Carnet de piste au nord Botswana (1)

Publié le par Jérôme Voyageur

Samedi 5 avril 2003, Paris

 

Le jour du départ était enfin arrivé direction le Zimbabwe et le Botswana. La montre marque 15 h 30, il est temps de se mettre en route direction le RER. Après avoir chargé mon grand sac sur le dos, je place mon petit sac à dos devant et je pars pour un quart d’heure de marche. Après quelques minute d’attente à la gare, j’embarque à bord d’un RER pour une bonne heure direction l’aérogare 1 de Roissy. Ces trajets permettent d’encore mieux apprécier les vacances à venir. Arrivé à Roissy, le point de rendez-vous est le guichet de Nouvelles Frontières pour récupérer les billets d’avion. C’est aussi l’occasion de faire connaissance avec les gens qui font partie du groupe. Nous sommes sept, trois couples et moi, une huitième personne doit nous retrouver à Francfort. Nous avons la surprise de découvrir notre chef d’expédition, Dominique, qui fera le voyage avec nous. Une seconde surprise nous attend puisque le circuit a été modifié du fait des problèmes au Zimbabwe. Du coup, les deux premiers jours prévus dans ce pays ont été remplacé par un séjour dans la bande de Caprivi en Namibie. De plus, nous aurons aussi droit à un survol du delta de l’Okavongo ainsi que deux nuits en bungalow pour les derniers jours à Victoria Falls. Et tout ça pour le même prix : que demande le peuple ? Seule ombre au tableau, Dominique nous apprend que le sac de ravitaillement qui devait partir avec nous a été expédié par erreur à Windhoek en Namibie !!! Je pense que certains mangeront plus qu’à leur faim !!

 

Comme souvent pour ce genre de destinations, le vol n’est pas direct. Pour être précis, nous allons utiliser trois avion : tout d’abord un saut de puce d’une cinquantaine de minutes de Paris à Francfort. Après une attente d’environ 1h30, on poursuit par un vol intercontinental : dix heures à bord d’un 747 direction Johannesbourg en Afrique du Sud à 8600kilomètres de là. A 8h30 l dimanche 6 avril, nos atterrissons enfin en Afrique. Encore plus d’une heure d’attente avant de réembarquer pour la dernière étape à bord d’un 737 de British Airways direction Victoria Falls au Zimbabwe. J’allais oublier de vous dire que nous avons retrouvé Joëlle la huitième membre du groupe en arrivant à Jo’bourg.

 

Je pense qu’il y a pire mais l’aéroport de Vic Falls est assez folklorique, comme on l’imagine en pleine afrique. Pas un seul avion sur le tarmac à part nous, une vingtaine de personnes à bord. Ici pas de tapis pour les bagages : les quelques sacs sont disposés par terre juste après la douane. La douane, il faut le dire vite. C’est en fait un simple bureau dans le hall d’arrivée où vous pouvez obtenir votre fameux visa (attention, c’est moins cher en dollars qu’en euro : 45 dollars ou 50 euros pour le double entrée). Avec ce visa dans mon passeport, je suis enfin rassuré de ma frayeur de l’ambassade !! Sur le parking, nous découvrons le véhicule que nous allons occuper pendant quinze jours. Il s’agit d’un camion tout terrain Mercedes, ancien véhicule militaire reconverti pour le tourisme. A l’arrière, une cabine toute vitrée et équipée de seize fauteuils accueillent les touristes, les bagages, les tentes et les matelas. Avec le camion nous attend Percy, un jeune zambien, qui va nous servir d’excellent cuisinier pendant tout le séjour. Pas de temps à perdre : Dominique prend le volant direction la frontière. Au passage, on longe le Zambèze.

 

A l’entrée au Botswana nous attend une surprise. Nous devons passer dans un pédiluve, de même que le camion. Le pays est en effet un gros producteur et exportateur de viande bovine ce qui exige des règles sanitaires très (trop strictes !!). Le pays est donc barré par diverses barrières sanitaires, même au cœur du territoire. Je vous laisse imaginer le sort que les éléphants réservent à ces clôtures ! Après les formalités de douane où il vous faudra remplir deux petites fiches, une pour sortir et l’autre pour entre (vous verrez à force, ça se remplit les yeux fermés), nous reprenons la route direction Kasane, terme de notre première étape et, accessoirement entrée du parc national de Chobe. Nous installons notre campement pour deux jours dans le camping du Chobe Safaari Lodge. Avec l’aide précieuse de Percy, nous montons nos tentes igloos pour la première fois. Une fois les sacs déchargés, Dominique nous octroie un quartier libre. Nous en profitons pour nous promener le long de la rivière toute proche avant d’aller goûter aux plaisirs de la piscine. Un couchant superbe s’offre à nous depuis les pontons : un vrai régal ! Il est l’heure de retourner au camion pour déguster notre premier repas en terre africaine. Pendant que nous nous égaillions, Percy nous a préparé de succulents ti-bone au barbecue (je comprends mieux pour quoi ils protègent autant leur viande bœuf !) : la viande est vraiment succulente et surtout très copieuse. Le repas se fait autour du feu à la lumière d’une lanterne à gaz : très sympa pour cette première soirée.

