Pérégrinations chiliennes (5)

Publié le par Jérôme Voyageur

Deux heures après avoir décollé de Puerto Montt, nous nous posons sur le tarmac de l’aéroport Carlos Ibanez del Campo (code PUQ, ça ne s’invente pas !!), non loin de la ville de Punta Arenas, capitale de la région de Magallanes et Antarctique Chilien, la dernière du pays (la numéro 12). Elle présente d’ailleurs la particularité de ne pas être accessible par la route depuis le reste du pays : reste l’avion, le bateau ou la route par l’Argentine. Quant au territoire antarctique, il est revendiqué par le Chili mais non reconnu au niveau international. Avec sa latitude de 53° sud, l’aéroport est probablement le plus austral au monde. Après une longue attente, nous récupérons enfin nos bagages et retrouvons Elodie qui sera notre guide jusqu’à la fin du séjour. Voici un prénom qui sonne bien français ; normal, elle est savoyarde ! Nous patientons une petite heure à l’aérogare : en attendant le bus, elle commence à nous parler des jours à venir, du parcours et des recommandations (il faut en particulier ce méfier du soleil qui traverse une couche d’ozone beaucoup plus fine que sous nos latitudes). Enfin, le bus de ligne arrive de la ville et nous embarquons pour Puerto Natales à plus de deux cent kilomètres au nord. Cette ville ne présente pas spécialement d’attrait en elle même ; par contre, c’est le point de départ pour découvrir les massif montagneux aux alentours. Cela reste le meilleur point de départ pour les treks et randonnées. C’est aussi la dernière ville avant les immenses champs de glace de Patagonie. C’est aussi le pays du vent : entre 40èmes rugissants et 50ème hurlants.

 

Durant les premiers kilomètres, nous longeons le fameux détroit de Magellan (l’« estreto » comme ils disent ici) : de l’autre côté se dresse la Terre de Feu. Derrière une colline apparaissent les torchères d’une raffinerie. Mais rapidement, nous obliquons vers le nord. Les vastes étendues planes et désertiques remplacent les flots. Enfin désertiques en hommes mais pas en troupeaux de moutons et de vaches. Quelques nandous osent même se montrer. En revanche, la végétation semble avoir beaucoup plus de mal à croître. Ce sont surtout de vastes étendues herbeuses. Les arbres sont rares et tout le temps tordus par les effets des vents constants dans la région. Il faut vraiment se rapprocher de Puerto Natales pour trouver ce qu’on pourrait qualifier de forêts. Nombreux sont les arbres dotés de barbes de vieux hommes. C’est l’image que donnent les multiples lichens qui prolifèrent à cet endroit. Entre les deux villes, même les villages sont rares et minuscules. La moyenne nationale en terme de densité est de 17 habitants au km² mais ici, en Patagonie, elle est très certainement beaucoup plus faible. Les seuls signes humains que nous apercevons sont les nombreuses clôtures qui ferment le territoire des estancias, ces grandes propriétés terriennes de Patagonie (chilienne ou argentine, d’ailleurs). En approchant du but, nous distinguons aussi les premiers sommets, presque tous enneigés mais aussi pris dans les nuages bien présents.

 

A la nuit tombée, nous arrivons enfin à la gare routière de Natales (c’est le diminutif qu’utilisent les autochtones pour parler de leur ville !). Quelques minutes de patience sont nécessaires pour récupérer nos bagages et attendre les taxis. Il en faut deux pour nous transporter tous avec nos bagages ! Nous partons enfin vers l’hôtel. Ces chauffeurs sont de vrais malades : ils conduisent à fond, zigzagant dans tous les sens et laissant un minimum de distance entre les véhicules. Heureusement, le trajet est court jusqu’à l’hôtel Aqua Terra, situé dans la rue principale Manuel Bulnes, où nous arrivons entiers. Ici les tarifs ont particulièrement augmenté par rapport au reste du pays (la single est montée à 90 dollars). Il faut dire que la région est loin de tout ; les productions locales sont rares ; il faut donc faire venir beaucoup de choses, ce qui a un coût non négligeable. Le repas du midi ayant été bien copieux, nous nous abstenons presque tous du repas du soir. Il ne reste plus qu’à préparer le sac à dos pour les deux jours à venir, puisque nous ne partons pas avec nos sacs de voyage, et surtout profiter d’un bon lit avant ces quelques jours de camping au cœur du Parc National Torres del Paine.

