Splendeurs du Pantanal, Pouso Alegre (10 et fin)

Publié le par Jérôme Voyageur

 

 

 

 

 

 

Sur la piste, nous nous arrêtons à deux reprises pour faire quelques photos d’espèces nouvelles : la première fois près d’une mare pour un groupe de dendrocygnes à ventre noir accompagné d’une spatule rose, et la seconde pour un cerf des marais au milieu de la verdure.

Transfert entre Porto Jofre et Pouso Alegre

 

Après trois heures de route sur la Transpantaneira, nous atteignons l’entrée de Pouso Alegre que nous avions déjà aperçue lors de notre excursion au Rio Claro. Il reste encore presque sept kilomètres à avaler au sein de la propriété sur un chemin des plus cahoteux avant d’atteindre la fazenda. Ici la facette agricole semble totalement inexistante, pour autant cela ne tend pas non plus vers l’hôtel comme à Piuval. A première vue, les lieux semblent riches en avifaune. A peine les sacs jetés dans les chambres certes spacieuses mais des plus austères, nous essayons de repartir malgré un groupe qui tarde à se regrouper et à monter à bord d’un antique camion ouvert. Il faut dire que quelques toucans toco sont venus se poser dans un arbre. Puis c’est un renard crabier qui traine nonchalamment près des véhicules. Moins de cinquante mètres après le départ, nous sommes déjà arrêtés au bord de la première mare pour admirer un cerf des marais occupé à déguster des plantes aquatiques. Nous bifurquons quelques kilomètres plus loin sur notre droite jusqu’à atteindre un point d’eau recouvert de jacinthes et lové dans une clairière semi-ouverte. Rien ne se présente hormis quelques oiseaux. La nuit venue, le véhicule d’américains stationné à nos côtés quitte les lieux, dépités. Mais Paulo nous fait rester encore un peu. Dans l’obscurité, à la seule lueur de son spot, nous finissons par apercevoir fugacement un daguet gris avant de suivre deux tapirs le long de la lisière sur notre droite jusqu’à l’étang. Cette fois, cela semble bel et bien terminé. Sauf que Paulo, pour une mystérieuse raison, ne nous ramène pas directement vers les bâtiments mais demande au chauffeur de se diriger vers l’entrée … Finalement, nous faisons demi-tour sans avoir vu le moindre signe de vie.

Nous retrouvons les bâtiments seulement vers dix neuf heures. La salle à manger nous fait l’impression d’une cantine avec une longue file d’attente dès que les plats sont déposés sur le buffet (environ une quarantaine de convives). Avec le brouhaha et la chaleur, le repas n’est pas forcément un plaisir. Nous nous hâtons de terminer pour prendre le frais sur la terrasse avant de rejoindre nos lits.

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Mardi 24 Septembre, Pouso Alegre

 

Un peu avant six heures, tout le monde ou presque converge vers la clairière aménagée juste derrière la salle à manger. J’ai bien fait d’y venir en avance, j’ai ainsi pu m’installer à ma guise. A vrai dire, je n’ai pas eu besoin de faire d’effort, j’étais levé depuis un bon moment. Un des employés vient disperser des graines au sol et des morceaux de mangue dans la mangeoire installée en hauteur, au centre de l’espace. Les premiers oiseaux ont à peine le temps de s’approcher que quatre chevaux tentent de s’incruster, mais vite repoussés par le « soigneur ». Le blanc fait une dernière tentative d’approche sans plus de réussite. Désormais la place est libre pour les volatiles qui se présentent de plus en plus nombreux. Tous les arbres aux alentours sont couverts d’oiseaux. Les plus légers donnent l’impression d’atterrir comme des feuilles mortes qui tomberaient des branches, portées par un simple souffle d’air. Un couple de pénélopes à ventre roux détonne au milieu des dizaines de petits granivores. Au sol, ils semblent se rassembler par espèces, formant ainsi des taches de couleur. On pourrait presque penser à une peinture. Les paroares à bec jaune apportent une large dominante de noir, de rouge et de blanc, tandis qu’un sicale bouton d’or isolé peine à imposer sa contribution jaune vif. Très vite, quatre ou cinq araçaris à oreillons roux font leur apparition sur la mangeoire ; seuls les fruits les intéressent. De temps en temps, un photographe irrespectueux, toujours le même, s’approche trop et toutes ces plumes s’envolent d’un coup avant de revenir bien vite. Les araçaris partis et l’ortalide du Chaco rapidement passée, ce sont les « grands frères » toucans toco qui prennent place. Ils semblent plus prudents. La plupart restent au-dessus de nos têtes, perchés sur les plus hautes branches. Seuls un ou deux finissent par descendre jusqu’à la mangeoire. Un duo attire néanmoins mon attention. De sonores claquements me font lever la tête. Ils sont en train de se donner des coups de bec. Avec leur appendice surdimensionné, cela résonne d’autant plus. Sur un arbre en arrière-plan, je distingue un petit grimpar occupé à piquer le tronc. Quand le calme revient, j’arrive enfin à observer longuement le cassique huppé, gros oiseau noir à la queue jaune. La conclusion est apportée par un tangara des palmiers, petit volatile aux teintes vertes. Ce ballet de plumes multicolores dure presque une heure, le temps qu’il faut pour épuiser la ration de nourriture du jour.

