Flâneries vénitiennes, jour 3

Publié le par Jérôme Voyageur

Aperçu de Burano
Aperçu de Burano

Mercredi 8 avril 2015, Venise

Ce n'est plus les pieds qui renâclent mais la jambe droite qui tire. Je ne vais pourtant pas rester coucher en attendant que ça passe. Demain est le dernier jour en Vénétie. Alors je serre les dents et je repars de plus belle. Aujourd'hui j'ai prévu d'aller visiter quelques îles emblématiques de la lagune. Et pour rejoindre les quais, autant profiter en partie des quartiers de l'Arsenal et de Canareggio qui m'en séparent.

On va dire que le début de matinée est plutôt religieux. Je vais d'église en église en commençant par celle de Santa Maria Formosa qui trône majestueusement sur son campo tout en restant sobre dans ces facades et son campanile. Juste derrière on peut trouver le palais Querini Stampalia dont on profitera juste de la façade ; à deux ruelles de là , c'est de la cour intérieur du palais Grimani dont on peut profiter. Mais il est temps de poursuivre pour rejoindre San Franceco della Vigna, qui doit son nom à la présence de vignes, désormais disparues. Celle-ci est un peu excentrée des axes de passage, donc quasi déserte. Sa façade rappelle par sa décoration, les temples antiques. Je reviens donc sur mes pas pour rejoindre ce massif ensemble que constitue d'une part l'église San Giovanni e Paolo, d'autre part la Scuola Grande di San Marco. Ces deux bâtiments occupent ainsi deux côtés du campo Santi Giovanni et Paolo au centre duquel trône une statue équestre, un canal longeant la Scuola, constituant un troisième côté. Ces deux édifices contrastent totalement par leurs façades respectives. Une fois n'est pas coutume, l'église a abandonné le blanc du marbre au profit du rouge de la brique. Ceci donne un résultat imposant en hauteur mais très sobre dans le décor. Au contraire l'école, en fait une institution de bienfaisance transformée en hôpital, brille par sa façade de marbre façon églises florentines pour ceux qui connaissent. C'est bien plus chargé, sans oublier quelques trompe-l’œil.

il est temps de passer à la suite du programme. Pour cela il suffit de suivre le premier canal venu avec la certitude d'arriver en bordure de la ville. De ce côté, il s'agit des Fondamenta Nove : de larges et longs quais qui longent Venise. Au passage, on passe devant l'hôpital principal. Ici les urgences arrivent non pas en voiture mais en bateau. Un débarcadère accueille les embarcations de la croix verte. C'est environ au niveau du dernier tiers que se situe la station du même nom.

Pour la première fois en trois jours, depuis mon arrivée à Venise, je fais face à la cohue pour embarquer. Je me croirais presque sur un quai de métro à Paris. Sur cet embarcadère, un employé assure la sécurité pour faire embarquer et débarquer les voyageurs. Evidemment, le bateau repéré part sans moi. Etrangement un autre arrive juste derrière. Seule certitude, il va jusqu'à Murano. Je découvrirai plus tard qu'il ne dessert qu'un seul arrêt, celui du phare, obligeant à marcher un peu plus.

Cette navigation permet d'abord de prendre du recul sur la ville et prendre la mesure de son ampleur. En route, nous passons non loin du cimetière Saint Michel qui occupe l'intégralité de l'île du même nom. Une petite église blanche donne vers l'extérieur et s'offre ainsi au regard des passagers. Nous apercevons d'ailleurs déjà l'île de Murano qui est finalement plus proche que ce que je pensais. Celle-ci est connu pour la fabrication du verre soufflé.

Terminus tout le monde descend au premier et dernier arrêt. Ceci ne va pas améliorer mon état physique. En plus, il fait déjà bien chaud. Quelques rabatteurs profitent du débarquement pour essayer de capter des visiteurs pour leur boutique. Très peu pour moi. Sans plan, j'essaie d'identifier le bon chemin, estimant de toute façon qu'en suivant le flot, on doit bien aboutir quelque part. Je suis assez rapidement étonné par le fait de ne voir aucun atelier de souffleur de verres. Au contraire, je croise quasi exclusivement des boutiques pour touristes. Murano aurait-elle perdu son âme? A voir. En suivant ce chemin on finit par atteindre un large canal enjambé par un grand pont en bois; C'est de l'autre côté que se concentre le coeur de l'île.

En bas du pont, il faut continuer par le quai sur la droite. A un peu moins de cent mètres, on atteint le musée de la verrerie. Espérant voir des artistes en action, je m'acquitte des dix euros d'entrée, j'abandonne mon sac à la consigne et je me lance dans la visite. Je suis vite déçu. Le site et certes intéressant mais il se borne à une exposition sur les oeuvres de Murano au fil des âges montrant ainsi l'évolution des styles. Autant dire que le tour en est vite fait. Et toujours pas de souffleur de verre visible. Par contre, les rues sont parsemées d'oeuvres d'art monumentales réalisées en partie à base de verre.

