Flâneries vénitiennes, jour 1
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J'avais en tête cette escapade depuis bien longtemps. Mais une chose, une autre, cela ne se faisait pas. Il faut dire que ma première visite remontait à la classe de 5ème alors que nous rentrions d'un séjour linguistique en Autriche, seulement une poignée d’heures. Autant dire que mes souvenirs étaient très vagues et rares.
Voici deux mois, je me suis enfin lancé : une offre intéressante pour un vol et trois nuits d'hôtel au cœur de Venise, à mi-chemin entre le Rialto et San Marco. Quelques essais pour trouver la semaine la plus intéressante et quelques clics ont suffi à planifier ces quelques jours.
Départ très matinal de Paris Orly à bord du premier vol du matin. Il m'a même fallu attendre l'ouverture du Val pour rejoindre l'aéroport. Heureusement les guichets de contrôle sont ouverts en masse, permettant de limiter le temps de passage. Il ne reste qu'à patienter jusqu'à l'embarquement. L'approche finale est très sympathique en ce début de printemps. D'abord le survol des Alpes encore recouvertes d'un beau manteau blanc, puis, pendant l'approche finale, la lagune et Venise plantée au milieu dans le hublot droit, les cimes blanches dans le hublot gauche.
Quoi qu'international, l'aéroport Marco Polo de Venise, implanté en bordure de lagune, est vite traversé. Le plus long est peut être de faire la queue devant les guichets des différents transports en commun. Ici le plus simple consiste à quitter l'aérogare en bateau. Il faut juste marcher vingt bonnes minutes avant de rejoindre les quais, puis attendre à peu près autant de temps. Deux lignes permanentes de la compagnie Alilaguna desservent la ville. J'ai opté pour l'orange qui descend le grand Canal. Il faut bien compter 40 à 45 minutes pour rejoindre le Rialto : les limitations de vitesse sont nombreuses et bien faibles ! Les premiers pas sont un peu difficiles entre les ruelles non baptisées et celles qui ne sont pas sur le plan. C'est ainsi que vers 10h30, je récupère ma chambre, qui, par chance, est déjà prête. Je vais pouvoir me délester de mes bagages et basculer en mode "touriste"!
Je me dirige naturellement vers la place Saint-Marc, le coeur touristique de la cité, à quelques minutes à peine. La foule est déjà présente en masse, bien trop à mon goût d'ailleurs. Je ne m'attarde pas. La faim aidant, je me mets rapidement en quête d'un restaurant. Première gaffe, je zappe qu'il faut ajouter potentiellement couverts et service au prix affiché, sans compter l'eau, obligatoirement en bouteille. La leçon est retenue !
En avançant ainsi l'heure du repas, je me retrouve décalé par rapport à la majorité des escadrons de touristes. Il ne me faut que quelques minutes pour entrer dans le Palais des Doges. La cour intérieure surprend immédiatement par sa variété de style sur les façades. Cela me rappelle un peu le château de Blois dans cet esprit. Comme souvent dans les lieux principaux de Venise, il faut obligatoirement déposer son sac à dos à la consigne. Peu importe s'il est tout petit. Je cherche encore à comprendre pourquoi cette lubie... enfin passons. Le palais est vraiment riche, comme on peut s'y attendre pour celui qui abritait les dirigeants de la Sérénissime. Dès le grand escalier de l'aile Renaissance, le ton est donné. Richesse des plafonds, finesse impressionnante des sculptures.... et que dire des différents salons que nous semblons traverser de manière progressive, chacune étant plus grande et impressionnante que la précédente. Je retiendrai tout particulièrement la salle du Sénat avec ces massives horloges murales visibles de part et d'autre du mur, la salle du Tambour avec sa massive double porte en bois, évidemment la salle du grand Conseil qui éblouit par ses dimensions hors normes. J'ai un coup de cœur pour la salle du Scrutin. A la base elle présente des tableaux grand format des grandes batailles, dont celle de Lépante, mais surtout y sont exposés quelques vieux manuscrits. Deux en particulier ont attiré mon attention, signés de la main même de Louis XIV. Autre clin d'oeil à la France, l'armure offerte par Henri IV est présentée dans l'armurerie.
Une visite du palais ducal ne serait pas complète sans un passage dans les prisons. Comme à l'époque on franchit le pont des Soupirs avant de découvrir les nombreuses cellules plus ou moins rustiques. en revanche, grilles et portes sont des plus massives.
Le dernier point d'intérêt avant la sortie est l'escalier dit des Géants, non par sa taille, somme toute limitée, mais par la présence des deux grandes statues sur le palier supérieur. Il est alors temps de quitter les lieux par la porte de la Carte, qui était en fait l'entrée officielle du palais au ras de la basilique. Elle mérite vraiment le coup d'oeil pour la finesses de son décor gothique.
La file semblant toujours aussi longue devant la basilique, je décide de passer mon tour. Je traverse alors la place jusqu’au musée Correr. Derrière les arcades s'ouvre le quartier dit San Marco. Celui-ci ne restera certainement pas dans mes souvenirs. Il y règne un bruit étourdissant sans compter l'accumulation des boutiques de luxe. Mais où est donc l'authenticité? Il ne faut pas hésiter à quitter les rues principales au profit des petites rues. Ainsi on peut découvrir l'église San Moise avec sa façade si typique du style baroque. Puis c'est le tour du mythique théâtre de la Fenice sur une petite place : je m'attendais à quelque chose de plus grandiose, alors que sa façade passerait presque inaperçue.
Plus loin c'est le Campo San Stefano qui offre une respiration. Une des quelques places à taille humaine dispersées ici et là dans Venise. Dans sa partie sud, jute après un campanile en briques, on rejoint le pont en bois qui conduit à la galerie de l'Accademia. En le quittant par le nord, après avoir traversé le campo Sant Angelo, on rejoint le Campo Manin. De là il faut repérer la petite ruelle qui permet de rejoindre le palais Contarini del Bovolo. Etant donné qu'il s'agit d'une voie sans issue, il faut un peu chercher pour trouver. Si l'édifice est innacessible, le détour vaut néanmoins le coup. En effet, un magnifique escalier hélicoïdal est collé à la façade.
En poursuivant mes flâneries, je rejoins le pont du Rialto qui semble concentrer une bonne partie des promeneurs. Quel contraste avec le marché désert à moins de cent mètres de là. C'est tout Venise !