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Matinée du 24 Septembre

Derrière, c’est l’affluence au petit-déjeuner comme pour le dîner hier soir. Ce choix de n’avoir qu’un service unique pour plus d’une quarantaine de personnes dans une pièce non climatisée n’est vraiment pas des plus heureux. Si l’environnement sauvage est particulièrement attirant, l’hébergement est en-dessous de la moyenne. Une fois le ventre plein, nous partons marcher à proximité de la pousada. Un renard crabier vient nous souhaiter une bonne journée ! Avant même de franchir la première clôture, nous pouvons observer de beaux spécimens dont ces amazones à front bleu. Malheureusement, la suite est moins prolifique. Si la promenade dans les portions en sous-bois est plutôt agréable, les observations se font des plus rares. Et les espaces à découvert se transforment rapidement en véritables fours. Une fois encore, Paulo nous étonne en dénichant un grand ibijau, discrètement branché au sommet d’un arbre à l’écart du sentier, toujours aussi immobile et silencieux. C’est à se demander comment il a fait pour le trouver.

Vers dix heures, nous concluons cette dernière sortie à pied dans le Pantanal. Une bonne douche bien fraiche est des plus régénératrice. Il faut aussi songer à préparer le sac pour le voyage retour. Mettant à profit le temps qu’il reste jusqu’au déjeuner, je tente une sortie jusqu’à la mare de l’entrée. J’y retrouve le cerf d’hier toujours occupé à brouter les plantes aquatiques. Après son départ, je reste un moment sur place pour laisser approcher les oiseaux. J’ai ainsi la chance de pouvoir observer un tyran, quelques conures veuves, un jacana noir et une carouge unicolore, le tout à quelques mètres à peine de mon objectif. Lorsque ce petit monde s’envole, je retourne à la pousada où je croise à nouveau les petits renards crabiers toujours aussi peu craintifs. Un peu plus tard, c’est un gros lézard qui attire mon attention. Mon départ en trombe sur ses traces suscite quelques vocations. Nous nous retrouvons une poignée à essayer d’approcher le reptile.

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Après-midi du 24 Septembre

Après le repas de midi, une fois n’est pas coutume, je sacrifie au rituel de la sieste. Il semblerait que j’ai mal encaissé la chaleur matinale. Nous repartons à seize heures avec le camion, l’occasion de revoir le beau héron coiffé dans une des mares creusées le long du chemin principal. Nous retournons ensuite à l’affût au même trou d’eau qu’hier soir. Il y a déjà deux véhicules en poste et un quatrième ne tarde pas à nous rejoindre. Grâce au silence plutôt bien respecté, je discerne des craquements sur la droite de la lisière qui ceint en partie la mare. J’ai juste le temps de préparer mon appareil photo avant qu’une martre à tête grise ne fasse son apparition. Celle-ci semble des plus craintives. Elle ne cesse d’avancer puis de reculer vers le couvert végétal. Il lui faut de longues minutes pour finalement s’approcher de l’eau puis de disparaitre. Le couple de hoccos à face nue qui passe derrière l’étang semble lui aussi sur ses gardes comme si une menace planait. Il y en a toujours un aux aguets pendant que l’autre picore. Le martin-pêcheur à ventre roux est, lui, plus relax. Perché sur une des plus hautes branches au-dessus de l’eau, il semble s’économiser, pas vraiment décidé à attraper un quelconque poisson. Il me fait plutôt penser à une vigie. Sur la droite, deux cassiques cul-jaune mettent un peu d’animation en se poursuivant bruyamment.

