Traversée sud-africaine (3)

Publié le par Jérôme Voyageur

Dimanche 1 novembre 2009, Cathedral Peak

 

 

Encore quelques gouttes cette nuit. Mais rien de grave. Malgré une consigne de réveil matinal, il faut bien deux heures avant de démarrer. Après avoir signalé notre sortie, nous rejoignons le parking réservé aux randonneurs, à l’entrée de l’hôtel. Cela se révèle un mauvais plan. Le véhicule patine, il faut dételer la remorque puis la raccrocher un peu plus loin pour s’en sortir. Des efforts supplémentaires avant l’effort du jour.

 

Après ces péripéties, nous nous lançons sur le premier tronçon du sentier qui doit nous ramener à l’arrière de l’hôtel où nous devons rejoindre Carrel qui est allé y garer le véhicule. Cette petite mise en bouche permet de dérouiller les organismes. Malheureusement, il n’est pas au rendez-vous. Nous avons beau le chercher dans l’hôtel et sur le sentier, pas de trace. Après avoir attendu, nous décidons de nous mettre en route sous peine de ne jamais avoir le temps de couvrir la boucle que nous avons envisagée. La carte se révèle quasi indispensable vu le peu de bornes indicatrices disposées sur le parcours.

 

Plusieurs fois, il faut traverser des torrents, tantôt pieds nus dans une eau bien froide, tantôt à pieds secs quand les rochers le permettent. Ce cadre dans les contreforts du Drakensberg est un splendide écrin entre falaises et couvertures verdoyantes sans oublier les nombreuses fleurs et graminées qui jalonnent les sentiers. Nous sommes presque comme dans un cirque rocheux. Le soleil se montre avec parcimonie. Du coup, il ne fait pas trop chaud pour randonner.

 

A force de coups de téléphone, Carrel finit par nous rejoindre : en fait, il était parti à notre rencontre en sens opposé. Vers 11, notre projet initial tombe à l’eau. Impossible de poursuivre le chemin en bord de rivière. Il ne reste qu’à rebrousser chemin dans la portion de hautes graminées. Un coupe-coupe serait presque le bienvenu pour se frayer un passage. Avec Gigi et Catherine, nous tentons de monter à Xeni Cave tandis que le reste du groupe envisage de rejoindre Blue Pools dans la vallée suivante.

 

Après une première portion bien praticable se présente un nouveau torrent que nous franchissons de plus en plus facilement. Sauf que c’était un faux espoir. Impossible de poursuivre plus loin. Rien qui ressemble à un chemin. Seuls sont visibles les petits cairns cités sur les fiches d’information, sensés marquer le départ du sentier après le cours d’eau. Finalement, nous nous installons sur un rocher au bord de l’eau pour prendre notre repas.

 

Le chemin du retour est davantage consacré à la photographie. D’ailleurs, il nous semble voir plus de fleurs que le matin, sur le même sentier. Nous prenons notre temps en profitant du paysage quand un rayon de soleil veut bien l’illuminer.

 

Vers 14h30, nous sommes de retour à l’hôtel où les autres semblent s’impatienter alors qu’ils sont arrivés récemment. Peu importe, nous avions décidé de boire une bonne bière pour nous désaltérer après l’effort. Et c’est chose faite ! Un vrai régal ! Nous avalons les premières gorgées tels des éponges avec Gigi. Retour ensuite au camp où je prends le bain que je m’étais promis. Une baignoire opérationnelle me tendait les bras dans les sanitaires. Un bon moment de détente. Dehors le vent commence à souffler nous obligeant à nous couvrir et réorganiser notre installation pour essayer de nous protéger des rafales.

 

 

Lundi 2 novembre, Cathedral Peak

 

 

Nous levons le camp relativement tôt vu le parcours à couvrir aujourd’hui. Nous quittons ce cadre magnifique. Les routes sont très encombrées : tous les écoliers partent à l’école. Une petite pause à Winterton le temps de refaire le plein de provisions et nous reprenons le chemin inverse en direction de Durban avant de bifurquer vers le sud-ouest le long de la côte. Encore et toujours ces plantations de canne à sucre.

 

Nous faisons la pause pique-nique à Scottburgh, sur la plage. Un cadre propice à ouvrir l’appétit. Personne néanmoins ne se risque à aller dans l’eau. Parvenus à Port Edward, la nous quittons le bord de mer de la côte sauvage (« Wild Coast ») pour rentrer dans les terres et sur les hauteurs. Ce contournement forcé pour préserver la côte représente malheureusement deux cent kilomètres d’une route peu roulante, percée de trous, encombrée de bétail ou de piétons. Les quelques villes traversées sont totalement embouteillées, des véhicules et des gens dans tous les sens. La météo hésite entre pluie et brouillard. Pour couronner le tout, nos freins semblent se détériorer à l’approche de Port Saint Johns. Ils produisent un bruit inquiétant.

 

Arrivés au Amapondo Backpackers, nous découvrons avec effroi un étroit terrain de campement perché à flanc de colline et uniquement accessible par un escalier plus que pentu, avec en plus des marches très hautes. Cela va être plus qu’ardu de monter tout le barda si haut. Rapidement, nous sommes relogés dans des chambres.

