Roadbook centraméricain (4)

Publié le par Jérôme Voyageur

Après une conduite plus que sportive, donc, nous parvenons entier à Rio Dulce où les aventures continuent. Le chauffeur est très pressé de rentrer à Flores avant la formation des barrages. Nous sommes donc transférés par deux lanchas (petites barques locales) jusqu’à l’hôtel situés de l’autre côté du fleuve, en pleine nuit. Nous verrons de jour à quoi ressemble l’endroit, mais la face nocturne est bien agréable : nous sommes logés dans de petits chalets en bois posés dans la nature, une piscine des plus agréables même dans le noir à 22 h et un repas pris près des pontons avec vue sur les voiliers de la marina.

 

Il est temps de nous reposer de cette nouvelle très longue journée. Mais ce soir, la nuit se passera sous une moustiquaire. La région est hostile désormais.

 

Cette journée est aussi restée bien ancrée car c’était le jour des élections américaines, et dès notre arrivée, nous apprenions que c’était mal barré pour Kerry ; mais on en était encore au recomptage plein d’espoir …

 

 

Mercredi 3 novembre 2004, Rio Dulce

 

 

Nous nous levons avec l’averse tropicale après avoir entendu la pluie une bonne partie de la nuit. La journée s’annonce au plus mal surtout lorsque nous apprenons la victoire de W.

 

Une fois n’est pas coutume, nous faisons la grasse matinée : le petit déjeuner n’est prévu qu’à 8h30 (il faut dire que nous avons un peu gagné du temps sur le programme initial. Le ventre plein, nous reprenons les lanchas pour retraverser le rio Dulce afin de récupérer le bus et Mario, notre nouveau chauffeur. Celui-ci nous fait longer la rive nord du lac Izabal. Nous pouvons apercevoir quelques troupeaux de vaches et de zébus surveillés par de véritables « cow boys ». Un petit avion jaune fait de l’épandage sur une immense bananeraie toute proche. Finalement, après une bonne heure de piste, nous atteignons le départ de la ballade matinale. Quelques minutes de marche nous mènent jusqu’à une petite cascade de 5 à 6 mètres de haut, sur un petit ruisseau bien abrité dans la jungle. Rien d’exceptionnel à cela ! Sauf qu’il s’agit d’une fontaine d’eau chaude. Tout le groupe se jette petit à petit à l’eau. Plus on approche de la cascade, meilleure est la température. Elle est même particulièrement élevée à l’aplomb de la chute. Quel régal de passer du chaud au froid et respectivement. Un vrai bonheur !! Il y a même une petite grotte derrière la chute qui fait office de hammam. Quant au ruisseau, le masque et le tuba de Patrick me permettent d’apercevoir de nombreux petits poissons sûrement amateurs de soufre et de chaleur. En revenant tranquillement vers le cours du ruisseau pour revenir à une température « normale », nous constatons qu’à certains endroits le sable est tout simplement brûlant !! Voilà une bien agréable baignade.

 

Après cette récréation aquatique et un déjeuner pris sur le pouce sur le marché de Rio Dulce, nous remontons à bord des lanchas. D’abord pour un petit tour vers le fond du lac afin de découvrir la forteresse de San Felipe. Les espagnols l’érigèrent afin de protéger les environs des pirates. Un petit coup d’œil au ciel gris nous fait craindre le pire : des nuées tombent au loin mais il n’en sera finalement rien. Au retour, nous faisons un dernier saut à l’hôtel pour récupérer les bagages avant de partir sur le rio Dulce en direction de Livingston et de la mer des Caraïbes.

 

Répartis dans deux embarcations, nous partons à l’aventure à pleine vitesse ; les barques se dressent et la coque tape sur la surface des flots. Nous ralentissons, attirés par de nombreux cormorans nichant et séchant leur plumage sur les arbres d’une petit île. Nous avons même la chance d’apercevoir un iguane de couleur beige qui prend le soleil sur une branche libre. Après un autre bout de droit à fond les manivelles, la ballade se calme dans les canaux d’une mangrove. Calme et flore voluptueuse sont au rendez-vous. Nous profitons au maximum du silence, seulement perturbé par les bruits de la nature. Il nous prend même la folie de nous baigner dans une lagune bien sombre, couleur café, sous les yeux des moins courageux. La température est bien agréable et nous batifolons un bon moment. Mais il faut reconnaître que la remontée à bord fut plus difficile que le plongeon. Un peu plus loin, nous commençons à découvrir les autochtones, soit dans leurs habitations de palme, soit à la pêche sur leurs frêles pirogues. Ces quelques cabanes sont posés au milieu de nulle part en pleine verdure, laissant juste échapper une colonne de fumée blanche à travers les arbres. Les endroits calmes du fleuve sont même recouverts d’immenses nénuphars. Nous sommes bien loin du monde moderne et cela fait un bien fou !! Les gens sont souriants, rares sont ceux qui font cas de notre présence.

 

Plus loin, nous pénétrons dans ce qui est appelé le canyon. Les rives se transforment en falaises abruptes. La végétation luxuriante éclairée par un beau soleil fournit un spectacle des plus appréciables. Nous nous retrouvons tout petits entre ces deux murs verts. Tranquillement nous reprenons notre progression. Les rives s’éloignent lentement de nous tandis que notre vitesse remonte. Soudain, nous nous rendons compte qu’il n’y a plus rien en face : nous arrivons à l’embouchure du fleuve. Le village de Livingston se présente sur notre gauche. Nous ne sommes pas venus jusque là par hasard. C’est la « capitale » des Garifunas, les seuls noirs du pays. Ils sont les descendants des esclaves noirs qui se sont révolté à Saint Vincent en 1795. Seuls au bout du monde, seulement reliés par l’océan et le fleuve, ils ont développé leur propre culture avec une forte influence créole. Dommage que nous ne logions pas en ville pour vraiment les découvrir.

