Zambie, reconnaissance au fil du Zambèze (3)

Publié le par Jérôme Voyageur

Une hyène sur Liuwa Plains
Une hyène sur Liuwa Plains

Mardi 17 Septembre 2013, Kafue NP, camp de Mayukuyuku

Enfin un lever normal et un petit-déjeuner pris à la lumière du jour et assis. Il faut dire qu’une journée de liaison nous attend ; donc Fred nous a imposé 6h comme créneau minimal. Le but est à peu près atteint. Je découvre que certains ont eu un début de nuit agité avec la visite d’un éléphant très très proche de leur tente. En ce qui me concerne, je ne pouvais ni voir ni entendre, et surtout, je dormais profondément à cette heure-là. Nous renouons aussi avec notre habitude de la marche matinale en attendant les véhicules bien que nous soyons dans le parc national. D’ailleurs, nous sommes à deux doigts de nous retrouver en safari pédestre organisé pour une autre cliente du camp.

La suite de cette longue route souvent rectiligne qui court plein est vers la ville de Mongu, la plus grande ville du Barotseland, la province à l’ouest du pays, le long de la frontière avec l’Angola. Les premiers kilomètres ne nous dépaysent pas : c’est toujours le territoire du parc. En revanche, dès la barrière passée, le paysage change totalement avec la multiplication de village et de terrains défrichés. Cet axe aussi est touché par les travaux chinois mais heureusement, l’impact est bien moindre sur la circulation. L’œil attiré par un régime de mini-bananes, nous l’embarquons sans hésiter. Il faut juste réussir à le ranger à l’arrière du véhicule. En fin de matinée, nous faisons une halte dans une école. Nous demandons d’abord l’autorisation de nous installer dans un coin du terrain avant de pouvoir rencontrer une classe, ce que le directeur de l’établissement nous accorde volontiers. Deux classes sont mélangées dans la même pièce, ce qui donne un effectif autour des quatre vingt, souvent à quatre par bureau de deux, mais toujours sages. Quelle sensation quand ils entonnent tous en cœur un chant : de quoi dresser les poils sur les bras par tant de puissance dégagée. Nous leur laissons en cadeau quelques cahiers. Nous poursuivons la pause à l’ombre des manguiers par un agréable pique-nique, sans être dérangés le moins du monde. Il y a pourtant plus de 780 élèves dans l’école, mais tous très bien élevés et respectueux.

Après un dernier salut au directeur, nous reprenons la route, accablés par la chaleur. Malgré la vitesse, nous avons l’impression qu’un vent chaud souffle. L’arrivée à Mongu nous fait l’impression d’une ville du far west loin de tout … L’objectif du ravitaillement en carburant est difficile : les cuves de la première station s’épuisent avant même qu’un seul véhicule n’ait fini. Il faut finir dans une seconde. Quant aux courses, nous doutons un moment de trouver ce Shoprite pourtant fléché. Il est quelque peu excentré : il ressemble plus à un entrepôt de stockage qu’à un véritable supermarché ; néanmoins, nous y trouvons à peu près tout le nécessaire pour poursuivre l’expédition. Une scène perturbante se produit sur le parking lorsque nous chargeons les achats. Depuis le début, un groupe de jeunes garçons trainent autour de nos véhicules. Lorsqu’Inno leur tend un pain, cela déclenche une violente bagarre entre eux pour le moindre petit bout. Cela fait réfléchir sur la chance que nous avons.

Vu l’heure, Fred décide de tenter d’aller plus loin. Il n’est guère que 16 heures passées. Sauf qu’à partir de Mongu, il n’y a plus de route mais une piste en théorie tracée sur une digue, en fait totalement dévastée par un titanesque chantier chinois visant à tracer une route jusqu’à la frontière angolaise. Résultat, il faut sinuer en contrebas de la digue, parfois dans des zones de sable mou où il faut faire très attention de ne pas s’ensabler. Il nous faudra ainsi quatre vingt dix minutes pour couvrir les vingt cinq kilomètres qui nous séparent du Zambèze. Dès la sortie de la ville, le paysage a totalement changé : il s’agit d’une immense plaine sablonneuse qui s’étend jusqu’à l’horizon sans beaucoup d’écueils.

Nous traversons régulièrement des petits villages, soit de pêcheurs, soit d’éleveurs de vaches. Les mares résiduelles accueillent de nombreux oiseaux : plusieurs dizaines de cigognes à bec ouvert et d’aigrettes. Beaucoup de vanneaux armés aussi qui ont le don de bien se faire entendre.

A 17h30, nous retrouvons le Zambèze bien plus petit qu’il y a une semaine mais toujours aussi impressionnant. Il faut emprunter un bac pour le franchir sous le coucher du soleil. L’opération est un peu surprenante à nos yeux, du fait qu’avec un seul moteur utilisé, il louvoie pour atteindre la rive opposée. Une fois le fleuve traversé, il est temps de trouver un lieu de bivouac avant que la nuit vire au noir clair. C’est chose faite au bout de quelques minutes sur une sorte de dune de sable blanc, alors qu’au pied les véhicules sont parqués sur un pré bien vert. Les crissements au moindre pas sont très plaisants à attendre. Nous pourrions presque nous croire à la plage. Cette nuit, le sol ne risque pas d’être dur ; les matelas seraient presque superflus.

