Traversée sud-africaine (6)
Nous reprenons ensuite la route vers le Cap, destination finale de notre circuit. Une fois revenus sur la nationale 2, nous longeons pendant de longs kilomètres le township de Khayelitsha, un amas de bric et de broc qui abrite près de 1.5 millions d’habitants. En arrière-plan se dresse la montagne de la Table. De ce côté, elle accroche encore les nuages mais il fait sec avec même quelques éclaircies.
Côté ville, nous avons le bonheur de découvrir qu’elle est dégagée ; et les téléphériques sont en action. Nous allons pouvoir en profiter (c’était inespéré ce matin avec la pluie). Avant cela, nous passons au Flower Street Villa, notre hôtel au pied de Table Mountain. Là, c’est grand luxe, nous avons une maison pour trois ! Après avoir largué la remorque, nous repartons immédiatement au cas où la météo changeante du Cap ferait un caprice. En quelques minutes, Carrel nous dépose au pied de la station basse du téléphérique. Nous n’avons même pas à faire la queue ; il récupère des billets en un clin d’œil. Chacune des cabines emporte 65 passagers à chaque voyage. Le conducteur nous met en garde avant le départ. Nous comprenons vite pourquoi. Tout l’intérieur de la nacelle pivote sur lui-même pendant le voyage du coup, chacun peut bénéficier sur la longueur d’un panorama à 360°. Par contre, il est impossible de s’appuyer sur les vitres ou les mains courantes. Elles fuient nos mains !
Du sommet, le panorama est exceptionnel. Des vues plongeantes sur la ville et ses quartiers. Evil Peak d’un côté, pointes du Lion Head et du Signal Hill de l’autre. En avançant un peu sur la table, nous pouvons voir une partie de la péninsule qui s’avance entre les deux océans : l’Atlantique à droite, l’Indien à gauche. Comme son nom l’indique, le sommet de Table Mountain est quasiment plat. Il est recouvert de rochers érodés et d’une végétation de lande. Il est possible d’y voir quelques animaux dont des damans des rochers. Trois sentiers aménagés en boucle permettent de s’y promener (de 15, 30 et 45 minutes).
Sous nos yeux la longue baie du Cap s’étire, formant un long croissant. Au centre, nous apercevons Robben Island, l’île qui servit de prison pendant 18 ans à Nelson Mandela. Juste à nos pieds s’élèvent les tours du quartier d’affaires, juste avant le port, lui-même suivi du Waterfront, le quartier commercial et touristique. Au bout du Signal, nous distinguons le stade de la future coupe du monde de football. Pour le reste, il faut les jumelles pour distinguer le détail de chaque quartier. La descente en téléphérique est vertigineuse avec ce départ très abrupt. D’ailleurs, elle semble beaucoup plus rapide.
Arrivés à bon port, nous partons ensuite à l’extrémité du Signal Hill, qui est fait la dernière colline avant l’océan. De là, nous pouvons admirer Table Mountain et le Lion sous un autre angle. De l’autre côté apparaissent de nouveaux quartiers résidentiels implantés face à la mer.
Carrel nous propose ensuite un tour guidé de la ville. Nous commençons par le quartier de Bo-Kaap. Il s’agit du quartier malais où séjournait la main d’œuvre venue d’Asie pour fournir des bras à cette colonie. Il mérite vraiment le détour pour ces façades. Toutes sont peintes de couleurs différentes, souvent avec des teintes bien visibles. Un véritable arc en ciel, encore plus éclatant sous un beau ciel bleu. Malgré la proximité du centre, l’ambiance y semble très paisible.
