Immersion zimbabwéenne (3)

Publié le par Jérôme Voyageur

Immersion zimbabwéenne (3)

Vendredi 17 Octobre, Victoria Falls

Réveil toujours aussi matinal après une nuit d’une traite. Nous quittons la civilisation pour retourner dans le bush. Même route que pour venir aux chutes mais en sens inverse. Après une heure trente de route, nous quittons cet axe pour nous enfoncer vers le parc national de Hwange. Une petite voie ferrée en marque la limite. Une première barrière marque l’entrée officielle mais quelques kilomètres supplémentaires sur une route bitumée sont nécessaires pour atteindre les bureaux et les hébergements de Main Camp. On voit bien qu’il s’agit du principal parc du pays. Les infrastructures sont imposantes tout en restant respectueuses des lieux. Il y a un complexe de chalets, une petite boutique et même une supérette. Le temps que Fred procède aux formalités, nous profitons de la faune qui s’offre déjà à nous. Cela commence avec un petit écureuil qui s’amuse à courir sur les barres qui délimitent les pelouses. Parfois, il vient se cacher sur les roues des véhicules. Dans un énorme arbre près de l’accueil, c’est un calao à bec jaune qui se présente sous tous les angles. A quelques mètres de là, une dizaine de cordons bleus d’Angola profitent de l’abreuvoir qui leur est dédié.je n’en avais jamais vu autant à la fois. Juste en-dessous, en approchant, ce sont des mangoustes naines qui apparaissent. Elles ont pris l’habitude de se cacher sous la fontaine ; ainsi elles sortent seulement pour se désaltérer juste au-dessus. Leurs petites bouilles sont craquantes. Dans le ciel, une bonne dizaine de milans à bec jaune tournent à l’infini tandis que dans la section résidentielle, les babouins semblent décider à recycler les poubelles.

L’aperçu du parc promet. Nous commençons par nous rendre au point d’eau de Makwa. Hwange a la particularité d’avoir une végétation très dense. Les chances de voir de la faune sont donc bien plus importantes autour des différents points d’eau qui jalonnent les pistes et le parc. Cette première portion d’une quinzaine de kilomètres confirme les attentes : juste une girafe un peu lointaine et cachée, et deux ou trois femelles koudous. Non loin du point d’eau, Fred nous alerte de la présence d’hippotragues noires. Toutes ces femelles sont bien farouches mais semblent se diriger vers la mare. C’est pour cela que nous filons directement près de l’eau pour les devancer et les accueillir dans le silence. Opération réussie après quelques minutes d’attente. Pour la première fois, j’arrive à en observer d’assez près. Toutes viennent boire sans trop s’attarder. En espérant la venue d’un mâle, nous nous replions sur les divers oiseaux qui fréquentent les lieux. Le merle métallique, ou choucador à oreillons bleus pour être conforme à la taxonomie officielle, est présent en force. Après moult tours et détours, le fameux mâle dans sa belle livrée noire et son port de cornes altier daigne enfin venir s’abreuver devant nous. Ce fut long mais cela valait la peine d’attendre. Fin du spectacle qui nous incite à poursuivre pour quinze nouveaux kilomètres jusqu’au point d’eau dit Kennedy 1. Malheureusement, celui-ci est désert. Nous rejoignons donc le camp voisin éponyme. Le gardien, Vincent, nous y accueille dans un enclos symbolique dont la sécurité prête à sourire. Disons que la clôture est là pour marquer la limite avec le bush, mais pas vraiment pour empêcher de rentrer. En revanche, le lieu est tenu parfaitement propre et fleuri. Nous installons nos tentes en prenant soin de laisser le passage pour les visiteurs diurnes. Une large paillotte conviendra parfaitement pour passer les heures les plus chaudes. Diverses vasques d’eau attirent déjà les oiseaux. Les observations fusent : à commencer par un magnifique barbican promépic, un gonolek rouge au ventre éclatant, plusieurs spréos améthyste immanquables dans leur combinaison blanc-améthyste, un cratérope bicolore qui me fait l’effet d’une peluche blanche, divers calaos et quelques touracos concolores. Leur crête m’amuse beaucoup lorsqu’ils boivent : elle se replie ou se déplie. Difficile avec toutes ces attractions de trouver du temps pour le repas ou la douche. D’ailleurs, même sous le jet, je suis les évolutions d’un couple de touracos dans l’abreuvoir voisin.

