Avec une lanterne, il ferait un parfait phare
Depuis un jour funeste de septembre 2001, l’Empire State Building a récupéré son titre de point culminant de la Grosse Pomme. Avec ce titre, le bâtiment a récupéré le flot ininterrompu des touristes qui veulent découvrir New-York d’en haut. Il faut dire qu’avec un peu plus de 443 mètres à la pointe de l’antenne, il offre un sacré point de vue à 360°, autant sur l’île de Manhattan que sur les environs.
Evidemment, pour ma première visite à New-York en ce mois de mai 2011 (quelques temps après une fameuse affaire dans une chambre d'hôtel Sofitel), il faisait partie de ma liste d’incontournables. En descendant la 5ème avenue depuis Central Park, il apparait timidement tant les gratte-ciel sont nombreux dans le quartier. Mais dès que son antenne est en vue, il s’impose et en impose à chaque pas au point de devenir écrasant lorsqu’on s’apprête à y pénétrer. Mon guide précisait qu’il ne fallait visiter que si la visibilité est au moins de 5 ou 6 miles. Y a plus qu’à trouver l’indication. En arrivant il faisait beau, c’était encourageant.
La base de l’édifice est carrément massive. Rien de surprenant à cela vu l’architecture choisie. Au fil des étages, il s’effile pour devenir de plus en plus élégant et élancé. De manière étrange, je n’aperçois aucune file d’attente sur le trottoir. C’est pourtant le sport local. Je pénètre ainsi tranquillement dans le hall typique de l’époque Art Déco. Visiblement on voulait impressionner dès l’entrée : murs couverts de marbre tandis que le mur opposé est recouvert d’une représentation en relief du building en feuille d’acier et or. Seule manque l’antenne dans cette œuvre. De sa pointe, il semble illuminer les alentours tel un phare. Un seul escalator sur la droite est autorisé aux touristes. Il conduit directement au premier niveau dans une salle d’attente de taille raisonnable mais exploitée au maximum pour entasser un maximum de personnes. La file semble ne jamais se réduire. Ce n’est pas la petite plaquette d'accueil qui occupe bien longtemps. Ni même le panneau indiquant toutes les options tarifaires. Il y a bien quelques bornes automatiques qui permettent d’éviter d’attendre mais à condition d’accepter un tarif encore plus élevé. Alors on prend son mal en patience. un livre de poche peut se révéler utile.
Il faut compter au moins une heure pour sortir de la pièce, mais pas encore pour la fin de l’attente. Le large couloir qui suit sert au contrôle de sécurité, exactement le même que pour les aéroports. Vient ensuite une nouvelle file d’attente un peu plus courte. Cette fois, on approche des guichets. C’est là que je découvre le fameux panneau indiquant la visibilité au sommet. Riche idée que de l’avoir placé ici. Impossible de faire marche arrière après tant d’attente, surtout qu’un tel temps perdu à faire la queue laisse largement la possibilité à la météo de changer. Deux options s’offrent aux visiteurs, la classique à destination de l’observatoire du 86ème étage (tout de même à 320 mètres) ou la bien plus onéreuse à l’observatoire du 102ème étage (soixante mètres plus haut). Comme la grande majorité, je me contenterai de la première. Ces longues attentes s’expliquent quand on apprend que ce sont presque quatre millions de visiteurs qui montent chaque année au somment de ce bâtiment mythique.
Avoir le sésame en poche ne garantit pas la fin de l’attente. Il y a des queues un peu partout. C’est tout de même lassant mais il n’y a pas d’alternative. Un premier ascenseur permet de monter jusqu’au 80ème étage d’une seule traite. Je craignais un peu les sensations d’accélération ; il n’en est rien. Par contre, les étages défilent 10 par 10 sur l’écran. Surprenant ! Arrivé à destination, il faut encore patienter pour prendre un second ascenseur implanté plus au cœur de l’édifice. Celui-ci mène jusqu’à destination.
Il ne reste plus qu’à sortir. En effet, l’observatoire du 86ème étage est constitué d’une coursive extérieure qui ceint le bâtiment. Ainsi, on peut apercevoir tout New-York. La distance de visibilité dépend ensuite de la météo. Même la statue de la Liberté, pourtant pas si éloignée, peut se retrouver dans la brume. Par contre on distingue parfaitement l’immensité verte de Central Park, les divers quartiers, plus ou moins hauts, l’enfilade de ponts sur l’East River, et j’en oublie. Bien heureusement, les grooms sont là juste pour surveiller. Vous pouvez prendre tout votre temps au sommet. C’est bien la moindre des choses quand on a patienté entre deux et trois heures.
Le petit jeu consiste à reconnaitre tout ce qui nous entoure. Certains sont connus tels la tour Chrysler ou le Madison Square Garden. D’autre beaucoup moins tel le grand magasin Macy’s presque au pied du géant. Certains immeubles ont carrément inscrit l’adresse sur le toit. On peut embrasser toute l’ampleur de la métropole. Manhattan n’est qu’un petit bout effilé. A l’ouest s’étend le New-Jersey, plus raisonnable avec la hauteur de ses bâtiments, à l’est le dense Brooklyn, au nord Harlem et le Queens un peu moins visibles. Tout au sud les différentes îles que le manque de visibilité cache un peu. Néanmoins, là encore, on se rend compte qu’il n’y a pas que Liberty et Ellis Islands.
Si vos téléobjectifs ne suffisent pas pour allonger votre regard, des jumelles payantes sont installées sur les quatre faces de l’édifice. Jetez-y un œil : quand on les tourne vers soi, on dirait presque un visage ! On ne se lasse pas de tourner encore et encore alors que le panorama ne change pas. On remarque à chaque fois un détail qu’on avait manqué au précédent passage. Pourtant, les bonnes choses ont une fin et il faut bien redescendre.
Miraculeusement, il n’y a quasiment pas d’attente pour faire le chemin inverse. Peut être qu’il y a des quotas, tous utilisés à la montée ! Sachez que la visite est aussi possible de nuit ce qui doit très certainement apporter une ambiance toute particulière pour un spectacle illuminé. Inutile non plus de chercher King Kong, il n’a pas pu rester perché au sommet.