Journal africain (5)

Publié le par Jérôme Voyageur

Vendredi 24 octobre 2003, Kowarib

 

 

Aujourd’hui, longue route au programme jusqu’à Opuwo en plein Kaokoland. Dès le départ, nous traversons une forêt de Mopanes. C’est bien la première fois que nous voyons autant de verdure. Cela semble plaire aux springboks et aux vaches.

 

Nous nous arrêtons à Sesfontein. Pendant que Jeffrey fait le plein et la pression des pneus, nous en profitons pour admirer le ballet des tisserins jaunes à tête noire dans la cour du lodge construit dans un ancien fort allemand. Et c’est reparti. Nous faisons rapidement une halte florale pour observer deux espèces locales : le Pachypodium, au pied énorme avec des aiguilles en guise de feuilles, et le Cyphostema, lui aussi pourvu d’un gros pied, avec des bouquets de feuilles vertes au sommet.

 

Puis nous affrontons une rude piste de montagne, avec notamment la passe de Joubert qui doit bien faire 15% de pente, tout en ligne droite. D’ailleurs ce morceau de piste a été goudronné. Mais nous avons l’impression d’affronter un vrai mur. Pendant que le moteur refroidit au sommet, Jeffrey nous ramasse du « thé du bush », une plante noirâtre mais agréablement parfumée. En poursuivant notre chemin, nous voyons enfin quelques termitières cathédrales. Un peu plus loin, nous nous arrêtons à nouveau pour voir les baobabs. Ils ne poussent qu’à cet endroit en Namibie sur une petite superficie. Le long de la piste, nous voyons quatre Himbas en tenue traditionnelle (deux femmes, un homme et un bébé).

 

Nous finissons notre trajet à Opuwo, la « capitale » régionale. Voilà une ville typiquement africaine. , pas un blanc à l’horizon. Juste des Hereros et des Himbas. Malgré tout, nous ne nous sentons pas dévisagés. Par contre, nous subissons une tempête de poussière. La visibilité se réduit à 2-3 mètres. Nous voilà contraints à nous réfugier au bar en attendant Maïté. L’atmosphère est très lourde :envie de rien faire. Nous repoussons le montage des tentes au plus tard avant une bonne douche réparatrice.

 

Vu l’heure du repas, nous finissons la soirée au bar du camping avant l’assaut des « discrets » bataves !! Incorrigibles ces oranges !

 

 

Samedi 25 octobre, Opuwo

 

 

Ce matin, le réveil est avancé. Nous rendons visite aux Himbas. Yaya, notre guide, Himba lui-même, vient prendre le petit déjeuner avec nous avant que nous nous rendions au village situé à une quinzaine de kilomètres, Ohunguomure.

 

Celui-ci est situé au pied d’une montagne qui lui a donné son nom. Il y a une dizaine de huttes ainsi que deux enclos à bétail et de nombreux silos à grain. Yaya commence par nous donner des explications sur les Himbas avant que nous rentrions dans le village. A la base ce sont des éleveurs semi—nomades qui subsistent avec leurs troupeaux de vaches et de chèvres ainsi que des céréales au moment des pluies. Nous voyons uniquement des femmes et des enfants. Ils vivent simplement vêtus d’un pagne de cuir, de bracelets aux poignets et aux chevilles, et d’un joli collier orné d’un coquillage blanc (symbole de la fertilité). Pour se protéger du soleil et ressembler aux vaches (symbole de richesse), elles s’enduisent le corps et les tresses d’un mélange d’ocre rouge et de crème de lait ou de graisse.

 

Le premier contact est difficile dans le sens où nous nous sentons mal à l’aise du fait de ce choc de cultures. Les échanges restent limités du fait que les Himbas ne parlent pas anglais. Nous commençons par un bonjour « Moro », accompagné d’une triple poignée de mains à toutes les personnes assemblées en arc de cercle, au milieu du village. Certains d’entre nous sont gratifiés par certaines de commentaires inintelligibles ! Pour rompre la glace, Yaya se lance dans les présentations mutuelles. Mais pour l’instant, aucun d’entre nous n’ose sortir d’appareil, gênés que nous sommes.

 

Une fois encore, c’est Yaya qui nous relance et surtout les plus petits qui viennent jouer avec nous. Des sourires à profusion. Certains s’amusent avec les enfants tandis que d’autres visitent les huttes en compagnie du guide. Pendant notre visite, les femmes ont sorti tout leur artisanat : colliers, bracelets, calebasses, poupées, … Encore une fois, Yaya sert d’intermédiaire pour les prix et la négociation. Quoi que Jeffrey se défend pas mal non plus !! Avant de repartir, nous leur laissons quelques cadeaux qui font office de droit d’entrée dans le village. Il y a principalement des biens de consommation courante : farine, tabac à priser, graisse, … auxquels nous rajoutons quelques stylos.

 

9 heures : il est temps de repartir non sans un sentiment mitigé. A la fois ravi de découvrir leur façon ancestrale de vivre tout en ayant l’impression d’être au zoo. Nous repassons à Opuwo pour les dernières courses avant de prendre la piste vers le sud en direction de Kamanjab.

 

Nous commençons enfin à longer le parc d’Etosha mais c’est de l’autre côté de la route que nous apercevons des girafes toutes claires (les Masais du Botswana). Nous poursuivons au delà de Kamanjab jusqu’à Cheetah Farm, un camping à proximité d’une « ferme » aux guépards. En fait le patron a domestiqué cinq fauves qui vivent dans sa maison (ainsi qu’une jeune oryx mais qui reste enfermé seul dans un coin du jardin, à l’abri !!). Nous pouvons les caresser comme des chats : un vrai bonheur ! Nous avons du mal à y croire ! Mais nous n’avons encore rien vu. Nous partons ensuite voir les plus sauvages qui sont en semi-liberté dans un immense enclos. Quel spectacle de les voir suivre la camionnette et dévorer la viande qui leur est lancée. Néanmoins, cela reste des chats sauvages prêts à dévorer le patron. En fait, nous faisons ce tour dans la benne d’un vieux pickup Chevrolet, à l’africaine. Quelle journée encore une fois !!

 

Nous concluons cette journée au bar pour fêter l’anniversaire de Francis. Deux tournées de Castle ! 20h00, il est tout de même temps de passer à table (enfin façon de parler !!). Au menu, soupe de légumes, haricots verts et saucisses grillées. Pendant que je sers le dessert (de la compote), une surprise s’avance. Maïté a acheté deux gâteaux, deux bougies et deux cadeaux pour marquer le coup. C’est vraiment une délicate attention. Et dire qu’elle a cru à une blague lorsque j’ai dit le premier jour que c’était mon anniversaire. Malheureusement pour nous, le bar est fermé et nous ne pourrons pas y finir la soirée. Repli sur les tentes en attendant Etosha qui arrive à grands pas (plus que 200 km).

 

En attendant, une excellente nuit au calme le plus profond, non loin des guépards nous attend. Morphée, j’arrive …

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