Mercredi 18 Septembre, plaine d’inondation du Zambèze

Le bivouac sur le sable fin a du bon : aucun souci de bosse ou de racine sous les matelas. Ce matin, nous avons un peu plus de mal à respecter l’impératif des six heures.

En repartant, nous comprenons vite que notre choix de bivouac était le bon. La suite de la piste est un indescriptible chantier : tout est troué sans le moindre respect de l’écosystème. La piste s’agrandit tout en devenant boueuse avant que le bitume ne fasse sa réapparition sans que nous ne comprenions vraiment pourquoi. Il nous faut une grosse heure pour rejoindre la ville de Kalabo au bord de la Luanginga. C’est là que les permis pour le parc sont délivrés. Nous voulons aussi profiter des quelques informations que nous pourrions glaner pour la suite. Fred et Inno en profitent aussi pour dégonfler les pneus en prévision des zones de sable qui nous attendent tout près. Cela évitera des soucis dans le sable mou à venir. Le temps que tout soit prêt, nous avons tout loisir d’observer le manège des traversées, tantôt sur les longues pirogues effilées servant à la fois pour les gens et pour le fret, tantôt sur le ponton de fortune, le tout en utilisant une corde tendue en travers de la rivière.

Notre tour finit par venir. Fred est tout de même un peu inquiet pour ses véhicules. Tous les hommes de l’équipe se mettent à la corde (il faut dire qu’il y a seulement un seul gars pour gérer le ponton et percevoir le droit de traversée). Au début, nous avons l’impression de ne pas décoller, d’être scotchés à la berge comme envasés, mais finalement, après un bon effort physique, nous finissons par traverser.

Le plus dur commence étant donné que nous n’avons pas de GPS. La carte approximative et les informations complémentaires ne sont pas tout le temps très utiles. La preuve avec le premier repère qui devait être l’école de Salundam mais que nous ne verrons jamais ! après une heure de progression, nous finissons par avoir un doute et revenons en arrière jusqu’à un village où les habitants nous confirment que nous étions sur le bon chemin. Certains passages en sous-bois sont un peu sportifs, de même que les zones les plus sablonneuses. Au bout d’une vingtaine de kilomètres, nous sommes enfin dans le parc, mais ici il n’y a aucune clôture ni entrée. Si Liuwa est une vaste plaine, la progression nous fait traverser tantôt des étendues de graminées, tantôt des zones boisées.

En atteignant le camp de Kwale, nous obtenons confirmation que nous sommes sur la bonne piste. Le garde présent sur place nous donne les indications pour rejoindre le prochain repère qu’est le BOMA, la zone de parcage avant réintroduction des buffles. Là, c’est un couple de gardes qui nous guide pour la suite, enfin à court terme. Parce que passé le Sausage Tree et son point d’eau, nous n’avons plus d’informations fiables. C’est donc au feeling que nous rejoignons le village de Munde, après une rencontre totalement improbable dans le bois avec un vieux pêcheur au harpon qui ne comprend pas le moindre mot des questions qu’on essaie de lui poser. Il ne reste qu’une seule « tendue ouverte à traverser, moyennant le bon choix de piste et nous atteignons le camp de Katoyana où nous comptons nous installer pour quatre nuits. Après un repas pris à l’heure espagnole, nous profitons des douches avant de repartir vers 16h.

La sortie est assez peu prolifique en observation, juste quelques gnous ou zèbres particulièrement lointains. A l’abord de King’s Pool, Fred croit observer une loutre mais sur un terrain asséché. Bizarre ! En la pistant à l’aide des jumelles, nous finissons par identifier une mangouste d’Egypte, un énorme spécimen de plus de cinquante centimètres et autant de queue. Elle va jusqu’à nous narguer en venant boire sous nos yeux quasiment sans que nous la voyions. Un peu plus loin, sur la même mare, un pélican solitaire pêche tranquillement. Même les dizaines de pêcheurs du village de Munde ne semblent pas le déranger. Ils ont fait de belles prises. Certains silures sont énormes. Sur place, un vieux pêcheur nous fournit des indications pour trouver un terrier de hyènes. Nous partons pour du hors-piste total, guidé par notre aide de camp, Nyembe, juché sur le toit du premier véhicule. La recherche sera vaine. Et quand la nuit tombe, la progression devient comique pour savoir où passer et comment rejoindre la piste que nous ne voyons désormais plus. Du coup, nous revenons au campement bien tard, sous la quasi pleine lune. La nuit sera bien douce, quoi que trop éclairée.