Nous apercevons ensuite le centre, croisant diverses statues des personnages ayant marqué l’histoire de la « Ville Mère ». On peut noter celles de Bartolomeo Dias, le navigateur portugais débarqué le premier à la fin du 15ème siècle, Simon van der Stel, à la tête de la première expédition de la compagnie des Indes, à l’origine de la fondation de la ville. Nous passons devant l’hôtel de ville de style colonial avant de faire une halte devant la plus ancienne construction européenne du pays : le château du Cap, une structure fortifiée à la Vauban mais étonnamment basse. Au-dessus flottent tous les drapeaux qui ont servi un jour d’emblème à ce territoire, y compris celui de l’apartheid. C’est d’ailleurs un des deux seuls endroits où il peut légalement flotter. Nous finissons notre tour en longeant le jardin botanique, ex-jardin de la compagnie des Indes où étaient cultivés les produits frais pour réapprovisionner les navires qui faisaient route entre Europe et Asie, puis le musée sud-africain. Retour ensuite à l’hôtel pour se poser, débarquer les sacs et se reposer un peu.
Carrel nous revient vers 19h30, transformé. Sa tenue camouflage s’est muée en tenue chic pour sortir. Je peine presque à le reconnaître sur le coup. Nous partons manger tous ensembles au Waterfront face au port de plaisance. A cette heure-là, les rues sombres car peu ou pas éclairées sont peu animées : la ville s’est vidée de ses habitants du jour. Après un bien bon repas d’autruche, nous rentrons dormir sacrément tard par rapport à nos habitudes depuis le début.
Mardi 10 novembre 2009, Cape Town
En nous levant, nous espérons secrètement avoir le même temps qu’hier. A notre réveil tardif, la météo est couverte mais sèche. Pourvu que ça dure. Carrel nous récupère à 8h45. Aujourd’hui, nous partons explorer la péninsule du Cap. Contrairement aux apparences, elle est plutôt longue avec ses quelques cent kilomètres. Une bonne promenade qui devrait nous occuper pour la journée.
Nous descendons dans le centre vers le Waterfront pour récupérer la côte Atlantique. Après le stade de la coupe du monde, toujours en gros travaux, nous abordons le quartier résidentiel de Sea Point. On y trouve de nombreux hôtels, installés près de l’océan, au pied de Signal Hill. La plage est néanmoins peu utilisée, la température de l’eau variant entre 9 et 11°C. Du coup, une piscine d’eau de mer chauffée a été construite sur le front de mer. Suivent les quartiers toujours résidentiels de Bantry Bay et Clifton. A Camps Bay, une pause permet d’admirer les douze Apôtres, à condition bien sûr que les nuages ne s’y accrochent pas. Ce matin, tous ont mis leur bonnet. Ce sont les contreforts de la montagne de la Table qui s’avancent face à la mer tels des proues de navires échoués là.
Nous passons ensuite au-dessus de Llandudno (un nom gallois) qui sert de résidence privée aux hommes politiques fortunés d’Afrique du Sud et d’ailleurs (feu Bongo, feu Mobutu, le sinistre Mugabe, …). Tout doucement, nous atteignons Hout Bay, un port de pêche spécialisé dans la langouste. Avec le vent et le cadre, je pourrais presque m’imaginer en Bretagne, à un détail près, l’artisanat africain. Cette baie abritée servait d’escale aux navires commerçant avec les Indes. En poursuivant la route vers Chapman’s Peak, nous bénéficions d’un superbe panorama sur celle-ci. D’ailleurs, de nombreuses aires de stationnement ont été aménagées pour immortaliser le paysage, mélange de montagnes rocheuses et d’habitations agrippées sur les flancs et au pied.
Au sortir de cette route panoramique, d’ailleurs payante, nous revenons vers els terres du côté de Noordhoek spécialisée dans l’accueil des chevaux de al région du Cap. En passant, nous apercevons une longue plage de sable clair, battue par les vagues. Nous poursuivons via Ocean View puis Scarborough. La végétation commence à se faire plus présente à mesure que nous approchons de la réserve du Cap de Bonne Espérance. Nous passons devant l’élevage d’autruches de la presqu’île. Celles-ci semblent moins vives qu’à Oudtshoorn. Il faut dire que le climat est carrément différent.
