Roadbook centraméricain (1)

Publié le par Jérôme Voyageur

29 octobre 2004, Paris

 

 Le jour J, celui du grand départ, est arrivé. Cela fait bien six mois que j’attends, mais l’impatience montait les derniers jours. Et il faut reconnaître que j’ai eu du mal à trouver le sommeil la nuit précédant le départ. Par contre, le réveil sonne très tôt, trop tôt. Mais bon, pour partir à l’autre bout du monde, tout est acceptable ! Alors à 5h10, lorsque le radio réveil pousse son cri, c’est un peu dur pour s’arracher du lit. Mais l’appel du voyage est le plus fort. En quelques minutes, me voilà prêt, en route vers l’aéroport d’Orly Ouest.

 

Une longue journée s’annonce. Traditionnellement, la journée commence par la découverte du groupe : Myriam, l’alsacienne, Guiguitte et Paul, les vendéens, Patrick et Francine alias Malawi, les niçois, Joëlle, Nadia, et Michelle les parisiennes, Christiane et Olivier les Messins et Marie-Laure, notre accompagnatrice parfaitement reconnaissable à son t-shirt rouge « made in » NF. Nous devons retrouver quatre autres personnes à diverses étapes du voyage. Après les présentations et la distribution de précieux sésames (je veux bien sûr parler des billets d’avion), le long, très long périple aérien commence. En guise de mise en bouche, il s’agit d’un petit vol Paris-Madrid par Iberia d’un pu moins de 2 heures. Une peccadille ! Un chat noir doit traîner à bord car nous décollons avec près d’une heure de retard, à priori pour cause d’intempérie sur la capitale espagnole (dire qu’on aurait pu passer cette heure au lit !!). Mais enfin, nous arrivons à bon port.

 

La découverte de l’aéroport Madrid Barajas est une déception : des indications assez moyennes, l’obligation de prendre un unique bus pour rejoindre la zone internationale e des pistes laissant une impression de vieux. Je n’en garderai pas un souvenir impérissable. Heureusement, nous ne sommes qu’en transit une petite heure.

 

La seconde étape de la journée se révèle plus corsée : voilà le gros morceau. Cette fois, il s’agit d’un Madrid-Mexico toujours avec Iberia. Nous voilà coincés pendant un peu plus de 11 heures dans la carlingue d’un A340. Heureusement, j’ai la chance de me retrouver près d’un hublot, seul pour deux places. Cela aurait pu être pire ! Et cela fait des envieux ! Pour ceux qui ne cessent de vitupérer contre Air France à longueur d’année, sachez qu’il y a pire : Iberia. Ca fait toujours du bien d’aller voir ailleurs avant de se plaindre. On commence par vous faire payer les petits déjeuners sur les vols européens (les compagnies nationales se mettraient-elles au low cost ?) ; sur les longs courriers, c’est gratuit, par contre il ne faut pas trop en demander. Aucun choix de plat, du moins à l’aller (un simple plat de pâtes en guise de plat chaud L) et un service des plus rapides, trop rapide. A l’arrière de l’avion, vous vous verrez proposé le café alors même que vous en êtes à l’entrée. Dommage pour ceux qui aiment leur café bien chaud ! Terminons par le service « au bar » :  cela évite le défilé incessant d’hôtesses, chacun doit se déplacer ; autant dire que c’est un beau bordel et que tout le monde n’est pas servi équitablement.

 

Enfin bon, nous arrivons quand même à Mexico City. Pour une fois, je n’ai pas trouvé le trajet trop long malgré un vol de jour. Sûrement le fait d’avoir eu deux places pour moi, le pied !! Par contre, les quatre heures de transit dans l’aérogare de Mexico se font sentir surtout que le coup de barre guette (il est tout de même minuit, heure de France). Au passage, Jean-Michel, le dijonnais nous a rejoint en provenance de Roissy.

 

Peu après 21 h, nous redécollons enfin pour la dernière étape du trajet, un saut de puce de deux heures jusqu’à Guatemala City. Heureusement que ça s’arrête sinon il allait nous pousser des ailes. Je suis très agréablement surpris de constater que nous aurons utilisé toute la journée des avions Airbus, cocorico !! Au bout d’une très longue journée, nous foulons enfin le sol guatémaltèque. Certes, les yeux ne sont plus en face des trous. Néanmoins, ils nous permettent de rencontrer Garance et Bertrand, le jeune couple parisien, à la sortie de l’aérogare ; eux arrivent de Roissy via Houston. Nous embarquons alors dans un minibus pour 45 minutes de trajet jusqu’à Antigua, terme de la journée. Pas une mouche ne vole ! Nous arrivons dans un très confortable hôtel avec surtout des lits très accueillants.

 

 

Samedi 30 octobre, Antigua

 

 

Premier réveil sur le sol centraméricain. Pour cause de décalage horaire, il est plutôt matinal. Nous faisons la connaissance du dernier membre du groupe, Bernard, l’ours catalan, arrivé depuis déjà trois jours. Après un petit déjeuner plus que conséquent, nous occupons la matinée à trouver une banque pour faire du change. Quetzals en poche, nous pouvons enfin découvrir cette ville qui a gardé son caractère colonial. Fondée en 1543, elle servit de capitale au Guatemala pendant 233 ans avant que celle-ci ne soit transférée à Guatemala City suite au séisme qui la rasa en 1773. Depuis, Antigua a été lentement reconstruite dans le respect de la tradition jusqu’à être classée au patrimoine mondial de l’Unesco en 1979.

