Pour en prendre plein les yeux

Publié le par Jérôme Voyageur

Pour en prendre plein les yeux

Rome, 2 Novembre 2007

 

Avec tout ce que propose la ville de Rome, il est difficile de tout voir en seulement quelques jours. Et pour une première découverte, j'avais privilégié les monuments aux musées. Il en est pourtant un que je considérais incontournable du fait de la seule présence en son sein d'un joyau artistique. Je veux parler de la Chapelle Sixtine qui est hébergée au cœur des Musées du Vatican ; un pluriel car ils sont plusieurs dans la même enceinte. Voici pourquoi j'avais décidé une journée complète de mon séjour à la visite du Vatican.

Comme je n'étais pas le seul à avoir la même idée, j'ai fini par y passer pas mal de temps. Autant vous prévenir tout de suite, il faut savoir être très patient lorsqu'on décide d'aller visiter les Musées du Vatican. Il y aurait aussi la solution d'arriver tôt, mais alors très très tôt. Pour cela il est donc recommandé de résider dans le quartier ; sinon, le meilleur moyen d'atteindre rapidement le Vatican consiste à emprunter la ligne A du métro romain jusqu'à la station Ottaviani. Vous n'aurez plus qu'à suivre le mouvement une fois revenu à l'air libre pour rejoindre la Piazza del Risorgimiento. C'est là que vous pourrez vous faire une idée des « dégâts » !

En effet, de la place, vous ne pouvez pas apercevoir l'entrée du musée ; en revanche, il y a de fortes chances que vous aperceviez la fin de la file d'attente. Au plus fort elle doit faire pas loin d'un kilomètre de long ! Le long serpent humain s'allonge tout au long des remparts de la cité papale jusqu'à la Via di Porta Angelica, celle qui mène à la place Saint Pierre. Là elle commence à sinuer pour se former en multiples épaisseurs. Pendant de longues minutes, vous n'avancerez que suite à l'abandon des plus impatients. Pour ma part, il a fallu attendre une demi-heure après l'ouverture des portes du musée pour que nous bougions enfin, et encore, au début, ce n'est qu'une impression. Ce n'est que lorsqu'on dépasse les angles de l'enceinte que l'espoir grandit On en vient à nouer langue avec les compatriotes. Toutes les nationalités ou presque sont représentées. On essaiera de vous vendre des boissons ou encore des livres-souvenir. Je n'ose à peine imaginer la même attente l'été en plein cagnard !

Il m'aura fallu 2h30 pour atteindre enfin l'entrée du musée. Mais c'est d'abord la sortie voisine qui attire l'œil, un portique de pierre blanche surmonté des armoiries papales. Une fois à l'intérieur, il faut encore fournir quelques efforts : un passage au contrôle, puis affronter un court un escalier pour atteindre les guichets où vous sera enfin délivré le précieux sésame, qui vous coûtera quand même la bagatelle de 13 euros. Ici non plus, ne vous attendez pas à obtenir le moindre dépliant ni plan du musée. C'est vraiment très dommage et rend la possession d'un guide presque indispensable pour savoir où aller. Derrière les guichets vous aurez l'option « fainéante » via l'escalator ou la délaissée rampe ovale, très originale.

Ainsi,on atteint rapidement un jardin, celui de la cour de la Pomme de Pin, ainsi nommée du fait de la présence d'une énorme pomme de pin en bronze au pied du palais du Belvédère, creusé d'une très haute niche. Le jardin se compose en fait de quatre pelouses séparées par des allées qui permettent aux visiteurs de déambuler, de s'interroger sur le sens de cette boule métallique posée au centre du jardin, ou encore de s'informer en lisant les nombreux panneaux décrivant les peintures de la chapelle Sixtine sur les côtés des pelouses. Du côté opposé au palais s'élève une colonnade de style antique. Dans l'aile qui vous fait face a été installé le musée Chiaramonti : il regroupe une riche et nombreuse collection de sculptures antiques. Arrivé au bout vous serez obligés de faire demi-tour puisque ni l'accès à la galerie lapidaire ni celui au Braccio Nuovo ne sont possibles.