Finalement l'édifice le plus intéressant de l'île restera à mes yeux l'église Santi Maria et Donato. En débouchant du quai, c'est l'abside qu'on découvre. C'est d'ailleurs assez surprenant : l'église tourne tout simplement le dos à la place. Mais du coup, c'est le plus joli côté qui est offert au regard. Arches romanes, colonnettes blanches, balustrades, sans oublier une frise oblique. Un ensemble de décors qui contrastent avec la rusticité de tout le reste du bâtiment, campanile compris. D'ailleurs la façade de briques est totalement quelconque. Quant à l'intérieur, un office m'a empêché d'en savoir plus. Côté gastronomie, je découvre les bigoli en sauce, une recette traditionnelle de Venise, accompagnant ces gros spaghettis avec une sauce aux oignons et aux anchois. C'est pas mauvais du tout ! Paré pour poursuivre la journée.

Je décide de revenir au phare, cette fois en longeant le quai. Malgré quelques boutiques d'art verrier, toujours pas de démonstration de cet art du soufflage de verre. C'est décidément bien décevant. Il faut attendre un petit moment que le prochain bateau de la ligne 12 passe. Les fréquences vers les îles satellites sont plus larges.

Et voici que j'embarque à nouveau. J'ai décidé de rejoindre Burano. en chemin, le bateau fera halte à Mazzorbo, reliée à celle-ci par un pont. Il faut compter une grosse demi-heure pour atteindre la destination. Et là encore, le navire est bien rempli. Je ne suis pas loin de m'endormir alors que je suis pourtant mal installé à l'avant.

Si basiquement, Burano est sensée être connue pour sa dentelle, c'est pourtant une autre caractéristique qui saute à l'oeil à peine débarqué. La couleur. Comme d'habitude, je fuis la cohue. Là où l'immense majorité file tout droit en face du débarcadère, moi je pars le plus à droite possible. Je me laisse ensuite porter par l'inspiration de la flânerie. L'appareil photo chauffe rapidement. De tous côtés apparaissent des façades peintes, toutes de couleurs différentes. On ne sait rapidement plus où donner du regard. Au coin d'une placette, je déniche la petite boutique d'une vieille dame qui vend quelques dentelles. Au moins là, il y a quelques chances que ce soit du local...

Et je poursuis ainsi, passant d'un quai à l'autre, sautant les canaux grâce aux nombreux ponts. Ce qui est surprenant, c'est que toute la ville est ainsi colorée, ce n'est pas juste une "façade touristique" pour les rues et canaux principaux. Chemin faisant, on a vite fait de faire le tour de l'île au demeurant assez petite. Le campanile local rappelle étrangement une tour toscane, tant il penche. C'est sur la place devant l'église que j'aperçois enfin quelques boutiques dédiées à la dentelle. Cette "avenue" finale ne m'attire que moyennement : elle concentre la foule et donc le bruit. Il est temps que je retourne à l'embarcadère. Trois gros quarts d'heure sont nécessaires pour rentrer en ville.

Non loin de là se dresse une nouvelle église dite Gesuiti. Comme la plupart, elle est blanche et impose une massive façade dotée de larges colonnes et de grandes statues religieuses. L'étroitesse du campo rend par contre difficile les photos de face. C'est là que commence les difficultés. Trouver un trajet le plus direct possible jusqu'à l'hôtel n'a rien d'une sinécure. Pour la peine, en rejoignant la calle Fabbri, je fais d'abord un détour jusqu'au glacier Venchi. Encore un régal. Les cinq euros pour une double sont mérités. En plus on peut déguster tranquillement assis dans la boutique.

Ce soir j'ai enfin trouver l'occasion de déguster une autre des spécialités : le foie à la vénitienne. Ça change du foie grillé et ça se laisse manger avec plaisir, accompagné de polenta. Comme tous les soirs, je poursuis avec ma promenade digestive sur la place Saint Marc, bien plus accueillante et calme en début de nuit. Arrivé au bord de l'eau, je songe à une dernière idée pour conclure la soirée. Mon forfait vaporetto expire demain matin. Pourquoi ne pas en profiter une dernière fois? Je saute à bord d'une ligne 2 pour remonter le grand canal de nuit. Pour les photos ce n'est pas forcément évident, en revanche les façades sont bien mises en valeur par les éclairages. Et là encore, quel calme ! il ne reste que quelques vaporetti et le bateau de la police toutes sirènes hurlantes ! Par contre, je me contente d'une remontée partielle. Je mets pied à terre devant le Rialto pour rejoindre l'hôtel.

Publié dans Carnet de voyage, Europe, Italie

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