 

La voyage et la journée ont été longs : nous ne tardons pas à regagner nos tentes pour une bonne nuit de sommeil d’autant plus que le réveil est prévu à 5h15.

 

 

Lundi 7 avril, 5h15, Kasane (Botswana).

 

 

Premier réveil en Afrique. La nuit a été animée par les bruits de la nature. Quelques hippopotames se sont permis de grogner. Etaient-ils tout près ou pas, mystère ? Toujours est-il que nous avons très bien dormi malgré ce réveil très matinal. Dominique est obligé de faire le tour du campement pour réveiller tout le monde. La veille au soir, Percy avait fait chauffer l’eau avant de la mettre dans des Thermos. Ainsi, il nous suffit juste de verser l’eau dans le café ou le chocolat pour prendre notre petit déjeuner. Quelques tartines de confiture dans la pénombre et nous avons le ventre plein, prêts à affronter la première journée.

 

Le programme de la matinée est un « game drive ». En fait, je découvre rapidement que dans cette région, tout est « game ». On pourrait assimiler cela à un safari. Donc, si vous avez bien suivi, nous partons en véhicule 4*4 pendant près de trois heures pour découvrir le parc national de Chobe, un immense parc situé au nord-est du Botswana, le long de la rivière du même nom. Ces véhicules nous attendent à l’entrée du lodge à 6h00 dans la nuit noire. L’entrée du parc n’est pas très loin mais je vous conseille de prévoir de quoi vous couvrir pendant le trajet. Sans qu’il fasse froid à cette période de l’année, le courant d’air en roulant est particulièrement piquant ! Après quelques formalités en l’entrée du parc, nous empruntons les pistes du Chobe. Le premier contact se fait avec une compagnie de marabouts perchés sur un arbre mort. Jusqu’à la rivière, on aperçoit plusieurs autres oiseaux dont énormément de pintades (sauvages bien sûr !). Parvenu au bord de la Chobe, nous changeons de piste pour la longer. Nous découvrons alors de magnifiques couleurs grâce au soleil levant qui irise la surface de l’eau ! On découvre alors une multitude d’autres oiseaux de toutes tailles : des aigles pêcheurs faisant le guet prêt à fondre sur un poisson, des vautours attablés sur une peau d’éléphant, … J’allais oublier cette aigrette dont j’ai oublié le nom mais qui est vraiment particulière : toute noire, pour pêcher, elle place ses ailes au-dessus de sa tête pour créer une zone d’ombre où elle attrape plus facilement les poissons. Les yeux tournés vers la rivière, nous ne voyons même pas approcher, comme à la parade, un Impala mâle le long de la piste : on pourrait presque le toucher, lui qui n’est même pas apeuré tant qu’on ne fait pas de bruit. Dominique nous explique qu’en fait, les animaux n’ont pas d’images des voitures. Ainsi, l’approche d’un véhicule, même bruyant, ne provoque aucune crainte chez eux ; par contre, si vous vous amusez à descendre, ils fuiront à coup sûr. Poursuivant notre  progression le long de l’eau, nous découvrons trois hippopotames en train de prendre un bain.

 

Nous abandonnons ensuite la rivière pour pénétrer plus à l’intérieur du parc. C’est l’occasion de découvrir plusieurs troupeaux d’Impalas souvent accompagnés de babouins ; c’est ce qu’on appelle la coexistence ! Une chose nous surprend dans ces troupeaux : il n’y a qu’un mâle pour vingt à trente femelles. En fait, ce mâle doit satisfaire tout le troupeau jusqu’à se faire expulser quand il est trop fatigué. C’est ainsi qu’on retrouve des petits groupes de mâles qui reprennent des forces à l’écart. Parmi les babouins, nous avons la chance d’apercevoir un petit pendu sous sa mère (c’est craquant !!). Nous apercevons ensuite quelques grands Kudus et des Pukus. Un petit crocodile égaré au borde de l’eau prend le soleil. Quelle n’est pas notre surprise de nous retrouver nez à nez avec un phacochère qui semble se trouver à son aise au milieu de la piste, bien peu décidé à bouger !! On retrouvera d’ailleurs quelques-uns de ses congénères à l’hôtel où ils font office de tondeuses quand ils ne dévastent pas les parterres de fleurs. Malheureusement, nous ne parvenons pas à rencontrer de grosse bête, juste leurs bouses plus ou moins fraîches : il faut dire que ce n’est pas vraiment la meilleure saison pour en voir dans cette région. Néanmoins, la promenade est très plaisante, agrémentée même d’un petit café à mi-parcours. Sur le chemin du retour, nous admirons pendant de longues minutes un aigle pêcheur très occupé à déguster son poisson sans même nous prêter attention. Neuf heures approche, la barrière de sortie aussi. Le principe du game drive est vraiment sympa ; on peut tout de même regretter que les véhicules se croisent trop souvent sur un parc aussi grand.

