Sur les chemins de Saint Jacques

Publié le par Jérôme Voyageur

Vézelay, Avril 2007

 

Je vous ai laissés il y a peu de temps en Bourgogne, du côté de Saint-Fargeau. Voici aujourd'hui une autre visite à réaliser lors d'un week-end dans cette région. Il est vrai que les longs week-ends de mai, propices à ce genre de ballades, sont terminés mais avec les beaux jours, il est toujours possible de trouver deux jours pour y descendre. Je vous invite donc à découvrir cette cité médiévale de Vézelay.

La ville se situe à une soixantaine de kilomètres au sud d'Auxerre. De Paris, il faut compter environ deux heures de voyage en empruntant l'autoroute A6 jusqu'à la sortie d'Avallon. Là, vous trouverez de nombreux hôtels pour vous poser et profiter tranquillement de votre séjour. Il faut ensuite emprunter une départementale vers l'ouest sur une quinzaine de kilomètres pour atteindre Vézelay. Vous apercevrez la cité d'assez loin, perchée qu'elle est sur son piton. Il en est d'ailleurs de même lorsqu'on arrive de l'ouest. Elle semble dominer les alentours. A l'est apparaît déjà nettement la silhouette de la basilique. En approchant ou en repartant, vous aurez sans doute l'occasion de croiser des randonneurs, en groupe ou en solo, parfois lourdement chargés en particulier par une coquille Saint Jacques. Arrivés dans la ville « neuve » (façon de parler !!), vous constaterez que le stationnement est payant sur toute la commune comme l'annoncent clairement les panneaux ! Et il ne faut pas espérer se garer dans les ruelles de la vieille ville. Il y a pourtant une solution : traverser la ville jusqu'à apercevoir le parking des bus : il est gratuit et les voitures peuvent s'y garer. Bien sûr, il faudra un peu plus marcher, dont une petite côte, pour rejoindre la vieille ville.

D'ailleurs les efforts ne sont pas terminés. Lentement mais sûrement, la rue principale vous entraîne à travers les vieux murs jusqu'à la basilique. Il faut flâner dans les ruelles pour s'imprégner de cette cité. Les nombreuses trappes sur les trottoirs rappellent que les vieilles bâtisses sont élevées sur des caves, dont certaines font désormais office de galeries d'art. Ici on aperçoit une bâtisse d'inspiration romane ; là une fenêtre semble dater de la Renaissance. Ailleurs, il s'agit de bâtisses des 17ème et 18ème siècles. Souvent les commerces utilisent de belles enseignes en fer forgé qui s'intègrent parfaitement dans le décor. Tout le long, en ce printemps, les nombreuses glycines parfument l'ambiance et fournissent un peu d'ombre aux occupants des lieux. Petit à petit, la multiplication des congrégations de toutes obédiences indiquent qu'on approche du joyau de la ville. Il suffit d'ailleurs de lever la tête pour s'en convaincre en apercevant l'unique clocher, tour carrée flanquée à droite de la façade.

Mais avant d'y pénétrer, je vous invite à poursuivre sur la droite. Vous apercevrez sur la gauche les flancs de la basilique ainsi que les quelques restes du cloître malheureusement masqués par des travaux de restauration. En cheminant par là, on atteint une terrasse qui prend place sur les lieux de l'ancien château des abbés désormais réduit à un simple mur. En poursuivant encore, on atteint une esplanade arborée, plantée de grands marronniers fleuris offrant une ombre bienvenue quand il fait chaud. On profite aussi d'un large panorama sur le Morvan. Quelques tables d'orientation permettent de reconnaître les différents éléments du paysage. Derrière les arbres, on distingue l'arrière de l'abbaye : son chœur et ses chapelles. Mais là encore, les installations de restauration gâche un peu le spectacle. Il est temps de visiter l'intérieur du monument qu'on peut rejoindre soit en revenant sur ses pas, soit en continuant le tour via une petit ruelle le long de la façade nord de l'église.