Jeudi 19 Septembre, Liuwa Plain NP, Katoyana camp

Ca y est, nous reprenons un rythme normal, à savoir un petit-déjeuner à 5h30 pour un départ à 6h. Nous commençons par descendre vers le sud-ouest, l’idée étant de trouver l’équipe de conservation des carnivores pour obtenir si possible de bonnes informations sur le parc. En chemin, nous commençons par apercevoir une belle hyène équipée d’un collier. Elle reste un petit moment à découvert avant de s’enfoncer dans les graminées dorées. En poursuivant vers notre objectif, nous devinons de nouveau des profils de hyènes. Cette fois, elles sont une dizaine, rassemblées à découvert. Nous distinguons aussi un motard avec elles. Il s’agit d’un membre du groupe de conservation. Il les prend en photo une à une, de face. Le manège est amusant et elles semblent habituées. La scène me fait un peu penser à Danse avec les Loups. Après avoir discuté avec lui, nous l’invitons à venir manger avec nous. La hyène de tête se promène avec une corne de gnou dans la gueule. Les autres finissent par se disperser un peu partout.

Après cette splendide mise en bouche, nous remontons vers le nord. Après quelques apparitions fugaces, nous finissons par localiser un couple d’ourébis moins farouches que leurs congénères. Suite à diverses approches, ils sont enfin visibles. Ils ressemblent en effet aux steenboks avec leur petite taille et leurs petites cornes. En revanche, leur pelage est tout en dégradé, du roux vers le clair des flancs.

Nous poursuivons vers le nord sur ces pistes magiques mêlant le blanc du sable et l’or des graminées partout ailleurs. En chemin, nous apercevons un serpentaire bien timide puis de nouveau un couple d’ourébis. Ce milieu de graminées alterne avec d’autres, plus verts et à la végétation plus rase. Dans les jumelles, nous suivons un couple de petites outardes à ventre noir qui se confondent parfois avec leur environnement. Un peu plus loin, c’est un troupeau d’une cinquantaine de zèbres qui s’offre en spectacle entre bleu du ciel et or de la végétation. Ils courent en tous sens. Parmi eux, nous distinguons des élans du Cap tout aussi farouches et distants que leurs compagnons.

Parvenus au point d’eau de Myanda, tout au nord, nous apercevons un nombre impressionnant d’oies de Gambie et toute une compagnie de dendrocygnes à face blanche. Comme souvent dans ce parc, nous pouvons admirer des couples de grues, à la fois des royales et des caronculées.

Après cette expédition septentrionale, nous rejoignons tranquillement le camp. De manière lointaine, nous observons à travers les jumelles trois cobs des roseaux. Jusqu’à présent, ils étaient restés invisibles à Liuwa Plain. Vers 10h30, nous sommes de retour au camp. Fred nous sollicite pour commencer à préparer la potée du soir, avant d’enchaîner sur la salade du midi, évidemment dédiée aux hyènes. L’heure chaude se fait bien pesante. Mais à midi, comme promis, Armstrong débarque dans notre campement. Alors qu’il essaie de manger, Fred l’assaille de questions. Il se révèle quelqu’un de très sympathique, gentil et bavard, si bien qu’il reste plus de deux heures avec nous. Nous prévoyons un rendez-vous vers 17 heures pour qu’il nous montre des chacals et des terriers de hyènes. Manque de chance, comme nous, il a crevé en partant sans matériel de réparation. Il doit donc attendre l’arrivée de son équipe.

Du coup, nous changeons nos plans. Direction Palm Tree. Passé le camp de Matamene, nous débouchons d’abord sur un large plan d’eau couvert de vie. Des dizaines de pélicans actifs, une poignée de marabouts quasi endormis, un aigle pêcheur posté au bord de l’eau, directement sur la rive. Dès que les jumelles prennent un peu de distance, nous apercevons des dizaines et des dizaines de grues. Une telle quantité est inédite pour moi.

Au loin, nous apercevons un arbre solitaire qu’il est difficile de classer. Nyembé nous confirme qu’il s’agit de Palm Tree. Il faut un peu de temps pour le rejoindre et reconnaitre un palmier. Autour sont visibles trois points d’eau. Malheureusement quasi inhabités

Direction donc la table du soir car c’est jour de potée. Les combattants ne sont pas très valeureux ce soir. Il faut quand même reconnaitre que Fred avait vu un peu large sur les quantités ; Nyembé et son collègue en ont bien profité aussi.

Vendredi 20 Septembre, Liuwa Plain NP, Katoyana camp

Le réveil est un peu frais ce matin. La polaire est la bienvenue dès le lever. Décidément, nous ne respectons pas les horaires, toujours en avance ! Du coup, nous avons le temps de prendre tranquillement notre petit-déjeuner.

Nous attendons 6 heures pour nous mettre en route en direction Mutata Wa Siyenge, un bosquet où nous sommes sensés retrouver Armstrong. Malheureusement, il ne viendra pas. En chemin,, nous avons pu apercevoir deux hyènes, une première assez lointaine courant en lisière le long du bois où est implanté notre camp, la seconde courant le long de la piste avant de l’emprunter juste derrière nous. Autour du lieu de rendez-vous, il n’y a rien de particulier à observer, simplement l’immensité plane à 360°. Tout autour des arbres, plusieurs énormes terriers sont visibles. Ils appartiennent à des porc-épic. D’ailleurs, nous en profitons pour ramasser quelques aiguilles.