Comme les réserves « animalières », celle du Cap est protégée par une « gate » où s’acquitte le droit d’accès. La route sinue ensuite au milieu d’une végétation généralement rase. Quelques fleurs sont déjà visibles, telles les protéas jaunes ou encore les géraniums sauvages. Quelques rares bâtisses anciennes servent de centre d’information pour les visiteurs. Un peu plus loin s’élèvent deux croix. Celle de droite, mi-blanche, mi-noire, perchée sur la colline rappelle que Bartolomeo Dias a débarqué ici tandis que la seconde située en contrebas face à False Bay commémore le passage d’un second explorateur portugais, Vasco de Gama.
Peu après, nous apercevons deux proéminences. Celle de gauche est coiffée d’une antenne. Il s’agit d’une des deux pointes de la péninsule, en l’occurrence Cape Point. C’est là que nous nous dirigeons. Vu l’heure, nous commençons par prendre notre repas au seul restaurant de la réserve, le Two Oceans. Contrairement à ce que je craignais, les tarifs y sont tout à fait abordables, et le service assez rapide malgré les nombreux clients qui y défilent. De grandes baies vitrées ouvrent la vue sur False Bay, donc vers l’Océan Indien. Avec un poisson grillé dans l’estomac, nous pouvons nous lancer à l’assaut. Il ne pleut toujours pas mais le vent souffle fort. Nus optons tous pour la montée à pied, laissant le funiculaire à d’autres. Le chemin en dur grimpe au milieu d’une végétation bien tourmentée par les éléments. Nous pouvons déjà y voir quelques petites protéas jaunes. Sur la droite, nous distinguons l’ultime pointe, le cap de Bonne Espérance avec, sur son flanc oriental, une bien jolie plage de sable clair, Dias Beach, à ceci près que le vent renvoie les vagues vers le large dès qu’elles déferlent. Baignade déconseillée ! Au parvis du funiculaire, on peut soit emprunter un des chemins menant aux différents points de vue, soit jeter un œil au petit musée installé dans le hall de la boutique, soit encore emprunter le dernier escalier qui mène jusqu’à l’ancien phare, abandonné car trop souvent pris dans la brume.
La plateforme qui l’entoure est balayée par un vent plus que violent. Le lieu est hostile. Un poteau à flèches indique quelques distances. A ce moment-là, je suis à 9294 kilomètres de Paris. Avec un tel vent, il est difficile de distinguer le point de rencontre des deux courants, le Benguela, froid, qui remonte vers l’Atlantique, et l’Agulhas, chaud, qui descend vers l’Indien. En contrebas, je me rends compte que l’éperon se prolonge sur quelques centaines de mètres. C’est à son extrémité que le nouveau phare a été construit. Le trajet semble un peu long et bien venté pour s’y rendre.
Je redescends donc de Cape Point jusqu’au parking du restaurant et du funiculaire. De là, un sentier part vers le second cap, le plus fameux, un monument pour les marins. Je le vois serpenter à travers la lande. Il faudra bien l’heure accordée pour atteindre notre but. La première portion est un chemin de terre qui sinue à travers une végétation variée et déjà un peu colorée par quelques fleurs. Nous apercevons quasiment tout le temps la plage de Dias.
Le sentier laisse ensuite place à un plancher. C’est aussi à ce moment-là que le vent se fait de nouveau bien sentir. J’ai parfois du mal à avancer pendant les plus grosses rafales. Les gouttes de pluie qui tombent deviennent cinglantes ! Le Cap de Bonne Espérance se mérite ! Pendant une rare accalmie, je parviens à observer un couple d’élands du Cap dans les jumelles. Quelques damans peuvent aussi être vus. En se retournant, le panorama est de plus en plus intéressant vers Cape Point. La descente vers la plage se révèle être un vertigineux escalier en bois. Vu les conditions, je m’abstiens et tente de continuer à avancer si j’arrive à me relever dans le vent. C’est que j’ai du m’accroupir pour réussir à faire un cliché en plein vent. Il faut courber l’échine pour réduire la prise au vent. Le plancher disparait à l’approche d’une dernière colline. Il faut essayer de repérer le passage pour effectuer la courte ascension. Au sommet, je me retrouve en plein vent. Je distingue enfin les derniers rochers de cette extrémité africaine. Je m’accorde un moment de pause car de là je me rends compte qu’il reste un dernier bout à grimper pour être vraiment au bout du monde. Et puis, il faut profiter de ces moments-là. En contrebas, j’aperçois les gens qui viennent directement en véhicule jusqu’à ce panneau qui marque le cap de Bonne Espérance par 34° de latitude sud. Je redescends de ce point culminant pour regrimper un peu plus loin sur les derniers rochers.
