découvrons des groupes de dromadaires au sortir d'un virage: ils sont là pour faire arrêter le touriste pour une photo payante. Très peu pour nous! Après un énième virage, nous faisons halte près d'un potier. La butte sur laquelle il est installée est complètement recouvertes d'objets en tous genres, tous encore rouges de leur couleur brute. Pendant que je tourne le dos pour faire quelques photos des environs, ma famille disparait à l'intérieur. Une vraie caverne d'Ali Baba s'y étale sur trois niveaux différents, à tel point que je suis obligé de tendre l'oreille pour les retrouver. Et comme les tarifs sont riquiquis, le véhicule commence à se charger! De mon côté, avec l'arrivée du soleil, je m'amuse à faire quelques clichés supplémentaires à l'extérieur.

Potier dans la vallée de l'OurikaPotier dans la vallée de l'OurikaPotier dans la vallée de l'Ourika
Potier dans la vallée de l'OurikaPotier dans la vallée de l'Ourika
Potier dans la vallée de l'OurikaPotier dans la vallée de l'OurikaPotier dans la vallée de l'Ourika

Potier dans la vallée de l'Ourika

Nous faisons halte quelques kilomètres plus loin pour immortaliser les premiers villages vraiment "typiques" de la vallée font leur apparition de l'autre côté de la rivière. Ils forment des tâches légèrement colorées au milieu de cet océan rocailleux et végétal. Maman étant intéressé par l'argan, notre chauffeur nous arrête devant une coopérative de femmes, veuves pour la plupart, qui produisent toute une série de dérivés de la noix d'argan, spécifique du sud marocain. La visite commence par une démonstration du process de traitement des noix suivant la finalité recherchée, cosmétique ou alimentaire. De temps en temps, ces dames nous gratifient d'un court chant. Nous passons ensuite à la dégustation des différents dérivés comestibles : huile alimentaire, miel, pâte à tartiner aussi appelée amlou. Avec mon père nous passons notre tour pour la partie cosmétique, préférant rejoindre la terrasse plantée d'herbes aromatiques et surplombant la rivière. Pendant ce temps, ça investit en produits de beauté!

Vallée de l'Ourika, coopérative d'arganVallée de l'Ourika, coopérative d'arganVallée de l'Ourika, coopérative d'argan
Vallée de l'Ourika, coopérative d'arganVallée de l'Ourika, coopérative d'arganVallée de l'Ourika, coopérative d'argan

Vallée de l'Ourika, coopérative d'argan

Une heure plus tard, nous reprenons notre progression dans ce qui ressemble de plus en plus à un canyon tant les parois se resserrent. En levant le nez, nous commençons à apercevoir les premiers sommets enneigés qui complètent parfaitement le paysage montagneux qui nous sert d'écrin. Nous commençons aussi apercevoir sur les berges voir même parfois directement dans le lit de la rivière les premiers gargotes. Difficile de les rater avec leurs couleurs multiples et criardes sans oublier les passerelles faites de bric et de broc pour passer de la cuisine aux tables, et le mobilier largement constitués de fauteuils en cuir et de canapés. Ce genre d'établissement se multiplient à mesure que nous avançons. Leur nombre laisse imaginer une immense cohue à la saison la plus chaude quand les marrakchis viennent chercher un peu de fraicheur dans la vallée.

A l'approche de l'embranchement entre Seti Fatma à gauche et la station d'Oukaimeden à droite, nous sommes soumis à un contrôle de police, probablement lié aux évènements tragiques survenus sur les pentes du Toubkal quelques jours auparavant. Avec notre train de sénateur, nous rejoignons le dernier village de la vallée après deux heures trente de route. A Seti Fatma s'arrête le bitume. Je peine à retrouver mes repères hormis le bureau des guides. Malgré l'heure du repas, nous réfléchissons vite avant de suivre le conseil de Brahim et de monter à la cascade tout de suite. Il nous trouve aussi un guide plutôt recommandé, a minima sur la première partie du parcours. C'est donc Mohammed qui succède à Brahim. Il se révèle d'une aide très précieuse pour aider maman à franchir les passages les plus compliqués. Il faut compter une petite demi heure pour apercevoir la cascade. En revanche, toute le parcours se déroule dans un vallon encore totalement à l'ombre.

Au-dessus de la cascade, il faut se muer en chèvre pour affronter un passage sans la moindre marche. Une dernière pause à l'ombre avant de récupérer un sentier désormais à l'horizontale. Cent mètres plus loin, nous y retrouvons le soleil et la douce chaleur de ses rayons hivernaux. De ce belvédère naturel, nous dominons l'ensemble de la cascade: elle se révèle être une série de plusieurs petites chutes successives. En contrebas, les promeneurs ressemblent à des pygmées (il n'y pourtant pas plus de trois cent mètres de dénivelé). Au bas de la falaise opposée, nous distinguons une canalisation qui doit probablement alimenter en eau claire les villages en aval. A l'opposé de la cascade, j'ai l'impression d'avoir changer subitement de pays en découvrant le paysage. En arrière-plan du V aux teintes brune et ocre jaune que forment les plus proches montagnes surgit un massif rougeâtre qui rappelle les inselbergs de Monument Valley dans le grand ouest américain. Nous apprenons avec une certaine satisfaction qu'il n'est pas nécessaire de faire demi-tour pour retourner à notre point de départ. Nous continuons sur ce versant ensoleillé sur un petit sentier rocailleux qui descend en pente douce. Une dernière halte s'impose au niveau du dernier belvédère juste au-dessus de Seti Fatma. Il ne reste alors qu'à retrouver l'ombre et les premiers bâtiments, surtout des petites boutiques touristiques. Après une grosse heure et demie, nous rejoignons le restaurant d'où nous étions partis. Nous choisissons une table en plein soleil, juste au bord de l'eau. Nous y sommes rejoint par plusieurs chats puis des poules qui semblent apprécier tout ce qui pourrait venir de nos assiettes. Mais le spectacle le plus hallucinant reste un des serveurs : c'est la version locale de Speedy Gonzalez. Il court tout le temps avec ou sans assiettes, y compris sur l'étroite passerelle.
 

Cascade de Seti FatmaCascade de Seti FatmaCascade de Seti Fatma
Cascade de Seti FatmaCascade de Seti FatmaCascade de Seti Fatma
Cascade de Seti FatmaCascade de Seti FatmaCascade de Seti Fatma

Cascade de Seti Fatma

Vers quinze heures, nous reprenons la route vers Marrakech. Quelques pauses s'imposent pour immortaliser quelques-un des paysages pendant la descente. Environ une heure plus tard, Brahim nous dépose non loin de la place Jemaa El Fna après une journée bien remplie.

Direction le riad pour un petit break avant de revenir en ville pour le dîner. Ce soir, nous essayons le Snack Toubkal que nous avions aperçu depuis la terrasse des Prémices et qui est recommandé par les guides. Si le style et la décoration sont des plus simples et austères, les plats y sont bons mais le plus hallucinant reste l'épaisseur de l'addition. Les tarifs défient tout concurrence, à se demander comment ils arrivent quand même à gagner de l'argent (un quinzaine d'euros à quatre pour un plat et un dessert...). Et pour ne rien gâcher, le serveur très enjoué nous fait mourir de rire. "Et un panini pour la petite fille!"

Vallée de l'OurikaVallée de l'OurikaVallée de l'Ourika
Vallée de l'OurikaVallée de l'OurikaVallée de l'Ourika

Vallée de l'Ourika

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