L'autre église du Pape

Publié le par Jérôme Voyageur

L'autre église du Pape

Rome, 3 Novembre 2007

 

Le Latran outre d'être un quartier dans le sud est de Rome est surtout connu pour les accords du Latran de 1929 qui fondaient l'état du Vatican. Il est plutôt excentré des principaux sites de la ville ce qui le rend plus méconnu du grand public. Seuls les visiteurs volontaires y viennent : on y passe pas par hasard. Saint Jean de Latran (San Giovanni in Laterano en italien) fut pourtant la première basilique chrétienne édifiée au début du 4ème siècle par Constantin, désormais seconde basilique après celle de Saint-Pierre. Elle est aussi la cathédrale de la ville, son évêque est le pape ; et pendant longtemps, c'est ici qu'il recevait la tiare. Une station de métro voisine (San Giovanni sur la ligne A) permet de s'y rendre en transport en commun ainsi que de nombreuses lignes de bus. Sinon la marche à pied est une autre méthode qui permet de flâner et de profiter de ce que la ville offre : petites églises, façades colorées, cours intérieures verdoyantes, … Le Colisée et Sainte Marie Majeure ne sont pas très éloignées.

En arrivant du centre-ville, on débouche sur le côté de l'église, face à l'accès latéral, sur la Piazza di San Giovanni de Laterani. Une fois encore, la colonne locale n'est pas visible, cachée qu'elle est sous de hautes bâches pour cause de restauration (dommage qu'autant de sites soient ainsi en ce moment, mais il faut bien ça pour offrir un plus beau visage de la ville). En revanche, la façade nord rajoutée postérieurement à la construction est bien visible. Derrière une série d'arcade s'ouvrent les portes en bois qui permettent d'accéder à l'église tandis qu'une loggia, en partie recouverte de fresques, a été installée à l'étage. Quand le pape y vient, c'est de là qu'il donne sa bénédiction. Au-dessus s'élèvent deux pointes jumelles reliées par un mur qui font office de clochers. On est plus proche de nos clochers que des traditionnels campaniles. Sur la gauche, un bâtiment s'avance vers la place avec ses façades orangées simplement relevées par le blanc des encadrements : il s'agit du palais du Latran qui sert désormais de musée après avoir longtemps abrité les collections d'art Chrétien, Profane et Missionnaire Ethnologique désormais visibles au Vatican..

Je vous conseille de continuer pour pénétrer dans l'édifice par la porte principale. Il n'y a que quelques pas à faire pour contourner le palais et rejoindre l'esplanade principale simplement composée de pelouses et d'allées pavées. Avant de rentrer, je vous invite à faire un petit crochet jusqu'à la porte antique qu'on aperçoit en contrebas. En effet, à cet endroit là, on peut encore voir quelques portions des murs antiques de la ville. Ce détour fait, il est temps de s'en retourner vers l'église. Elle impressionne par la blancheur quasi immaculée de sa façade. On pourrait penser à Saint-Pierre en plus petit, mais avec beaucoup plus de simplicité. Son côté massif en impose mais la décoration se limite à une série de colonnes soutenant, au centre un petit fronton triangulaire. De ce côté aussi, une loggia a été prévue à l'étage. Treize statues imposantes figurant le Christ et ses Apôtres couronnent le tout.

En approchant, on découvre comme au Vatican un atrium derrière la façade, mais là encore cela reste très simple malgré la présence de marbre sur les murs intérieurs et les massives portes en bronze. Celles-ci auraient été prélevées à la Curie. A l'intérieur, deux nefs latérales assez simples encadrent une nef centrale bien plus éclatante et largement éclairée par les fenêtres percées à l'étage. Le plafond à caissons alterne dorures et blasons. Au pied de chaque colonne, de part et d'autre de la nef s'élèvent de colossales statues des Apôtres.

L'autel pontifical attire l'œil par son originalité. De loin, on dirait un petit campanile intérieur. Il s'agit en fait d'un baldaquin gothique finement ciselé, évidemment dorée et couvert de fresques datant du 14ème siècle. Cet ensemble est en fait déposé sur quatre fines colonnes toutes simples. Juste derrière, le chœur est recouvert d'une fresque bleue et or qui pourrait plus faire penser à une décoration orthodoxe. Les chapelles installées dans les transepts sont elles beaucoup plus dans le style baroque avec force dorures, peintures, sculptures, fioritures, … Laissez traîner vos yeux au sol et vous pourrez voir une parfaite quoi bien connue illusion d'optique. Près du transept sud, n'hésitez pas à débourser deux euros pour visiter le cloître. De toutes les églises que j'ai pu voir à Rome, c'est la seule qui en avait un.

Il n'est pas bien grand mais il est comme souvent reposant. Sur tout le pourtour, le couloir et les murs servent d'exposition à diverses pièces archéologiques. Mais l'attrait du lieu est dans la variété des colonnettes qui ceignent le jardin au cœur du cloître. Il n'y en a pas deux paires pareilles. On a beau regarder, il y a toujours une différence, soit dans la forme, soit dans la décoration. L'architecte semble s'être laissé aller à l'amusement. Les deux accès à la pelouse sont encadrés de fauves : lions d'un côté, sphinx à l'opposé. Côté pelouse, la colonnade est surmonté d'une frise de mosaïques assez simples, qui laissent ensuite place à un muret de briques. Après cette pause dans un relatif silence, le visiteur peut reprendre sa promenade.

En sortant par le transept nord, c'est-à-dire par l'accès latéral, on rejoint la place mais surtout on peut accéder au baptistère. Celui-ci présente l'originalité d'être à l'extérieur de l'église. Comme l'église, il fut érigé par Constantin au 5ème siècle et en garde quelques éléments. Il dispose de son propre bâtiment tout en briques, de forme octogonale. Tout autour sont percées de petites chapelles, dont certaines très anciennes. D'ailleurs les mosaïques ne nous sont parvenues que de manière parcellaire. De par sa configuration, il est presque impossible de le prendre en photo de l'intérieur pour en rendre sa forme particulière. Les parois sont recouvertes de tableaux et de fresques qui laissent place à la dorure et aux teintes bleues pour le plafond.

Assurément un détour à faire, loin de la foule, ce qui fait du bien !

PS : depuis peu, c'est de cette église que notre omniprésent président "adoré" (le petit NDLR) est chanoine honoraire . A quand les vacances à Saint Jean de Latran aux frais de Benoit XVI ? ;-)

Publié dans Carnet de voyage, Europe, Italie

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