Pérégrinations chiliennes (2)

Publié le par Jérôme Voyageur

Jeudi 8 février 2007, Arica

 

 

Vers 7h30, nous débarquons enfin à la gare routière d’Arica. Nous trouvons de suite notre nouveau véhicule mais pas de trace du chauffeur pendant une grosse demi-heure. Enfin, tout rentre dans l’ordre et nous reprenons notre progression plein est par la vallée de Lluta. En passant, nous apercevons les flots de l’océan Pacifique. Le fleuve Lluta a du mal à assurer le débit : le niveau est très bas. Néanmoins, encore une fois, une bande verte occupe le fond de la vallée alors que tout l’environnement voisin paraît inhospitalier avec ses montagnes recouvertes d’une couche de sable. Petit à petit nous reprenons de l’altitude pour rejoindre au final l’altiplano. La végétation disparaît complètement ; à une exception près ! Car une plante endémique s’est tout de même installée sur une partie de la vallée, ou plus exactement sur les hauteurs. Il s’agit du cactus candélabre qui, comme son nom l’indique, ressemble à un candélabre au sommet de son tronc recouvert d’épines acérées. Sur les deux flancs de la vallée, ils constituent la seule touche de couleur sur ce paysage aux dominantes grisâtres. Sur la route, notre nouveau chauffeur, Antonio, nous fait le coup de la zone magnétique marquée comme telle par un panneau indicateur des carabiniers chiliens. Cette portion de route aurait des caractéristiques magnétiques spéciales. Pour nous le prouver il met le véhicule au point mort et le véhicule recule tout seul dans une montée. Alors ? Illusion d’optique sur la réalité de la pente ou réalité scientifique ? Mystère ! Mais gros doute tout de même. D’ailleurs est ce que cela marche aussi bien avec ces énormes semi-remorques qui sillonnent cet axe pour relier La Paz en Bolivie au port d’Arica, ouverture sur l’océan.

 

La halte suivante est bien plus sérieuse et culturelle. Nous sommes face à la pukara de Copaquilla, tout autant en ruine que celle de Lasana, qui protégeait les voies commerçantes qui passaient au fond de la gorge par le village du même nom. Le site est impressionnant ! Dommage que cette pukara ne soit pas restaurée pour y attirer des touristes et faire revivre l’histoire de ces routes d’échanges. Quelques kilomètres plus loin, en revanche, un tambo est en cours de restauration. Il s’agissait d’une sorte de relais dotés d’entrepôts. Un peu plus loin encore, au hasard d’un virage, nous apercevons enfin le second camélidé sauvage du Chili, à savoir le guanaco. Il se reconnaît par sa taille plus grande que la vigogne et sa tête plus sombre. Avec l’altitude est réapparue la végétation. Après les guanacos, nous apercevons régulièrement des vigognes. Quelques kilomètres avant d’atteindre le parc national de Lauca, déclaré réserve de biosphère de l’Unesco, un petit sentier permet d’approcher les viscaches dans la zone Las Cuevas. La petite falaise surplombant le chemin semble être leur habitat préféré. Ils sont tous en train de dormir, soit à l’ombre des rochers, soit sous les buissons. Nous distinguons mieux leur longue queue ainsi que leur position assise les faisant ressembler à des mini-kangourous avec leurs pattes antérieures repliées sur la poitrine. Tout près une zone humide héberge quelques oiseaux, principalement des canards. Les quelques pas sur ce sentier ornithologique nous rappelle que nous sommes montés en altitude !

