Carnet de traversée du Kalahari (3)
Dimanche 30 mars 2008, camp de Xade 2
Le réveil est frais ce matin. La nature nous gratifie d’un superbe ciel avant même que le soleil n’ait pointé le bout de ses rayons. Comme c’est devenu une habitude, nous prenons de l’avance en partant à pied sur la piste. Ce matin, nous sommes assaillis par de petites mouches jusqu’à être montés dans les véhicules. Nous reprenons la piste d’hier pour repasser au camp principal de Xade où, une dernière fois, les niveaux d’eau sont refaits. Les renseignements fournis à l’entrée sont quasi inexistants. De même que le panneau indiquant la suite du périple. Par élimination, nous choisissons la bonne. Mystérieusement, le temps se couvre. D’énormes nuages blancs nous surplombent.
Encore et toujours, la végétation change de kilomètres en kilomètres. Néanmoins, nous avons l’impression que la végétation « s’aplatit » un peu. Moins d’arbres mais toujours les bosquets d’épineux. Pendant les premières heures, nous n’apercevons que des oiseaux, le premier de nombreux autours chanteurs, un circaète Jean Leblanc, noir et blanc, qui paraît bien gros même si loin, et bien évidemment les inévitables outardes à ventre noir. De temps en temps, nous traversons une prairie de graminées ; d’autres fois un pan non répertorié. A chaque fois, nous y apercevons un oryx ou quelques autruches. Plus tard, un serpentaire dépasse largement des graminées tant il est grand. Les rares panneaux servent de perchoir aux autours chanteurs. Nous arrivons même à voir travailler tout une famille d’écureuils terrestres. Sous les yeux de deux ou trois guetteurs, le reste du groupe s’occupe de gratter. Mais au moindre bruit, tout le monde rejoint les tunnels. Puis les museaux réapparaissent et le travail reprend. Depuis quelques kilomètres aussi sont apparus des termitières dans le paysage. Ces colonnes blanchâtres sont immanquables.
Le paysage me fait penser à un cordon de dunes, deux collines encadrant comme une prairie. Au sommet de la dernière, nous apercevons un vaste pan aux teintes dorées. On pourrait croire à un champ de blé mur. Simplement à l’œil nu, Piper’s pan semble être richement occupé. Les premières impressions se confirment avec les jumelles. Un troupeau d’au moins soixante-dix oryx se repose tranquillement au fond du pan. Un gnou solitaire traîne ici aussi. Un peu plus loin sur la gauche, un groupe de quatre autruches prend du recul. L’autre partie du pan semble déserte pour l’instant.
Nous rejoignons le site du camp pour planter les tentes avant le repas. Manque de chance, CKP2 est squatté par deux couples de sud-africains. Pour leur laisser le temps de libérer les lieux, nous nous engageons sur le bord du pan. A nouveau des autours perchés sur les panneaux, puis deux sur le même. Juste un peu plus loin, des écureuils ont ravagé la piste. D’énormes trous la percent. Un springbok solitaire se tient bien au milieu du pan pour voir venir de loin les agressions éventuelles.
Sur ce, nous retournons au campement enfin libéré. Pour la première fois, le vent souffle. Du coup, il faut se mettre à plusieurs pour fixer les tentes en utilisant les grosses sardines. Après le repas commence une nouvelle partie de tarot qui progresse en cherchant l’ombre. Il faut dire que l’endroit est cuisant lorsqu’on se retrouve en plein soleil. Les quelques souffles de vent font du bien.
A 16 heures, nous rembarquons dans les 4*4, voir sur, pour certains d’entre nous, en direction du pan que nous cherchons à contourner. Springboks, oryx et autruches du matin sont fidèles au poste. Derrière nous détale une femelle steenbok qui a tôt fait de disparaître, ne laissant apparaître qu’épisodiquement sa petite tête avant la disparition complète. En nous avançant un peu plus, nous débouchons sur un autre pan presque aussi vaste. Là encore il y a foule ! Troupeau d’oryx, troupeaux de springboks, un gnou solitaire et affolé, un bubale solitaire en bordure et tout au fond, nous croyons distinguer une dizaine de koudous. En scrutant la surface du pan avec les jumelles, nous nous rendons compte que cela grouille de vie. De nombreux oiseaux semblent y nicher, dont des outardes à ventre noir et des vanneaux couronnés tout aussi bruyants. Deux chacals rôdent aussi. Nous tentons de faire le tour de cette « zone vivante ». d’abord agressés par des escadrons de moustiques, nous finissons par nous rendre compte que la piste est de plus en plus grasse, à la limite de nous enliser. Les deux véhicules namibiens qui venaient de nous dépasser se « tankent » quelques centaines de mètres plus loin. Ils semblent bien partis pour y rester la nuit.