 

Vendredi 16 février 2007, Puerto Natales

 

 

Réveil tranquille en Patagonie. Qu’il faisait bon sous la couette ! Le réveil n’a même pas eu le temps de sonner, je l’ai précédé ! Le petit déjeuner qui suit est bien copieux et complet nous avons même des yaourts et des corn flakes) ; nous pouvons partir le ventre plein. Etant donné le départ assez tardif, nous profitons de ce temps libre pour marcher un peu dans les rues de Natales. La ville s’éveille à peine ; rares sont les commerces déjà ouverts à cette heure aussi matinale. Il faut dire que du nord au sud les chiliens ne sont vraiment pas du matin. Je trouve néanmoins le bureau de poste ouvert pour y laisser quelques cartes postales. Tout près s’élève l’église qui diffère vraiment de toutes celles que nous avons admirées depuis une semaine : c’est le retour à plus de classicisme avec un édifice « en dur » dans les tons blanc et jaune pâle, et d’un style plus allemand. Sur la place d’armes trône une locomotive témoignage de l’activité économique passée des abattoirs. L’habitat est composé soit de maisons en bois dans un style assez proche de celui de la région des lacs, soit en tôle, rarement très hautes (un étage maximum). La rue Herman Eberhard, parallèle à la précédente est la seconde et dernière d’intérêt tant pour ses quelques boutiques et agences que par son ensemble d’arbustes façon buis taillés de toutes formes. En descendant les rues dans le sens de la pente, on arrive inévitablement au bord de l’eau, celle du fjord qui baigne Puerto Natales, qu’on appelle Ultima Esperanza (ce nom lui fut donné par son découvreur qui désespérait de trouver le passage jusqu’à l’océan). En face, de l’autre côté des flots, apparaissent quelques glaciers dont le Balmaceda. Les restes d’un ancien ponton apportent un certain cachet à la vue ; ils rappellent le passé. C’est d’ailleurs une carte postale qu’on voit souvent dans les boutiques. Il n’en reste que la série de poteaux plantés dans l’eau. Souvent, ils servent de perchoir à de nombreux cormorans.

 

A dix heures arrive le minibus. Il ne reste plus qu’à charger tous les sacs et partir vers le nord en direction du Parc National Torres del Paine. Nous continuons à longer les estancias. Dès la sortie de la ville, nous apercevons sur la gauche, juste au bord du lac, les « frigorificos de Bories », d’anciennes usines de transformation du bétail de toute cette région australe et même de l’Argentine. Il est possible de visiter cet édifice aux structures métalliques de style victorien mais nous nous contentons de passer devant.

 

La route constellée de chantiers sinue entre les prés, où paissent les troupeaux, et les petites montagnes souvent verdoyantes. Nous finissons par apercevoir au loin la silhouette du massif du Paine. A Cerro Castillo, nous faisons une halte pour qu’Elodie fasse quelques dernières courses pour le ravitaillement. Nous sommes tout proche de la frontière argentine, mais ce n’est pas pour aujourd’hui. Il souffle ici un vent à décorner les bœufs ; tous les touristes se réfugient à l’intérieur de la boutique-cafétéria, lieu de passage incontournable dans la région. Vous pourrez vous y restaurer, y trouver des toilettes, vous chauffer devant le poêle ou acheter divers souvenirs. Ici les prix s’envolent : probablement le coût du transport ! Nous reprenons la route toujours vers le nord. Le premier massif qui nous apparaît est celui du Magualles, sur la droite, aux cimes enneigées. Puis vient le tour du tant attendu massif du Paine que nous pouvons admirer d’un peu plus près : cela valait le coup de venir jusque là. Mais pour l’instant, c’est le lac Sarmiento qui attire notre attention. Il présente une couleur bleu sombre ourlée du blanc des moutons que crée le vent toujours aussi soutenu. Contrairement à ses voisins, il est  issu de résurgences souterraines, ce qui lui donne cette couleur unique ici. Au loin, de l’autre côté du lac, c’est encore le Balmaceda qui se montre. Quelques mètres plus loin, nous apercevons le premier troupeau de guanacos de la journée, c’est le seul camélidé à vivre dans le sud du pays. Ils ne sont vraiment pas craintifs, probablement à force de voir les nombreux touristes passer pour aller dans le parc. Plusieurs fois, nous en trouvons sur ou au au bord de la piste.