 

Une fois rentrés au camping, nous disposons de quelques heures pour découvrir Kasane. Nous en profitons pour affronter les administrations locales. Il faut bien compter pour faire du change dans la seule banque de la ville, ainsi qu’une bonne demi-heure pour quelques timbres dans un bureau de poste plutôt antique. Néanmoins, je suis très agréablement surpris par la population qui est très souriante, et, surtout, qui ne dévisage pas le blanc. On ne sent pas cette différence entre locaux et touristes. Les dépenses sont limitées vu le faible nombre de boutiques. Pourtant cette monnaie a un nom vraiment poétique car on parle de « pluie » (pula) qui se divise en « gouttes » (thebe).

 

A 15 heures nous attend un « game boat ». Si vous avez bien suivi, vous aurez compris que nous allons faire un tour de bateau. Occupé à faire réparer un pneu du camion avec Percy, Dominique me charge de guider le groupe ; ça y est, me voilà intronisé guide assistant, pourtant je suis très loin d’avoir la connaissance de Dominique sur la faune et la flore. Nous montons à bord au niveau de l’embarcadère du lodge. En guise de bateau, il s’agit de deux flotteurs sur lesquels sont posées deux plateformes, le niveau supérieur servant de bain de soleil !! C’est parti pour trois heures sur la Chobe entre Botswana et Namibie. Une nouvelle fois, nous apercevons de nombreux oiseaux toujours aussi beaux. Parmi les nouveaux, de très beaux tisserins verts qui ont installé leur « HLM » dans deux arbustes. En fait, ceux-ci ressemblent plus à des sapins de Noël chargés de boules. Et vogue la galère ! Grâce aux jumelles, nous apercevons, au loin, ce qui semble ressembler à un troupeau d’éléphants : on verra plus tard. En attendant, les hippopotames montrent leurs narines et sortent enfin de l’eau. On a du mal à imaginer que ces mastodontes se révèlent d’excellent nageurs. Pour avoir assister à une bagarre, je peux vous assurer qu’ils sont presque aussi rapides que les dauphins. Vous ne savez peut être pas que ces animaux sont parmi les plus dangereux en Afrique malgré leur image placide. Je ne résiste pas à vous raconter la légende qui explique pourquoi l’hippo éparpille ses bouses en les fouettant avec sa queue. En fait, voulant pouvoir aller brouter dans l’eau, l’hippopotame demanda au roi des animaux l’autorisation. Celui-ci lui refusa, prétextant qu’il en profiterait pour manger de poisson. L’hippo s’engagea alors à ne manger que des plantes, et pour le prouver, depuis, il disperse ses excréments. Ainsi, tout le monde peut vérifier qu’il n’y pas trace d’arêtes !!

 

Un peu plus loin, au bord de l’eau, à l’ombre d’un petit arbre, nous apercevons deux buffles paissant tranquillement à l’ombre sous l’œil intéressé d’un crocodile. Nous aurons la chance de découvrir un autre buffle dans les roseaux broutant tranquillement dans l’eau. Une fois encore, nous apercevons un important troupeau d’Impalas venus se rafraîchir, accompagnés de deux grands Kudus et, bien sûr, d’une famille de babouins. Quelques petits varans prennent le soleil sur les berges. Alerte ! Nous apercevons de nouveau un des éléphants au loin. La « traque » commence ! Finalement, après de longues minutes d’attente, nous découvrons qu’il a traversé la rivière à la nage avant de tenter de se cacher derrière la végétation. Heureusement, nous avons le temps de l’apercevoir : c’est le premier éléphant que je vois à l’état sauvage, dans son milieu naturel, un vrai bonheur. Il est temps de faire demi-tour. Heureuse surprise : nous trouvons un petit troupeau d’éléphants paissant sur un îlot. Magique ! Ca valait vraiment le coup de patienter ; d’ailleurs le capitaine reste un long moment près d’eux. La ballade se termine par un arrêt non loin du lodge pour profiter du coucher de soleil sur la Chobe : nous en prenons plein les mirettes, cet endroit est vraiment splendide.

 

La nuit est tombée, nous retournons à notre campement où Percy nous a préparé un succulent riz au curry avec lequel nous allons déguster d’excellentes saucisses de bœuf grillées (une spécialité sud africaine, les Browers). Allez au lit !

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