Ayant réussi à échapper à cette zone quasi marécageuse, nous tentons le contournement dans l’autre sens. Les troupeaux de springboks se laissent approcher de près. Non loin, Christine déniche une tortue-léopard d’un beau gabarit. Elle semble tout de même inquiète de notre présence. Mais toujours pas de prédateur à l’horizon ; le garde-manger est pourtant bien fourni. Demi-tour pour retourner vers le point d’eau disposé non loin de la piste principale. Point de vie aux abords directs. Mais tout autour, le pan. Des vanneaux en pleine forme. Toujours des oryx et des autruches à l’horizon. L’endroit idéal pour attendre le coucher du soleil et les superbes effets de lumière sur ce ciel légèrement ennuagé. A 360° nous sommes cernés par ce magnifique paysage du pan qui dore dans le soleil déclinant. Un vrai régal.
Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Christian, en voulant s’approcher du point d’eau pour faire un cliché, tombe presque nez à nez avec un cobra du Cap tout jaune. Bien heureusement, celui-ci repart en sens opposé. Nous avons juste le temps de l’apercevoir avant qu’il ne se dissimule, peut être sous l’arbre. Il est temps de rentrer au campement. Nous y sommes attendus d’abord par des moustiques (qui semblent se calmer avec la nuit) puis des mantes religieuses qui foncent sur nous pendant que nous mangeons. Heureusement que les coccinelles sont quasi absentes. Autant dire que le repas est folklorique pour déguster la spécialité zimbabwéenne préparée par Dout et Inno, la salza (une farine de maïs genre polenta, servie avec une sauce aux légumes et à la saucisse). Slurp !! Et pendant que nous mangeons, voilà que retentit à plusieurs reprises le rugissement d’un lion dans la nuit (il serait à quelques kilomètres mais cela reste toujours aussi impressionnant). Si cela pouvait être de bonne augure pour demain. En attendant, nous nous délectons avec plaisir d’un ciel étoilé, magique. Il y a tant d’étoiles que nous peinons à distinguer les constellations, hormis la Croix du Sud ou Orion.
Lundi 31 mars, camp de Piper’s pan
Plusieurs fois dans la nuit, nous avons entendu à nouveau rugir un lion au loin. Ce matin, nous avons donc l’espoir de le trouver près du camp. Pendant le petit déjeuner, un lièvre sauteur s’approche dans le camp sans la moindre peur. Apparemment elle cherchait son lapereau. Le campement est rangé de plus en plus vite. Inno part en éclaireur vers le point d’eau qui se révèle désert. Nous partons, nous, directement vers le pan. Très rapidement, un chacal semble vouloir nous servir de G.O. Il parade à quelques mètres du véhicule, avance sur la piste puis revient vers nous. Et le manège dure un bon moment en progressant vers le pan. Puis il nous abandonne. Mais nous en retrouvons deux autres bien moins actifs.
Pas de trace de prédateur malgré de nombreux yeux attentifs. En revanche, les oryx sont présents par dizaines. Cette quantité est réellement impressionnante. Toujours des autruches, des vanneaux couronnés réveillés très tôt et les premières outardes. Nous finissons même par dénicher un petit troupeau de gnous. Ils ne sont donc pas que solitaires dans le Central Kalahari. En revanche, les springboks se font plus rares. Ce n’est pas le cas des moustiques.
