Costa Rica, Splendeurs naturelles (2)

Publié le par Jérôme Voyageur

Toucanet émeraude
Toucanet émeraude

Désormais il faut redescendre jusqu'à l'aéroport pour récupérer le couple Cyril et Alicia resté en rade aux Etats-Unis. Et ils se font attendre à la sortie de l'aérogare. Nous nous répartissons les deux sorties et les baies vitrées pour essayer de les repérer. Et puis, il ferait presque faim. Enfin au complet, nous pouvons nous mettre en route, direction l'océan Pacifique. Nous faisons une halte à Orotina pour déjeuner avant d'observer dans le parc central même un paresseux. Il faut quand même plusieurs locaux et de longues minutes avant qu'ils le retrouvent; il est perché au sommet d'un arbre. Près de Puntarenas apparaissent l'océan et les nombreux cargos au mouillage dans la baie à seulement quelques encablures de la côte. Il faut maintenant revenir dans les terres pour rejoindre Monteverde sur les hauteurs, perchée à plus de 2000 mètres dans une forêt humide. La fin du parcours se déroule au ralenti. Tant la transmission gémit depuis que nous avons emprunté la piste. Celle-ci n'a pas changé depuis huit ans. Un moyen de limiter le flux touristique. Mais, tant bien que mal, nous rejoignons les abords de Santa Elena où nous découvrons l'existence d'une crevaison; Quelques kilomètres sont encore nécessaires pour rejoindre notre hôtel, le Quetzal Inn, en plein centre du village. C'est là que nous prenons notre premier apéro avec le rhum et le jus de fruits achetés plus tôt dans l'après-midi. A cette occasion, je deviens le serveur en chef pour tout le séjour! Il ne reste plus qu'à aller manger dans les environs: opération patience! Et donc rigolades en attendant la préparation du repas et le service. Il faut dire que nous occupons toute la salle de ce petit établissement. Le rire va perdurer jusqu'au retour à l'hôtel lorsque Cyril et Alicia nous affirment la présence d'une caméra dans leur chambre, au-dessus du lit. Nous montons tous vérifier qu'il n'en est rien. Après cela, une bonne nuit de sommeil est la bienvenue.

Lundi 16 avril 2012, Santa Elena, Monteverde

Encore une fois, je suis réveillé bien avant l'heure. Dehors, point de surprise, les singes sont venus plus tôt que prévu. Alors j'attends les autres qui émergent au compte-goutte, en profitant du calme des lieux. A sept heures, nous passons à table pour prendre le petit-déjeuner. Sans véhicule de remplacement, nous avons le temps. Ce n'est qu'après 8h30 qu'un bus encore plus gros que le précédent débarque; nous sommes au large pour monter à la réserve biologique de Nuboso. Il s'agit d'une zone forestière ombrophile, entièrement protégée. Quelques kilomètres de route puis de piste sont nécessaires pour atteindre l'entrée du parc.

Avec le ticket d'entrée, d'un montant de dix huit dollars, nous récupérons un plan sur lequel sont indiqués tous les chemins, les distances et les points de vue. Il manque juste les dénivelés dans ce pays si bosselé. Nous optons pour le grand tour qui contourne la partie publique de la réserve. Nous découvrons de suie les particularités des lieux: une végétation luxuriante et épaisse. Et les rares trous dans les feuillages laissent apparaitre une brume épaisse qui s'accroche au sommet des plus grands arbres. Des épiphytes sont accrochées un peu partout sur les troncs et les branches. Inutile d'espérer apercevoir de la faune, nous sommes dans un monde presque exclusivement végétal, du moins à l'œil de la plupart des visiteurs. Le premier sentier comme les autres n'est jamais plat: ce ne sont que montées et descentes qui se succèdent. La première halte s'effectue en surplomb d'une petite cascade, un peu à l'écart du chemin principal. A chaque pas, il faut profiter des miracles de cette végétation. Un peu plus loin, sue le sendero El Rio, des chants d'oiseaux attirent nos yeux vers la canopée. D'abord invisible, je finis par apercevoir une forme bleue de dos. En insistant avec les jumelles, je finis par identifier ce qui pourrait être un quetzal que je pensais vert. Puis nous le voyons voler avec trois de ses congénères. Nous admirons ainsi son ventre rouge vif, sa queue allongée si reconnaissable et sa crête. Nous restons là de longues minutes à profiter de cet instant si rare. Rien qu'avec cette observation, la matinée est réussie. Nous apercevons aussi un écureuil particulièrement roux et un carouge à épaulettes, très reconnaissable avec son plumage entièrement noir excepté les une touche jaune et rouge sur les épaules.