 

En montant encore, nous finissons par quitter le ruban bitumé et nous atteignons le « bofedal » de Parinacota : une immense zone végétale et humide qui fait le bonheur des camélidés. Ici s’ajoute le quatrième, l’alpaga, domestique, plus rond et plus petit que le lama. Nous en apercevons à perte de vue : des taches colorées semblent avoir été semées un peu partout sur le bofedal. Avec les jumelles, la profusion est impressionnante. C’est ainsi que nous distinguons aussi la présence de flamants roses (à plus de 4000 mètres), des oies sauvages et des poules d’eau. l’altiplano est cerné par de hauts sommets dont trois nous apparaissent enneigés : le Parinacota (6342 m), le Pomerape et le Sajama côté bolivien, tous à plus de 6000 m aussi. Malheureusement, le temps est bien couvert aujourd’hui et leurs cimes disparaissent dans les nuages. Nous faisons une halte au petit village de Parinacota qui semble bien clairsemé en habitants. Sa petite église blanche nous rappelle celles vues du côté d’Atacama. Elle est considérée comme monument national. Elle se démarque néanmoins par quelques apports colorés, le bleu de la porte et surtout le rose-rouge de la pierre volcanique qui compose les colonnes et les arcs des diverses ouvertures. La courte ascension jusqu’au mirador pour avoir une large vue du « bofedal » est encore fois une épreuve ! Mais là, des bancs ont été prévus pour admirer le point de vue tout en récupérant. Sur la placette du village, une dame assez âgée propose toute une série d’articles artisanaux textiles à des prix modiques. Il ne faut vraiment pas hésiter. Elle a même un petit lama bien vivant ! Nous poursuivons l’ascension en passant devant la lagune de Cotacotani, qui s’est formée par remplissage des différents bassins apparus suite à une éruption. Les eaux devraient être émeraude mais la couverture nuageuse nous gâche tout le spectacle. Il nous semble simplement qu’il y a de la glace. Juste après, l’orage qui menaçait depuis Parinacota finit par se transformer en averse … de neige. C’est dans ces conditions que nous arrivons au terme de notre ballade : le lac Chungara, un des plus hauts lacs du monde à 4500 mètres. Impossible de manger dehors à cause de la pluie et du froid, pas de salle non plus, seulement un poste de garde : nous pique-niquons directement dans le véhicule. Et le spectacle est gâché : grisaille, sommets dans les nuages. Tout va de travers. Nous subissons aussi tous les effets de l’altitude à commencer par moi : le repas a du mal à passer, les maux de tête viennent. Ne voyant pas d’amélioration venir, nous repartons plus tôt que prévu. En route, nous en profitons tout de même pour faire des photos principalement des alpagas, mais aussi du cadre du parc national qui reste gratuit d’accès.

 

En milieu d’après-midi, nous arrivons donc à Putre, plus bas dans la vallée mais quand même à 3200 mètres et nous nous installons confortablement à l’hôtel Las Vicuñas juste à l’entrée de la ville, une adresse qui dispose même d’Internet (certes un peu lent) et de douches chaudes qu’il faut laisser couler une dizaine de minutes pour que l’eau chauffe !!. Je suis bien au large dans mon grand lit au milieu de ma grande chambre. Le programme tacitement admis est axé sur le repos après deux nuits peu réparatrices et une rude montée en altitude (d’Arica au Chungara, il y a tout de même 4500 mètres de dénivelé en à peine une demi-journée !). Vers 16 heures je commets l’erreur d’aller me balader dans le village quasi désert. Il fallait savoir que tout ouvrait une heure plus tard ! J’en profite juste pour dénicher ces encadrements de porte très anciens qui datent de l’époque espagnole. Sinon, ce village manque singulièrement de charme ; seules les rues pavées ou constituées de galets attirent l’attention. Même sa petite église est banale. Les nombreuses statues rassemblées tout autour de la place rappellent un histoire pour le moins mouvementée.

 

Vers 19h30, Mauricio nous emmène dans un petit restaurant situé sur la place du village qui aurait plutôt l’apparence d’un boui-boui. Et pourtant, nous y mangeons bien (et visiblement pour une bouchée de pain) : succulente soupe de légumes en entrée, entrecôte d’alpaga, riz et crudités, et une tasse de maté de coca pour mieux supporter l’altitude ! De retour à l’hôtel, Robert est bien décidé à nous faire goûter sa Chartreuse qu’il a ramenée de France. Pour Mauricio, c’est une découverte plaisante. Cela semble aussi le cas pour le couple de gérants que nous invitons à trinquer. C’est l’occasion pour elle de nous parler de quelques coutumes péruviennes et boliviennes. Une agréable fin de soirée dans la salle de restaurant désertée de l’hôtel. Une journée bien longue qui devrait se conclure par un gros dodo avec tout le sommeil en retard.