A partir de là, Fred décide de partir en hors piste total, a priori vers l’est. Il voudrait trouver un guépard. Nous tournons un bon moment, allant de bosquet en bosquet sans rien déceler. Jusqu’à ce que Fred nous indique la présence d’une lionne par radio. Arrivés sur place, nous ne voyons rien. Nous doutons un moment avant d’identifier non pas une lionne mais un lion. Nous ne pouvons pas approcher comme ça : un véhicule, probablement de l’équipe de recherches, est stationné non loin. Fred fait un crochet pour aller lui parler, après l’avoir réveillé. C’est à ce moment-là que nous distinguons enfin une puis deux lionnes. En approchant en véhicule, tout ce petit monde se met à bouger vers le bosquet voisin, nous y compris. La plus jeune des deux, restée en retrait de l’autre côté des arbres, se met soudain en position de chasse ; puis nous voyons voler entre ses pattes une mangouste qui en réchappe par miracle. Le spectacle est hallucinant ; on aurait dit un chat avec une souris. Finalement, les trois félins se retrouvent à l’ombre pour un bon repos. Dans les jumelles, nous distinguons des colliers à leur cou. Nous avons sous les yeux tous les lions du parc de Liuwa Plain, dont la Reine, seule rescapée des lions autochtones (le mâle et l’autre femelle ont été réintroduits).

Nous les laissons enfin tranquilles pour poursuivre. Nous essayons le hors-piste pour tenter de dénicher un guépard pour qui le terrain pourrait être favorable. A défaut, nous approchons un groupe de gnous de relativement près ce qui n’est pas commun. Il y a aussi ces trous d’eau découverts par hasard, au fil de notre avancée, où l’avifaune peut se révéler nombreuse. J’en veux pour preuve les dizaines de marabouts et de pélicans observés à faible distance du camp, sans oublier tous les autres petits qui volètent autour.

L’heure chaude parait encore plus pesante que les précédentes, même l’appétit semblerait éteint. La douche, opérationnelle cette fois, offre un court moment de répit. A 16 heures, nous repartons pour la ballade du soir. Nous commençons par les mares de la fin de matinée. Les mêmes sont toujours présents. Un des marabouts se bat avec une pitance difficile à identifier et surtout à déchiqueter. Il s’agirait peut-être d’un crapaud-buffle. A la suivante, nous sommes intrigués par cinq oiseaux déjà grands mais ne correspondant pas à nos connaissances. Après comparaison, nous comprenons que nous sommes en train d’observer des jabirus immatures qui n’ont pas encore leurs jolies couleurs noire, rouge, blanche et jaune. Après les points d’eau, le hors-piste. Il nous permet d’abord de lever un cob des roseaux bien furtif puis un ourébi qui se laisse rapidement voir. Grâce à ses sorties de pistes, j’ai l’impression que nous parvenons à approcher zèbres et gnous plus facilement sans provoquer de cavalcade à la moindre approche.

Tandis que nous faisons l’inventaire d’une nouvelle mare insoupçonnée, je me rends compte qu’un héron cendré tout proche vient d’attraper quelque chose. Un serpent vient de se transformer en dîner. Une série de coups de bec s’enchainent avant que le héron n’entreprenne de le gober intégralement. Et il ne lui faut que quelques minutes à peine. Peu après, nous apercevons un autre héron occupé à une tâche identique. Nous terminons notre périple au bord puis au centre d’une petite mare asséchée. Le sol est totalement craquelé. Surprise, en bordure, une hyène est en train de dormir. Malgré tout notre bruit la dérange. C’est alors que Fred nous invite à boire. Les bières fraiches sont disponibles. On a vu pire comme bar ! Cette fois, il ne reste plus qu’à rentrer au camp sans voir ni lycaon ni léopard.

Samedi 21 Septembre, Liuwa Plain NP, Katoyana camp

La nuit fut douce pour ne pas dire chaude. Une fois n’est pas coutume ! Même la polaire n’est pas nécessaire ce matin.

Nous partons dans la partie sud du parc que nous avions seulement traversée rapidement sous la chaleur le jour de notre arrivée. Nous retrouvons à peu près nos marques dans le matin calme alors que le soleil est encore masqué par les nuages. Aux abords du village, nous nous y reprenons à trois fois avant de trouver la bonne piste : la première ne correspond à rien dans nos souvenirs, la seconde tombe à l’autre bout du village. Il n’y a d’ailleurs pas âme qui vive. En sortant de celui-ci, nous sommes amusés par le côté cocasse de la situation : sur notre gauche un troupeau de vaches et sur la droite un groupe de gnous. Dans la traversée du bois qui suit, nous ne croisons pas le fameux pêcheur vu à l’aller. Nous continuons ainsi jusqu’au lieu appelé Sausage Tree. Le point d’eau est plus que calme. Seul un milan à bec jaune occupe les lieux, et encore, à distance. L’endroit comme une bonne partie du parc est d’une zénitude rare : le calme et la sérénité.

