Mon petit bout de JO
Paris, 31 Juillet 2024
Eté en mode parenthèse enchantée!
De la première mi-temps, j'ai vibré par écran interposé, vécu ces émotions inédites que seuls des évènements comme les Jeux Olympiques peuvent procurer, à défaut d'avoir pu trouver des places qui auraient pu m'intéresser.
Aussi pendant la mi-temps du coeur du mois d'Août, je n'ai cette fois plus hésité du tout, bien décidé moi aussi, à profiter de l'évènement en le vivant physiquement. Et tant qu'à faire, autant en profiter pour découvrir des enceintes sportives que je ne connais pas. Au petit jeu des critères, un premier choix s'est rapidement imposé. Session de para-tennis à Roland-Garros, sur le court central, le mythique Philippe Chatrier qui a vu passer de si nombreux champions d'exception.
Respectueux des consignes qui recommandent, entre autres d'arriver une heure trente avant le début des compétitions, je me mets en route en début de matinée de ce 31 Juillet. J'ai peut être bien fait en découvrant une foule plutôt dense dans le RER B à une telle heure. Quelques indices révèlent la présence d'un certain nombre de supporters.
Etonnamment, le métro ligne 10 est beaucoup moins fréquenté alors même que c'est ce qu'on appelle temporairement une ligne olympique. Tranquille et serein, je rejoins la porte d'Auteuil. Quelques doutes ici et là pour dénicher le bon parcours pour rejoindre une des entrées de Roland-Garros. Tout compte fait, il suffit de suivre les nombreux porteurs de laissez-passer qui rejoignent eux-aussi le site pour nous accueillir.
Ayant pris quelques marges, je me retrouve avec une grosse dizaine d'autres personnes à patienter sur le trottoir, attendant que tous les volontaires et autres employés arrivent et prennent leur poste. C'est même l’occasion de voir quelques athlètes arriver dans leurs fauteuils roulants. Notre attente est même écourtée avec une ouverture des grilles avec un peu d'avance sur l'horaire. Scan du billet électronique avant de se présenter devant la très longue rangée d'agents de sécurité. Sans aucun doute, les moyens ont été mis en place pour éviter un goulet d’étranglement. A cette heure-ci, c'est même l'embarras du choix pour savoir avec lequel passer. A l'issue d'une fouille du sac et d'un passage au détecteur de métaux, je suis enfin dans la place.
Cet imposant bloc de métal et de béton que constitue le central impose sa majesté au centre de l'esplanade. Mais avant d'aller plus loin, je me dirige vers un des premiers cours annexes où des japonais s'échauffent. Puis je flâne pour m'imprégner de cet endroit "historique". Je découvre ainsi les statues des quatre mousquetaires, qui ont donné leur nom à la coupe remise au vainqueur masculin des Internationaux de France. Au hasard de ma pérégrination qui ne vise qu'à meubler le temps jusqu'au début de la session du jour prévue à midi, je remarque une petite affluence autour d'un stand. On peut s'y faire photographier avec son propre téléphone en compagnie de la mascotte, la para-phryge. Après une courte réflexion (à la base, je ne suis pas fan d'être sur les photos), et vu l'attente assez raisonnable, je me décide à me mettre dans la file d'attente. Un peu moins de dix minutes plus tard, mon tour vient. Tandis que je tends mon téléphone à une bénévole des jeux, c'est un de ses collègues qui me tend la torche olympique (éteinte, je précise). Je peux alors m'approcher de Phryge pour immortaliser ce moment unique dans une vie. Un petit bruit de ventilateur se fait entendre: il fallait bien ça pour assurer le confort (et la survie) de la personne glissée à l'intérieur de la mascotte.
Je poursuis ma promenade en explorant le complexe. Au pied du central, je lève les yeux vers le palmarès inscrit au premier niveau: un nom revient souvent sur la dernière décennie .... Je cherche aussi l'année 1983, dernier sacre français .... Puis je poursuis entre les deux paires de courts annexes juqu'aux abords du Suzanne-Lenglen. Ici, il n'est pas possible d'entrer sans billet. Alors je rebrousse chemin pour aller voir quelques entrainements avant de me mettre en quête de quoi manger un morceau, en espérant que la grisaille ne va pas se dégrader immédiatement.
Une fois le ventre plein, je me dirige enfin vers l'accès inscrit sur mon billet. Quelques dizaines de marches me séparent encore de cette illustre enceinte. Parvenu sur le palier, je comprends que je vais avoir une place idéalement située, en partie basse, à peine cinq rangs derrière les boxes. La session s'annonce plus que sympathique. Mon premier réflexe est de comparer aux autres enceintes sportives que j'ai pu fréquenter, en l’occurrence des stades de rugby/foot. Autant dire que je suis plus que surpris par la taille "réduite" des lieux. L'impression visuelle laissée par la télévision est carrément trompeuse. Avec mon entrée anticipée, le central est encore calme et plutôt désert. Néanmoins, la programmation d'une française, Pauline Déroulède, en lever de rideau contribue à notablement remplir les gradins à mesure que le mitan de la journée approche. Et c'est effectivement ce qui se passe petit à petit, au fil des minutes qui s'égrènent. Je découvre avec grande surprise, que le calme légendaire du tennis va être un peu perturbé: un DJ est installé sur la terrasse "France Télévision" et va occuper le moindre temps mort, y compris pendant les matches, pour enflammer le public, le faire chanter, danser, faire la fête en somme. Sans surprise, le public est chaud et surmotivé quand les deux athlètes entrent sur la terre battue. Le volume monte d'un cran lorsque Pauline fait ses premiers pas dans l'arène, et il ne va plus baisser. Et comme pendant les jeux Olympiques avec chaque athlète ou équipe française, tout le public lui est acquis tout au long de la rencontre, malgré un résultat final négatif. Mais à l'entendre récemment, tout l'amour qu'on lui a transmis ce jour-là l'a convaincu de repartir pour une nouvelle paralympiade, direction LA 2028. Malheureusement pour les athlètes suivants, les rangs se clairsèment dès la balle de match gagnante.