En contrebas, il n’y a plus que l’eau, partout autour d’ailleurs. L’angle de vue est tel qu’on observe bien la courbure de l’horizon. En revanche, l’Antarctique reste invisible. Cette fois, je peux redescendre, j’ai atteint le bout du monde africain, ce continent que j’adore (enfin officiellement, il est à quelques centaines de kilomètres à l’est au cap Agulhas). Dernière descente dans le vent avant d’atteindre le panneau très convoité du Cap de Bonne Espérance. Carrel insiste pour me rendre en photo avec. Habituellement, je ne fais pas cela mais il faut reconnaître que c’est un lieu mythique. Je récupère ensuite mon passeport que Carrel a fait tamponner avec le cachet du Cap. Avant de remonter dans le minibus, j’aperçois un couple d’autruches sauvages sur la lande. Avec ce vent soufflant de l’Atlantique elles pourraient presque réussir à s’envoler.
Nous repartons désormais vers le nord jusqu’à la sortie de la réserve. Là, nous partons le long de la côte de False Bay. Les baleines, potentiellement visibles dans ce coin, ne se montrent pas. Nous nous arrêtons à Boulders Beach. Ce quartier de Simon’s Town doit sa réputation à ses pingouins du Cap qui ont élu domicile à cet endroit. Dans le passé, on pouvait les retrouver un peu partout dans la ville. Désormais, ils sont cantonnés dans une réserve des parcs nationaux implantée sur la plage. Il faut aller au bout de l’impasse qui part du parking pour en trouver l’entrée. Des passerelles en bois ont été aménagées au-dessus du sable et des rochers. Je n’aperçois d’abord rien si ce n’est des cuves plastiques à moitié enterrées qui doivent leur servir de nid. Ce n’est que dans la seconde portion que les pingouins font leur apparition. D’abord un solitaire qui semble se complaire à poser pour les photographes qui défilent devant lui.
Les suivants sont plus distants : ils sont affalés sur le rocher voisin. Peu de mouvement de côté-là. De temps en temps, quelques uns passent sous les passerelles, nous montrant leur démarche si caractéristique. Non loin du bout du ponton, c’est l’attroupement. Ceci vient du fait que l’essentiel de la colonie s’est regroupé. Nous pouvons y apercevoir des immatures qui ont encore leur duvet gris. Certains dorment dans le sable, d’autres se chamaillent, d’autres encore font leur toilette. Il y a de quoi faire de nombreux clichés, même en quelques minutes. En remontant, je me rends compte que beaucoup d’autres sont cachés sous la végétation, en train de dormir.
Nous passons ensuite à Simon’s Town, qui doit son nom au gouverneur Simon van der Stel qui avait trouvé là un excellent mouillage pour l’hiver. D’ailleurs, une base de la marine sud-africaine y est implantée. Dans la rue principale, nous pouvons encore apercevoir quelques demeures de style colonial. La route côtière passe ensuite à Fish Hoek, port de pêche qui présente l’étrange caractéristique d’avoir interdit toute consommation publique d’alcool. Seule une buvette a pu déroger à la règle. Sur le sable, nous entrapercevons quelques cabines de plage multicolores.
Notre route se poursuit entre falaise rocheuse, voie ferrée et océan jusque sur les hauteurs de Muizenberg. C’est là que nous voyons une vigie anti-requins. La plage est un haut lieu du surf et de la planche à voile. Malheureusement, les squales y trouvent aussi un attrait. D’où la mise en place de cette surveillance côtière. Là encore, nous distinguons ces cabines aux couleurs chatoyantes. Après Muizenberg, nous obliquons vers le nord-ouest laissant False Bay derrière nous. Nous passons ensuite devant le jardin botanique de Kirstenbosch ainsi qu’à proximité du quartier de Constantia où furent plantées les premières vignes du pays. Nous contournons ensuite la montagne de la table, passant au pied de l’université du Cap, puis tout près de l’hôpital où fut réalisée la première greffe du cœur dans les années 60. Il est alors temps de rentrer à l’hôtel. Ce soir, nous mangeons dans un restaurant africain de Bo-Kaap, appelé Marco’s Place. Nous nous couchons de plus en plus tard. Heureusement, demain, nous n’avons pas de programme précis. Nous faisons nos adieux à Carrel et à la famille pénible.
