Journal africain (3)
Lundi 20 octobre 2003, Welwitschia Drive
Nous voilà obligés de quitter un campement très sympa. En reprenant la piste vers Swakopmund, nous longeons les montagnes de la lune (Mountains of the Moon). On s’y croirait presque : le paysage est impressionnant. Elles ont été modelées ainsi par l’éruption d’un ancien volcan. Arrivés à 14 km de Swakop (cela m’a marqué parce ça a commencé dès le panneau), nous tombons nez à nez avec le brouillard matinal tant annoncé. Cet endroit est vraiment surprenant : le désert voisine avec le temps « breton ». C’est aussi l’impression que donne la ville, une des rares stations balnéaires du pays, de seulement 18000 habitants. Cette étape est la dernière occasion de trouver des boutiques, des banques et un bureau de poste digne de ce nom avant la fin du voyage. Alors n’hésitez pas si vous avez des choses à acheter.
Le premier « défi » de la journée consiste à réserver les billets pour le survol du désert d’une durée de 2h30. Nous avons ensuite quartier libre pour découvrir la ville. Nous commençons par le marché africain avec tous ces bibelots en bois, pas tous authentiques (gare au cirage sur l’ébène !!). En tout état de cause, il est indispensable de négocier ! Mais l’ambiance y est agréable puisqu’ils ne sont pas « collants » ! Puis nous arpentons les quelques rues du centre. L’atmosphère et l’architecture sont vraiment très allemandes. Nous en profitons pour refaire le plein du bar qu’une semaine de désert a asséché ! Puis, nous nous dirigeons vers notre logement : aujourd’hui, c’est Byzance. Nous sommes logés en bungalows (en forme de chalets. L’ambiance promet avec Jeff, Stéphanie, JP, Marie et Marlène. La douche va devenir le passage incontournable après deux jours de bivouac sans eau.
Pour bien nous imprégner du climat de la ville, nous partons pique niquer sur la plage, à la sortie de la ville, dans le brouillard. Je vous rassure de suite, jamais personne ne se baigne là-bas, l’océan y est trop froid. C’est pour le moins comique comme lieu. Le temps libre jusqu’à 15 heures est utilisé qui au décrassage, qui à l’écriture des dernières cartes postales. C’est la dernière limite si on veut arriver après elles ! Pour votre information, il s’avère qu’elles ont mis à peine 5 jours à arriver en France.
15 h, le grand moment est arrivé. Un minibus vient nous prendre devant l’agence pour nous conduire jusqu’à l’aérodrome de Swakopmund. Après de longues minutes d’attente parce que le reste du groupe n’est pas encore arrivé, nous partons enfin pour deux heures vingt de folie ! Dans le Cessna, il y a Jeff, Stéphanie, Marlène, Marie et moi. C’est difficile de raconter tout ce que j’ai ressenti mais je vais faire un effort pour vous faire partager ce moment.
Nous partons plein sud vers le désert. Nous commençons par apercevoir la Montagne Blanche. Puis nous arrivons au dessus de la Kuiseb. Asséchée bien évidemment ! Heureusement que les arbres sont là pour en marquer le lit. Cette rivière est très étrange dans la mesure où elle sépare de manière brutale une zone dunaire du désert beaucoup plus plat. Nous suivons son cours un bon moment, apercevant quelques campements Topnaars (une tribu des Hottentots), jusqu’à atteindre le canyon de la Kuiseb. Le noir de la roche tranche avec l’ocre du sable. Au loin, nous distinguons le rocher de Mirabib où nous avons bivouaqués.
Nous survolons ensuite des dunes de très près ! C’est ce qu’on pourrait appeler du rase dunes. Du coup nous apercevons quelques zèbres et oryx en train de brouter les plantes qui poussent à foison à cet endroit. Les grandes dunes de Sossusvlei commencent à apparaître : quel spectacle ! C’était déjà superbe au sol. Mais vu d’avion, cela devient magique et impressionnant d’immensité, surtout que le pilote nous en fait bien profiter. Dans le cockpit, on entendrait presque une mouche volé tellement nous sommes tous les cinq bouche bée.
Pendant de longues minutes, nous reprenons de l’altitude pour rejoindre la côte : c’est vraiment le seul moment moyen du survol. C’est là que le coup de barre sévit en principe ! Non loin de l’océan, nous retrouvons trace de la civilisation : il s’agit des restes des mines de diamants abandonnées. Là encore, le pilote nous gratifie d’un passage en rase-mottes au milieu du troisième camp. Quel pied !