Après plus d’une heure de traque, nous quittons les lieux pour reprendre la piste vers le nord. Nous progressons tranquillement sur une piste bordée de graminées et de bosquets. Quelques minutes après avoir fait une pause au milieu de la piste, nous apercevons une tête léonine à quelques mètres du véhicule, puis deux autres couchés sous le bosquet voisin. Nous avons sous les yeux trois jeunes mâles, un avec un début de crinière, les autres non. Malgré leur jeune âge, entre 20 et 26 mois, leurs carrures impressionnent tant ils sont massifs et à la fois peu craintifs. Ils reculent juste vers le bosquet suivant. Nous reculons d’une centaine de mètres pour pouvoir monter en sécurité sur les toits. Le spectacle est magnifique de voir ces colosses tout proches, les têtes dépassant des graminées. De temps en temps, un museau se lève pour humer l’air et vérifier où sont les gêneurs. Le bruit des deux autres véhicules les font reculer à nouveau : quelle sensation de puissance ressort ! Fred sort carrément de la piste pour les approcher à nouveau. Ils se sont tous réfugiés au cœur d’un gros bosquet. On les croirait dans leur citadelle ; ils n’en bougent pas. Nous les laissons donc tranquilles et reprenons notre chemin.
Sur un pan non répertorié, nous retrouvons encore et toujours un troupeau d’oryx et quelques gnous. Deux chacals sont là de l’autre côté de la piste. Nous finissons par trouver la bifurcation vers le pan de Phokoje. Les bosquets fleuris de blanc sont de plus en plus nombreux tandis que la végétation semble globalement plus sèche. Les arbres se font rares : l’ombre va être chère, et ce, malgré ce petit vent.
Nous laissons vite tomber la première piste choisie tant elle est boueuse. Inutile de retenter l’expérience de Piper’s Pan. Nouveaux oryx, nouvelles autruches et nouveaux springboks, cette fois bien nombreux. Nous apercevons aussi quelques gnous en passant. Plus loin c’est une famille d’oryx avec un petit de quelques mois à peine. Il a déjà un début de masque et des petites cornes mais pas encore sa magnifique livrée d’adulte.
Sur un nouveau pan, nous retrouvons les mêmes espèces. Branché sur la droite, un aigle de Wahlberg nous laisse juste le temps de l’identifier avant de s’envoler. Finalement, nous rejoignons le campement de Phokoje, plus petit que les autres et paillé aussi. Le gros acacia en son centre est le bienvenu, tant pour le repas que pour le tripot et autres activités des heures chaudes. Il faut manier avec art le déplacement des tables a fil des heures. A 16h30, comme nous en avons pris l’habitude, nous remontons à bord des véhicules pour aller faire un tour avant la nuit. Nous partons vers l’ouest en direction de Tau pan, sur une piste que nous ne reprendrons pas demain. Un pan succède à un pan, toujours occupé par les oryx quelle que soit l’heure de la journée. Quelques chacals traînent ici et là. Cela bouge dans la végétation cette fois quasi rase. Nous nous rendons compte u’il s’agit d’écureuils en train de se délecter de fleurs. Mais derrière eux apparaît un suricate qui malheureusement va définitivement disparaître quand nous approchons. Oryx, toujours oryx.
Puis la piste se rétrécit, ou plutôt les bordures végétales s’épaississent et grandissent, principalement des graminées. Nous avons l’impression de fendre une prairie ! Un peu plus loin, on se croirait dans un jardin, entourés que nous sommes par de très nombreuses fleurs violettes. Puis nous repassons au thème de la prairie. Avec ce soleil qui commence à décliner et ce petit vent qui agite les panaches des graminées, le spectacle est superbe.
Vu l’heure, c’est là que nous faisons demi-tour. Nous retrouvons bientôt les oryx qui, cette fois, font preuve de leurs capacités à la course en détalant à travers le pan. Leurs accélérations sont stupéfiantes. En plus d’être beaux, ces animaux font preuve de leur puissance et de leur vivacité, ainsi que de leur endurance. Leurs livrées sont superbes dans cet éclairage rasant de fin de journée.