La randonnée se poursuit toujours par l'extérieur, visiblement de plus en plus dans la brume. Seuls manquent les gorilles! Après deux grosses heures, nous atteignons le mirador de la Ventana, situé à l'extrémité du sendero Pantanoso. L'endroit est particulier: il marque la ligne de partage continental, agissant tant sur l'écoulement des eaux que sur celui des nuages. C'est aussi une pause bien méritée avec des bancs pour se poser, et des biscuits sortis du sac magique d'Hervé. Les batteries sont regonflées pour terminer la boucle. Celle-ci passe par un pont métallique suspendu jeté au-dessus des arbres ou presque. L'expérience est intéressante pour apercevoir d'un peu plus près toute la vie de la canopée. Quelques dernières grimpettes permettent de rejoindre le sendero d'El Camino, une véritable autoroute rejoignant l'entrée du parc.

A peine celle-ci franchie, nous nous ruons sur la table voisine. Nous aurions presque faim et le sachet pique-nique n'y résiste pas longtemps. Nous flânons un peu dans la boutique avant de monter au café des colibris installé non loin de là. Les propriétaires ont suspendu des mangeoires remplies d'eau sucrée un peu partout dans les arbres et sous les toits; l'effet est indéniable: le ballet des colibris ne cesse pas autour de cette nourriture facile. Nous en observons de toutes les couleurs et de toutes les tailles; Il faut même parfois prendre garde à eux. Ils volètent n'importe où comme si nous n'étions pas là. Tant qu'à être là, nous apprécions un bon café local (le dernier digne de ce nom) avant une légère sieste. Néanmoins nous sommes encore loin de l'heure du rendez-vous avec le chauffeur. Nous décidons donc d'entamer la descente à pieds. Avec Lisa nous avons tôt fait de prendre la tête et de distancer le reste du groupe. C'est dans ces conditions que nous croisons Johnny avec son minibus réparé alors que la pluie commence à s'intensifier.

De retour à l'hôtel, nous espérions visiter le jardin des orchidées implanté juste à côté mais le déluge qui s'abat nous en dissuade. En attendant une éventuelle accalmie, nous trouvons refuge soit dans les chambres soit dans le hall de la réception. Heureusement, une heure plus tard, une éclaircie revient avec de la lumière. Nous retentons le coup. Cette fois-ci est la bonne. Dotés de loupes, nous emboitons le pas au propriétaire des lieux, et surtout passionné par toutes les espèces d'orchidées. Il parvient très bien à faire partager sa passion. Au premier abord, nous n'apercevons que des dizaines d'étiquettes métalliques suspendues aux branches. Mais en nous approchant, et surtout en l'écoutant, nous découvrons des centaines d'orchidées. Il y en a de toutes tailles, de toutes formes et de toutes couleurs. C'est vraiment surprenant de ces multiples espèces si différentes les unes des autres. La loupe prêtée à l'entrée se révèle parfois bien utile pour voir le détail de certains spécimens. Deux fois un papillon Morpho vole devant nous sans que je puisse l'immortaliser.

Après un second tour de jardin, je retourne à l'hôtel me poser un peu. Le programme de la soirée se reproduit d'abord un bon petit apéro avant de finir la soirée dans un restaurant voisin. A 20h30, tout le monde est couché et dort déjà.

Mardi 17 avril, Monte Verde, Santa Elena

Encore un réveil aux aurores. C'est parti pour être la norme. Aucun risque de rater les rendez-vous matinaux. Ce matin, nous partons peu après 6 heures, le ventre vide, avec un guide ornithologique équipé d'une lunette d'observation.