 

 

Vendredi 9 février, Putre

 

 

Après une bonne nuit de sommeil dans un lit très agréable, des vigognes plein la tête (normal à l’hôtel des Vigognes !), nous repartons à l’assaut des sommets. Mais cette fois la transition devrait être moins rude puisque nous sommes déjà à 3200 mètres d’altitude. Nous commençons par reprendre la même route que la veille sur une cinquantaine de kilomètres, tout sur du bitume. Peu après la zone de Las Cuevas où nous avions vu les viscaches, nous bifurquons sur la droite pour emprunter une piste aux allures de tôle ondulée parfois coupée par les torrents. Pendant un temps le paysage est uniquement minéral, gris sous toutes ses déclinaisons. Et les nuages bien présents n’aident pas à apporter de la couleur et de la lumière. Traversant la Réserve Nationale des Vigognes, nous ne manquons pas d’en apercevoir à profusion. Ces hauteurs sont leur royaume. Soudain, nous apercevons quelques taches sombres dans le ciel. Il s’agit de cinq jeunes condors qui ont sûrement déniché une carcasse et qui profitent des thermiques, créés par l’orage, pour prendre de la hauteur sans trop d’efforts. Ils tournent un long moment dans le ciel au-dessus de nos têtes avant de disparaître.

 

Lorsque l’eau coule entre ces collines rocailleuses, la végétation s’installe sous forme de « bofedal ». Ces endroits attirent inévitablement la faune (vigognes comme oiseaux). Lorsque nous approchons de rares habitations, nous y retrouvons aussi des troupeaux d’alpagas avec leurs nombreuses couleurs (cela va du blanc au noir en passant par le marron et tous les mélanges). Les nombreux jeunes nés tout récemment sont adorables. En montant encore commence à réapparaître la flore de la Puna (l’altiplano) à savoir les très nombreux pieds de « paja brava » aux teintes plus vertes que celle vue dans l’Atacama et les queñoa (un petit arbre poussant à flanc de montagne). Nous commençons à être cernés par les sommets tantôt nus mais aux superbes dégradés de couleur, tantôt recouverts de neige. C’est le cas du volcan Guallatire (6060 m) qui dissimule sa cime dans le plafond nuageux. Au pied de ce géant est posé un tout petit village éponyme abritant à peine trois familles. Nous avons presque l’impression de déranger un lieu endormi. Il mérite néanmoins la visite pour sa petite église toujours dans la même tradition, et toujours enduite de blanc. Nous poursuivons notre lente progression continuant à croiser vigognes et alpagas.

 