Mercredi 11 novembre, Cape Town
Je ne suis pas loin de la grasse matinée ce matin tant il fait bon dans ce lit douillet. Surtout quand j’entends la pluie tomber en continu. A 9h passées, nous nous décidons à affronter la météo profitant d’une relative accalmie. Evidemment, la pluie ne tarde pas à reprendre dès que nous sommes dehors. Le temps est tellement changeant au Cap que tout espoir est permis même si ce matin le plafond est encore plus bas que d’habitude.
Après quelques dizaines de minutes de marche, nous atteignons l’entrée des jardins de la Compagnie. Ceux-ci permettaient de réapprovisionner les navires en produits frais lors de leurs escales dans le comptoir du Cap. Aujourd’hui, ils sont transformés en jardin botanique.
Une large allée bordée d’arbres les traverse dans le sens de la longueur. Ainsi on peut voir et accéder aux différents édifices installés de part et d’autre. Le premier, sur la gauche, est le musée sud-africain, voisin de l’ambassade de France, musée dont le parvis se poursuit en fontaines jusqu’à la section effectivement aménagée en jardins. Sur la droite se succèdent la galerie nationale africaine, exposant des œuvres d’art contemporain, puis le Tuynhuys, résidence présidentielle, et enfin le parlement dans le jardin duquel j’aperçois une statue de la reine Victoria.
Dans les jardins, les énormes arbres, probablement centenaires, offrent une protection contre la pluie, à défaut de protéger du soleil. Le côté luxuriant et verdoyant des lieux confirment qu’il doit souvent pleuvoir ici. Sur les pelouses ou dans les allées, il est possible de voir des écureuils gris, des ibis et de nombreux pigeons. Une petite volière renferme quelques perruches et perroquets. Au milieu se dresse une statue en pied de Cecil Rhodes qui fonda la Rhodésie (devenue Zambie, Malawi et Zimbabwe).
A la sortie de ce coin de verdure paisible, je passe devant le Slavelodge où un musée rappelle désormais l’histoire de l’esclavage, dans cet ancien lieu où étaient parqués les esclaves. Non loin de là se trouve la cathédrale Saint Georges, ancien diocèse du prix Nobel de la paix, l’archevêque Desmond Tutu. Je me dirige ensuite vers Grand Parade, la grande place de la cité. Ici se dresse l’imposant hôtel de ville dans son style colonial. Lors de sa libération, Nelson Mandela y prononça son premier discours depuis le balcon face à la foule massée là pour l’acclamer. Un marché éclectique se tient sur l’esplanade. A l’opposé de la mairie, on trouve le château de Bonne Espérance, le premier bâtiment construit par les européens dans le pays. Il surprend par sa faible hauteur. En revanche, ses fortifications sont dignes de celles de Vauban. Un couple de lions, chacun sur son pilier, garde l’accès à la passerelle au-dessus des douves. Il est possible de déambuler librement jusqu’aux murailles. A l’intérieur, on peut visiter un musée militaire.
Je repars ensuite vers le quartier piétonnier, ses boutiques et ses vendeurs d’artisanat africain sur les placettes. J’arrive ainsi jusqu’à Long Street. Outre qu’elle porte bien son nom et qu’elle accueille de nombreux commerces différents et des restaurants, elle abrite encore un bon nombre de maisons qui ont gardé leur style colonial, parfois très colorés, même dans la grisaille ambiante.