Après ce premier match, alors que les nuages se font de plus en plus sombre, je pense rêver à croyant sentir une ou deux gouttes. Sauf que les mouvements du toit viennent vite confirmer mes craintes. Pendant la pause, le Philippe-Chatrier se transforme en salle de sports. Quelle bonne idée que cette évolution, surtout qu'il ne faut que quelques minutes pour le couvrir. Et c'était une bonne initiative tandis que les rares gouttes initiales finissent par se muer en une grosse averse qui tambourine au-dessus de nos têtes. D'ailleurs, les spectateurs qui étaient parti voir des français sur les courts annexes non abrités finissent par revenir voir cette opposition nippo-sud-africaine, un peu à sens unique malgré de jolis coups de la joueuse en vert. Quelques supporters japonais nous ont rejoints et se font entendre, sans toutefois atteindre les extrêmes du public français. Différences de culture et d'effectif obligent ...
Le troisième match, cette fois masculin, et en catégorie Quad, voit s'opposer un israélien et un chilien dont la combattivité exceptionnelle fait le spectacle et suscite l'enthousiasme du public français qui se range vite derrière lui et son jeu flamboyant à défaut d'être gagnant. Je dois reconnaitre que je me suis laissé prendre au jeu du beau jeu sud-américain. Avec cette rencontre, c'est le retour du ciel au-dessus de nos têtes. L'averse passée, le toit a été rétracté pour la suite de l'après-midi.
Un quatrième et dernier match termine la session du jour, et pas celui qui restera dans ma mémoire quoi que peut-être pour des mauvaises raisons. Car il faut avouer que ce simple féminin opposant une chinoise à une américaine était plutôt lassant: très peu d'échanges, beaucoup de fautes et une rencontre qui dure, qui dure ... trois sets interminables. Lorsqu'enfin, la balle de match est convertie, il ne reste plus grande foule dans les tribunes, ni dans le stade de Roland Garros. A 19 heures passées, nous étions les derniers à suivre encore du tennis.
En conséquence, la sortie des lieux est plus simple, la cohue étant plus limitée. Encore que pour les toilettes, mieux vaut ne pas tarder sous peine d'attendre ... longtemps. Pour ma part, je quitte les lieux parfaitement guidé par les volontaires des JO qui nous indiquent presque jusqu'au bout le chemin à suivre pour rejoindre la station de métro. Quel sens du service, et toujours avec un grand sourire. Puis ce sont les forces de l'ordre qui brillent par leur sens de l'humour, leur bonne humeur et leur sourire. Que tout cela fait plaisir à voir. Si seulement toute cette bienveillance de toutes parts pouvait durer ... mais difficile d'y croire.
Vu l'heure et la météo qui semble s'être stabilisée, je décide finalement de donner suite à mon projet de rejoindre les Tuileries. Etonnamment, les jardins semblent ne pas respecter les horaires habituels de fermeture. Tant mieux, je m'avance jusqu'à l'allée centrale et, sur ma droite, au-delà de la foule déjà présente, au-dessus des barrières bâchées aux couleurs des jeux, j'aperçois la vasque olympique. En attendant qu'elle prenne son envol, j'essaie d'immortaliser cette création inédite qui se révèle bien plus imposante que ce que les images m'avaient laisser imaginer. Là encore l'ambiance est sereine alors que personne ne semble savoir quand les amarres seront relâchées. Informations contradictoires selon les sources, jamais confirmées par les faits alors que l'heure tourne, et que la nuit s'installe petit à petit. Autre bonne surprise: malgré l'absence de surveillance, tout le monde reste sagement derrière les barrières. On nous aurait changer les français? ;-) Le ciel juste au-dessus de nos têtes semble presque se dégager alors qu'au loin des éclairs synonymes d'orages viennent éclairer l'horizon. Mais pas une goutte et rien qui vienne nous menacer.
Malgré tout, après 21h30, toujours dans l'incertitude la plus totale, je finis par abandonner les lieux. Sur les quais et les ponts voisins, je note que la foule a pris place aussi pour attendre l'envol. De temps en temps, je me retourne pour jeter un oeil dans mon dos, des fois que celui-ci aurait commencé ... En vain! Plus tard, patientant sur le quai du RER, j'apprends que le décollage n'est toujours pas confirmé. Décidément ... Et alors que le tunnel laisse place à la voie aérienne, je découvre que la pluie a fait son retour. Et pas à moitié. Dès la sortie de la gare, le comprends vite que même protégé je vais finir rincer. Et en effet, j'arrive chez moi trempé pour tout ce qui n'était pas couvert par la cape. Quelle saucée! C'est aussi à ce moment que j'apprends que la vasque a été gardée au sol à cause des conditions météorologiques. Aucun regret d'être parti trop tôt.
Longue journée mais cela valait la peine de goûter à cette ambiance unique offertes par les Jeux Paralympiques. Du coup, j'ai hâte d'être à samedi prochain ....