Les galères se terminent avec le minibus qui ne parvient plus à remonter jusqu’au parking, l’accès étant trop glissant.

 

Vu l’heure et la fatigue générale, nous nous contentons de simples grillades avalées sur notre terrasse. Une dernière rigolade nous attend lorsque nous tentons d’aller faire la vaisselle dans la cuisine collective. L’endroit semble être un repaire de babacools. Un énergumène déguisé semble faire la vaisselle mais à une vitesse telle qu’après une demi-heure de patience nous abandonnons et retournons nous coucher. Demain, il fera jour !

 

Quelle journée galère que cette liaison de près de six cent kilomètres.

 

 

Mardi 3 novembre, Port Saint Johns

 

 

Réveil tardif au bord de l’océan. Nous traînons au lit puisque le programme commence assez tard. Nous prenons donc tranquillement notre temps en particulier pour écrire les cartes postales. La météo reste couverte ce matin, mais sans pluie. Nous laissons Carrel retourner en ville pour faire réparer les freins du minibus. Pendant ce temps, nous préparons notre excursion. Clint, notre guide pour la balade, vient se présenter et faire connaissance.

 

Vers 10h30, nous rejoignons le groupe devant le bar. Il y a un autre français ainsi que quatre anglophones. Quelques minutes plus tard, nous nous mettons en route vers la plage, en l’occurrence la seconde. Les rouleaux sont bien formés ; pas une tête n’apparaît dans les flots. En grimpant sur les rochers de la pointe ouest, nous rejoignons une seconde plage. Après nous être déchaussés pour traverser la rivière qui y coule, nous atteignons le départ d’un sentier à l’autre extrémité de la plage.

 

Celui-ci nous permet d’accéder à la réserve de Silaka. Nous cheminons tantôt à flanc de colline, juste au-dessus des flots, tantôt dans la végétation, toujours présente, luxuriante et odorante. La ballade est particulièrement agréable, même si la météo est couverte, dans un tel cadre végétal avec l’océan en toile de fond. Ainsi, au bout d’une heure, nous atteignons la troisième plage, déserte, et très faiblement bâtie. Une seule maison apparait derrière les arbres. Pour la plupart, nous nous déchaussons pour tremper les pieds dans l’eau fraîche. Trois courageux décident même de piquer une tête. Catherine est parmi eux. Le retour se fait par le même chemin, toujours en profitant de la végétation et de ses senteurs. Nous trouvons ainsi du chèvrefeuille, de la citronnelle ainsi qu’une plante ressemblant à du thym mais au parfum  totalement différent. Tranquillement, nous rejoignons la plage à la rivière. Clint tente un moment de placer des pierres suffisamment grosses dans le lit pour que deux filles puissent traverser à pied sec. Peine perdue, tout le monde finit par se déchausser.

 

Nous nous posons à une centaine de mètres plus loin pour pique-niquer sur des troncs déposés là par une lointaine marée. Nous sommes bien installés, les pieds dans le sable, face à l’océan. Régulièrement, le milan d’Afrique qui nous avait survolés plus tôt dans la matinée passe et repasse au-dessus de nos têtes. Après cette pause roborative, je ramène les clés à Carrel pour qu’il puisse manger lui aussi avant de repartir. Je rejoins ensuite les filles parties devant. Cet après-midi, nous avons prévu de monter jusqu’au village. Le chemin démarre de la seconde plage. Nouvelle rivière à franchir. Mais celle-ci peut se traverser à pieds secs moyennant de grandes enjambées.

 

La première portion est tracée sous le couvert végétal qui fournit une ombre agréable maintenant que le soleil a fait son apparition. De temps en temps, une fenêtre s’ouvre sur les rochers en contrebas battus par les vagues. Puis la végétation disparaît jusqu’au somment de la pointe. Le panorama embrasse les différentes plages vers le sud et les promontoires rocheux qui les séparent. Non loin de la côte, les couleurs de l’océan laissent penser à un long banc de sable. Nous continuons à marcher vers le village. Celui-ci est installé sur les hauteurs, au sommet de la falaise. Il s’étire pendant un long moment. Ce ne sont que montées et descentes qui se succèdent sans le moindre plat. Mes jambes peu sportives sont mises à rude épreuve. Nous finissons par croiser les écoliers qui rentrent de l’école. Tout d’abord très calmes lorsque nous les croisons, ils deviennent pénibles lorsque nous les dépassons sur le chemin du retour. Il faut dire que le centre de Port Saint Johns semblait encore loin. Nous avons donc fait demi-tour après l’école. Le retour à l’hôtel est plus rapide ; peut être y avait il plus de descentes de montées.

 

De retour au Amapondo Backpackers, nous nous retrouvons petit à petit tous au bar de plein air, tout en bois. C’est l’occasion de divers fous rires. Un excellent moment après cette belle journée. Et pour la conclure idéalement, Carrel nous a inventé une succulente recette, un ragoût de bœuf goûteux à souhait.

Cathedral Peak et Port Saint John
Cathedral Peak et Port Saint JohnCathedral Peak et Port Saint JohnCathedral Peak et Port Saint John
Cathedral Peak et Port Saint JohnCathedral Peak et Port Saint John

Cathedral Peak et Port Saint John

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P
et bienvenue dans la communauté un monde ailleurs
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J
merci