Après l’avoir arpentée dans les deux sens, je retourne vers le centre en direction du musée sud-africain. Avec 15 rands (soit moins de 1€50), son accès est vraiment peu onéreux. Heureusement car même si les expositions sont intéressantes, elles restent un peu brouillonnes et dispersées. Un planétarium est accessible juste à l’entrée. Le premier couloir se consacre aux bijoux rituels des peuples primitifs. J’arrive ensuite sur une immense salle occupant trois niveaux. Tout cet espace est consacré à la faune sud-africaine. Diverses salles annexes sont accessibles depuis les coursives. Malheureusement, on ne sait pas toujours où on va. Trois squelettes de baleines sons suspendus au plafond. Un espace est aménagé tout spécialement pour écouter leurs « chants ». La faune aquatique est principalement présentée via des reproductions. Une bonne place est faite aux squales. Quant aux mammifères et oiseaux, la plupart sont des animaux empaillées. La présentation par famille se révèle très intéressante. On peut ainsi les comparer les uns aux autres. Certains spécimens sont particulièrement grands, comparés à ceux que nous avons pu observer dans la nature. Les amateurs de géologie ne sont pas oubliés avec une coursive consacrée aux minéraux et à la formation de la montagne de la table.
Après cette déambulation et le retour de la pluie et du vent, je décide de remonter à l’hôtel pour enfiler des affaires sèches et finir les sacs. Deux heures pour se poser et patienter, un peu en tournant en rond, je le reconnais. Peu avant 17h30, j’ai la surprise de voir débarquer Carrel. Suite à diverses galères à l’agence, il se retrouve de corvée encore ce soir pour les deux transferts aéroport. Malgré les bouchons, des travaux sur la zone aéroportuaire et un parking quasi complet, j’arrive néanmoins à l’heure à l’embarquement. Résultat, j’hérite d’une place au dernier rang. Youpi ! Heureusement, c’est quand même un hublot. L’aérogare semble flambant neuf, effet coupe du monde oblige. Après un contrôle des plus succincts (un flacon de désinfectant passe à travers, de même qu’à Heathrow pendant le transit), il faut longuement patienter au contrôle des passeports. Malgré les huit guichets ouverts, la file d’attente s’étire. J’ai le sentiment que la procédure est plus longue qu’ailleurs. Heureusement qu’ils n’ont pas plus de vols à gérer sinon ce serait vite l’asphyxie. Dans la zone de duty-free, je retrouve les mêmes boutiques qu’à Jo’burg mais à une plus petite échelle. Les derniers rands sont éclusés avant de rejoindre le rez-de-chaussée puisque nous embarquons en bus.
Malgré un siège mal placé et un voisin aussi encombrant que moi, le voyage se passe assez bien mais sans trop de sommeil. A l’approche de Londres, le même cinéma qu’à l’aller se reproduit, nous devons faire des ronds dans le ciel avant d’obtenir l’autorisation d’atterrir. Il n’est pourtant que 6h15. Heureusement que nous avions de l’avance ! Ils peuvent afficher des statistiques parfaites concernant le service au sol !!
Nouveaux longs couloirs tristes et austères à parcourir pour dénicher le comptoir de correspondance d’air France bien caché entre les deux terminaux. Surprise, l’avion a été changé, nous partons avec un ATR72 d’Airlinair. Il faudra donc plus de temps pour rallier Paris. Et pas mal de temps à Roissy pour rejoindre le terminal 2E (alors que notre avion est parqué à proximité du 2G) sans parler des bagages qui doivent suivre le même chemin. Vingt minutes après avoir atterri, mon sac arrive enfin. Direction le RER qui semble fonctionner correctement après la grève. Cette bonne nouvelle n’est que de courte durée : arrivé à Gare du Nord, le train stoppe définitivement. Il faut en changer pour un hypothétique autre train qui finit par passer au quai inférieur. Les galères continuent puisque celui-ci ne va que jusqu’à Denfert-Rochereau. Il me faut attendre un troisième train qui finit par arriver mais se retrouve instantanément bondé. Ce dernier me permet d’arriver à bon port.
Décidément, cela devient une habitude qu’il y ait une grève à chaque fois que je rentre de voyage. A suivre …