Tant qu’à être là, Fred veut explorer la plaine suivante, presque intégralement recouverte de graminées dorées. Rien ne montre son museau ou son bec, mais nous finissons par rejoindre la BOMA. Les gardes en poste n’ont pas d’informations sur les guépards et les lycaons. En revanche, ils nous montrent trois buffles qui sont revenus dans la nuit (ils font partie d’une cinquantaine réintroduits il y a plusieurs semaines en provenance du parc de la South Luangwa). Il est temps de remonter vers le nord direction Kings Pool mais par des voies sacrément détournées. Finalement, Fred avait raison d’être sûr de lui. En chemin, nous trouvons enfin un groupe de zèbres qui se laissent un peu approcher… mais pas trop ! Cela finit inévitablement en course entre notre véhicule et eux. Un peu plus loin, nous croisons un autre membre de l’équipe scientifique du fonds de conservation. Apparemment, il a entendu parler de nous. Lui non plus ne sait rien sur les carnivores que nous cherchons. Par contre, il nous explique que cette nuit les lions ont tué une hyène à Mutata.

Le trou de Kings Pool n’est pas perturbé par les pêcheurs ce matin. Sur la berge opposée, ce sont plusieurs dizaines de vanneaux armés qui sont posés. Jamais, je n’en avais vu autant. A l’extrémité opposée, un seul pélican trône, non pas dans l’eau mais sur la butte de terre qui surplombe. Devant nous, deux marabouts commencent à picorer ce qu’ils trouvent au sol. Quelqu’un plaisante alors en disant qu’ils pourraient manger un silure. Et soudain, l’un deux se met à secouer la charogne d’un demi-silure. Toujours aussi empoté pour se nourrir. Il ne sait que secouer ! De temps en temps, ces mouvements désordonnés émettent un fumet fort exquis en notre direction.

En reprenant la piste, nous finissons par trouver un groupe d’ourébis enfin peu farouches. Ils sont trois : deux mâles et une femelle. Ils commencent par ne pas réagir quand on coupe le moteur puis ensuite quand nous les approchons à deux reprises hors-piste. Enfin, nous profitons pleinement de ces adorables petites antilopes, le tout dans une belle lumière. Pendant cet affût, nous suivons aussi une nouvelle sentinelle à gorge rose qui gambade tranquillement dans la verdure au pied du véhicule. Nous retrouvons plus loin nos trois antilopes toujours aussi calmes. C’est décidément le bon jour : même les grues royales restent près de nous, nous laissant admirer toutes leurs parures. Devant tant de générosité, il ne faut pas abuser ; nous rejoignons donc le camp le temps de laisser passer l’heure chaude, certes bien plus douce que les jours précédents.

Avant de repartir, Fred lance un challenge. Nous ne pouvons pas rentrer avant d’avoir vu un nouveau mammifère. Nous craignons alors de rentrer bien tard. Les premières mares voisines accueillent toujours les mêmes résidents avec une particularité : des pélicans qui ont atterri bien loin des points d’eau. Ce soir, un groupe de pêcheurs quittant les lieux avec les nasses sur la tête complète le tableau. Nous partons alors dans une large boucle nord puis ouest sans voir grand-chose, si ce ne sont les divers incendies allumés sur l’horizon. Quelques observations aux jumelles permettent de distinguer de lointains groupes de zèbres ou des mangoustes à pleine vitesse.

Je finis par me demander où nous sommes tout en faisant confiance à Fred de ne faire tout ce hors-piste qu’en connaissance de cause. Effectivement, nous repassons près de l’endroit aux lions puis à l’arrière du camp de Matamanene où je reconnais enfin des pistes connues. C’est tout près du point d’eau de la veille au soir que nous faisons une belle observation : une hyène avec des petits. Ceux-ci ont tôt fait de disparaître dans le terrier tout proche. Nous consacrons alors toutes nos attentions sur l’adulte. Après avoir tenté une approche, nous la soulageons en retournant sur la piste. Elle finit par se relever avant de filer dans le bush sans les petits. Nous la suivons du bout des jumelles au cas où elle reviendrait par derrière. Ce n’est pas elle mais une autre qui nous contourne avant de rejoindre le terrier. Pendant ce temps-là, nous prenons notre apéro (bière et saucisse sèche sud-af) sur la piste dans ce cadre idyllique : le chic du chic ! A la fois les feux et les hyènes nous tiennent en éveil. C’est sûr désormais que le challenge ne pourra pas être relevé. Mais voilà qui ne nous empêchera pas de dormir. Les quatre gouttes tombées juste avant de dormir semblent n’avoir inquiété que moi.