 

 

Revenu à l'entrée de la galerie, il suffit en fait de suivre le mouvement ainsi que les premiers panonceaux indiquant la chapelle. Après quelques marches vous débouchez dans de petites salles d'exposition de sculptures. Sur votre gauche, vous pourrez traverser la cour octogonale. Dans la coursive ont été installée diverses sculptures en pied. N'oubliez pas de lever les yeux pour admirer aussi la décoration du plafond de cette coursive. En revanche, la foule se fait dense à cet endroit. Dans la salle suivante, il s'agit d'une collection sur le thème des animaux. Puis une première salle ronde où commence à apparaître les plafonds lourdement peints. La suivante, tout simplement appelée salle ronde, est plutôt originale. Hormis les sculptures monumentales qui sont déposées sur le pourtour, c'est surtout l'énorme et imposante vasque posée au centre qui impressionne. En levant les yeux on découvre une coupole qui fait penser à celle du Panthéon.

Vient ensuite la longue enfilade de galerie qui amène les visiteurs jusqu'à proximité de la chapelle. Tout n'est que dorures et nombreuses peintures aux plafonds. De temps en temps, un petite boutique propose des souvenirs. Les fenêtres ouvertes sur la droite permettent d'apercevoir les jardins du Vatican et de temps en temps le dôme. On parcourt ainsi la galerie des Candélabres qui abrite une série de sculptures grecques et romaines, puis la galerie des tapisseries que j'ai trouve un peu sombre pour bien en profiter, puis enfin la longue et lumineuse galerie des cartes. On peut y apercevoir de nombreuses cartes de l'Italie ainsi que quelques unes de France : la région d'Avignon et la Corse qui a été représentée à l'envers. Quelques salles plus loin, vous retrouvez de nouvelles indications. C'est là qu'il faut être attentif pour éviter de faire comme moi et de louper les Chambres de Raphaël. En effet, d'un côté est indiquée seulement la chapelle, de l'autre la chapelle et les Chambres. C'est cette seconde voie qu'il faut suivre, après impossible de faire machine arrière.

Je peux donc juste vous dire que ces chambres sont en fait les anciens appartements de Jules II, qui admirateur de Raphaël, lui demanda de décorer les quatre chambres. Avec ses élèves, ils mirent seize ans avant de terminer les fresques qui se veulent représentatives de l'idéal religieux à l'époque de la Renaissance.

Mais revenons au clou de la visite. Car il faut reconnaître que, pour la plupart, les visiteurs viennent surtout pour la Chapelle Sixtine, tous comme les cardinaux qui y viennent pour élire le nouveau pape. Tout d'abord, je m'attendais à découvrir un tout petit endroit, éventuellement sombre, mais dont finalement je n'avais jamais vraiment vu d'images auparavant, uniquement des dires et des écrits ici et là. On sait qu'on approche quand la foule se densifie et commence à ralentir le rythme. L'accès est proche et les surveillants plus nombreux. A partir de là, le silence est de rigueur, une tenue correcte exigée (encore plus ici que dans le reste du musée) et, en théorie l'appareil photo rangé. Et pour faire respecter ces règles , quelques gardiens finalement peu efficaces. Le brouhaha peu respectueux d'un lieu sacré est quasi constant. Quant aux photos, c'est plus ou moins suivi. Autant il tout à fait compréhensible d'interdire les flashes pour protéger les peintures, autant l'interdiction pour raison commerciale est quelque peu abusive. Le tout est d'être discret et de ne pas trop insister. Dans une foule aussi dense, il est facile de passer inaperçu !!

Ma première surprise fut de pénétrer dans une chapelle finalement plutôt haute sous une voûte en berceau et percée de plusieurs fenêtres qui apportent suffisamment de lumière pour profiter des fresques. La moindre centimètre carré des murs et de la voûte est richement recouvert de nombreuses fresques. Sur les deux murs de la longueur, ce sont pas moins de douze panneaux qui retracent la vie du Christ d'un côté, de Moïse de l'autre. On doit ses fresques à divers artistes dont le Perugin, Botticelli, Signorelli, Rosselli et Ghirlandaio, sur une commande du pape Sixte IV à la fin du 15ème siècle. Il faut reconnaître qu'elles sont délaissées par le visiteur au profit des autres. En effectuant un demi-tour, un premier flash vous éblouit. Derrière l'autel, une paroi entière vous domine, vous écrase même. Il faut d'ailleurs prendre un peu de recul pour en profiter pleinement de cette œuvre de vingt mètres de haut pour dix de large. Car il s'agit du fameux Jugement Dernier réalisé par l'illustre Michel-Ange. Les teintes bleues dominent et servent de fond à tous ces personnages entourant le Christ, les damnés tombant vers la barque de Charron, les élus s'élevant vers la voûte céleste. Difficile d'en dire plus avec des mots, il faut le voir.