Sur la piste, une autre course s’engage entre le Toyota de tête et un courvite à double-bande qui semble persuadé de pouvoir rester à courir devant les roues. Régulièrement, il décolle pour prendre de l’avance et se reposer plus loin sur la piste. Le spectacle est comique entre ce petit oiseau tout fluet et le gros Toy’ blanc. Finalement, c’est l’oiseau qui finit par jeter l’éponge pour aller se reposer.
Sur le bord de la piste apparaissent de nouveaux chacals eux aussi parfaitement mis en valeur par la lumière du moment. Nous nous postons non loin pour attendre le coucher de soleil. Mais l’absence totale de nuages le laisse totalement quelconque. Le cadre en revanche est une nouvelle fois remarquable avec le pan à 360° autour de nous.
Retour au bercail pour prendre l’apéro puis le repas. Longtemps nous pensons être épargnés par les insectes de tous poils qui veulent absolument partager nos repas depuis quelques jours. Fausse joie, l’attaque finit par venir : coccinelles et mantes religieuses (seuls les moustiques semblent être de repos). Deux solutions : manger vite et à l’abri ou bien éteindre les bougies et manger dans le noir, simplement éclairés par les étoiles. Nous commençons à nous y habituer. Cela reste néanmoins impressionnant.
Fin de journée classique autour du feu pour siroter un café sous un ciel nocturne toujours aussi magnifique. Voici une bien belle manière de finir une journée riche en expériences.
Mardi 1 avril, camp de Phokoje
Au plus ça va et au plus nous sommes levés tôt. Alors que nous sommes sensés petit-déjeuner à 6h, le campement est presque totalement plié à 6h30. Nous consacrons les premières heures de la matinée à longer les pans de Phokoje. La faune s’éveille à peine. Les outardes à ventre noir doivent leur servir de réveil matin. Les oryx aussi sont encore là, fidèles au poste.
Au dessus des graminées apparaît un cou sombre quasi immobile. Il s’agit d’un héron mélanocéphale qui ne va pas bouger tout le temps de notre observation. Un peu plus loin, les jumelles sont indispensables pour identifier le circaète cendré branché sur un arbre de l’autre côté de la plaine. Quelques chacals pointent leur museau ici et là. Les moustiques aussi sont de retour.
Fred aperçoit des traces de lion mais la quête est vite stoppée à la fois par la piste boueuse et des moustiques particulièrement voraces. Nous continuons donc vers la piste principale. Régulièrement, nous longeons ou traversons d’autres pans, soit déserts, du moins en apparence, soit abritant des oryx. De nouveau Fred voit des traces fraîches de lions sur la piste. Malheureusement, la piste se perd dans le bush ; impossible de les localiser cette fois. Nous traversons aussi des prairies fleuries, cette fois de jaune, des fleurs ressemblant un peu à nos pissenlits.
C’est ainsi que nous débouchons dans la vallée de Letiahau, prémices de la Deception Valley, ancien lit d’une rivière désormais fossile, long enchaînement d’espaces ouverts. De beaux bosquets d’arbres sont piqués ici et là. Les fleurs jaunes apportent une touche de couleur qui sert aussi d’écrin à un oryx couché au milieu tandis que ses congénères paissent tranquillement au loin. Quelques autruches flânent à distance. Un autour chanteur refait son apparition. Toujours des chacals évidemment. Le trou d’eau de Letiahau est bien désert malgré un cadre sympathique sous les arbres. Retour sur nos pas pour aller au camp de Lebolobolo, sept kilomètres avant. Nous voyons Fred filer à bonne vitesse. Nous supposons que cela doit avoir un lien avec le 4*4 belge que nous venons de croiser. Bingo, ils voulaient s’installer là où nous avions réservé. Nous pouvons finalement nous installer sur un camp bien ombragé et vaste, avec vue sur une partie de la vallée. Ainsi se passe l’heure chaude toujours occupés aux mêmes choses, cette fois avec quelques photos de la flore qui nous entoure.
Comme c’est devenu une habitude, à 16h30, nous grimpons qui dans les véhicules, qui sur les véhicules. Finalement, nous retrouvons toujours les mêmes candidats pour aller sur le toit. C’est pourtant une superbe expérience, d’une part pour voir les scènes sous un autre angle, débusquer plus facilement les animaux et surtout ce sentiment de liberté au cœur de cette nature. Le sentiment d’être comme un oiseau.