Dimanche 22 Septembre, Liuwa Plain NP, Katoyana camp

Jour de démontage, donc lever tardif. Malgré un petit-déjeuner fixé à 6 heures, tout le monde s’ébroue à partir de 5 heures. Enfin bon, passons ; je suis mon rythme tranquille. Une fois tout le campement démonté et rembarqué, nous retournons au terrier de la hyène d’hier soir. Impossible de revoir les petits mais une hyène adulte est bien là, totalement avachie. Rarement, elle lève la tête ou encore moins, le buste. Nous n’insistons pas plus et lui disons adieu. Nous continuons ainsi vers le sud jusqu’à la bifurcation vers le camp de Matamanene. Ce matin, Fred décide de le contourner par le nord pour éviter la piste normale, très sablonneuse, surtout pour nos véhicules chargés. Nous longeons ensuite la piste d’aviation avant de retrouver les fameux points d’eau qui nous avaient déjà impressionnés la première fois. Le premier est un peu calme. Il faut dire que jusque là, nous avions eu un festival de grues le long de la piste, y compris un couple de caronculées avec un jeune. Le second point d’eau mérite une halte. Trois pélicans y sont encore en train de dormir. Ce n’est pas le cas des spatules et des avocettes élégantes qui sont hyperactives. Toutes nous montrent plus souvent leur popotin que leur tête, occupées qu’elles sont à fouiller le fond en quête de nourriture. Quant à eux, les canards à bec rouge sont plus calmes. Sans parler des deux échasses qui sont bien tranquilles à l’opposé de toute cette agitation. Nous abandonnons tous ces beaux volatiles pour nous diriger vers Palm Tree. Au-delà commence l’inconnu.

Une unique piste est à peu près tracée. Nous la suivons jusqu’à l’entrée d’un premier village où Fred prend des renseignements pour rejoindre le marais de Chibote situé en bordure de la rivière, juste à l’extérieur du parc. Ce sont finalement deux jeunes autochtones qui montent sur son toit pour nous guider pendant une grosse demi-heure. En récompense, Fred leur fait cadeau d’un ballon de foot. Désormais, nous pouvons être autonomes. Nous apercevons les papyrus au loin. Malheureusement, après plusieurs tentatives, l’option tombe à l’eau. Le sol est beaucoup trop imbibé pour avancer sans risque d’enlisement. Aucun accès ne se présente. Nous abandonnons donc l’idée d’explorer le coin et d’y bivouaquer. Nous revenons sur nos pas pour retrouver la piste « principale » longeant la rivière à bonne distance entre les différents villages. Nos passages font sensation :il ne doit pas y avoir beaucoup de traversées de véhicules dans ce coin reculé de Zambie.

Fred choisit de faire le pique-nique en bordure d’un de ces villages. Si l’attroupement était prévu, la présence de deux femmes dérangées l’était moins. Elles réussissent à pourrir l’ambiance, subissant même la raillerie des autres villageois. Du coup, nous écourtons notre pause, saoulés par l’ambiance. Nous prenons le dessert et le café quelques kilomètres plus loin au bord de la piste. Au fil de la progression, nous découvrons les indices du plan que nous avions manqués à l’aller.

En début d’après-midi, nous débouchons à Kalabo. Un petit détail dérange : le ponton semble à l’arrêt, qui plus est sur la berge opposée. Nous essayons d’en savoir plus sans succès jusqu’à ce qu’un jeune ivrogne traverse en pirogue et ramène le ponton de notre côté. Fred négocie avec les plus sérieux des jeunes gens pour traverser, un véhicule à la fois. Du coup Fred se cogne trois traversées à bout de bras. Nous montons avec Inno sur la dernière traversée. Pendant les premières minutes, nous avons l’impression que nous n’allons jamais nous décoller de la berge. Finalement, tant bien que mal, les deux véhicules rejoignent la terre ferme côté ville. Le temps de regonfler les pneus pour la route et nous repartons.

Nous retrouvons ce démentiel chantier toujours aussi destructif et presque plus actif en ce dimanche après-midi. Nous avançons bien plus vite que nous le pensions sauf que nous débouchons au pied du nouveau pont en construction. Un bout de hors-piste est nécessaire pour retrouver l’ancienne piste. Moins de cinq cent mètres plus au nord, nous rejoignons le bac du Zambèze. Nous embarquons illico. Qui aurait pu penser que nous aurions traversé la rivière et le fleuve ce soir ? A bord, nous rencontrons un québécois missionnaire père blanc, ravi de pouvoir parler français quelques instants. A la sortie du bac, Fred choisit de ne pas aller plus loin et de dénicher un coin pour bivouaquer près du Zambèze. Après quelques errements et le passage d’un troupeau de vaches, nous finissons par nous installer pour la nuit à quelques dizaines de mètres du fleuve sans néanmoins pouvoir l’approcher du fait d’une portion plus que marécageuse devant nous. Une fois encore nous assistions au passage des cigognes à bec ouvert au-dessus du fleuve. Les nuits sur une rive, les journées sur l’autre. Matin et soir, le ballet aérien offre un vrai spectacle. Quel contraste durant la nuit avec un quasi silence comparé à toutes les activités diurnes. Même les chinois semblent avoir ralenti leur chantier pour la nuit.

Lundi 23 Septembre, Zambezi River, bush camp

Les horaires sont presque respectés ce matin, nous progressons ! Quelques-uns répondent positivement à la proposition de Fred d’aller marcher. Une fois n’est pas coutume, je m’abstiens ; je ne sens pas trop le terrain et je suis vite conforté en les voyant patauger. La ligne droite n’est pas ton amie dans ce coin. Nous retrouvons rapidement la proximité du chantier quoi que, sur la seconde partie, Fred a visiblement trouvé une piste légèrement plus éloignée et donc un peu plus agréable. Il nous faut tout de même une heure et demie pour parcourir les vingt cinq kilomètres qui nous séparent de Mongu, la capitale de l’ouest. Direction la station service pour refaire les pleins de carburant et dépoussiérer les véhicules.