Nous repartons vers quinze heures en direction de Makwa (notre point d’eau voisin étant encore désert). Cela commence à ressembler à une arche de Noé. Des dizaines de babouins vaquant à des occupations très diverses. Les plus petits, comme souvent, assurent l’essentiel du spectacle. Ils sont une petite dizaine parmi les plus jeunes qui essaient de grimper à l’arbre. Malheureusement la technique n’est pas encore là ce qu’il leur vaut plusieurs cascades. Avec de la persévérance, ils finissent par parvenir au sommet. Une girafe solitaire qui vient boire avec sa technique toujours aussi spéciale et précautionneuse. Quelques phacochères broutent ici et là tandis qu’une poignée de zèbres restent très distants. Nous restons là une bonne heure à observer tout ce petit monde où viendront aussi deux varans, sans compter les très nombreux oiseaux. Sur le chemin du retour, nous apercevons à deux reprises des groupes de koudous sans pouvoir bien en profiter. Heureusement, la vie s’active enfin à Kennedy. Diverses espèces font littéralement la « queue » pour venir s’abreuver. Les buffles (d’abord les mâles puis les petits et les femelles) passent en priorité malgré leur arrivée tardive. Le manège est bien ordonné : les individus arrivent par une piste et repartent par une autre. En arrière-plan, quatre femelles koudous patientent et tout au loin une quarantaine de gnous. Etonnamment, eux qui sont souvent très farouches, grillent la politesse à tout le monde, n’hésitant même pas à s’approcher des buffles. Les impalas passent en dernier. Un peu plus tard, les deux groupes de ruminants se rassemblent et restent sur la prairie voisine. Vient ensuite une éléphante et ses deux petits. Nous finissions par douter que Hwange contienne vraiment des éléphants. Aucun autre ne viendra malgré nos espérances au coucher de soleil. Il est temps de rentrer au camp. De là, nous entendons à plusieurs reprises les éléphants grogner, sûrement pour se faire une place à la mare. Au dessus de nos têtes, le ciel est enfin magique, constellé de milliers d’étoiles tandis que la Voie Lactée s’étire sur toute la voute céleste.

Samedi 18 Octobre, Hwange National Park, Kennedy 1 Camp

Quelle différence climatique cette nuit! Fred nous avait prévenus sans vraiment nous convaincre. Le sac de couchage était le bienvenu et les sorties nocturnes calculées. Ce matin, nous partons sans prendre de petit-déjeuner pour une rapide reconnaissance du point d’eau voisin et des proches alentours. Pas la moindre trace de vie. Nous rentrons donc nous restaurer et plier le campement alors que la température devient à peu près supportable. Nous pouvons reprendre notre progression. Les gnous et les impalas d’hier soir sont encore dans les parages. En supplément, une outarde Kori rôde probablement à la recherche de sa pitance. Pour le reste, le point d’eau est désert. En le quittant nous croisons un groupe de pintades de Numidie bien tranquilles et très proches des véhicules. De part et d’autre de la piste, nous observons furtivement éléphants ou koudous femelles. A contrario, la petite femelle steenbok reste un bon moment à portée de nos objectifs, son conjoint restant invisible. Le point d’eau de Kennedy 2 comporte une vieille charogne d’éléphant que deux vautours chasse-fiente essaient encore de dépouiller. Non loin de là, ce sont quatre canards à bec rouge qui assure une présence sur la petite mare.

Il faut reprendre la piste particulièrement forestière pour apercevoir quelques dos sombres. Une famille d’une quinzaine d’éléphants sort des arbres et traverse devant nous avant de disparaitre aussi vite qu’elle était apparue. Enfin, nous rejoignons le site de Ngweshla. Il s’agit en fait d’une large plaine dotée de deux mares encore alimentées en eau plus une petite série d’étangs asséchés. D’un rapide tour de jumelles, nous constatons qu’il y a un peu de vie en ces lieux. Les plus proches étant des zèbres. Je suis surpris de deviner au loin des autruches que je ne m’attendais pas à croiser ici. Un rapide inventaire des points d’eau confirme que ce n’est pas encore l’heure. Nous poursuivons donc jusqu’au campement implanté en vue presque directe sur le plus petit des points d’eau. Nous allons y passer deux nuits. Celui-ci est conçu sur le même principe que le précédent, quoi que légèrement plus petit. La clôture est tout aussi symbolique. Manda, jeune garde, nous y accueille et se révèle bien efficace et sympathique. Nous ne faisons qu’installer le camp et les tentes avant de repartir.