Désormais, il faut se tordre le coup pour admirer le reste du spectacle. Celui-ci se déroule sur les voûtes. Et on en prend littéralement plein les yeux. Elles sont intégralement recouvertes de fresques aux multiples couleurs éclatantes (largement rafraîchies par la dernière restauration). Il s'agit là encore de l'œuvre du maître Michel-Ange sur une commande de Jules II, réalisée au début du 16ème siècle. Ce ne sont pas moins de trente trois panneaux qui illustrent les textes sacrées. Au milieu de la voûte, on retrouve les pièces les plus connues parmi lesquelles la création d'Adam avec ces deux doigts qui se touchent, la création des astres ou encore le péché originel avec son serpent au corps de femme.

Quatre grands panneaux alternent avec cinq plus petits au milieu de la voûte pour illustrer la Genèse. Sur les côtés alternant les formes triangulaires et rectangulaires apparaissent les ancêtres du Christ, les prophètes et les Sybilles (au nombre de cinq chacun). Enfin, dans les quatre angles, ce sont des scènes de l'Ancien Testament qui ont été représentés. Il faut aussi préciser que ces différentes scènes ont été encadrées de pièces architecturales peintes qui donnent un assez bon effet de trompe-l'œil, telles ces colonnes qui semblent s'élancer vers le sommet de la voûte.

Rapidement, on ne sait plus où regarder tant il y a de détails à voir. D'ailleurs, il est certain qu'on manque des choses. Quand il y a de la place on peut se poser sur les bancs fixés sur les côtés afin d'admirer plus confortablement. Au trois quart de la chapelle, il faut franchir un semblant de porte perçant cette cloison en forme de grille qui coupe la pièce en deux. Probablement pour séparer les gens qui priaient du peuple. Vous pourrez alors quitter la chapelle par un couloir tout aussi étroit et impersonnel que celui que vous aurez traversé pour y accéder.

A la sortie on débouche sur une longue et interminable galerie qui se trouve en fait juste en-dessous de celle empruntée pour parvenir à la chapelle. De temps en temps quelques pièces sont exposées. Les plafonds sont souvent couverts de peintures diverses et variées. Par beau temps, les fenêtres ouvertes vous permettront de jeter un œil sur les jardins pontificaux. Au niveau de la bibliothèque vaticane, il y a de fortes chances qu'à la place de livres, vous trouviez une exposition. Début novembre, le thème en était l'Apocalypse.

La suite de la promenade passe par la Poste Vaticane qui tient guichet non loin de l'escalier de sortie. C'est aussi le lieu des services : boutique, restauration, sanitaires. Idéal pour ceux qui voudraient faire une pause avant de continuer. Car dans le bâtiment annexe se trouvent, sur deux ailes, la Pinacothèque, le musée Chrétien et le musée Grégorien. J'avoue avoir mis fin à la visite à cet endroit là, ayant prévu de visiter aussi la Basilique voisine le même jour.

C'est donc par ce fameux escalier à double hélice que j'ai quitté les lieux. Historiquement il n'a rien de particulier ! Néanmoins, il mérite le coup d'œil. Et gare à ceux qui se mettraient à courir sur cette rampe aux marches microscopiques. Quelques barrières sont d'ailleurs là pour retenir les plus aventureux.

Voilà qui clôt ma visiter des musées Vatican. Il est presque impossible de tout voir sauf à consacrer une journée entière au moins à ces lieux. Et la longue attente est récompensé par le joyau sixtin.

 

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Publié dans Carnet de voyage, Europe, Italie

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