Après cette bonne pause, nous reprenons la route de Lusaka. Deux longues heures que nous mettons à profit avec Robert pour dormir (la chaleur aidant). D’autant plus que l’axe ne présente pas grand intérêt. Vers midi, nous nous enfonçons sur une piste qui nous mène jusqu’à une prairie où paissent des vaches. Nous demandons au gardien du troupeau l’autorisation de pique-niquer à l’ombre. Ils seront finalement trois à partager notre repas. Cela a dû être Byzance pour eux. A notre arrivée, l’un d’eux était en train de tresser une corde à base d’écorce avec un certain talent. Robert s’y est essayé sans grande réussite.

Nous repartons ensuite sur la même route pour rejoindre le parc de la Kafue. Juste après la barrière, nous faisons une halte : c’est le seul endroit où il y a des mini-bananes aujourd’hui. Puis nous passons voir les filles qui vendent les boissons, l’occasion d’un échange sympathique. Un petit bambin passe sous la table et vient directement me voir et me prendre la main. Rien pour les autres ! J’ai dû lui faire de l’effet ! Robert, encore lui, en profite pour se faire remarquer en défendant l’étal des bananes contre un raid des babouins. Les jeunes vendeurs semblaient bien peu concernés.

Le long de la route, nous retrouvons les habituels résidents de la Kafue, version « bord de nationale » que sont les pukus, phacochères dont pas mal de petits et les impalas. Nous distinguons aussi quelques femelles kudus et divers petits groupes farouches de cobs Defassa. Fugitivement, nous devinons un céphalophe, toujours aussi farouche cette petite antilope. Au loin, nous observons aussi une grosse mangouste traverser deux fois la piste. Fred suppose qu’il s’agit encore d’une mangouste d’Egypte qui doit bien faire plus d’un mètre de long avec la queue.

Vers 16 heures, il est temps d’identifier un coin pour bivouaquer. Si la première piste débouche sur un village de pêcheurs un peu glauque, la seconde se révèle meilleure : quasi inutilisée, clairière assez grande et propre, sans trop de bosses. Ce sera le théâtre de notre dernier bivouac sauvage de l’expédition. Le repas est succulent :Inno et Fred se sont surpassés une fois encore. Et l’Amarula se sirote tranquillement autour du feu sous un splendide ciel étoilé. La Voie Lactée est particulièrement marquée ce soir, et très allongée sur la voûte céleste. Le silence ne dure pas : le souffle suivi de cris proches d’une hyène nous met en alerte. Avec les torches, nous devinons sa position, ce faisant Fred devine aussi un galago dans un arbre un peu éloigné. C’est alors que commence une cavalcade dans le sous-bois pour essayer d’apercevoir ce petit animal furtif et peureux. Nous ne ferons que le deviner fugacement. Par contre, les hyènes ont bien reculé avec tout le bruit que nous avons fait ! Elles vont continuer à se faire entendre pendant la nuit mais de manière plus lointaine.

Mardi 24 Septembre, Kafue NP, bush camp

Voilà le dernier pliage de tente venu. Nous réussissons même à nous lever avant Fred et Inno. J’ai apprécié la double épaisseur de matelas sur ce champ de bosses. Il ne reste qu’à parcourir quelques deux cent trente kilomètres d’une route quasi rectiligne. Quelques minutes après le départ, nous apercevons une famille de bubales de Lichtenstein en contrebas et miraculeusement proches de la route. C’est le branle-bas de combat pour récupérer l’appareil adapté avec le bon objectif : personne n’avait vraiment prévu de faire des photos ce matin. Par chance pour nous, ils sont très patients. Nous assistons même à plusieurs tétées. Du coup, nous gardons les appareils photo à portée de main, au moins jusqu’à la barrière mais ils ne resserviront plus. Cette longue route, soleil de face, est usante. Je pique du nez à plusieurs reprises. Nous faisons une petite pause, une grosse heure avant la capitale histoire de nous réveiller un peu.

Sinon, l’entrée ouest de Lusaka ressemble légèrement moins à l’enfer qu’à l’aller mais pas loin tout de même. Ce quartier de Soweto grouille toujours autant. La circulation y est toujours aussi ubuesque et chaotique. Difficile de se suivre de près. Dès que nous pouvons, nous bifurquons vers le nord espérant récupérer au plus vite la route de l’est. Sans trop de difficultés, nous finissons par retrouver des axes connus et un peu plus roulants. Cela nous ramène deux ans en arrière ! Comme prévu, nous faisons une halte au complexe commercial des Arcades. Pendant que Fred et Inno procèdent aux dernières courses pour ce soir et demain matin, nous visitons les quelques boutiques. Surprise pour certains, confirmation pour d’autres, Fred nous invite au restaurant Ocean Basket : leurs assiettes de poissons et fruits de mer sont toujours aussi succulentes. Deux ans après, les saveurs sont toujours au rendez-vous.

