Traversée sud-africaine (1)
Samedi 24 octobre 2009, Paris
Matin chagrin en ce samedi matin. Il fait bon sous la couette, surtout qu’il ne cesse de pleuvoir, tantôt fin crachin, tantôt bonne averse.
Il va bien falloir affronter ce climat automnal pour rallier le RER. Par chance, je n’aurais droit qu’au crachin. Et c’est parti pour quasiment une heure de trajet, remontant banlieue sud, traversant Paris, dépassant la banlieue nord, avant l’arrivée au terminal 2 de l’aéroport de Roissy. Contrairement à ce que je craignais, il est facile d’atteindre l’aérogare 2E où l’organisation est quelque peu surprenante. Trois séries de guichets à utiliser indifféremment pour l’enregistrement des vols Air France, le tout à un rythme de sénateur. Assez étrangement, malgré le début des vacances, la salle d’embarquement est faiblement remplie offrant un calme bienvenu.
Avec un bon quart d’heure de retard, notre petit A318 d’Air France décolle finalement à destination de Londres Heathrow. Les ronds dans l’air se succèdent avant de pouvoir enfin y atterrir. Il faut alors presser le pas pour parcourir les très longs couloirs entre les terminaux 2 et 1, passer un contrôle de sécurité des plus succincts, quérir la carte d’embarquement suivante, et parvenir à l’avion suivant à peine dix minutes avant le début de l’embarquement. Heureusement que le transit devait durer 1h45 en théorie !
Là, tout se passe exactement à l’heure. Il n’y a pas à dire, South African Airways assure. En plus, j’ai la chance d’avoir une place libre à mes côtés. Parfait pour voyager plus à l’aise vers Jo’burg. Le sommeil n’est malheureusement pas au rendez-vous. Nous finissons par atterrir en avance sur le sol sud-africain. Il faut quand même attendre un bon moment les bagages dans une immense salle lumineuse et rutilante. Finalement, je retrouver Carrel, notre guide, dans le hall d’arrivée. Une demi-heure plus tard, nous retrouvons Fabienne, Eric et leur fille Camille arrivés la veille de l’île Maurice. Puis c’est le tour de Catherine et Gisèle, arrivées un peu plus tôt dans la matinée.
Nous voici parés pour partir. Nous embarquons à bord du minibus en direction de l’est du pays. Le paysage est d’abord plutôt morne. De vastes étendues planes parsemées de mines de charbon et de centrales thermiques bien polluantes. Petit à petit, le paysage change. Le relief est plus marqué, et aussi plus vert. Inscriptions sur les panneaux et zones de pêche à la truite nous font penser à un petit coin d’Ecosse. Le climat va avec : couvert, parfois humide.
Les indications routières et celles de l’hébergement ne nous aident pas à dénicher le camp. Nous accumulons kilomètres et allers-retours en vain. Enfin, à la nuit tombante, nous touchons enfin au but. Le premier montage de ces solides tentes sud-africaines est épique, tout autant que le pliage le lendemain ! La journée se termine pourtant sur une bonne note autour d’une délicieuse grillade d’agneau.
Lundi 26 octobre, Blydeport
Comme nous nous y attendions, tout le monde s’est écroulé hier soir. Mais le réveil est lui matinal. Avant 5h30, une partie du groupe est déjà levé. Le ciel est bas. Quelques babouins traversent à l’intérieur même de l’enceinte. Une fois le barda plié, nous levons le camp. Nous espérons bien apercevoir les trois rondavels voisins, la curiosité majeure du canyon de la Blyde river. Le chemin d’accès au point de vue est tout proche. Malheureusement, les éléments sont contre nous. Le vent souffle et nous sommes noyés dans une épaisse couche de brume. Après un bon moment d’attente, nous finissons par apercevoir le fond du canyon puis son cheminement et finalement deux des trois rondavels. Cela aurait pu être pire. Un peu comme au point de vue de Gode’s Window. Il pleut et nous ne voyons qu’à deux mètres : aucun espoir. La météo n’est pas meilleure à Graskop où nous faisons les courses. Ce temps pluvieux nous poursuit tout au long de notre descente à travers les forêts d’eucalyptus ou de résineux.
A l’arrivée à l’entrée principale du parc Kruger, banalement baptisée Kruger Gate, nous ne déplorons plus qu’un ciel nuageux mais sec. C’est un buste monumental de l’ancien président et fondateur Paul Kruger qui nous accueille. Derrière l’entrée, les premiers animaux à nous accueillir sont des impalas. Nous poursuivons jusqu’au camp voisin de Skukuza. Le temps de prendre le repas et de monter les tentes, et nous repartons, cette fois sans la remorque.
C’est parti pour une première exploration de la zone sud du parc. Dès la sortie, nous sommes accueillis par une femelle koudou portant deux piques bœufs sur son dos. La route se fait ensuite un peu plus déserte, aux impalas près. Mais avec un peu de patience, la faune finit par se montrer. Tour à tour, nous apercevons une girafe, quelques éléphants attablés, ainsi que mon premier rhinocéros depuis un bon moment. C’est un blanc. Quelques phacochères gambadent. Un steenbok esseulé nous regarde passer. Nous avons aussi l’occasion de voir quelques cobs à croissant avec les impalas. Parfois, ce sont des gnous qui les accompagnent.
Les calaos ont l’air d’être ici chez eux, que ce soit les becs jaunes ou les rouges. Quant au rollier, il semble bien rabougri. Heureusement que son plumage est là pour le reconnaître. Je découvre aussi pour la première fois un barbican promépic au plumage tacheté noir et jaune.
Pour retourner au camp, nous sommes contraints de reprendre la même route. Impossible de dénicher les pistes indiquées sur le plan. C’est l’occasion de croiser de nouveaux impalas et des babouins.