Il nous emmène jusqu'à l'entrée de la ville, là où nous n'aurions jamais pensé nous arrêter. Il commence de suite à installer son matériel au bord de la piste: de l'autre côté du champ, à plusieurs dizaines de mètres apparait un paresseux sur une des branches sommitales. Ces boules de poils sont toujours aussi vives! Puis nous empruntons un chemin de terre entre bois et champs. Notre guide du jour est comme un fou dès qu'il aperçoit ou qu'il entend quelques chose. Après le piaye écureuil, en fait un coucou au plumage bien roux, nous dénichons le Motmot national, avec sa livrée aux dégradés de verts. Les observations se succèdent plus ou moins longues. Un nouveau paresseux a trouvé refuge dans le coin. Lui au moins, nous parvenons à l'observer à loisir sans qu'il ne s'échappe. Nous apercevons aussi un milan à queue fourchue évoluer au-dessus de nos têtes alors que nous avons atteint un espace à découvert derrière les arbres. Un peu plus bas, les apparitions se multiplient de tous côtés. C'est ainsi que nous distinguons deux pics, deux toucanets émeraude qui restent longuement sur l'arbre juste au-dessus de nos têtes, ainsi qu'un couple de perroquets à front blanc. En rebroussant chemin, nous distinguons même un magnifique toucan à carène à bonne distance. Après l'avoir observé dans la lunette, nous tentons de l'approcher pour mieux le discerner. Malheureusement, après notre approche, il se révèle introuvable. Nous sommes bons pour remonter à nouveau. Au lieu de reprendre le chemin, notre guide nous entraine sur une boucle dans le sous-bois. Il finit par stopper après avoir entendu un chant de manakin. Malgré tous ses efforts pour le dénicher et nous le montrer, la quête sous les arbres se révèle infructueuse et nous poursuivons jusqu'à retrouver le chemin. Il est alors temps de retourner à l'hôtel pour prendre notre petit-déjeuner, le premier de type traditionnel avec le gallo pinto (riz et haricots rouges).

Le ventre plein, nous pouvons quitter Monteverde, havre de paix et de verdure, en direction de l'Arenal; nous explorons ainsi un nouveau flanc de la "montagne verte", toujours en utilisant une piste. Le trajet se fait au jugé en l'absence du moindre panneau de signalisation. Aune petite quinzaine de kilomètres de Santa Elena, nous faisons halte près d'une ancienne mine d'or. Le propriétaire des lieux se fait un plaisir de nous faire découvrir ses richesses. Cela commence par une présentation d'une cuisine traditionnelle de ces campagnes, un peu austère; Dans le champ voisin, il nous découpe des morceaux de canne à sucre que nous nous empressons de gouter: c'est bon si on oublie les fibres qui se coincent entre les dents. Nous le suivons ensuite entre le torrent et les champs. Près d'un champ de caféiers, il nous montre une vieille machine utilisée pour l'extraction de l'or et qu'il compte restaurer. Il en profite pour nous expliquer le principe de séparation du mercure et de l'or. Après avoir franchi le torrent en empruntant un pont sommaire, nous atteignons une des mines: un simple trou noir à taille humaine dans la falaise. Au premier regard, l'aménagement reste des plus simples. Le couloir étroit est inondé et plongé dans l'obscurité; Ma frontale se révèle bien utile. Nous pataugeons allégrement tant il est difficile de trouver où poser ses pieds de manière sûre. Nos chaussures ont tôt fait de prendre la couleur orangée des flaques qui recouvrent le sol du couloir. De temps en temps une chauve-souris passe non loin de nos têtes. Finalement, nous rebroussons chemin après cette expérience étrange. Le torrent se révèle bien utile pour nous rincer. Avec quelques-uns il tente de trouver quelques paillettes en utilisant une pelle en guise de batée. Mais cela ne donnera rien.