 

Après l’avoir aperçu, nous longeons  le lac Sarmiento jusqu’à l’entrée du parc nationale Torres del Paine, créé en 1959 et désigné réserve mondiale de biosphère par l’Unesco en 1978. Il occupe aujourd’hui une surface de plus de 242000 hectares. Sur cette piste se révèle aussi la presque totalité du massif du Paine. A l’ouest le Paine Grande culminant à plus de 3000 mètres avec son glacier suspendu dit du Français, puis au centre les fameuses « cuernos » (cornes) au nombre de trois, pics granitiques au sommet noir (de roche sédimentaire), la Fortalezza en arrière-plan, la pyramide que forme l’Almirante Nieto (2640 mètres) et enfin sur la droite les fameuses trois tours déchiquetées (Torres del Paine) de granite bleu et gris (c’est d’ailleurs de là que vient le nom de paine qui signifie bleu en langue tehuelche). Le spectacle est tout simplement extraordinaire. Et les points de vue sur la totalité du massif en un seul regard sont rares : nous en profitons au maximum, malgré le vent qui cherche à nous emporter ! En longeant le lac, nous finissons par atteindre l’entrée « Porteria Lago Sarmiento » où il faut présenter son passeport et acquitter un droit d’accès de 15000 pesos (soit environ 23 euros), contre lequel est fournie une carte du parc avec les différents chemins, points d’intérêt et équipements. Au dos, la carte se transforme en plaquette de présentation du parc.

 

Après avoir longé le Sarmiento pendant un bon moment, nous parvenons aux abords du lac Nordenskjöld, un nom bien étrange dans cette contrée hispanophone. Il faut préciser que chaque pointe, chaque glacier, chaque point d’eau a potentiellement pris le nom du premier explorateur à y venir ; d’où cette multitude d’origine des appellations. Ce lac surprend par sa couleur : le bleu sombre a laissé place à un bleu pâle laiteux typique des lacs glaciaires. De nombreuses ouettes de Magellan (des oies sauvages) sont visibles ici et là aux abords des lagunes. Nous sommes à la bonne période : les familles de volatiles sont nombreuses. Depuis le mirador du Nordenskjöld, nous pouvons voir parfaitement les trois cuernos juste en face et l’Almirante. Un panneau en bois y explique succinctement la formations de ces si particulières cornes. Là encore le vent souffle violemment. Plus loin, nous passons à travers les deux petites lagunes jumelles Mellizas avant d’aborder un nouveau lac, le Pehoé. De loin, nous apercevons la cascade, le Salto Grande, qui relient les deux lacs. Nous continuons ainsi plein sud le long du lac Pehoé jusqu’au camping  Lago Pehoé où nous faisons la pause pique-nique. Enfin un endroit à peu près abrité du vent : cela repose un peu ! D’un autre côté, ce vent a le mérité de nous faire profiter d’un temps ensoleillé avec seulement quelques nuages ici et là accrochés sur les plus hautes pointes. Les tables sont installées tout près de l’eau, face au massif. Quel endroit magique pour se restaurer au cœur de ce fabuleux paysage, dominés que nous sommes par toutes ces pointes rocheuses. Il est même possible de s’attabler au restaurant situé juste derrière. La route se poursuit le long de la rivière Paine déversant le Pehoé dans le lac del Toro. C’est à cet endroit que nous traversons l’administration du parc située juste après le pont. La piste s’oriente alors vers l’ouest avant d’obliquer plus au nord le long de la rivière Grey. Elle se termine définitivement une vingtaine de kilomètres plus loin à la « Guarderia Lago Grey ».

 

