Pistes de Zambie et du Malawi (7)
Jeudi 28 juillet 2005, Liwonde National Park, camp de M’Vuu
Dernier réveil dans la nature ce matin. Nous continuons notre quotidien, à savoir réveil à 6h (voir même plus tôt pour la plupart d’entre nous) avant d’avaler un p’tit déjeuner classique. Avant de partir, Fred nous propose un dernier petit tour dans le parc. Nous retrouvons la famille éléphant juste à la sortie du camp. Mais nous commençons par retourner voir le coin des cormorans. Ils sont toujours là, aussi nombreux, mais dans la majorité toujours aussi patauds ! Dans la petite lagune, le crabier chevelu, un oiseau ébouriffé en forme de boule de couleur beige, est lui aussi fidèle au poste. Nous ne nous lassons pas de ce spectacle ainsi que les départs en formation au dessus de la rivière, direction le lac Malombe.
Nous poursuivons en reprenant les mêmes pistes que la veille : cela reste les meilleurs endroits pour observer la faune. En chemin, plusieurs guibs harnachés nous échappent, évidemment. C’est décidément une espèce très farouche, tout le contraire des impalas et des cobes à croissant qui sont toujours là en nombre. En revanche, l’avifaune n’est pas encore très réveillée et reste clairsemée. Par hasard, nous nous engageons sur une de ces prairies au bon moment : nous apercevons un groupe d’une dizaine d’hippotragues noirs, ces grandes antilopes très chevalines, quasiment toutes noires, avec de grandes cornes recourbées vers l’arrière. Quel spectacle splendide dans la lumière du matin ! C’était une première pour moi. Ce moment est bref car elles sont très craintives. Nous les retrouvons dans les sous-bois partiellement cachées mais tant pis, nous restons là à les admirer. Comme quoi il faut savoir rester patient jusqu’au bout. Sur la piste du retour, nous trouvons même des babouins coopératifs qui se laissent volontiers photographier.
Vers 8h30, nous sommes de retour au campement pour plier les tentes avant de quitter ce petit coin de paradis. La piste qui nous mène à la sortie du parc est plus spécialement consacrée aux photos de botanique : les figuiers étrangleurs sont particulièrement nombreux dans cette partie. Une fois dehors nous retrouvons la route qui doit nous conduire du côté de Salima.
Pour être précis, nous nous installerons à Senga Bay au bord du lac Malawi, que nous retrouvons. Une nouvelle fois nous traversons un très grand nombre de villages et presque autant d’églises différentes, en plus des mosquées et des madrasas ! Mais comment autant de sectes et courants religieux arrivent à avoir des fidèles ? Les petits étals en bordure de route sont toujours aussi nombreux, proposant de tout, depuis le sac de charbon au tapis en passant par les fagots de chaume. On aperçoit aussi de nombreux lieux de fabrication de briques. Il faut dire que dans cette région, on commence par fabriquer les briques avant de construire une case. Après avoir été moulées et séchées au soleil, les briques sont empilées de façon à former un four à l’intérieur duquel on allume le feu. Après la cuisson, les briques peuvent devenir mur.
Après avoir passé le « centre ville » de Salima, nous faisons une halte au marché artisanal. Il s’agit en fait d’une rangée de paillotes sommaires alignées au bord de la route qui mène à Senga Bay. On y trouve des tas d’objets en bois, qui vont de la sculpture humaine ou animale aux tables basses, en passant par toute une série de récipients divers et variés. Ils font même d’adorables petits 4*4 très réalistes fabriqués à partir de feuilles de palme, mais malheureusement trop encombrants. Par contre, les prix sont peu élevés et se négocient très facilement.
Arrivés à Senga Bay, nous nous installons au Steps Camp, juste derrière l’hôtel Méridien. Ce soir, nous camperons directement sur la plage face au lac, dans une petite anse bordée de rochers. La tente est vite montée pour aller piquer une tête. Du fait d’un vent assez soutenu, il y a même des vagues importantes : un vrai régal, et sans le sel !! En revanche, le dernier repas en commun sera plus compliqué, tout volant assez facilement : verres, assiettes, et même le poivre dans les yeux du voisin ! Du coup, les polaires sont bien appréciables ! Nous essayons de profiter au maximum de ces derniers moments ensembles. Et le vent continue : les tentes se tordent en tout sens. Pourvu qu’elles résistent encore une nuit !
Vendredi 29 juillet, Senga Bay, Steps Camp
Dernier jour avec le groupe. Le cadre du camp était sympa, sur le sable ; malheureusement, les éléments semblaient être contre nous cette nuit. Le vent, heureusement pas trop frais, n’a pas cessé de souffler, certaines rafales donnant l’impression d’emporter la tente. D’ailleurs, celle de Pierre a en partie cédé. Nous n’entendions même plus le bruit des vagues mais un grondement continu : rares sont ceux qui ont bien dormi cette nuit. D’autant plus qu’ils ont dû cogiter à propos de la grève chez South African Airways qui pourrait les retenir plus longtemps que prévu. Finalement, en partant un jour plus tard sur une autre compagnie, je vais peut être arriver avant eux ! Ca serait un comble.
Etant donné que Bea, Fred et Inno repartent au Zimbabwe, je suis transféré du camping au Safari Beach Lodge situé tout près, de l’autre côté de la colline, au coeur d’une autre anse. Quand on y arrive, on aperçoit juste cette demeure blanche, ancienne maison forestière. Mais pas de trace de chambre ! Le mystère s’épaissit lorsque vous entendez « tente 7 ». En fait, ils ont installé de grandes tentes sur des pontons à flanc de rocher, avec tout le confort : lits, douche sur la terrasse, vue imprenable sur le lac. Simple et original ! Après cette découverte des lieux, guidé par Fred, il est temps de dire au revoir à tout le monde. Je reste seul sur place jusqu’à demain ; eux filent à l’aéroport avant que l’équipe d’African Escapades ne reparte à Harare au Zimbabwe via le Mozambique !
