Roadbook centraméricain (2)

Publié le par Jérôme Voyageur

Dimanche 31 octobre 2004, Antigua

 

 

Nous continuons à ne pas avoir besoin de réveil. Les troupes sont sur pied bien assez tôt, prêtes à affronter un petit déjeuner toujours aussi roboratif. Ce matin, ce sera genre anglais : c’est peut être aussi lourd mais ça passe mieux que les pancakes de la veille.

 

8h30 annonce l’heure du départ. Nous quittons Antigua pour Chichicastenango. Cette petite ville semble comme isolée du reste du Guatemala, entourée qu’elle est par les montagnes. Durant deux heures, nous empruntons des routes de montagne plutôt pentues, et parmi elles la célèbre panaméricaine qui traverse le continent du nord au sud jusqu’à Ushuaïa en bas ! Les plateaux sont, eux, couverts de nombreuses cultures vivrières (maïs, haricots, courgettes, ...). Ce trajet est aussi l’occasion de voir les bus locaux, tout particulièrement au niveau de Chimaltenango lorsque on rejoint la panaméricaine. Accrochez-vous aux sièges : ça roule n’importe comment, attrapant certains aux passagers au vol, sans même s’arrêter, et laissant derrière un énorme nuage de fumée. Nous découvrons aussi combien le pays Quiché est volcanique : nous sommes toujours sous la surveillance plus ou moins lointaine d’un cône volcanique avec sa blanche chevelure nuageuse.

 

La raison de notre présence à Chichi n’est pas la messe dominicale bien au contraire ! Ce village abrite tous les mardis et dimanche un énorme marché qui regroupe tous les « indiens » des environs. La place centrale et les nombreuses petites ruelles attenantes sont occupées. Vous trouverez profusion de produits à base de tissage (couvertures bariolées, chemises, …), de nombreux masques et bijoux d’influence Maya. Et, moins destiné aux touristes, vous pourrez voir de nombreux étals de nourriture (viande en plein air, fruits et légumes locaux dont des bananes, des oranges et des tomates, …), divers poissons séchés, mais attention à l’odeur !!

 

Au centre de la place centrale, plutôt cachés, ou plus exactement à l’écart des allées passantes, les habitants du coin tiennent cantine. Des femmes préparent à manger et vendent des repas à qui veut. C’est en particulier l’occasion de les voir préparer les tortillas de maïs qui constituent le pain local. De passage à Chichi, il ne faut pas manquer la « cathédrale ». c’est là qu’on s’aperçoit que la religion catholique n’a pas totalement conquis l’âme des indiens. En effet, l’église Santo Tomas est le siège d’étranges rites où se mélangent panthéons maya et chrétien. Les marches sont couvertes de vendeurs de fleurs ; le parvis est occupé par trois ou quatre personnes qui encensent (ou plutôt devrais-je dire enfument) l’entrée de l’église. Mais le plus surprenant se trouve à l’intérieur. L’allée est couverte de fleurs et de bougies directement posées sur le sol : tout autour les indiens prient ardemment leurs ancêtres mayas. Il en est de même sur les marches de l’autel. La seconde église située en vis à vis de l’autre côté de la place n’échappe pas à ces pratiques. Tant que nous sommes dans le religieux, parlons du cimetière totalement multicolore, chaque couleur symbolisant à priori la situation familiale du défunt. Nous ne l’avons pas approché mais jumelles et téléobjectifs nous ont permis de nous faire une idée.

 

Cette ville de Chichicastenango est vraiment surprenante : elle est le point de ralliement non seulement des touristes mais aussi des autochtones. La foule est nombreuse dans les allées mais on ne se sent jamais oppressé, même les vendeurs ne sont pas réellement collants. Ils hèlent le chaland de manière assez molle. Par contre, en déambulant, on se rend compte qu’on domine la situation du fait de leur taille assez petite. Petit conseil : allez traîner dans les allées vers 12h30-13h, c’est le moment où il y a le moins de monde, probablement tous partis manger. Ace propos, on arrive facilement à se nourrir pour pas cher en se contentant de tortillas farcis (il m’en a coûté à peine 6 quetzals, soit 4 à 5 francs !!).

 

En début d’après-midi, nous remontons dans le minibus pour rejoindre Panajachel (aussi surnommée Gringotenango) sur les bords du lac Atitlan. En chemin, nous nous arrêtons tour à tour à un belvédère qui fournit un beau point de vue sur le lac et ses volcans toujours embrumés puis à Solola où se tient aussi un marché mais nettement moins touristique. Un rapide coup d’œil indique qu’ici on s’adresse uniquement aux autochtones. Et les allées sont pour ainsi dire dégoûtantes n’invitant vraiment pas à la flânerie.

