Pistes de Zambie et du Malawi (1)

Publié le par Jérôme Voyageur

C’est donc un samedi d’été, le 16 juillet 2005 pour être précis, au moment où nombre de français prend la route vers le sud. Le jour du grand départ est enfin arrivé : je vais revoir l’Afrique Australe après une courte infidélité. C’est aussi un jour de canicule. Et pourtant il va bien falloir porter le sac : l’occasion de prendre une bonne suée pour commencer, d’autant plus qu’il faut partir sur les coups de midi, direction la station RER la plus proche. Croix de Berny devient synonyme de voyage alors je m’en accommode ! Et c’est parti pour une heure de RER : on en vient à s’interroger sur l’absence de climatisation dans ces trains. La canicule se fait bien sentir, et la suée continue ! Heureusement que l’aérogare 2F de Roissy est frais, lui. D’ailleurs pour une première visite, je le trouve particulièrement agréable avec ses larges allées et sa luminosité exceptionnelle.

 

La première étape, ou plutôt saut de puce, doit me conduire jusqu’à Amsterdam Schipol. Et premier couac : le sac est trop lourd d’un petit kilo. Il faut rapidement prendre une décision devant la banque d’enregistrement pour transférer quelque chose dans le sac à dos. C’est bon, ça passe avec quelques centaines de grammes de marge ! Visiblement aucune tolérance n’est à attendre à Paris ! Seconde interrogation, je n’aperçois toujours pas les deux personnes qui sont sensées faire partie du groupe. Je voyagerais donc seul et nous nous retrouverons sur place. Une quarantaine de minutes à bord d’un Boeing 737 de KLM qui me permet de découvrir la Hollande, ses polders, ses digues et ses milliers de canaux. L’occasion aussi de découvrir que les néerlandais sont fâchés avec la gastronomie : un genre de sandwich au poulet avec du pain aux raisins, tout ça à 16h30 ! Sans façon ! Espérons tout de même que l’alliance Air France KLM changera ce détail !!

 

Arrivé à Schipol, une longue attente commence. En effet, le prochain vol ne décolle qu’à 20h40 et je n’ai pas la tête à faire les boutiques dans cette immense aérogare. Et toujours pas de trace d’autres clients d’Atalante. Pour me rendre à Nairobi, ce sera un Boeing 777 de Kenya Airways, paré de rouge. Pendant de longues minutes je rêve de me retrouver seul sur les trois sièges comme la dernière fois ; mais au tout dernier moment, je suis rejoint par deux voyageurs. Ce n’est pas Noël à chaque voyage ! En revanche, je suis très agréablement surpris par l’équipage (souriants et joliment vêtus) et l’équipement de l’avion : siège plutôt large, repose-tête réglable, et même écran individuel avec un choix très varié de programmes. Malgré tout, il reste difficile d’y dormir ! Heureusement que le vol ne dure qu’un peu plus de 7 heures !! A quatre heure du matin, c’est déjà le clairon pour le p’tit dèj et aussi le temps de se dégourdir les jambes.

 

 

Dimanche 17 juillet, Nairobi

 

 

Nairobi Jomo Kenyatta, un aéroport épuisant. Surtout quand on y arrive à court de sommeil. Il est carrément petit, peu de place pour s’asseoir si ce n’est au sol et très peu d’information. Il vaut mieux tendre l’oreille plutôt que fixer les panneaux d’information qui restent désespérément muets. Pourtant il s’agit d’un des plus importants aéroports de la région ! Par contre, j’ai eu l’heureuse surprise de découvrir que les annonces étaient faites en français, idem pour les films à bord. Cela fait plaisir d’entendre la langue de Molière loin de chez soi. Mais je ne m’explique pas la raison de l’emploi dans notre langue à cet endroit qui ne fut jamais sous influence française.

 

Enfin, je finis par trouver mon avion ; mais surprise, nous passons par Lusaka au lieu d’aller directement à Lilongwe. Je dois reconnaître que j’ai été un moment inquiet de ne jamais arriver au Malawi même si le numéro de vol était le bon ! Heureusement que le Boeing 767 est presque aussi bien équipé que son grand frère. Après une bonne pause sur le tarmac de Lusaka, le temps de débarquer les arrivants, nettoyer la cabine, embarquer les partants et le fret, et nous voilà en fin partis jusqu’au terminus. Une petite heure de vol jusqu’à Lilongwe au Malawi. Désormais, j’étais certain qu’il n’y avait pas d’autre membre du groupe dans cet avion.