Alors que la luminosité a bien baissé, un daguet gris fait brièvement son apparition. Il est suivi d’un bref retour de la martre. Vers dix huit heures, la nuit étant tombée, les autres véhicules quittent les lieux un à un. Mais Paulo choisit de rester, ce qui ne nous surprend plus ! Avec son spot, il balaie la clairière en continu. Un quart d’heure plus tard, deux formes apparaissent dans le faisceau : deux tapirs viennent paisiblement et lentement brouter sur la rive opposée. Cette fois, nous rentrons. Un dernier mammifère nous retient à quelques encablures des bâtiments : il nous faut de longues minutes pour identifier ce coati à la queue dissimulée et au museau fourré dans le sol.

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Mercredi 25 Septembre, Pouso Alegre

Liaison jusqu'à l'aéroport le 25 Septembre

 

L’orage qui menaçait depuis la fin d’après-midi de manière visible a fini par éclater dans la nuit. Nous nous réveillons aux aurores sous la pluie. L’heure « avancée » du petit-déjeuner semble poser quelques soucis aux employés. Heureusement, nous avons de la marge.

Nous repartons sur la Transpantaneira jusqu’à Poconé. Pour la première fois, nous la découvrons sans la moindre poussière. Et pour cause, les précipitations ont lessivé l’air et les pistes. Arrivés en ville, nous faisons une petite halte dans ce qui doit être la seule boutique vaguement artisanale. Puis, nous repartons vers Cuiaba, cette fois sur une route bitumée. Fini la tôle ondulée des pistes. A la sortie de la ville, nous faisons tout de même une pause photo à l’arche qui marque l’entrée dans le Pantanal et rappelle que Poconé en est la capitale.

Nous rejoignons l’aéroport avec plus de deux heures d’avance sur l’heure d’embarquement. Il est temps pour nous de faire nos adieux à Paulo qui repart sur le champ et à Olivier qui rejoint l’hôtel voisin pour attendre son vol en soirée. Contrairement à leurs collègues de Sao Paulo, les employés locaux de la GOL semblent plus efficaces ici et maitrisent quelques bribes d’anglais, le minimum pour assurer un enregistrement correct. Malgré tout, cette compagnie restera sur une note mitigée avec un retard d’une trentaine de minutes dû à une arrivée tardive de l’appareil. Aucune annonce n’est faite ; nous suivons l’heure de départ évoluer régulièrement sur les écrans. L’aéroport de Sao Paulo est toujours aussi triste, même dans le sens terminal domestique vers international. Au moins cette fois, nous n’avons pas à récupérer les bagages. Nous quittons rapidement Catherine, Josiane et Jean-Pierre qui n’ont pas d’autre choix que d’aller chercher les leurs à cause de la durée de leur escale. Les contrôles franchis rapidement vu l’affluence réduite, il ne reste qu’à tuer le temps dans cette aérogare transformée en frigo. Quelle idée d’avoir poussé la climatisation à fond, alors qu’à l’extérieur il pleut et il fait frais ! Hormis les boutiques de luxe, il ne reste pas grand-chose. Autant dire que je n’arrive pas à dépenser les derniers réals qu’il me reste en poches.

Le vol vers Paris part à l’heure et pas totalement rempli. Du coup, je peux prendre mes aises, n’ayant personne à ma gauche. Comme à l’aller, le trajet passe plutôt vite. Après le premier film, je bascule dans un long coma qui m’amène jusqu’au service du petit-déjeuner. Nous atterrissons à l’heure à Roissy. Là encore, le passage du contrôle de police est éclair. En arrivant à onze heures, il y a beaucoup moins de vols qui atterrissent. En revanche, la livraison des bagages tarde. Mais pour une fois, le mien sort assez vite. Encore une bonne attente est nécessaire sur le quai du RER. Décidément, il est écrit que je ne mangerai pas tout de suite. Une dernière suée est nécessaire avant de rentrer enfin chez moi. Il s’agit désormais de ne pas s’endormir avant ce soir. Heureusement, il y a de quoi s’occuper pour tout ranger.

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