 

Enfin, nous parvenons à Panajachel où Gregorio, notre chauffeur, nous propose un tour de la ville avant de nous déposer à l’hôtel Cacique Inn, un peu à l’écart du petit centre ville. L’occasion de nous rendre compte que cette ville n’aucun attrait touristique : c’est une simple cité balnéaire au bord du lac. A l’entrée de la ville, ils ont même osé bâtir deux immeubles dans une résidence hôtelière. Une véritable horreur, bien heureusement invisible depuis la ville. A peine les valises jetées dans les chambres, nous repartons dans le centre avec un petit groupe, d’abord pour voir l’église avant de se mettre à picoler. En chemin, nous aurons la chance de croiser une procession religieuses composée de quelques dizaines d’indiens. Mais revenons à l’apéro. Il faut dire que les « happy hours » aident bien. Nous avons trouvé un bar où ils servent deux consommations pour le prix d’une. Autant dire que les Caïpirin descendent bien à la terrasse du premier étage du Pona Arte. D’ailleurs, après plusieurs tournées, nous décidons d’y rester manger. Bien nous en a pris car le poisson du lac était bien bon. Effet Halloween ou pas, c’est la première fois que nous voyons autant de monde la nuit.

 

Après de nombreux fous rires, tant à table que sur le chemin du retour, nous finissons par rejoindre nos chambres, où nous attendent une bonne douche un lit moelleux. Mais attention, le fond de l’air est frais et ici, les couvertures sont les bienvenues.

 

 

Lundi 1 novembre, Panajachel (à prononcer « panarachel »)

 

 

Malgré une nuit un peu plus arrosée que de raison (mais on a tellement ri !!), nous parvenons à nous réveiller tôt comme à l’habitude. Ce matin, nous partons pied de l’hôtel pour rejoindre les pontons du lac Atitlan. Celui-ci, très sombre, est dominé par trois massifs volcans qui s’imposent par leur masse (le Toliman, l’Atitlan et le San Pedro), tous à plus de trois mille mètres. On se sent tout petit au pied de ces géants et on espère qu’ils ne vont pas exploser tant qu’on est là. Par bonheur, ce matin, le ciel est bien bleu ; les quelques nuages forment d’élégantes chevelures argentées au sommet des cônes volcaniques. Nous embarquons sur un petit bateau qui va nous faire traverser le lac de part en part jusqu’au pied du volcan Toliman qui culmine à 3158 m. on se rend bien mieux compte de la configuration de ce lac engoncé dans ces falaises volcaniques. En fait, il s’agit d’une caldera qui a fini par se remplir jusqu’à former une étendue d’eau de 128 km² pour une profondeur atteignant les 320 mètres. Ceci explique la couleur si sombre du lac. Nous profitons de la traversée d’environ une heure pour prendre le soleil sur le pont du bateau, mais aussi pour faire de superbes photos dans ce cadre enchanteur. Les couleurs sont superbes : le vert des volcans tranche parfaitement sur le bleu du ciel et le « noir » de l’eau du lac.

 

Nous débarquons à Santiago Atitlan où nous sommes accueillis par les femmes Tz’utuhil. Elles quémandent une pièce pour qu’on puisse les prendre en photo avec leur étrange coiffe traditionnelle : une sorte de ceinture de judo, rouge-orangée, faisant de nombreux tours autour de la tête jusqu’à former une sorte de « plateau ». Un jeune guide finit par s’imposer à nous afin de nous conduire jusqu’au cimetière en passant par l’église. Au passage nous traversons le marché ce qui nous donne l’occasion de constater que les tenues sont différentes de celles de Chichicastenango pourtant tout proche. Ici, les femmes sont vêtues de violet tandis que les hommes portent un bermuda clair agrémenté d’une large ceinture d’étoffe colorée.

 

A l’intérieur d’une église assez quelconque, nous découvrons la particularité locale : chaque quartier habille une série de statues d’étoffes plus colorées les unes que les autres. Et ils en changent chaque année. De là, nous nous dirigeons vers le cimetière. Dans la région de l’Amérique Centrale, ils sont très souvent fortement colorés de teintes vives. L’occasion de la Toussaint nous permet de découvrir qu’ils appréhendent la mort bien différemment de nous. Cette date est l’occasion d’une fête joyeuse, bruyante et musicale sur les sépultures familiales. Les familles se rassemblent pour honorer les anciens. Ceci explique l’affluence que nous constatons dans la montée vers le cimetière : chacun prépare la soirée pour qu’elle se passe au mieux. En redescendant dans le village, nous flânons dans les boutiques d’artisanat. On y trouve de jolis tableaux d’art naïf mais original : les scènes de la vie quotidienne y sont représentées comme vues d’en haut. Jetez aussi un œil à ces sculptures d’animaux sur bois : jolies, souvent originales et peu onéreuses.

 

c’est là que se termine le bon côté de la journée après une traversée de retour qui se déroule sous un temps gris en début d’après-midi. En effet, de revirement en changement de programme, nous finissons la journée à Antigua en ayant perdu l’après-midi. Du fait de l’incompétence de notre « chère » accompagnatrice. C’était là le premier raté d’une longue série. Autant dire que l’ambiance est tendue. Espérons que la nuit portera conseil et calmera les esprits !

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