 

Les façades sont très colorées, rehaussées de grilles de fer forgé aux fenêtres, dans une ville particulièrement propre aux rues pavées. A la mode américaine, les villes de la région présentent toutes un plan en damier avec des rues (est-ouest) et avenues (nord-sud) nommées par des numéros. Cela facilite les repères ! Difficile de s’y perdre. Du « Parque Central », nous nous dirigeons vers le couvent de la Merced qui abrite une impressionnante fontaine occupant tout l’espace de la cour intérieure. Sur les toits, on dispose d’un point de vue sur la ville et ses alentours. Malheureusement, les trois volcans qui cernent la ville se dérobent sous nos yeux. Agua, Acatenango et Fuego restent cachés dans la brume.

 

D’ailleurs, l’ancienne capitale ne croule pas sous la chaleur à cette période de l’année. Un petit tour sur le marché permet un premier contact avec la population locale mais aussi leur  artisanat et leur production agricole. Je regrette d’ailleurs de ne pas avoir vu plus d’étals de fruits et légumes. Bananes, avocats et ananas étaient bien seuls. Tant que vous êtes dans ce quartier, n’oubliez de faire tour derrière le marché, à la gare routière. Vous y verrez nombreux autobus typiques. Anciens bus jaunes scolaires américains, ils sont repeints de manière multicolore, bardés de slogans souvent religieux, fumant au détriment de toute lutte anti-pollution. Vous en verrez partout dans cette région du Guatemala. Nos pérégrinations dans les rues nous permettent de découvrir de nombreuses ruines, souvent d’anciennes églises. Il faut dire que les autochtones de fervents catholiques.

 

Après un ralliement sur le parvis de la cathédrale, de petits groupes se forment au moment du choix du restaurant. C’est l’occasion de mieux se connaître. Et de commencer la découverte des bières locales. Il faut bien ça avant l’après-midi sportive qui nous attend. Au programme est prévue une ballade en VTT sur les contreforts du volcan Agua. Comme souvent dans ces cas-là, les vélos présentent quelques soucis : dérailleurs déréglés, selles qui s’enfoncent … Mais rien à côté de la frayeur de l’après-midi : Guiguitte a disparu. Certains partent à sa recherche sans succès, la police est prévenue mais elle a finalement loupé un virage et elle s’est retrouvée à l’étape suivante. Régulièrement, le guide nous distille des explications, traduites par Marie Laure, sur les endroits traversés.

 

La tradition catholique est très implantée par ici, ce qui explique le nombre d’églises rencontrées. Nous commençons par la petite de Santa Anna, toute blanche. Après une très rude montée (eh oui, j’ai du mal en vélo, faut la bouger cette carcasse !!), nous découvrons San Juan de Obispo qui surplombe la ville d’Antigua, dominée par l’Agua. A l’intérieur de l’église se déroule une cérémonie rituelle de passage des 15 ans : un moment important pour les jeunes filles. Quel contraste entre cette humble famille et la troupe bourgeoise qui arrive derrière pour célébrer un mariage. Les tenues détonent dans le cadre !! Les peu sportifs comme moi sont heureux d’apprendre que nous avons atteint le point le plus haut ; nous somme d’ailleurs comme des gamins dans la descente. Celle-ci nous mène jusqu’à San Juan las Huertas, joliment éclairée par le soleil qui décline. Sa couleur aux tons orangés est très photogénique. Dans notre dos, les deux autres volcans tentent une sortie à travers les nuages. Mais nous renfourchons déjà nos montures vers San Miguel de Cordoba où deux gamins nous assènent un concert à deux cloches !! En chemin, nous faisons une halte devant une « finca ». Il s’agit d’une exploitation de café qui pousse à l’ombre de grands arbres. La connaissance du guide VTT nous permet de découvrir le fonctionnement de la propriété et le processus de fabrication du café. Petit à petit nous arrivons vers l’endroit qui fut ponctuellement la capitale (10 ans seulement) avant qu’une coulée de boue déferle du volcan Agua et ne détruise tout. Une belle petite cathédrale blanche rend l’endroit attrayant. C’est ici que la ballade en VTT se termine. Le dernier tronçon sur une route fréquentée se fera en minibus. La soirée se termine au restaurant : c’était bien mais dieu que ce n’est pas évident une adition à 16 convives !! Des souvenirs du fameux sketchs de Muriel Robin ressurgissent. Il va falloir trouver une solution.

 

Encore une nuit où nous n’allons pas traîner avant de sombrer dans le sommeil.

 

Le point marquant de ce premier jour en Amérique restera l’omniprésence de gardes armés. Il n’est pas rare de voir des hommes équipés d’un fusil à pompe que ce soit dans les banques, à l’entrée des hôtels ou encore pour accompagner une noce. Cela laisse un sentiment étrange : on ne se sent nullement en danger bien au contraire, et pourtant, il y a tous ces gardes qui instillent le doute.

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