Sur le chemin du retour, nous bifurquons vers les parcelles en contrebas. Notre hôte souhaite nous montrer son moulin à canne à sucre. Mais pour cela il faut mettre en place la paire de bœufs. Ils servent dans un premier temps à sortir la carriole remisée dans le moulin. Puis à l'aide de son père, il refait entrer les bœufs à l'intérieur pour les attacher au timon qui permet d'actionner le moulin. Ils peuvent alors procéder au malaxage de quelques cannes à sucre grâce aux meules situées au centre du moulin. Il s'en écoule un jus bien sombre, de couleur marron. De loin, il ne semble pas plus appétissant que cela mais finalement bien agréable à déguster. J'évite tout de même d'en abuser : le voyage est encore long! Un peu plus loin, dans une sorte de grange, il nous montre ce qui constitue son petit musée, un assemblage hétéroclite de vieux outils tant de la mine que de la ferme. Après un inventaire à la Prévert, nous remontons vers l'entrée, dernier effort pour remonter la prairie bien pentue. Après une dernière explication sur les différents modèles de lampes qui servaient dans les mines, nous quittons à regret notre hôte si passionné et partageur. Nous reprenons notre piste toujours aussi accidentée, à tous les sens du terme.

Un peu après onze heures, nous parvenons aux cascades Ventos Frescos ou plus exactement au restaurant qui sert de point de départ. Nous empruntons de suite le chemin juste de l'autre côté de la route, en plein cagnard, d'abord au milieu des prés avant de passer en sous-bois. Pendant quelques minutes, nous longeons même un grand champ de tomates, un peu surprenant sur cette pente. Une très longue série de marches commence alors. Surtout qu'elles sont de tailles très variable. Au cours de la descente, je laisse de côté les deux premières petites cascades pour rejoindre au plus tôt la "Rainbow Cataract". Une petite libération que d'arriver en bas. Et une seule priorité : me plonger dans le bassin formé sous la chute d'une trentaine de mètres de haut. Un vrai bonheur après l'effort et pas du tout fraîche comme je le craignais initialement. Je profite à fond de ce moment de détente. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Il faut se rhabiller avant d'entamer la remontée qui s'annonce plus ardue que la descente. Les marches sont beaucoup plus hostiles dans ce sens. J'adopte donc un rythme très ralenti. Heureusement pour nous, un 4*4 vient nous récupérer à peu près à mi-chemin, juste à la sortie des marches, nous évitant de remonter à pied sur le chemin bétonné et en plein soleil. Il faut néanmoins deux voyages au petit tout-terrain pour nous rapatrier tous.

Surprise en arrivant au restaurant: le véhicule est encore sur cales. En attendant la seconde partie du groupe, nous nous désaltérons avec une bière bien fraiche, sur la terrasse à l'ombre. Cela laisse le temps à tout le monde de rentrer, y compris le chauffeur avec ses roues. Une fois le repas englouti, c'est que nous avions faim, nous reprenons notre descente vers l'Arenal, entre les prairies bien vertes. Rapidement, les cieux se déchainent et nous lâchent des trombes d'eau. La pluie cesse à peu près à l'approche du lac. C'est là que nous descendons pour terminer à pied. Ainsi Johnny va avoir le temps de contourner le lac par la route et de nous récupérer de l'autre côté. Pendant ce temps, nous cheminons sur la piste. Avec Lisa, nous avons tôt fait de filer bon train et de lâcher tout le monde. Trois quarts d'heure plus tard, nous apercevons un bateau au bord d'une plage. C'est là que nous stoppons pour attendre le reste de la troupe, sauf que l'embarcation repart entre temps. Commence alors une longue attente avec pour seul siège un petit tronc posé sur le sable. Et pas un bateau à l'horizon. Même dans les jumelles il est difficile d'apercevoir la moindre coque. Et le téléphone de Jean-Paul qui ne capte pas.

Heureusement que celui de Cyril fonctionne, ce qui permet à notre guide d'appeler le bateau. L'équipage était tout simplement en train de pêcher à l'autre bout du lac! Au moment où nous finissons par embarquer, il se remet à pleuvoir. Cela va durer toute la traversée. Autant dire que nous ne risquons pas d'apercevoir le paysage bien loin. Nous retrouvons le véhicule au pied du barrage. Il ne reste plus qu'à rejoindre la ville de La Fortuna distante d'une quinzaine de kilomètres, dans l'obscurité de la nuit déjà tombée. Arrivés à destination, nous regagnons nos chambres sous le déluge, trempés jusqu'aux os en quelques minutes à peine. Puis nous repartons en ville manger non sans avoir sacrifier au rituel de l'apéritif..

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