Avant de rejoindre notre campement, nous abandonnons nos sacs à dos au poste des gardes pour aller faire la ballade sur la plage du lac Grey. Il faut pour cela marcher une petite demi heure en commençant par le franchissement d’un pont suspendu en plein vent. Sensation assurée ! Après quelques minutes sous les arbres, nous débouchons sur une vraie plage, certes plus composée de petits galets que de sable. Assez rapidement, après avoir dépassé la falaise, nous nous retrouvons en plein vent mais le déplacement vaut le coup ! Pendant les rafales, nous sommes obligés de stopper notre progression en essayant d’offrir le minimum de prise au vent ; l’autre option consiste à se laisser pousser pour avancer plus vite, et ça fonctionne ! Les grains de sable volent : mieux vaut conserver ses lunettes de soleil et tenir l’appareil photo à l’abri dans votre manteau. Le coupe vent est indispensable sur cette plage. Les icebergs apparaissent à l’autre bout. Ces énormes blocs de glace se sont décrochés du glacier Grey à l’autre bout du lac, à environ une douzaine de kilomètres, et ont dérivé jusqu’aux abords de la plage, poussés par les forts vents dominants. Ils sont d’un bleu pur magnifique qui tranche particulièrement avec la couleur laiteuse des eaux du lac. Les plus anciens ont fondu partiellement et se sont érodés. Leurs formes effilées témoignent de l’intensité constante du vent. Par moments, nous avons même l’impression que les rafales vont nous faire décoller. En arrière plan, le Paine Grande et de plus loin les cuernos veillent sur les lieux. Arrivés au bout de la plage, nous apercevons le front du glacier, grisâtre, voir sale, en tout cas bien moins beau que les gros glaçons. Vu la puissance des rafales, nous laissons tomber la montée sur le mirador ; ce ne serait pas très prudent. Même le bateau qui navigue jusqu’au glacier est resté à quai. Le retour se fait contre le vent ; par instants, il faut même s’arrêter et attendre une accalmie, toujours de courte durée. Mais arrivés au sous-bois, la progression est abritée et plus aisée.

 

De retour au poste de garde, nous chargeons les sacs sur le dos et en avant pour une marche de trente minutes qui remonte le long de la rivière Pingo (située au sud du lac Grey et s’écoulant parallèlement à celui-ci). Elle nous permet d’atteindre notre campement des deux nuits à venir, deux nuits au calme complet, loin de tout, en pleine nature. Nous avons l’agréable surprise de trouver les tentes montées à notre arrivée. C’est le Pérou ! Euh non, le Chili ! Oups ! En fait, le Thomas, le porteur, a transféré depuis deux jours tout le matériel et le ravitaillement et il en a profité pour monter le camp tout seul ; chapeau avec ce vent. Une grande tente sert de cuisine et de salle à manger mais offre aussi un abri bienvenu contre le vent persistant. Après un repas bien copieux, le sommeil vient facilement (avec les bouchons d’oreilles, le bruit du vent ne me gêne même pas). Ce soir, j’ai enfin vu la Croix du Sud dans cette partie de l’hémisphère sud. Mais rien de plus, la nuit noire vient très tard en cette saison, et j’ai évité les sorties nocturnes.

 

 

Samedi 17 février, Parc National Torres del Paine, camp Pingo

 

 

Malgré le vent, la nuit fut bonne, voir excellente. Le nouveau sac de couchage est excellent : baptême positif, il y faisait chaud. Qui plus est le matelas et l’épaisse couche d’herbe assuraient un sommeil réparateur. Le petit déjeuner est pris vers huit heures ce qui laisse le temps de faire une bonne nuit. La table est bien chargée : chacun y trouve son compte. Puis chacun confectionne ses sandwiches à son goût. Vers 9 heures, nous mettons les sacs au dos, les différentes couches de vêtements, voir bonnets et gants et nous remontons le long de la rivière Pingo.

 

La randonnée commence tranquillement par un morceau de plat entre les bosquets et les prés de graminées. A plusieurs reprises, des petits rapaces bien peu farouches se laissent approcher. Puis, petit à petit, le chemin se vallonne plus ou moins abruptement. Nous pénétrons dans une longue zone de sous-bois qui a le mérite de nous protéger du vent. Les lichens y sont très présents parfois de manière originale sous forme de filaments accrochés aux branches. Les forêts ne sont pas entretenues ce qui fait que nous trouvons de nombreux troncs et branches morts. La végétation est surtout composée de petits buissons aux épines acérées. Certains, les « calafate » portent de petites baies roses ou noires. Divers bosquets de Fuschia Magellan parsèment ces sous-bois. Nous retrouvons aussi des pissenlits introduits par les colons pour nourrir leurs troupeaux. De temps à autre, un point de vue s’ouvre sur les montagnes environnantes ou sur la rivière. Après une série de montées et de descentes, il arrive que nous traversions une prairie, histoire de mieux profiter du vent. Plus rarement, un tout petit torrent coupe le parcours : c’est l’occasion d’utiliser les petits ponts de bois jetés en travers.