Nous voici face à cette basilique Sainte Madeleine qui doit son origine à une abbaye bénédictine installée là au cours du 9ème siècle, au sommet de cette colline pour se protéger des invasions barbares (c'est l'époque de Normands). Quelques années plus tard, un moine y ramène les reliques de Marie-Madeleine. C'est alors que la réputation de Vézelay commence à grandir suite à divers miracles. La ville devient alors une étape sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle. Du 11ème au 13ème siècle, Vézelay prospère encore avec des visites illustres souvent liées aux départs pour les croisades. On y verra ainsi Philippe Auguste, Richard Cœur de Lion et Saint-Louis ; Bernard de Clairvaux y prêchera même le départ pour la seconde croisade. La Révolution est fatale à l'abbaye : seules traverseront les âges la basilique et la salle capitulaire. Il faudra attendre le 19ème siècle et la visite de Prosper Mérimée pour que Viollet Le Duc s'attache à la restauration des lieux. A l'issue des travaux reprennent les pèlerinages. Ce n'est qu'en 1979 que Vézelay sera classée au patrimoine de l'Unesco.

La façade que vous découvrez est assez austère, tout en sobriété et en simplicité. Trois arches romanes occupent la partie basse, celle du centre étant un peu plus grande, dotée de deux portes mais avec un tympan assez épuré figurant le Christ. Dans la partie supérieure, on retrouve de bien plus petites ouvertures, à part peut être celles de la partie centrale qui abrite aussi de grandes statues religieuses. Même le clocher occupant la partie droite consiste en une tour carrée assez simple. L'accès de tous les jours se fait par la petite porte de gauche. Mais à ma grande surprise, on ne se retrouve pas dans la nef mais dans une antichambre un peu sombre que les architectes appellent narthex, qui présente la particularité d'avoir ici une ampleur exceptionnelle, dit-on. Au centre, on retrouve le grand tympan qui rappelle celui de l'extérieur. Cette pièce fait la transition avant de pénétrer dans la nef à proprement parler. Là encore, il faut emprunter les petites portes latérales pour progresser. Et là, c'est l'illumination ! Le simple fait de franchir ce seuil permet de passer de l'ombre à la lumière de cette nef très éclairée par les nombreuses fenêtres de l'étage et par celles ceignant le chœur. Ces fenêtres ont été placées de telle manière qu'à midi le jour du solstice d'été, un chemin de lumière se forme dans l'axe de la basilique ; tandis qu'au solstice d'hiver, ce sont les chapiteaux du mur nord qui se retrouvent illuminés.

De part et d'autre de la basilique, un couloir permet de déambuler autour de l'édifice tout en admirant les chapiteaux romans ornant chaque colonne. Mais il est bien plus intéressant d'évoluer dans la nef. On profite ainsi des voûtes romanes particulièrement originales avec leurs arcs alternant pierres claires et sombres. Arrivé au transept, le vaisseau roman laisse place à l'élévation et la lumière gothiques. Les croisées d'ogive changent littéralement l'apparence des voûtes. En cette heure encore matinale, le chœur est totalement baigné par une douce et chaude lumière qui éclaire cette pierre blanche. Tout autour de celui-ci, on retrouve cinq chapelles dédiées chacune à un saint ayant un rapport avec ce lieu. On retrouve donc une statue en bois de Saint Jacques, rappelant la place de Vézelay dans le pèlerinage de Compostelle. De manière générale, la décoration intérieure de la basilique reste assez simple et épurée, austère même. Et ce sentiment est encore plus renforcé lorsqu'on pénètre dans la crypte qui date de l'époque carolingienne. Un étroit escalier conduit le visiteur dans une salle au plafond bas, chichement éclairée par deux petites ouvertures captant la lumière de la nef. C'est là qu'ont été entreposées les reliques de Marie-Madeleine. De retour à la surface, on découvre l'existence d'un ancien cloître dont il ne reste qu'un simple couloir. Sur le côté a été conservée la salle capitulaire.

Voici l'écrin qui servait et qui sert encore de point de départ aux pèlerins partant sur les routes vers le sud-ouest dans l'espoir de rejoindre la Galice. Après cette visite, vous pouvez continuer à flâner dans la vieille ville, éventuellement des vins locaux proposés par quelques cavistes avant de poursuivre votre chemin en terre de Bourgogne.

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Publié dans Carnet de voyage, Europe, France

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