Finalement, nous atteignons notre but : le salar de Surire, posé à 4200 mètres, non loin de la frontière bolivienne et cerné de nombreuses montagnes très différentes les unes des autres. La partie nord du salar est la moins jolie car exploitée pour en extraire le bore. La surface y est donc toute retournée et recouverte de tas de sels. Nous contournons donc le salar vers le sud. Petit à petit apparaissent quelques lagunes et la surface blanche devient plus uniforme. Le salar est bien plus joli ainsi. Mais vu d’avion, le spectacle est certainement encore plus beau. Au milieu de ces lagunes se sont posés plusieurs dizaines de flamants roses. Tous les types sont représentés. Nous avons même la chance de voir le formidable spectacle de deux envols. Au loin la pluie commence à tomber sur les sommets mais nous restons au sec pour l’instant. Arrivés quasiment à l’extrémité sud du salar, nous faisons une pause près d’une lagune très particulière. A la fumée qui s’élève nous devinons de quoi il s’agit. Nous sommes aux « thermes » de Polloquere. Enfin, il s’agit d’une piscine naturelle d’eau chaude, sans le moindre aménagement. L’eau est tellement brûlante à la source qu’il faut s’en éloigner pour trouver une température supportable. Nous n’avons que faire de l’altitude, de la température extérieure et l’averse qui arrive. Bien au contraire ! En quelques minutes, je suis rejoint par Georges et Ghislaine. L’entrée est difficile : il faut s’habituer à l’eau chaude ; mais après, c’est un vrai régal. Au fond, nous pouvons même profiter d’une boue qui aurait des vertus bienfaisantes. Après cette baignade exceptionnelle qui nous a creusé l’estomac, nous profitons d’un excellent pique-nique des cimes. Nous finissons juste à temps : l’orage éclate et nous lâche une averse de petits grêlons. La table est pliée en un temps record et tout le monde se réfugie à l’intérieur du van. Pas pour longtemps car Antonio manque de s’enliser et il nous faut descendre pour pousser ! Commence alors une longue, très longue redescente jusqu’à Arica, au bord de l’océan. La seule distraction est cette pause à un des postes des gardes du parc. Nous pouvons y voir plusieurs viscaches quasi domestiques. A force de vivre près des gardes, elles se sont habituées à l’homme et nous arrivons à les approcher de près. Certains s’amusent même à les nourrir à la main ; et ça marche ! C’est aussi l’occasion d’un bon four rire. Sous peine de les engraisser de trop, nous les laissons tranquilles et repartons. La majeure partie du trajet se fait sous la pluie et la plupart comatent ! Moi le premier. Je ne réémerge que bien plus bas lorsque nous rejoignons les basses vallées. Même les cactus sont baignés dans la brume remontée de la côte. Finalement, en approchant de la vallée de Lluta, nous retrouvons le sec. Vu d’en haut, l’endroit est toujours aussi impressionnant : une vallée encaissée, rocheuse et recouverte de sable, et au fond, un ruban vert de culture.

 

Nous finissons par atteindre Arica, terme de la journée. Antonio nous conduit directement à l’hôtel Savona, rue Yungay, juste sous la colline du Morro, siège du dernier assaut de la guerre du Pacifique (opposant Chili, Pérou et Bolivie). Une petite douche dans ces chambres luxueuses (j’ai droit à un immense lit pour moi seul et la télévision, mais tout de même 25000 pesos la chambre simple, soit environ 38 €) et nous repartons dans le centre ville. Nous sommes arrivés en plein carnaval andin : la fête bat son plein. Des troupes venues de toute la région défile autour de la place centrale et dans une partie de la ville. Le public est nombreux pour regarder évoluer les groupes de danseurs (garçons et filles la plupart du temps jeunes) et leurs musiciens. Les associations les plus nombreuses doivent regrouper pas loin de 150 personnes. Les groupes les plus petits sont souvent ceux d’associations traditionnelles portant costume andin et exécutant les traditions anciennes du carnaval. Ce long défilé (apparemment, ils feraient six fois le tour, mais en deux heures de temps, nous n’en avons même pas vu un entier !) permet aussi de se rendre compte combien la société chilienne semble bien vivre ensemble, descendants indiens comme émigrants européens, mais aussi afro-chiliens. Les tous petits qui précédent très souvent les groupes sont vraiment adorables dans leur mimétisme des plus grands. Et quelle énergie il faut pour se dépenser autant !! Du coup, vu l’heure tardive, ; nous nous contentons presque du premier restaurant trouvé. Et finalement, le repas sera plutôt bon quoi qu’assez peu typique. Il est minuit bien tassé lorsque nous rejoignons enfin nos chambres. Et le sommeil vient très rapidement. Seule la télévision qui s’est allumée toute seule au milieu de la nuit est venue troubler ce sommeil réparateur.

 

 

Samedi 10 février, Arica

 

 

La journée d’aujourd’hui est tranquille. Nous avons le temps d’en profiter. Ce n’est pas plus mal vu l’heure du coucher. Nous avons prévu de partir vers 9h30 ce qui nous laisse le temps de profiter d’un bon petit-déjeuner sur la terrasse de l’hôtel, non loin de la piscine. Nous profitons du temps qui nous reste pour utiliser gratuitement la connexion Internet de l’hôtel ( ce n’est pas de l’ADSL mais on fait avec !) et pour remplir le questionnaire de satisfaction de Mauricio pour sa chef de base.

