Roadbook centraméricain (3)

Publié le par Jérôme Voyageur

Mardi 2 novembre 2004, Antigua

 

 

Encore une longue journée qui s’annonce. Le réveil sonne à 3h45 !! Et pourtant, tout le monde semble émerger assez bien. Il faut dire que nous nous étions couchés comme les poules voir plus tôt !! Après un panier petit déjeuner rapidement englouti, du moins pour ceux qui arrivent à manger, nous partons en minibus jusqu’à Guatemala City, plus exactement à son aéroport. Décidément nous n’aurons vu de la capitale guatémaltèque que son aéroport et la route vers Antigua, toujours de nuit. Mais je pense que nous n’avons rien perdu. C’est de cette ville que nous devons décoller pour Flores à bord d’un petit avion, ATR 42, encore de la famille Airbus !! Décidément, je me croyais dans la zone d’influence américaine et donc de Boeing !! Flores, la porte d’accès du Peten, la région la plus grande des régions du Guatemala, au nord est du pays, en pleine zone maya. Cette ville est aussi desservie depuis Cancun au Mexique.

 

C’est là que se trouve Tikal, une des merveilles de cet empire perdu, le joyau culturel du Guatemala.

 

Encore un petit aéroport tout ridicule mais international ! Mais attention, ici il est interdit de faire passer des fruits et légumes. Vous serez fouillés dès la sortie de la salle, ou plutôt devrais-je dire du coin bagages. Ici tout se fait sous vos yeux, du déchargement de l’avion au dépôt des valises sur le seul tapis. Au moment de la fouille, vous aurez le choix entre la consommation immédiate sur place ou la poubelle. Dès la descente du coucou, nous ressentons le changement de climat. Ici, chaleur et humidité sont au programme : ça change de la douceur rencontrée à l’ouest du pays, dans les montagnes. Et nous allons en profiter pendant plus d’une heure à bord d’un nouveau minibus. En route, nous faisons une halte au bord du très beau lac de Peten Itza : les contrastes de vert émeraude et de bleu sont splendides. Et ces eaux calmes et cristallines sont surveillées par le « crocodile » du Cerro Cahui, la colline voisine aux formes suggestives. Après quelques photos, nous reprenons la route afin d’atteindre le site de Tikal, la cité maya perdue en pleine jungle, ce qui en fait un site unique, désormais recouvert par les lianes et les arbres.

 

Avant de partir à l’assaut ; Erich, notre guide hispanophone, nous présente notre parcours sur la maquette géante installée à l’entrée du site, et nous délivre quelques informations. Il nous invite aussi à nous équiper si nécessaire dans la boutique voisine. Ici crème et solaire et surtout répulsif anti-moustiques sont indispensables sans oublier de quoi boire. Nous sommes alors parés à nous enfoncer progressivement dan la jungle. Mais d’abord, juste à l’arrière du centre des visiteurs, deux petits étangs attirent oiseaux (dont des Jacanas) et petits crocodiles paisibles. Petit à petit, le chemin se retrouve entouré d’un dense végétation, et insensiblement sa largeur diminue. En chemin, néanmoins, une clairière accueille un immense Ceiba, l’arbre national du Guatemala, qu’on appelle aussi fromager. Celui a la particularité d’avoir les branches recouvertes d’une multitude d’autres espèces. Nous poursuivons jusqu’au groupe F. ce sont les premières ruines qui apparaissent à nos yeux. Elles sont néanmoins en mauvais état et souvent recouvertes. Par contre la présence au dessus de nos têtes d’un singe hurleur nous y retient. Erich essaye de l’amadouer pour le faire pousser son cri, ce qu’il réussi à moitié. C’est impressionnant d’entendre ce puissant bruit produit par un singe.

 

Un peu plus loin, nous atteignons le temple 38, le premier que je découvre. Il est encore largement recouvert par la flore ; il semblerait qu’on y est retrouvé des restes de mains et de pieds humains laissés lorsque la cité fut abandonnée. De là, à travers les feuillages, nous apercevons déjà la cime du temple du Grand Jaguar. Nous poursuivons jusqu’à atteindre les abords de l’acropole centrale sur la gauche. Nous expérimentons pour la première fois les escaliers mayas : c’est à se demander comment il faisait pour grimper régulièrement sur des marches aussi hautes. En fait, les historiens expliquent que cela permettait au roi de toujours dominé ces sujets, et puis il fallait souffrir pour atteindre la divinité. Cette acropole centrale avait un caractère résidentiel : ne manquez pas de jeter un œil à ce qui leur servait de chambre et leur système de fermeture (c’est vrai que c’est plus simple à l’aide d’un guide. Ce caractère s’est poursuivi puisque l’un des anciens palais s’appelle désormais le palais Maler, du nom d’un des archéologues ayant travaillé sur le site au début du siècle. Au sud de l’acropole, vous pourrez jeter un œil sur l’un des nombreux réservoirs qui alimentaient la cité en eau.