Nous atteignons enfin la côte avec ses nombreuses colonies de phoques, et quelques épaves de bateaux. Nous alternons rase-mottes au niveau des vagues avec descente en piqué vers la plage. Le pilote s’en donne à cour joie pour notre plus grand plaisir. Que de sensations fortes ! Conception Bay et Sandwich Bay nous offrent de magnifiques paysages de lagunes colorées du rose des flamants. On se croirait presque dans une photo d’Arthus Bertrand. C’est déjà la fin avec le survol de Walwis Bay puis de Swakopmund. Marlène compare à juste titre la banlieue résidentielle avec un village de Lego !! Dommage, il n’y a pas de tour gratuit : nous avons du mal à quitter ce petit avion qui nous a offert ce moment inoubliable. Même si cette excursion peut paraître chère (1260 N$ soit un peu plus de 150€ avec les frais de CB), elle vaut vraiment le coup. Et puis on ne vit qu’une fois !!
Le soir, Maïté nous invite au restaurant. Nous y dégustons des poissons locaux (un King Clip en ce qui me concerne) et les vins blancs sud-africains. La nuit dans un vrai lit avec une couette est un vrai bonheur avant de reprendre le rythme camping. Mais attention à ne pas trop s’y habituer.
Mardi 21 octobre, Swakopmund
Ce matin, nous disposons de quelques heures supplémentaires pour faire de nouvelles emplettes en ville. Nous écumons les boutiques à la recherche du présent idéal pour notre entourage. Nous nous devons de refaire un tour au marché : ça négocie dur ! A 10 heures, nous rembarquons en direction de Cape Cross. Pour cela, nous empruntons la route-piste qui longe la côte vers le nord et la Skeleton Coast. Malheureusement, ce n’est pas très agréable : nous sommes loin de l’eau, le paysage est triste et monotone.
Lorsque nous arrivons à l’entrée de la réserve, le temps est couvert, le fond de l’air est frais. Un chacal flâne aux alentours. Nous rentrons un peu dans le parc pour pique-niquer sur un parking prévu à cet effet. Puis nous nus approchons des otaries. La première chose qui marque c’est l’odeur très très particulière. Il faut s’approcher jusqu’au muret pour les découvrir. Certaines batifolent en mer : nous apercevons des nageoires, des queues, des museaux. Les mâles se battent entre eux pour impressionner les femelles, qui à coup de grognements, qui à coup de dents. Les plus gros spécimens sont carrément impressionnants et n’ont aucun mal à se faire respecter. Entre eux cela s’apparente à un combat de sumo. Mais la plupart de la colonie se prélasse au soleil. Les petits (âgés de 10 mois) en profitent même pour téter leur mère. Malgré l’odeur et le bruit, le spectacle reste impressionnant. Sur la pointe est plantée la réplique de la croix de Diego Cão, l’explorateur portugais qui a posé le premier un pied sur cette terre hostile en 1486. il fut le premier européen à débarquer en Namibie mais il n’y resta pas. C’est cette croix qui a donné son nom au lieu, vous l’aurez compris.
En milieu d’après-midi, nous reprenons la piste afin de rejoindre notre campement au cœur du Spitzkoppe. Encore un bivouac génial au milieu d’un massif granitique rosé largement habité par les oiseaux. A certains endroits, on se croirait dans une volière ! Dans ce paradis minéral, il y a tout de même un inconvénient : les nombreuses mouches. A mon avis, leur présence est dû aux troupeaux de vaches qui paissent dans le coin. Pour en revenir à notre camp, il est installé dans un large défilé entre deux petites montagnes. Les couleurs de la roche sont magnifiques dans la lumière du soleil déclinant. Après avoir planté les tentes nous allons faire un petit tour parmi ces pierres. Nous avons même la chance d’apercevoir un gros lézard typique de la région, l’agame des rochers du Damara. Le mâle a la particularité d’avoir la tête et la queue teintée de rouge alors que le reste du corps est noir. De plus, il hoche en permanence la tête pour surveiller son territoire à l’affût d’une femelle (tête jaune pour elle) ou de rivaux.
Comme les mouches, avec l’arrivée de la nuit, nous partons nous coucher : malgré le sol de graviers, celle-ci est douce !