 

Dès l’arrivée d’Antonio, nous partons pour la vallée d’Azapa, juste au sud de celle de Lluta empruntée la veille. Elles ont la même apparence de collines ensablées enserrant cette traditionnelle bande verte alimentée par une rivière. Azapa est le grenier à tomates et à olives de la région. Les plantations se succèdent, souvent des propriétés d’émigrés italiens. Les oliveraies semblent occuper tout l’espace. Souvent elles sont ceintes de hautes palissades ou alors de haies de figuiers de barbarie. Nous apercevons aussi de nombreux manguiers et quelques papayers. Les bords des propriétés sont richement fleuris de multiples bougainvilliers de toutes les couleurs. Mais ce n’est pas pour ces attraits agricoles que nous sommes venus dans cette verte oasis. Azapa propose la meilleure collection de géoglyphes de la région. Il y en a bien quelques-uns assez rares à l’entrée de la vallée de Lluta, mais ils sont souvent loin. Ici, ils sont plus nombreux et plus proches. Ces représentations géantes sur les flancs des collines servaient à communiquer et à laisser des messages aux autres (mises en garde ou recommandations). Ici, nous distinguons deux types de géoglyphes. Le premier consiste à des représentations pleines, c’est-à-dire que toute la forme dessinée est remplie de pierres sombres. Le second est en quelque sorte le négatif du premier : dans ce cas, seul le contour de la forme est tracé avec des pierres, le cœur de la forme étant complètement débarrassé de toute pierre superflue. Parmi les figures, nous retrouvons des hommes, des femmes, évidemment des lamas, quelques fois en troupeaux ainsi que diverses formes géométriques plus ou moins complexes, et même un homme-oiseau. Le site le plus important se nomme la « Montagne Sacrée » : c’est le plus dense en géoglyphes, mais aussi celui qu’on voit un peu partout sur les cartes postales ou sur les guides touristiques. En revanche, il faut viser entre les haciendas pour trouver le meilleur point de vue. Dans ce cas particulier, le repérage par les bornes touristiques ne suffit pas !!

 

Un peu plus loin, le musée archéologique de San Miguel de Azapa permet de découvrir l’histoire et la culture des peuplades de cette partie nord du Chili, peuples qui vivaient entre la mer et les vallées, et qui finiront par avoir des contacts avec les groupes de l’altiplano. La collection couvre plus de dix milles ans d’histoire, rassemblant tissages, poteries et autres objets de la vie courante. Nous remarquons tout particulièrement les momies Chinchorro datant du 5ème siècle avant  J.C. (une technique maîtrisée avant même les égyptiens !!). Le musée a même prévu un guide de visite en français qui est prêté pour la durée de la visite. Vitrine par vitrine, il décrit les objets exposés. Ce nouveau musée permet de découvrir l’évolution du peuple aymara, depuis les « origines » jusqu’à la colonisation, ainsi que ses traditions actuelles. Le jardin du musée est bien agréable avec ses nombreuses espèces d’arbres, toutes décrites par un panonceau, et ses allées d’hibiscus géants. Nous y apercevons d’ailleurs quelques colibris, bien moins colorés que ceux que j’avais pu voir dans le passé ! Et dire que tout cela vit avec un droit d’entrée de seulement 1000 pesos (soit 1€50).

 