Cette fois, nous effectuons le tour complet de la plaine. Trois autruches mâles se mettent à piquer un sprint sans fin alors qu’un couple n’a pas bougé. Nous finissons par comprendre qu’avec leurs six petits autruchons, ces jeux n’ont pas cours. Un chacal à chabraque, toujours aussi petit, fait un passage éclair près de la grande mare. Nous revoyons aussi un hippotrague noir avant de deviner sa cousine, la roanne, bien dissimulé par les arbres. Le tour du propriétaire augure de suites plus que plaisantes. Alors que nous sommes en train de préparer la salade du midi, Manda nous signale l’arrivée de buffles. Fred repart avec tout le reste du groupe pendant que nous poursuivons la préparation avec Catherine et Inno. Apparemment un troupeau de quatre cents têtes est passé boire. Nous observons tout cela de loin, mais assez nettement tout de même. C’est l’immense avantage de ce camp. Nous verrons ainsi passer gnous, hippotragues noirs, antilopes roannes, zèbres, … sans oublier tous les oiseaux qui viennent boire ou se baigner dans les vasques.

Nous rembarquons vers quinze heures pour refaire un tour de la plaine. Nous y retrouvons la famille autruche de plus près. Mais notre terrain de prédilection sera l’espace entre les deux arbres, deux cents mètres devant notre camp en léger surplomb du plus petit des trous d’eau. Dès seize heures, nous sommes en place. Trois roannes dont une jeune viennent prudemment se désaltérer. Enfin, je parviens à en voir d’assez près. Alors que celles-ci rebroussent chemin, le reste de leur groupe semble décider à en faire de même mais de manière encore plus prudente. Du coup, elles sont devancées par la quarantaine de gnous qui arrivent à l’opposé. Les roannes décident alors de garder leurs distances pour patienter. Malheureusement, un défilé magique se met en branle. C’en est fini des antilopes. Un premier groupe de quarante cinq éléphants débarque à la mare. Les gnous ne résistent pas longtemps et se rabattent sur l’autre étang, repoussant d’autant les roannes qui, lasses, finissent par repartir sans avoir bu. Quant aux pachydermes, ils vont se succéder ainsi sans répit devant nos yeux pendant plus de trois heures. La baignade semble un bonheur pour les plus jeunes. Nombreux sont ceux qui courent sur les derniers mètres avant l’eau, signe qu’ils doivent être particulièrement assoiffés. Parfois, cela se bouscule, parfois cela « ronronne » de contentement. Il est amusant de voir comment ils se sont adaptés à l’arrivée d’eau. Ils collent leur trompe sur l’arrivée d’eau, absorbant ainsi tout le flux ! Certains nous amusent en se frottant au sol comme s’ils étaient assis. Un viendra même faire usage de la termitière voisine pour se gratter le ventre juste après son bain. Nous en verrons finalement arriver plus de deux cent soixante dix débouchant de tous côtés, le plus gros groupe étant constitué de soixante sept individus. Que de masses impressionnantes ! Pour la plupart, ils font une halte à chacun des deux points d’eau, autant dire qu’ils absorbent un maximum d’eau. Quel spectacle fabuleux qui nous a tenu en haleine jusqu’à la nuit. D’ailleurs, les bruits d’éléphants persistent tout autour de nous et pas seulement venant du point d’eau.

Après un nouveau délicieux repas, nous refaisons une dernière sortie, nocturne celle-ci. Hormis les éléphants et quelques lièvres sauteurs, nous ne verrons rien de spécial malgré le balayage incessant de la plaine avec nos lampes torches. Les nocturnes ne sont pas encore au rendez-vous. Nous confirmons aussi à Fred nos options réveil d’urgence en cas de force majeure.

Dimanche 19 Octobre, Ngweshla Camp, Hwange National Park,

La nuit fut sonore avec des bruits d’éléphants presque toute la nuit. Même certains arbres ont craqué sous leurs assauts affamés. Malgré tout, j’arrive à bien dormir. Je suis seulement étonné lors d’une des sorties nocturnes de voir, le long de la clôture, un grand nombre de paires d’yeux. Difficile de savoir qui est derrière. Pas de bruit spécial qui aurait pu donner un indice.