Nous reprenons donc la piste entamée ce matin. Mais la plaine est très calme cet après-midi. Les oryx restent fidèles au poste. Nous en profitons donc pour immortaliser les paysages : tapis de fleurs jaunes ou encore bouquets d’arbres posés au milieu de la plaine rase. Un gnou perdu change un peu la routine tout comme ces quelques outardes de Kori. Un ou deux springboks traînent aussi. Puis ce sont des bubales qui accompagnent un troupeau d’oryx. Au loin sur une crête, c’est une douzaine de girafes qui apparaissent : leur long cou est immanquable au-dessus de la ligne d’horizon. Un dernier groupe de springboks offre un beau tableau merveilleusement éclairé par cette lumière déclinante. Non loin de là, nous faisons une pause avant de faire demi-tour pour aller nous poster dans l’attente du coucher de soleil.
Alors que nous avons déjà fait plus de cinq cent mètres, Inno nous prévient par radio qu’il vient d’apercevoir un guépard en manœuvrant. En une poignée de secondes, Fred nous ramène sur place. Toutes les jumelles se braquent sur la lisière de la plaine. Malgré les indications d’Inno, nous ne discernons rien. Fred le fait sortir de la piste (chut, faut pas le dire !) pour s’avancer. Le guépard bouge enfin, ainsi que notre véhicule. Nous devinons enfin la bête qui louvoie entre les bosquets. Jamais d’observation franche, juste des passages à découvert. L’instant est superbe : troisième prédateur de l’expédition. Il finit par échapper à nos jumelles.
Nous rejoignons donc la piste pour avancer de quelques centaines de mètres. Nouveau coup d’œil dans les jumelles et j’aperçois notre guépard assis à la lisière face à la plaine, nous regardant tout autant que nous le regardons. L’instant dure de longues minutes, puis il se relève et continue sa progression d’un pas lent jetant de temps en temps un coup d’œil vers nous. C’est énorme : mon premier guépard totalement sauvage. A ce moment-là, alors que nous sommes rivés sur le guépard, retentit dans notre dos le rugissement d’un lion. Cela devient complètement fou. Volte-face sur les toits mais pas de lion en vue. Nous en revenons au guépard qui, tout de même, finit par rentrer dans le bush et nous abandonner définitivement.
Le coucher de soleil passé, et finalement un peu délaissé ce soir vu les évènements, Fred nous emmène à la traque au lion plutôt que de rentrer. Un peu plus d’un kilomètre plus loin, une tête à crinière ressort au-dessus de l’herbe rase derrière un bosquet d’arbre. Fred nous demande alors si nous voulons l’approcher. La réponse ne fait pas de doute. Nous repartons hors piste dans la nuit tombante. Nous approchons jusqu’à une vingtaine de mètres sans qu’il marque le moindre signe d’agacement ni même d’intérêt. Ce jeune mâle d’environ cinq ans est couché dans l’herbe à découvert. A moitié endormi et affairé à sa toilette. Nous avons droit à la totale, tel un chat domestique d’un fort beau gabarit. Il nous gratifie d’un large bâillement. Malgré le peu de lumière, les appareils crépitent. Quelle merveilleuse soirée : deux prédateurs en l’espace d’une dizaine de minutes.
Nous restons sages et retournons sur la piste. Cette fois, nous rentrons plus vite que la limite autorisée. Sur les toits, il faut s’accrocher. Pour autant, le spectacle est intéressant. Les troupeaux d’herbivores se rassemblent au milieu de la plaine ; ils se retrouvent donc très près de la piste. Quelle superbe conclusion à une après-midi qui avait commencé bien tranquillement.
C’est donc à la nuit que nous rejoignons Dout au bivouac. Il nous a concocté un succulent plat de pâtes (nouvelle recette !!), sans parler du dessert à base de mangues, de dattes et de crème. Touche finale : un verre d’Amarula au coin du feu. Une journée qui va rester dans les mémoires : pour nous évidemment, mais aussi et surtout pour Inno qui repérait là son premier guépard. Waouw, quel pied !!