 

Enfin arrivé ! Ouf ! Cela fait tout de même quatre vols dans trois avions ! On dit que les voyages forment la jeunesse, on verra bien ! Les formalités sont réglés plutôt rapidement hormis le double contrôle des bagages à la sortie (attention, la douane et la sécurité, c’est pas pareil, mais faute d’uniforme ….). C’est aussi la première fois depuis que je viens en Afrique qu’on contrôle mon carnet de vaccinations international. Arrivé dans le hall, c’est la cohue et le brouhaha mais pas de trace de panneau Atalante. Me serais je trompé ? La journée « galère » continuerait-elle ? Non, c’est Béatrice Bouyssel qui me reconnaît. Aurais-je une bonne tête de français ? Il faut croire ! Dans la foulée, je rencontre Frédéric March, le second guide et dehors nous retrouvons Inno, plus exactement Innocent selon son état civil, le troisième larron, d’origine zimbabwéenne ! O surprise, ces deux-là sont originaires de Toulouse. Le monde est décidément si petit ! Ils ont même poussé le vice jusqu’à laisser leur 4*4 immatriculés en Haute-Garonne (j’apprendrais plus tard que cela leur facilite les formalités administratives et douanières ; point donc de chauvinisme exacerbé !). Je me croirais presque à la maison, la végétation mise à part. Ces deux Toyota Land Cruiser seront désormais comme nos maisons pour la quinzaine à venir. Tout est à bord : vivres, eau potable, et tout le matériel de camping.

 

Une petite demi-heure après moi atterrit l’avion des filles que j’ai tant cherchées depuis le départ. Il s’agit de Christiane, la parisienne, et Rebecca, l’alsacienne. Je comprends enfin que je ne risquais pas de les croiser : elles sont arrivées par Johannesburg, je ne risquais donc pas de les croiser ! Nous rejoignent ensuite Pierre et Henri, deux photographes chevronnés, arrivés au Malawi deux jours plus tôt. Nous sommes à embarquer, direction la frontière zambienne. Cette liaison nous permet juste de découvrir une flore et des cultures diverses (manguiers, papayers, canne à sucre, manioc, …), et aussi de nombreux gens au bord des routes souvent très souriants. Le passage des deux postes frontière se fait vraiment très tranquillement (nous prenons même un fou rire mal venu à les voir s’acharner sur le tampon alors qu’il n’y a quasiment plus d’encre !!). Nous parvenons finalement à notre premier camp, Mama Rula’s camp site, près de Chipata, un nom qui me fait de suite penser au célèbre alcool local, l’Amarula ! Ce soir, ce sera un camping, une fois n’est pas coutume ! Et en plus, sur un épais lit de verdure !

Nous découvrons aussi le grand luxe : une tente igloo trois places pour une personne, un épais matelas, et même deux tables de jardin pour prendre nos repas. Que demande le peuple ? Il y a même le petit Ricard (on ne renie pas ces origines, même en Afrique ! Ce sont de vrais toulousains !). Cette première soirée est l’occasion pour nous de partager nos expériences de voyages, et pour nos guides de nous passer diverses consignes de base pour que tout se passe bien en brousse.

A 21 heures, nous courrons dans les bras de Morphée sans difficulté après 24 longues heures de voyage. Mais avec cette nuit fraîche, il fait bon dans son duvet. Demain, l’aventure, la vraie, commence.

 

Lundi 18 juillet, Chipata

 

 

6 h du mat’ : nous avons déjà pris le rythme africain. La journée commence avec le premier petit déjeuner en terre d’Afrique. Le camp est rapidement plié et vers 7h30 nous repartons en direction de la vallée de la Luangwa, au nord est du pays. En quittant le camping, nous repassons devant un immense entrepôt de coton ; celui-ci est collecté dans tous les petits villages puis stocké en balles avant l’expédition vers l’étranger. Très rapidement, nous abandonnons la route bitumée pour une piste en latérite plus ou moins défoncée. Voici l’Afrique comme on l’aime avec le rouge de ses pistes, le vert et le jaune de sa végétation. Nous croisons de nombreux gens : les enfants qui partent à l’école, les femmes de corvée d’eau ou de bois, et aussi énormément de cyclistes. En fait, les gens se regroupent dans les « gros » villages pour y faire leur marché. Les sourires sont nombreux ! Les zambiens semblent vraiment être un peuple accueillant. Ceci se confirme lorsque nous nous arrêtons pour acheter des petites bananes succulentes. Ici, quasiment pas de mendicité. Les enfants approchent juste pour s’amuser et nous montrer les camions qu’ils ont fabriqués à l’aide fil de fer. C’est vraiment très réaliste : il y en a même un qui a son chargement de coton. Puis nous reprenons la piste découvrant de ci delà quelques baobabs. En descendant vers la vallée, la végétation change (les palmiers apparaissent et la terre est plus jaune).

 

Arrivés tout prêt du parc national de la South Luangwa, le spectacle commence (qu’est ce que ça va être à l’intérieur ?). D’abord, une famille de babouins, avant que nous passions devant une lagune fourmillant de nombreuses espèces d’oiseaux. Quelques centaines de mètres de plus et ce sont deux jeunes mâles éléphants assez stoïques. Chacun s’observe. Le voyage s’annonce sous les meilleurs auspices !