Lever rapide à cinq heures, comme la veille, pour tenter de surprendre quelques prédateurs encore en maraude. En sortant de la tente, dans les premières lueurs de l’aube, je découvre qu’une bonne centaine de buffles est en train de paître près de nous, juste derrière le grillage. Nous partons faire un tour dans la plaine. D’abord déserte, nous finissons par apercevoir une hyène courant dans le petit matin. Nous la suivons jusqu’au point d’eau où elle vient se désaltérer avant de repartir toujours au pas de course. Son chemin risque de croiser celui de ce chacal qui galope lui aussi. Le tour de la plaine se poursuit sans voir grand-chose. Soudain, alors que nous sommes à l’opposé des points d’eau, Inno nous annonce que des lions s’approchent des buffles qui ont désormais quitté notre camp. Je comprends mal comment l’autre véhicule a pu voir ainsi à travers la plaine. Il n’en faut pas plus pour que Fred démarre pied au plancher. Il ne nous faut pas longtemps pour rejoindre le grand point d’eau. Grâce aux jumelles, nous localisons trois lionnes tapies dans les herbes jaunes, tout en jetant un œil intéressé au troupeau progressant lentement. En arrière-plan, le groupe de buffles s’étire en progressant paisiblement. Nous restons là persuadés qu’une chasse va avoir lieu. Nos espoirs se renforcent lorsque nous apercevons un trainard qui tire la patte. Il nous semble la victime idéale. Pourtant, rien ne se passe. Encore monis lorsque cette dizaine d’éléphants déboule du bush, en sens inverse des buffles et sème un léger vent de panique chez les buffles. Les lionnes finissent par se lever mais toujours aussi peu de signe d’attaque. Fred décide alors de contourner le bosquet en empruntant une petite piste à quelques centaines de mètres. Nous distinguons la tête du troupeau qui continue à avancer soulevant de la poussière au cœur de la végétation. Soudain, une série de cris retentit en même temps qu’un léger mouvement dans le troupeau. Nous supposons que l’attaque a eu lieu. Néanmoins, le groupe continue à avancer comme si de rien n’était. Pour l’instant, nous devons attendre que tout le troupeau soit passé derrière nos véhicules avant de pouvoir bouger. Rien de visible sur le résultat de l’attaque de l’autre côté. Nous finissons donc par retourner au camp bien plus tard que prévu. Le temps de prendre notre petit-déjeuner et nous sommes parés pour repartir.

Nous allons explorer une nouvelle piste jusqu’au point d’eau de Somalisa avant de revenir parcourir notre classique plaine. Ce sera l’occasion pour certains de confirmer la présence d’une dépouille et de lionnes avant que, plus tard, la présence de vautours sur place en apporte la preuve finale. Petit steenbok mâle et gros mâles éléphants se présentent en allant à Somalisa. En bord de piste, nous apercevons un guêpier à queue d’aronde que je n’avais plus revu depuis des années. Somalisa est un lieu très agréable avec ses nombreux acacias parasols. Seuls deux phacochères semblent y vivre. De retour à Ngweshla, nous faisons un tour complet ce qui nous permet de retrouver notre famille autruche avec un papa toujours aussi protecteur quand un rapace rôde. Son aile déployée dissimule alors sa progéniture de la vue aérienne. Près de la grande mare, nous pouvons enfin distinguer quatre calaos terrestres suffisamment longtemps, contrairement à leurs frères de Matusadona. Gnous et zèbres complètent la panoplie, sans oublier, évidemment, les impalas de service. Quelques éléphants passent même au point d’eau bien plus tôt qu’hier.

Vers dix heures trente, il est temps de rentrer se poser. Comme la veille, en pleine préparation de la salade, une arrivée de girafes bouscule le programme et nous nous retrouvons encore seuls. Ne les voyant pas revenir alors que le temps tourne et la salade bien prête, je pousse un bruyant « A table ! » qui fait réagir l’équipe mais aussi la girafe la plus proche du camp. Heureusement Fred ne m’en veut pas. Pendant l’heure chaude, nous refaisons une sortie lorsque les babouins viennent s’installer à notre place sous les arbres. Il y en a un peu partout que ce soit au bord de l’eau, dans les arbres ou au milieu des hautes herbes. Les petits s’amusent, les grands s’épouillent. Les gros mâles tournent systématiquement le dos à nos objectifs. Tout ce manège nous captive un bon moment.

Le vrai départ est lui calé à quinze heures. Nous n’avons pas prévu beaucoup de chemin : d’un point d’eau à l’autre et vice-versa. Le départ est motivé par l’arrivée sur le plus proche étang d’un magnifique mâle hippotrague noir, finalement moins farouche que les précédents bien qu’il ne s’éternise pas non plus. Viendront un peu plus tard cinq antilopes roannes. Les cris réguliers des babouins branchés dans l’arbre voisin nous signalent que quelque chose se trame sur l’autre mare. En effet, une des lionnes descend y boire. Puis ce sera le tour d’une seconde. Toutes deux finissent par s’étendre à l’ombre d’un arbre mort peu éloigné, en surplomb de l’eau. De retour à l’autre mare, c’est le début de la valse des éléphants toujours aussi facétieux et expressifs. Au bord de la plus grande, quatre girafes viennent boire en même temps façon ballet de zèbres. Quelle surprise de voir les deux lionnes faire mine d’attaquer une des girafes alors que le buffle est probablement encore quasi intact. Un départ subit du groupe d’éléphants du grand point d’eau nous incite à rebouger à nouveau. Cette fois, il semble s’agir de la troisième et dernière lionne. Sauf que les éléphants arrivent juste derrière elle au bord de l’eau. Lionne et éléphants s’aperçoivent au dernier moment mais c’est elle qui n’insiste pas en se repliant à une extrémité de la mare. Pendant ce temps, les arrivées de pachydermes continuent. La féline finit donc par se retirer face à l’insistance des éléphants. D’autant qu’à proximité de ce grand trou d’eau, ils trouvent également des minéraux et des bains de poussière. Même si le festival est moindre que la veille, nous avons dû en voir passer une bonne centaine entre les deux points d’eau.