 

Nous continuons à travers les différents bâtiments en direction de l’acropole centrale. Le mieux consiste à y déboucher en hauteur en montant sur les terrasses. On y découvre une grande pelouse verte parsemée de stèles sur bordure nord, fermée au nord par l’acropole Nord à caractère religieux et gardées à l’est et à l’ouest, respectivement par les temples jumeaux du Grand Jaguar (temple I,  44 m) et des Masques (temple II, 38 m). Nous prenons le temps de remplir nos esprits de ces images, mais aussi nos pellicules et cartes mémoire. Le Grand Jaguar n’aura droit qu’à nos regards puisqu’il est désormais interdit d’y grimper suite à des chutes mortelles il y a quelques années. C’est dommage car c’est le bâtiment le plus monumental de la Grand Place avec ses neuf  terrasses échelonnées et son escalier. En revanche, son vis à vis a reçu une série d’escaliers de bois pour permettre aux touristes de profiter du point de vue. L’ascension n’en reste pas moins raide. Et un simple regard au pied de la pyramide permet de vérifier la hauteur et la pente abrupte de l’escalier central. Là haut, les deux acropoles et l’autre temple déroulent leurs pierres sous nos yeux.

 

Les responsables du site ont tout prévu car une petite buvette est installée au pied du temple. Et le rafraîchissement est vraiment le bienvenu. Cette petite pause nous permet d’observer deux vautours assez comiques, à l’arrière du temple. On dirait qu’ils portent une perruque comme celle des juges et lords anglais !! Fin de la pause. Nous reprenons notre progression plein ouest en direction du morceau de choix. Je veux parler du temple IV aussi appelé temple du serpent à deux têtes. Il s’agit du plus grand de Tikal et un des plus grands d’Amérique Centrale avec Calakmul au Mexique et El Mirador au Guatemala aussi. Posé sur une immense plate-forme, il culmine à 64 mètres au dessus de la jungle. Même au pied du bâtiment, nous n’arrivons pas à le voir dans son intégralité. Seul le sommet nous apparaît. Là encore, un long escalier de bois chemine à travers la végétation, posé sur les flancs du temple. Enfin, après quelques minutes d’efforts intenses, nous parvenons au sommet. Il faut reconnaître que chacun est soufflé. Il faut dire qu’ainsi perchés, nous dominons la jungle. Ici et là quelques temples émergent de cet épais écrin de verdure. On découvre ainsi les temples I, II, et III, juste en face, le temple V un peu plus sur la droite, et le Monde Perdu encore plus à droite. A l’arrière, je me rends compte que nous sommes vraiment loin de tout : vert, vert, vert à perte de vue. C’est assez surprenant mais tout le monde reste silencieux au sommet profitant du spectacle dans la quiétude ? Finalement, on est plutôt bien là-haut même si les pièces ont été fermées. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et il faut redescendre. Là encore vous êtes attendus par un vendeur de boissons.

 

Nous convainquons assez facilement notre guide de poursuivre vers le Monde Perdu. Il s’agit d’un ensemble de temps en partie encore recouvert. On peut y voir une « petite » mais massive pyramide, dite grande pyramide du Monde Perdu. Dans cet moins dégagé, nous entendons plus facilement les chants des oiseaux sans pouvoir les observer. En chemin, nous trouvons un formidable point de vue sur le temple V et ses 58 mètres, malheureusement en cours de restauration. Après le Monde perdu, direction la place des Sept Temples qui semble avoir été construites en rapport avec les étoiles et les alignements planétaires. Les Mayas avaient d’excellentes notions de cosmologies. C’était là les dernières pierres que nous avons vues sur le site. Quelle matinée ! Nous avons passé plus de trois heures à déambuler sans nous en rendre compte. Mais quel endroit ! On peut juste regretter que les temples n’aient plus leur stuc rouge. On a vraiment du mal à imaginer cet endroit entre 700 av JC et 900 ap JC, occupé par une cité d’environ 200000 habitants, et en grande partie défriché. La nature envahissante a bien repris ses droits depuis. C’est tellement vrai que c’est désormais à l’aide de satellites que les chercheurs étudient les différentes « bosses » de la région pour déterminer si elles recouvrent d’anciennes constructions mayas. Il faudra de très nombreuses années et des générations d’archéologues pour tout savoir de Tikal.

 

Juste à côté des étangs, j’ai la chance d’apercevoir un magnifique toucan mais impossible de le photographier. Entre les deux plans d’eau, un crocodile est sorti pour prendre le soleil. Il faudra que certains l’approchent pour qu’il se décide à bouger. Quant aux oiseaux, ils sont toujours là à picorer au bord de l’eau : l’endroit doit fourmiller en vers !! D’ailleurs tout cela nous a donné faim et le repas dans le seul restaurant du site est le bienvenu, arrosé d’une bonne bière, bien évidemment ! Par contre nous sommes passés à l’heure espagnole vu qu’il est déjà 15 heures. Nous profitons bien du moment sans nous douter qu’une surprise nous attends à notre retour à Flores.

 

En effet, arrivés dans les faubourgs de la ville-île, nous apprenons que nous devons reprendre la route immédiatement, plein sud, pour rejoindre plus tôt que prévu l’étape du lendemain. Nous apprendrons le lendemain que d’anciens paramilitaires ayant participés à la guerre civile ont décidé de bloquer routes et aéroports en espérant touchés l’argent qui leur est dû. Pour éviter de rester bloquer, nous quittons Flores sans la voir, et nous partons pour trois longues heures de minibus dans la chaude et étouffante nuit, conduits par un chauffeur souvent à la limite. Ca doit être pour justifier le qualificatif aventure du circuit !! Notre destination est le village de Rio Dulce, au sud est du pays, non loin de la frontière hondurienne. Pratique si les troubles politiques devaient s’aggraver (il n’en sera heureusement rien).

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