Ronde bolivienne (1)

Publié le par Jérôme Voyageur

Vendredi 14 mai 2010

 

Réveil bien matinal même pour un départ en voyage. Il faut dire que le rendez-vous est prévu à 7h à Roissy CDG, autant dire que le réveil à 4h30 n’est pas du luxe. Au moins à cette heure-là il n’y a pas foule dans les rues et je ne souffre pas de la chaleur à traînera mon sac. Le RER n’est lui non plus pas encore surchargé. Arrivé en avance à l’aéroport, j’attends l’arrivée de notre contact mais finalement, nous montons le groupe nous-mêmes en apercevant les étiquettes sur nos sacs respectifs. Je fais ainsi la connaissance d’Evelyne, résidant à Cork en Irlande, Bérengère, Philippe le tarnais de Toulouse, Robert et Alberte, Marie, résidant à Bruxelles en Belgique, Jean et Jocelyne. Finalement, notre rendez-vous arrive en retard simplement pour nous donner les billets électroniques qui sont de toute façon d’une utilité limitée. Sans compter qu’ils n’ont même pas trouvé le moyen de me faire un billet individuel. Je suis rattaché à celui de Robert et Alberte sans raison. Je découvre ensuite les prémices de la contrôlite aigüe à la sauce US. Avant même les guichets d’embarquement nous devons répondre à une série de questions concernant nos bagages. Paradoxalement le contrôle de sécurité est lui très souple. Encore quelques heures à patienter avant d’embarquer à bord du Boeing 767 d’American Airlines à destination de Miami.

Alors que nous sommes sur le taxiway, le commandant de bord nous annonce qu’il va falloir attendre vingt minutes avant de décoller et il coupe les moteurs. Nous parvenons finalement à quitter le sol parisien. 9h30 à passer au-dessus de l’Atlantique : c’est bien long surtout de jour. Difficile de trouver le sommeil malgré un réveil matinal. Vers 14h (heure locale), avec six heures de décalage horaire, nous atterrissons enfin à Miami. Le contrôle de l’immigration est conforme à ce qu’on m’avait raconté. On a vite fait d’y passer une bonne heure à attendre sans que les files d’attente n’avancent beaucoup. Heureusement, la douane, située juste derrière les tapis à bagages, déjà arrivés et rangés bien avant notre arrivée dans la salle, est franchie extrêmement rapidement. Il ne reste plus qu’à  refourguer nos sacs pour être tranquilles.

Vu qu’il reste encore près de huit heures d’escale, nous décidons avec Marie d’aller voir l’océan à Miami Beach. Nous dénichons un bus express qui nous y conduit en une petite demi-heure. Nous bénéficions même des conseils d’un employé de l’aéroport qui fait le même trajet. Retrouver le soleil nous fait le plus grand bien même si nous ne sommes pas équipés pour la plage. Nous faisons un petit bout de marche à pied sur le sable avant de poursuivre sur le ponton. Nous longeons ainsi le front de mer planté de nombreux hôtels ou résidences de vacances. Nous sommes en pleine série télé : tout est pareil ! Après une petite heure de promenade, nous reprenons un omnibus, bien peu pressé de rejoindre l’aéroport. Cette idée de Marie nous a fait visiter toute la banlieue de la capitale floridienne. Il faut de nouveau faire la queue pour le contrôle de sécurité ; néanmoins, cela avance assez vite sans être strict, là non plus. Il reste quatre heures à tuer avant le prochain vol.

Enfin un peu plus ! Une fois installés dans l’avion avec tout de même une heure de retard, l’équipage nous annonce que nous allons changer d’avion. C’est donc à 1h20 au lieu de 22h40 que nous redécollons enfin de Miami, complètement léthargiques. Heureusement, je suis installé au niveau d’une porte. Je peux au moins étendre mes jambes. Vers 8h, nous atteignons enfin la Bolivie et La Paz. Nous sommes entourés par des sommets blanchis : le fond de l’air est frais. Nous subissons aussi les premiers effets de l’altitude, El Alto est situé à 4000 mètres d’altitude. Nous ne risquons pas de courir. Nous rencontrons aussi Ernesto, notre guide d’origine péruvienne, ainsi que les deux dernières membres du groupe arrivées par le même appareil que nous : Marie-Noëlle et Blandine, les deux sœurs d’Annecy. Nous ne sommes là que de passage. Un nouvel avion nous attend à10h pour rejoindre le point de départ du circuit, Sucre. Cela commence à faire long : déjà 36 heures que je suis debout !

Il faut encore patienter 45 minutes de vol pour atteindre la capitale constitutionnelle de la Bolivie, classée au patrimoine mondial de l’humanité. Pendant le service à bord, nous avons l’agréable surprise de voir que les hôtesses qui avaient un long manteau violet font en fait le service en petit short moulant. Arrivés à destination, nous nous répartissons dans quatre taxis pour rejoindre l’Hostal Colonial sur la place centrale. Une course cycliste très animée nous oblige à finir à pied. Une fois les clés récupérées, c’est la ruée sur les douches. Après avoir macéré si longtemps, cela fait un bien fou.