A la fin du repas, dans la nuit noire, nous avons la chance de voir un grand galago dans un arbre. Une première ! Nous allons l’entendre une bonne partie de la nuit pousser ses cris de bébé. Je comprends mieux son nom anglais, bushbaby.
Mardi 27 octobre, Kruger Park, Skukuza Camp
Le réveil se fait déjà de plus en plus matinal. D’autant plus que le jour se lève particulièrement tôt. Du coup, chacun prend son temps. Vers 7h, nous nous mettons en route vers l’est le long de la rivière Sabie.
Néanmoins, le contact avec la faune a commencé bien avant, à la fin du petit-déjeuner avec l’assaut en règle mené par une famille de vervets. Nous retrouvons les impalas et les babouins. Quelques éléphants apparaissent un peu loin. La nature commence à s’éveiller durant notre remontée le long des berges de la Sabie. Arrivés à un pont, nous choisissons de l’emprunter juste pour voir ce qu’il y aurait dans le lit de la rivière. Un groupe d’hippopotames y a élu domicile. Mais nous ne distinguons rien de plus. L’un d’eux a tout de même un comportement étrange. Il semble avoir quelque chose dans la gueule. Avec les jumelles, je finis par apercevoir ce qui ressemble à la patte d’un impala. Mais que fait il dans la gueule d’un herbivore, mystère ! D’ailleurs, celui-ci semble surtout s’amuser avec. Finalement, Carrel décide de poursuivre sur l’autre rive par la piste. Bien lui en a pris car il aperçoit un léopard sur un rocher au milieu du lit. Certes lointain, nous avons néanmoins le temps de l’apprécier.
Cette piste moins fréquentée nous permet de voir enfin les zèbres tant attendus par certaines. Souvent nous les retrouvons avec des gnous. Les groupes se multiplient. Les familles d’éléphants deviennent plus nombreuses. Par moments, nous revoyons cette petite antilope bien difficile à identifier, peut être un suni. Quelques girafes révèlent leur long cou. Chemin faisant, nous nous trouvons bloqués par un troupeau de buffles d’environ deux cent têtes bien décidé à traverser à son rythme. Malheureusement, un dangereux personnage ne trouve rien de mieux à faire que de forcer le passage. Du coup, le troupeau se retrouve éparpillé, rendant la traversée encore plus ardue. Cela nous laisse le temps de bien les observer.
La végétation change littéralement. Les arbres disparaissent pour laisser la place à une savane clairsemée où les animaux se voient de loin. Les grosses masses sombres se révèlent être de gros mâles éléphants solitaires. Les zèbres se multiplient. Tout d’un coup, c’est un rhinocéros noir qui s’approche à un train de sénateur. Sa corne longue et effilée est impressionnante.
Petit à petit, nous atteignons le pique-nique de Mlondozi situé au-dessus du barrage, à flanc de colline. La vue est imprenable sur la savane aux alentours et le point d’eau que constitue la retenue. Elle sert d’habitat aux nombreux hippopotames qui s’y vautrent dans la boue. Les troupeaux d’herbivores viennent s’y abreuver, tels les zèbres, les gnous et les impalas. Les éléphants vus précédemment finissent par arriver puis une famille d’une dizaine d’individus sur l’autre berge. Non loin j’aperçois un couple de jabirus apparemment rares dans la région. Quant au rhinocéros noir, il reste loin. Dans les jumelles, nous voyons la savane vivre de tous côtés. Et plus près de nous, ce sont les vervets chapardeurs. L’un d’eux prendra même le pain d’Eric.
L’après-midi se révèle finalement moins riche en observation. Nous voyons plusieurs crocodiles dans la rivière avec de nombreux hippopotames. En contrebas du pont de Lower Sabie, un héron Goliath attend patiemment sa pitance au-dessus des petits rapides. Autour d’un point d’eau creusé près de la route se sont massés pas mal d’animaux. La berge sur la gauche sert de dortoir à un troupeau d’hippopotames. L’activité est réduite au minimum. Tout autour se sont répartis des crocodiles de toutes tailles. Il y en a pour tous les goûts. Quelques ibis tantales traînent ici et là. Quant au dernier « big five », le lion, il se fait attendre. Il n’y a guère qu’avec les jumelles que nous arrivons à distinguer successivement trois têtes de lionnes couchées sur un banc de sable au loin. Le léopard, lui, se dérobera : impossible de le localiser à nouveau.
C’est au dernier point d’observation de Nkuhla que nous faisons la dernière observation de la journée, un couple finalement peu farouche de guibs harnachés en train de brouter tout près du parking. En revanche, rien ne se montre dans la rivière en contrebas des terrasses. Retour au camp pour terminer cette longue journée. Un petit tour à la boutique bien achalandée et un dernier coup d’œil à la rivière où un groupe d’éléphants prend son repas dans les hautes herbes.
Mercredi 28 octobre, Kruger Park, camp de Skukuza
Le réveil est de plus en plus matinal. Les troupes sont levées dès 5h ou presque. Du coup, même en prenant notre temps, nous sommes prêts à partir sur le coup de 7h. Cette fois, nous quittons le parc par le sud.
Ce matin, la faune se fait plus rare. Elle se limite à quelques oiseaux et impalas, parfois un éléphant ou une girafe. Au hasard d’un point d’eau installé non loin de la route, j’aperçois deux masses près du bassin qui se révèlent être deux hyènes tachetées bien épuisées, probablement d’une nuit occupée à chasser. De temps en temps, une tête se lève avant de retomber tout aussi subitement. Nous n’en verrons guère plus ; elles ne semblent pas décidées à bouger. Tant pis ! Nous poursuivons notre chemin jusqu’à la sortie du parc, à la gate de Malelane.