 

Nous installons notre campement au bord de la rivière Luangwa juste avant l’entrée du parc, dans ce qui fut dans le passé le Lukonde Camp, aujourd’hui à l’abandon. Seule la maison du gardien ainsi que deux cases sont encore debout, nous permettant de bénéficier de la douche. Avant toute chose, nos yeux sont attirés par la rivière : une cinquantaine d’hippopotames y sont installés sur les bancs de sable. A cet endroit là, la rivière n’occupe environ que la moitié de son lit avec un niveau plutôt bas. Le spectacle est prenant. Quelques ibis sacrés emplumés de noir et de blanc (le blanc pour le corps, le noir pour la tête, les pattes et la queue) pêchent tranquillement. Un martin-pêcheur tournoie au-dessus de nos têtes… Autant dire que nous installons tous nos tentes en « terrasse » avec vue sur l’eau, juste sous les arbres. Le repas est bien évidemment entrecoupé d’observations, surtout lorsqu’un éléphant apparaît sur l’autre rive pour son propre repas. Qu’il est agréable de prendre son temps ainsi ! Et puis un repas froid ne risque pas de refroidir !! En attendant l’heure de la ballade, nous nous installons sur notre promontoire face au gros du troupeau d’hippopotames et nous les écoutons grogner. Un jeune nous gratifie même d’un joli bond en arrière apeuré qu’il est par un crocodile ! Finalement, c’est plus agile qu’il n’y paraît ces bêtes-là ! Changement de place, une troupe d’éléphants vient se désaltérer face au campement : cinq femelles et trois jeunes dont un tout petit, adorable mais encore gauche. Ainsi s’écoulent les minutes en attendant l’heure du départ.

 

Mais quelques minutes avant le départ, c’est dans le lodge situé juste à côté de notre campement que se déroule le spectacle : cinq éléphants ont investi les lieux. Les bipèdes se réfugient sous les tables. Pendant ce temps, la matriarche s’occupe de « ranger » les verres. Finalement, à force de bruit, ils finissent par les faire partir, tandis que nous nous dirigeons vers le pont, unique accès au parc national de la South Luangwa, la limite nord étant constituée par l’escarpement  de Muchinga ; les clôtures sont donc inutiles.

 

Les premiers animaux rencontrés sont, comme souvent, des impalas. Ils sont rapidement rejoints par de nombreuses troupes de pukus (aussi appelés cobes de Vardoni), d’un brun monocolore, à l’aspect soyeux. Les larges étendues libres semblent réellement leur plaire. En bordure des clairières apparaissent régulièrement des cobes à croissant, de solides antilopes à la fourrure épaisse (pour pouvoir aller dans l’eau), de couleur grise, reconnaissables au croissant blanc ornant leur postérieur. De temps en temps, un guib harnaché (une autre antilope, bien plus petite, marron, tachetée de blanc) craintif nous croise mais jamais très longtemps Il ne sera pas facile de le fixer sur la pellicule. Cet après-midi nous longeons la rivière vers le nord ainsi que ses lagons (des méandres semi asséchés). Nous avons donc l’occasion de voir diverses espèces d’oiseaux : la très présente et très bruyante oie d’Egypte que nous apprendrons à reconnaître tellement nous l’entendrons, l’ibis Hagedash, magnifique volatile noir dans la lumière avec ses flancs aux teintes vertes et le dessus de son bec rouge. Un martin-pêcheur géant, dans sa livrée noire tachetée de blanc, son cou roux et son bec solide,  nous fait même l’honneur de rester sagement sur sa branche. De nouveau, des ibis sacrés qui deviennent déjà classiques pour nous ! C’est un des premiers oiseaux que nous ayons mémorisés ! Quelques phacochères broutent, agenouillés comme toujours !

 

De retour au bord de l’eau, nous descendons des véhicules pour profiter du spectacle (chut, faut pas le répéter, ce n’est pas sensé être autorisé !). Les rives sont peuplées de crocodiles ; une colonie de cigognes à bec jaune semble dormir, dérangée par une paire de spatules et leur bec si reconnaissable. Quelques hippopotames prennent un bain. Sur notre gauche, deux jabirus (cigogne du Sénégal) immatures font leur apparition. Les jumelles deviennent alors un instrument précieux. Le soleil qui commence à décliner nous offre de magnifiques reflets sur la Luangwa. Le rocher accueillant un héron cendré se révèle être le dos d’un hippo ! Sur la piste du retour, nous croisons encore de nombreux cobes, impalas et pukus jusqu’à ce que nous tombions sur des éléphants, d’abord une troupe lointaine, puis deux femelles aux mamelles remplies qui semblent énervées par notre présence, pressées qu’elles semblent être de retrouver leurs petits ; puis de nouveaux deux femelles sur une piste annexe. Voici une après-midi bien remplie. Nous faisons une dernière halte sur le pont avant de rejoindre le campement : les premiers hippopotames commencent enfin à sortir de l’eau et font preuve d’une certaine agilité sur la terre ferme.

 

La journée se termine d’abord sur une bonne bière fraîche zambienne, offerte par Fred, avant un bon repas au clair de lune puis une veillée autour du feu. La nuit débute avec le chant (ou plutôt le grognement) de nos voisins hippos. Et cela va durer toute la nuit, et accessoirement tout le voyage !! Ca craque, ça chante, ça grogne….. Apparemment, des éléphants nous ont rendu une visite nocturne ; ils ont piétiné les herbes sèches tout près de la tente de Béa et Fred. De même, plusieurs hippopotames seraient passés derrière nos tentes. Moi je suis resté au fond de mon duvet !

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