Ma première activité de la matinée va être de ne rien faire. Je m’étends sur le lit dans l’espoir de récupérer un peu du sommeil perdu, sans trop d’efficacité à vrai dire. Par la suite, je me promène dans le lodge guettant la faune locale : damans des rochers (une sorte de marmotte apparentée à l’éléphant !), martins-pêcheurs pies, lézards colorés, … Présents mais pas trop et surtout pas fan des paparazzi ! Il y a aussi quelques belles images à faire avec les embarcations des pêcheurs voisins. Une matinée qui s’écoule tranquillement. L’après-midi suivra dans le même esprit mais avec la baignade en plus ! Une dernière fois dans ce lac Malawi. Mais dur de s’immerger, il doit y avoir trente centimètres d’eau sur des dizaines et des dizaines de mètres. Il faut vraiment aller au large pour ne plus avoir pied. Heureusement, le vent est bien tombé ce qui m’offre une après-midi des plus agréables avec juste quelques vaguelettes. Après un coucher de soleil décevant (il se cache derrière une chaîne de montagnes au loin, pas un reflet dans l’eau), la corvée d’avant départ se présente : refaire le sac en se débarrassant du superflu de manière à passer l’enregistrement des bagages sans encombres. Pour mon dernier repas au Malawi, j’opte pour du filet de poisson du lac, certainement pêché du jour, appelé chambo, servi avec du riz et un mélange de crudités. Voilà qui permet de finir sur une bonne note, à la lumière d’une chandelle, sur la terrasse du lodge sous un ciel magnifiquement étoilé, et bercé par le doux bruit des vagues.
Demain une longue journée commence, rarement la plus sympa du voyage.
Samedi 30 juillet, Senga Bay, Safari Beach Lodge
Voilà, le jour du retour est arrivé. Le réveil se fait tranquillement. De toute façon, le petit déjeuner n’est servi qu’à partir de 7h15, alors rien ne sert de se presser. De toute façon, eux aussi sont cools. Le service se fait tranquillement, et il me faut bien une quarantaine de minutes avant d’en avoir terminé. 8h approche. Il est temps de se mettre en route. Les sacs sont bouclés et chargés dans le 4*4 du lodge. Je vais être accompagné jusqu’à l’aéroport de Lilongwe par un des employés. Il faut bien compter deux heures pour faire le trajet. Nous essayons de discuter mais ce n’est pas évident et souvent nous en restons à des banalités.
L’aéroport Kazumu, bien qu’international, n’est pas très fréquenté. On ne risque pas d’y rencontrer la cohue comme à Orly ou Roissy, surtout en arrivant bien avance comme moi. D’ailleurs aujourd’hui, il n’est prévu que trois vols « internationaux » et trois domestiques. Autant dire que les diverses formalités sont rapidement bouclées. Ah bien sûr, la carte Flying Blue, ils ne connaissent pas là-bas ! Faudra régler cela au retour. En revanche, ils sont plutôt permissifs au niveau du poids des sacs. Une fois la taxe de départ de trente dollars acquittée, je peux franchir les contrôles policiers puis douaniers avant de rejoindre la salle d’embarquement. Comme le hall, elle est très sommaire : une boutique et demie et un café. Deux heures de vols plus tard, je suis de retour dans l’aérogare de Nairobi Jomo Kenyatta. Mais en cours de voyage, j’ai réussi à apercevoir pour la première fois le toit de l’Afrique, le Kilimandjaro perçant les nuages. Qu’il va être long d’attendre le décollage prévu à 22 heures ! Six heures à attendre dans cet aérogare toujours aussi accueillant, mais il faut faire avec et tuer le temps. Un bouquin constitue une bonne alternative. J’en ai donc gardé un à cet effet. Je profite aussi du match de rugby diffusé sur l’écran d’un café. Et puis il y a aussi quelques courses à faire.
Cette nuit, je la passerai à bord d’un Boeing de KLM, direction la capitale néerlandaise. Encore une fois, j’apprécie l’équipement de l’avion : chacun bénéficie d’un écran personnel avec un large choix de programmes et de films ! Mais vu l’heure, je n’en profite que peu, surtout que je n’ai personne à côté : c’est plus pratique pour dormir ! La nuit est vraiment très courte, surtout après un réveil vers les 3h30-4h pour le petit déjeuner avant l’atterrissage ! 5h30, Amsterdam Schipol s’éveille : l’aérogare désert commence à se remplir. Arrivé au hall dédié aux vols européens, c’est le retour à la réalité française : tout un présentoir de journaux français ! Loin de tout, on est vraiment déconnecté de l’actualité. Plus que quelques minutes et nous pourrons repartir vers Paris ; erreur, malgré un avion présent en avance, les autorités décrètent une nouvelle vérification des bagages pour raison de sécurité, tout ça sous la pluie, pendant que nous patientons dans l’avion !
Enfin, je parviens finalement à Roissy, un peu inquiet sur la présence de mon sac à bord de l’avion : avec un voyage si long et autant d’attente à Nairobi, j’ai de gros doutes. Mais après de longues minutes d’attente devant le tapis, il finit par apparaître, légèrement humide ! Voilà le voyage est vraiment terminé et je peux rejoindre le RER pour retrouver mon nid douillet !