La panse bien pleine, nous reprenons la route pour quelques dizaines de minutes, histoire de rejoindre notre camp de base, le Pioneer Camp. Les douches sont plus que bienvenues pour se débarrasser de toute cette poussière qui nous colle à la peau depuis des jours. L’autre corvée concerne le sac : il faut y remettre un peu d’ordre. Après tout cela, repos sur la terrasse du cottage. Notre dernier repas est l’occasion de déguster pour la cinquième fois de l’expédition un filet de bœuf, un record absolu en la matière. C’est l’occasion aussi de partager nos impressions avec Fred, d’essayer d’identifier nos coups de cœur. Derniers instants d’une reconnaissance qui nous aura vus parcourir pas loin de trois mille cinq cent kilomètres.

Mercredi 25 Septembre, Lusaka, Pioneer Camp

C’est tout de même agréable de dormir dans un lit même s’il n’est pas très grand. Les sorties nocturnes sont moins fraîches aussi. Ce matin, le petit-déjeuner gargantuesque est ouvert longuement ; chacun y vient à sa guise quand il est réveillé. Nous prenons notre temps progressivement réchauffés par le soleil qui émerge face à la terrasse. Nous retrouvons les chauves-souris d’hier soir toujours nichées sous le toit, de retour après leur nuit d’activité. Petit à petit, elles se drapent de leurs ailes pour dormir à l’abri de la lumière.

Vers onze heures, nous dressons la table à nouveau, cette fois pour un brunch avant un long voyage. Fred a prévu large comme à son habitude. Le ventre plein et les sacs, chargés une dernière fois sur le toit d’Inno, nous quittons le Pioneer Camp (peut-être pour la dernière fois), direction l’aéroport. Il fait déjà bien chaud sur le parking et guère moins dans le hall qui n’est pas vraiment climatisé. Nous patientons un peu, histoire d’attendre l’heure. Jusqu’à ce que Fred aille se renseigner au contrôle de sécurité pour savoir si nous pouvons nous avancer. L’agent lui indique qu’il doit aller au bureau de la compagnie. Une demi-heure plus tard, la mine déconfite, Fred en ressort en nous expliquant que le vol est annulé quoi qu’en dise le grand panneau d’affichage. Il semblerait qu’après le décollage d’Addis Abeba, l’avion ait fait demi-tour suite à un problème technique. Fred y retourne immédiatement pour essayer de s’occuper de nous. Cela dure bien une heure trente dans le chaos total ; les agents de la compagnie sont totalement dépassés. Impossible d’obtenir les nouveaux billets pour le lendemain. Tout juste récupérons-nous les vouchers pour l’hôtel où on nous conduit.

Retour en ville dans l’après-midi pour un hôtel heureusement haut de gamme. Mais pas grand-chose à faire en plein quartier d’affaires de Lusaka. L’absence de toute explication et des informations contradictoires me conduisent à palabrer avec le responsable des serveurs : à la fin, tout s’aplanit et nous sommes « potes ». C’est aussi ça l’Afrique ! En remontant dans nos chambres après le dîner, nous découvrons que notre vol a été avancé et que nous devons quitter l’hôtel dès sept heures donc sans petit-déjeuner.

Le lendemain matin, c’est avec le directeur de l’établissement que je taille une bavette en attendant que les autres descendent dans le hall. En moins de trente minutes, nous sommes de retour à l’aéroport. Je file directement au bureau pour obtenir nos billets. C’est alors que le chef d’escale explique que le vol est bien prévu à 13h15. Certains passagers le prennent mal et le ton monte. J’essaie tant bien que mal de calmer tout le monde sinon jamais les billets ne seront édités. Je passe finalement deux heures dans ce bureau surchauffé avant d’obtenir satisfaction. Heureusement que l’employée est efficace contrairement à son responsable. Nous filons directement à l’enregistrement qui se passe bien. Enfin ! Un passage éclair par le contrôle d’immigration et nous sommes enfin dans la salle d’embarquement. En deux ans, elle n’a pas changé : toujours aussi peu de boutiques et de choix. Le tour est vite fait, de même que les achats. Aucun risque de se ruiner ici. Après un dernier coup de chaud dans le couloir d’embarquement couvert de tôles chauffées à blanc par le soleil, nous finissons par monter à bord. Ca y est, nous partons enfin vers Harare puis Addis. Le sketch continue lorsqu’en descendant de l’avion, il n’y a ni bus ni le moindre personnel de la compagnie. Nous aurions pu aller n’importe où sur le tarmac de la capitale éthiopienne. Décidément, Ethiopian Airlines est fâchée avec les procédures de sécurité. La même sécurité totalement délirante dans l’aérogare : seules comptent les chaussures, pas de vérification des cartes d’embarquement, et peu importe que le portique sonne à chaque passager ! Dernier acte comique lors de l’embarquement : les passagers commencent à être appelés par ordre de priorité avant que les agents s’éclipsent, provoquant ainsi une cohue indescriptible pour embarquer dans ce Boeing B767 qui semble bien désuet.

Heureusement, il nous mène à bon port. Vers 6h30, nous nous posons enfin sur le sol français avec vingt quatre heures de retard. Il ne reste qu’à affronter le RER en pleine heure de pointe …

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