Ceci fait, il commence à faire faim. Et pour bien nous ouvrir l’appétit, nous y montons à pied, à huit ou neuf blocs de l’hôtel, sur une colline dominant la ville. Depuis la terrasse nous bénéficions d’un panorama sur la cité blanche. Ce premier vrai repas depuis le départ de France est le bienvenu : l’occasion de goûter à la viande bolivienne et aux délicieux jus de fruits frais. Après cet épisode réparateur, nous poursuivons tranquillement jusqu’au couvent voisin de la Recoleta. En attendant qu’il ouvre nous faisons le tour de la place et profitons de l’allée couverte dominant elle aussi la ville. La Recoleta abrite un musée consacré à l’art religieux, qu’il s’agisse de peintures, toutes anonymes, ou d’objets de culte, sans oublier diverses crèches portatives et des croix très variées. La visite conduit aussi de cloître en cloître. Chacun dispose d’une fontaine centrale colonisée par des papyrus. Dans le dernier jardin entièrement planté d’agrumes s’élève un cèdre plus que millénaire, dernier représentant d’une essence autrefois courante dans la région.

Au moment de sortir, la pluie se met à tomber : nous aurons eu tous les climats dans la journée. Le temps de descendre au musée textile ethnographique, quelques blocs plus bas, suffit à nous saucer. Celui-ci  mérite vraiment le détour : on y présente l’art du tissage de deux ethnies de la région de Chuquisaca qui sont les Tarabucos et les Jalq’a. Le premier style est très coloré, représentant des scènes quotidiennes ou des animaux domestiques tandis que le second se limite au rouge et au noir, ne figurant que des images fantastiques et démoniaques. Au fil des salles d’exposition, nous apprenons l’histoire de cet art. Sur le balcon du premier étage il est même possible de voir travailler deux femmes en tenues traditionnelles. La finesse du travail est impressionnante, de même que le haut niveau de technicité nécessaire. Tout se fait de tête sans le moindre modèle. Nous avons beau les observer de près, nous ne parvenons pas à saisir comment elles procèdent. Avant de quitter le musée, nous reprenons un dernier maté de coca. Cela ne peut pas faire de mal même si, à 2800 mètres d’altitude, je ne ressens plus les effets de l’altitude, contrairement à La Paz, ou plus exactement à El Alto.

Retour vers l’hôtel alors que la nuit commence à tomber. Et puis la fatigue commence à gagner. Il ne devrait pas y avoir trop de candidats pour le restaurant de ce soir. Extinction des feux rapide en ce qui me concerne.

 

Dimanche 16 mai, Sucre

 

Enfin une première nuit normale, presqu’un tour de cadran. Nous avons rendez-vous à 7h30 pour prendre le petit-déjeuner avant de rejoindre un bus à quelques blocs de l’hôtel.

Nous partons à Tarabuco pour le marché dominical, à une soixantaine de kilomètres. Vu le relief plus que vallonné, le minibus doit à peine atteindre les 40 km/h. Il faut environ une heure et demie pour rejoindre le village. Sur le chemin, nous ne traversons qu’un seul village. En revanche,  nous apercevons de nombreuses habitations disséminées sur les côteaux, le plus souvent en adobe. Chacune est flanquée d’un four à pain. En ce début de matinée, nous apercevons assez peu de monde dans les champs, que ce soit des humains ou des animaux.

Finalement, nous débarquons à Tarabuco. Bien heureusement, les touristes ne sont pas trop nombreux, principalement des français et des allemands. Heureusement d’ailleurs car le stationnement n’a pas l’air des plus évidents. Le bus nous laisse non loin de la place centrale. Les marchands sont installés tout autour et surtout dans toutes les ruelles aux alentours. On y trouve de tout car la clientèle est majoritairement locale. Les touristes se focalisent plus sur les tissages de toutes sortes : en particulier, les tarabucos vus la veille au musée. Les tarifs bien qu’inférieurs à ceux de la boutique de celui-ci restent d’entrée un peu élevés. Il faut chercher et négocier. Il y a un peu de tout. Certains essaieront de venir vers vous pour vous vendre leurs produits mais cela reste tout à fait raisonnable. Outre la vente de ces tissages, l’autre particularité du village réside dans la tenue des gens. Pour une bonne partie, ils portent des tenues traditionnelles très colorées, unkus pour les hommes, châles et chapeaux pour les dames ; longues nattes lestées de boules pour celles qui recherchent l’âme sœur.

Nous parvenons très rapidement à nous immerger dans la vie locale. C’est d’ailleurs en flânant que je finis par tomber par hasard sur le marché alimentaire. Voici une occasion de découvrir les productions locales : tomates, poivrons, pommes de terre, oignons, quelques épices indéterminées, deux étals de boucher à ciel ouvert et les incontournables vendeuses de feuilles de coca. La seconde moitié du marché est occupée par des petites tavernes où se restaurent les autochtones. En ce qui nous concerne, Ernesto a opté pour un restaurant plus classique à quelques mètres de la place centrale. Le cadre est vraiment sympa et calme. Malheureusement un début d’averse nous oblige à nous réfugier à l’intérieur dans un décor hétéroclite et étrange. Nous dégustons là notre première soupe qui a un gros succès.