Lundi 20 Octobre, Ngweshla Camp, Hwange National Park

Les nuits passent et ne se ressemblent pas. Il a fait bien plus doux et hormis quelques éléphants, le calme a régné. Nous poursuivons nos habitudes matinales surtout que notre tentative de hors piste a échoué hier soir, la faute à un véhicule des gardes patrouillant dans le coin. Tout le monde n’a qu’une hâte : retrouver les lionnes et leur carcasse de buffle. Tout juste si nous prêtons une attention fugace aux deux mares. Et c’est parti, à slalomer entre bosquets et souches tout en gardant le cap. En quelques minutes, nous retrouvons les lieux. Trois lionnes se reposent tandis que deux beaux mâles sont attablés sur la dépouille. Ils finissent par être rejoints par deux des femelles. Il ne reste déjà plus grand-chose du bovidé. Dans les premières lueurs du jour, le repas ne s’arrête pas. Les vautours attendent toujours leur tour, branchés aux alentours de même que quelques chacals à chabraque qui tournent à bonne distance en attendant leur tour. Nous restons un long moment mais il faut être raisonnable et quitter les lieux tandis que le soleil a commencé son ascension. Pour brouiller les pistes, nous poursuivons notre hors piste pour rentrer par un chemin différent à travers le bosquet d’arbres.

Retour au camp pour prendre notre petit-déjeuner et plier tranquillement nos tentes. Un gros mâle babouin profite de la période du pliage pour venir chaparder deux croissants sur la grille du feu. Il est temps de quitter Mandza et ce lieu magique. Nous faisons plus ou moins le chemin inverse, au moins jusqu’au point d’eau de Makwa. Contrairement à l’aller, nous croisons plusieurs familles d’éléphants, ainsi que des girafes et des koudous. A Kennedy 1, nous faisons une pause, ce qui nous donne l’occasion de revoir Vincent, toujours aussi volubile. Après Makwa, Fred choisit l’option indirecte avec la boucle de Caterpillar plutôt que de rejoindre directement Main Camp et la civilisation. Nous découvrons de nouveaux lieux, certaines pompes sont d’ailleurs en panne avec pour conséquence de n’avoir plus aucun intérêt pour la faune. Koudous et quelques roannes daignent se montrer. Au milieu d’une large plaine herbagée autour de laquelle cinq véhicules se sont déjà rassemblés (l’horreur !), nous distinguons à nouveau des lions : a priori cinq jeunes adultes encore une fois sur une carcasse de buffle. Ici, hors de question de s’approcher ; du coup, l’observation reste lointaine, à travers les jumelles. Plus loin, nous avons à nouveau la chance de dénicher une troisième famille de lions au repos à l’ombre d’un large bosquet d’arbustes : ici, nous trouvons trois mâles, trois femelles et un jeune. Leur activité est des plus restreintes. Cela fait dix-sept lions en moins de trois heures. Quel festival ! La dernière halte avant Main Camp se fait à la plateforme de Nyamadhlovu. Cette structure de bois permet de dominer le point d’eau où vivent trois ou quatre hippopotames et au moins deux crocodiles. Un groupe d’éléphants vient de le quitter. En lisière, nous apercevons gnous et cobs à croissant mêlés mais aussi des koudous bien lointains. Par contre les deux françaises toutes proches, apparemment accompagnant les scientifiques en train de faire des relevés d’eau, sont particulièrement bruyantes et pénibles. Un comble pour des gens sensés être là pour la faune sauvage. Elles ont dû louper quelques épisodes. Enfin passons, nous ne nous attardons pas plus longtemps sur ce lieu assez peu vivant. Les derniers kilomètres pour rejoindre le camp principal nous permettent d’apercevoir encore quelques girafes. Vu l’heure, nous faisons la pause repas à l’entrée du parc. Aujourd’hui, ce sont les écureuils qui font le spectacle en poussant de petits cris très étonnants.

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