La mi-journée étant arrivée, nous retournons vers Arica. Mauricio a réservé une table sur le port de pêche, au Mata-Rangi. Son cadre est accueillant tout de bois et paille, décoré avec des trophées de pêche. Pendant qu’il négocie cela, nous flânons un peu sur le port. Le poisson est vidé directement sur le quai et les déchets sont jetés directement dans les eaux du port. Ceci a pour effet d’attirer une colonie de pélicans et quatre énormes phoques qui ne font même plus un effort pour se nourrir : ils attendent que cela tombe et ils engraissent. L’attente est assez courte et nous pouvons passer à table. Nous avons la vue sur le port, ses bateaux de pêche, ses cargos ravitaillant principalement la Bolivie et les nombreux oiseaux. Le cadre est déjà sympa mais ce n’est rien par rapport au repas. En apéro, Mauricio a commandé des empenadas (chaussons fourrés) aux fruits de mer auxquelles nous rajoutons un verre de Pisco Sour, l’apéritif national. Ma foi, cela descend bien mais mieux vaut éviter d’en abuser. Nous pouvons alors passer aux choses sérieuses : d’abord une soupe « marine » (poissons, fruits de mer et riz) déjà bien copieuse (heureusement que ce n’est que la petite !) et ensuite une assiette de riz marin succulent pour accompagner une énorme part de « reinetta » cuit à la plancha. Un vrai régal très très copieux (et pour seulement 2500 pesos, qui dit mieux ?). Pour digérer, Robert retourne chercher sa chartreuse au véhicule. Le patron a droit à sa dose, notre chauffeur itou et même un musicien de passage. Autant dire que les fous rires éclatent facilement. Pour digérer, nous demandons à Mauricio de nous déposer au centre-ville, en fait tout proche du restaurant.

 

Je profite de ces deux heures pour découvrir les quelques points d’attrait de cette cité balnéaire. Sur la place principale s’élève l’église San Marcos conçue par Gustave Eiffel en 1876 à Paris. Murs et plafonds sont constitués de feuilles de fer. Malheureusement, elle est fermée et nous ne pouvons profiter de sa décoration intérieure. Tout à côté, en descendant vers la mer s’élève un autre édifice dû à Eiffel : l’ancien bâtiment de la douane désormais consacré à des expositions culturelles. Juste à côté se dresse l’ancienne gare Arica-La Paz qui permettait de desservir la Bolivie voisine au prix de nombreuses heures de trajet. Désormais déchargée de sa fonction depuis l’abandon de la ligne, elle sert plus ou moins de musée informel et est consacrée monument national. Quelques flâneries dans les ruelles ne me permettront pas de dénicher de boutiques artisanales. Dommage ! Mais il est vrai qu’il est encore tôt !

 

Vers 16h30, Antonio vient nous récupérer pour nous conduire à la plage Chinchorro, au nord de la ville, où nous attends déjà Mauricio. L’envie est trop forte d’aller piquer une tête dans le Pacifique Sud. Le temps est couvert et l’eau paraît bien fraîche au premier contact. Pourtant, au bout de quelques minutes, elle semble bien plus agréable. Nous nous régalons à plonger dans les grosses vagues. Ainsi s’écoule la fin d’après-midi avant de rejoindre l’aéroport au nord de la ville, non loin de la frontière péruvienne, au milieu des sables. L’enregistrement se fait rapidement vu le peu de monde sur ce dernier vol de la journée. Pourtant, les hôtesses trouvent le moyen de se tromper sur l’enregistrement d’un des bagages. Mais que le trajet est long. Pas moins de deux escales nous séparent de Santiago, Iquique d’abord à trente minutes de vol, puis Copiapo à 1h20. du coup, il faut plus de quatre heures pour rejoindre la capitale distante seulement de deux milles et quelques kilomètres ! Nous atterrissons peu avant minuit dans un aérogare presque désert. Du coup, les bagages sont livrés très vite et nous retrouvons le chauffeur qui nous attend pour nous conduire à l’hôtel Paris en plein centre de Santiago. En vingt minutes à peine, nous y sommes apercevant au passage quelques monuments  comme le palais de la Moneda ou encore la gare centrale. J’expédie les formalités pour que nous puissions récupérer nos chambres au plus tôt. La nuit ne sera pas très longue : autant ne pas perdre de temps ! La chambre (14000 pesos en single) située dans un bâtiment ancien de style hausmannien convient parfaitement.

Pérégrinations chiliennes (2)Pérégrinations chiliennes (2)
Pérégrinations chiliennes (2)Pérégrinations chiliennes (2)
Pérégrinations chiliennes (2)Pérégrinations chiliennes (2)Pérégrinations chiliennes (2)
Pérégrinations chiliennes (2)Pérégrinations chiliennes (2)Pérégrinations chiliennes (2)
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article