Dès la fin du repas, nous rembarquons pour Sucre. Il faut tout de même attendre que la roue arrière soit changée, ce qui prend de longues minutes. A peine sorti du village, je me rends compte que la montagne est plus vivante. J’aperçois ici et là des troupeaux de vaches ou de moutons, quand ce ne sont pas des ânes. Parfois un ou deux cochons traînent dans les fossés. Retour à Sucre après un détour assez étrange dans les rues du vieux centre. Nous avons quartier libre pour le reste de l’après-midi.

Je repars rapidement explorer le centre, souvent des églises, malheureusement toutes fermées en ce dimanche après-midi. Je me contente des façades. Parfois je retrouve le style typiquement colonial. De bloc en bloc, je parviens au théâtre puis à la cour suprême bolivienne. C’est là que je découvre le parc Bolivar : il semble être le seul lieu actif de la cité. On y vient en famille pour s’amuser et passer le temps : tout est prévu pour. En contrebas, il y a même un petit parc d’attractions. Le centre du parc est lui occupé par une sorte de mini-tour Eiffel blotti entre les arbres. C’est aux abords de ce coin de verdure que je retrouve les autres. Nous poursuivons ensemble jusqu’à tomber sur un sanctuaire N.D. de Lourdes. On se croirait presque au pied des Pyrénées : la grotte, les robinets, la Vierge !! Après cela, nous revenons vers la place centrale où nous optons pour un petit rafraîchissement en terrasse, au-dessus de celle-ci. Il se trouve que nous y revenons une heure plus tard pour y manger : une copieuse spécialité locale appelée Piquemacho, mélange de légumes et de viandes de bœuf et de poulet. La crème brûlée en dessert est tout aussi bonne.

Sur ce, il ne reste qu’à traverser la place pour rejoindre l’hôtel et nos lits, non sans avoir traversé une fête donnée en l’honneur des jeunes militaires.

 

Lundi 17 mai, Sucre

 

Nous disposons encore d’une matinée pour profiter de la ville coloniale de Sucre. Nous prenons donc notre temps.

Nous commençons par le marché central : c’est le point d’attraction de la matinée pour les locaux ; on y trouve de tout. Parfois des choses difficiles à identifier. Les étals colorés de fruits et de légumes sont un régal pour les yeux tandis que le coin des bouchers et des tripiers l’est beaucoup moins, surtout pour l’odeur. Autour de la cour intérieure, nous pouvons nous faire préparer des jus de fruits frais, ce que font Marie et Philippe. Plus loin, nous trouverons les vendeuses de gâteaux aux couleurs flashy. Plus loin encore, ce sont les fromages puis les graines (quinoa, haricots, fèves, …). A l’étage, les étals continuent. On y trouve aussi de nombreux estaminets où les autochtones viennent manger, apparemment à toute heure de la matinée.

De là, nous faisons un détour par l’université. Celle-ci date du début du 17ème siècle. Elle doit sa célébrité au fait qu’elle fut le foyer des premiers mouvements d’indépendance du continent. Les murs chaulés contrastent magnifiquement avec un ciel parfaitement bleu. Après quelques marches, nous débouchons dans une immense cour à colonnades autour de laquelle sont réparties les salles de cours. L’ambiance semble vraiment sereine.

Nous nous dirigeons ensuite vers la préfecture. Nous nous contentons d’entrer dans la cour de cet édifice à la décoration un peu chargée, que certains comparent d’ailleurs aux gâteaux du marché. Quelques centaines de mètres plus loin, nous parvenons au musée ecclésiastique. C’est le seul moyen de pénétrer dans la cathédrale. Malheureusement, le clou de la visite qu’est sensée constituer la Vierge de Guadalupe est inaccessible pour cause de restauration de la chapelle qui l’abrite. Du coup, cette exposition d’objets du culte de toutes les églises de la ville est de suite plus fade. Surtout que la cathédrale n’a rien d’exceptionnel intérieurement. Je préfère de loin les trois portails extérieurs, en pierre. Nous sommes aussi surveillés tout le temps par des gardiennes assez peu aimables.

Dernière tentative au bout de la rue, mais là encore, couvent de la Merced et église San Pedro de Nerin sont fermés. Il ne reste qu’une chose à faire : trouver une terrasse pour boire un café. Ce sera encore une fois au café de la place centrale quoi qu’il a fallu un peu insister et patienter pour qu’ils nous servent : ils étaient en pleine mise en place pour le repas de midi.

Sucre et TarabucoSucre et TarabucoSucre et Tarabuco
Sucre et TarabucoSucre et Tarabuco
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Sucre et Tarabuco

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