 

Au bout de trois heures, nous atteignons enfin le panneau indiquant la cascade de Pingo. Mais pour l’admirer, il faut encore fournir un dernier effort pour rejoindre le mirador qui lui fait face. Une petite montée et une longue descente plus loin, nous arrivons enfin au terme de notre randonnée, après trois heure de marche. La rivière Pingo se jette dans le vide sur plusieurs mètres devant nos yeux. Les flots bleus laiteux se transforment en un beau blanc qui forme même un arc en ciel grâce à la présence du soleil. Les flots grondent juste ce qu’il faut. Après avoir fait quelques photos, nous remontons car l’endroit ne se prête pas vraiment à un pique-nique. La dernière montée finit de nous ouvrir l’appétit. Dans le chemin, nous apercevons une femelle huemul, le cerf chilien en voie d’extinction (et aussi emblème du Chili sur son blason), et deux petits. Mais il est impossible de faire le moindre cliché dans un sous-bois aussi dense. Quelques centaines de mètres plus loin, nous atteignons une large prairie qui offre à la fois soleil, ombre, espace et quelques troncs pour s’asseoir. C’est là que se terminera notre marche. Les sandwiches sont les bienvenus.

 

Pour digérer et reprendre du pep’s avant le retour, je partage un maté avec Elodie. Puis la moitié du groupe opte pour la sieste. Tant pis pour eux ! Un couple de huemuls broute paisiblement à la lisière de la clairière, à quelques dizaines de mètres de nous. J’aperçois d’abord la femelle, semble-t-il plus audacieuse, qui s’avance en terrain découvert. Elle est superbe dans sa livrée marron avec ses grandes oreilles. Dans un premier temps, je ne vois que sa tête. En faisant quelques pas, je me rends compte que le mâle est là, plus proche de nous aussi mais aussi plus près de la lisière. Il est reconnaissable à ses bois tout simples qui n’ont d’ailleurs rien à voir avec ceux de nos cerfs. Ils font plus penser à une paire de cornes incurvées vers l’intérieur. J’essaie de les approcher en effectuant un large détour par le centre de la clairière. Et ça marche. Ces animaux ne semblent pas bien farouches, du moins en ce qui concerne la femelle. Je parviens à l’approcher à trois-quatre mètres, ce qui me permet de faire de belles photos. Pour le mâle, c’est une autre histoire ; il semble plus sur ses gardes. Finalement, tous les deux rentrent dans le sous-bois ; je préfère les laisser tranquilles et je rejoins le groupe.

 

Nous rebroussons chemin pour retourner au campement. Le chemin en sens inverse nous permet de voir de nouvelles choses. Comme ce tronc déchiqueté qu’on croirait sculpté par un artiste. Comme ce pied de calcélolaire biflor, dont les fleurs jaunes ressemblent à des sabots. Ici, on les surnomme « petits couffins ». Impression ou réalité ? Mais le vent est moins fort au retour ; les côtes sont moins nombreuses aussi. Du coup, le rythme est plus élevé. Ayant pris un peu d’avance sur le groupe, je m’arrête près d’une petite rivière qui forme une petite cascade. L’eau n’y est pas trop fraîche et bien claire. Je craque et j’en bois quelques gorgées. Enfin, le campement réapparaît dans son écrin de verdure. Arrivés devant le refuge désaffecté, nous retrouvons la superbe vue sur le Grand Paine et les Cuernos qui apparaissent au cœur du V formés par les deux montagnes voisines.

 

Au camp, nous commençons tous par retirer les chaussures de rando pour mettre les orteils à l’air. Certains font directement la sieste. D’autres attendent pour cela d’avoir pris leur goûter. Cette tasse de chocolat chaud fait un bien fou ! Il y a aussi la corvée d’eau : les gourdes sont vides, l’eau minérale tarie ; il ne reste plus qu’à remplir les bouteilles directement dans la rivière (qui est sensée être saine, la suite l’a confirmé). Pour couronner un repas déjà bien copieux à base de soupe et de pâtes, Elodie nous sort dans un premier temps le parmesan, avant de poursuivre avec les fraises (en conserve) et la crème Chantilly. Ce n’est plus un bivouac, c’est le grand luxe. La nuit finit enfin par tomber sur les coups de 22 heures ; nous choisissons ce moment-là pour regagner nos tentes.

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