 

Du fait d’une mer agitée, du moins à en croire nos deux pilotes, le dernier tronçon du trajet doit se faire en minibus. Mais il n’y en a qu’un. Nous devrons donc faire deux voyages. Faisant partie du second groupe, nous patientons autour d’une bonne bière, les oreilles bercées par de la musique créole, tout ça au bénéfice des Mayas (c’est la BA du jour !). enfin, le véhicule revient et nous découvrons, stupéfaits, la piste empruntée. Mais où v-t-on ? Contrairement à ce que nous pourrions penser, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Un long trajet dans le sable se présente à nous : les valises ont du mal, elles refusent de rouler. C’est là que je regrette le poids de mon sac. Enfin, nous parvenons, à la nuit, à l’entrée de l’hôtel. Le cadre est, certes, idyllique, au bord de la mer des Caraïbes avec ses bâtiments spartiates en bois brut et palmes. Une bonne et appréciable petite douche nous permet de nous remettre de cette après-midi bien chargé avant de passer aux choses sérieuses. Je veux parler d’apéro et d’un bon repas inspiré par l’océan. Cette soirée se finit même en « party » dansante au son des rythmes caraïbes. Quasiment tout le monde participe et c’est très bien ici. Bonne humeur et joie de vivre sont au rendez-vous. Mais l’heure de la fermeture du bar – restaurant arrive. Contraints d’aller nous coucher, nous faisons étape par la case bain de pieds avant de rejoindre nos lits (je regretterais d’ailleurs de ne pas être allé au bout de ma première idée de baignade, tant pis !). C’est au moment d’écrire qu’éclate un nouvel orage tropical bien violent !!

 

 

Jeudi 4 novembre, Livingston

 

 

Après une nuit sous la pluie tropicale, nous découvrons enfin l’endroit à la lumière du jour. Nous sommes vraiment seuls sur toute la plage. Seuls quelques pontons au loin occupe le paysage. Nous retournons au bar mais cette fois pour prendre un petit déjeuner. Ce matin, les « lancheros » sont venus jusqu’à l’hôtel. Cela nous évitera les aller-retour en minibus. Nous chargeons donc les barques  avec nos sacs et vogue la galère ! Les quelques minutes en mer jusqu’à l’embouchure du rio Dulce se passent pour le mieux sur une mer calme. Plus de trace de l’orage nocturne. Ensuite, c’est plein gaz tout le long en coupant les virages, … Résultat des courses, il nous faut à peine une heure pour rejoindre la ville de Rio Dulce là où nous avions mis près de trois heures la veille.

 

Nous remontons dans le minibus de Mario pour une heure de route en direction de Quirigua. Nous croisons de très  nombreux camions salvadoriens qui rejoignent Puerto Barrios, un des rares ports de containers du coin. C’est l’occasion de voir passer les « boîtes » de bananes ou d’ananas, et plein d’autres choses encore. Mais revenons à Quirigua. Il s’agit d’un site maya associé à la cité de Copan, de l’autre côté de la frontière, au Honduras. Mais contrairement aux autres sites, on y trouve quasiment que des stèles finement gravées (et malheureusement effacées pour certaines). C’est ce qui fait la particularité du lieu. D’ailleurs la plus grande culmine à près de 8 m au dessus du sol pour environ 60 tonnes. La plupart figurent le roi de Copan, Fumée coquillages. Mais on y trouve aussi des autels zoomorphes. Les photographes ne sont pas spécialement gâtés : chaque stèle est dotée d’un petit toit en palmes mes qui gâche légèrement les clichés. La dizaine de stèles est installée dans une clairière bien verte, signe de l’eau abondante mais toujours cernée par une épaisse forêt cachant très certainement d’autres vestiges. L’extrémité du site est occupée par une acropole bien fade après Tikal. Elle permet néanmoins de prendre un peu de hauteur et voir le site sous un autre angle. A l’entrée du site, un musée fournit quelques explications sur l’endroit. Cela permet entre autres de découvrir la symbolique des glyphes et sculptures.

 

A la sortie, nous faisons une halte dans la bananeraie voisine. Manque de chance pour nous, c’est l’heure de la pause déjeuner et nous ne les verrons pas travailler dans l’usine d’emballage. Néanmoins, les installations nous donnent une idée du fonctionnement de cette exploitation de Del Monte.

 

Retour sur la route pour une étape de trois heures qui doit nous conduire jusqu’à la frontière hondurienne. Le peu de point de passages nous oblige à un large détour par Chiquimula jusqu’à El Florido. En chemin, nous faisons une pause repas dans un genre de resto routier. Aussi surprenant que cela paraisse, chacun prend une assiette au « self » e t le règlement se fait sur la confiance à la fin du repas : aucune commande n’est notée. Ce n’est pas en France que cela marcherait ! Nous sommes par contre surpris par les pistolets présents à les ceinture de la plupart des clients : il semblerait qu’ils soient gardes du corps pour les propriétaires terriens nombreux dans cette région du sud est du Guatemala. Effectivement, la route traverse de nombreuses plantations tant de bananes que d’ananas.

 

Le passage des douanes est facilité par l’intervention de Marie-Laure qui gère tous les passeports: faut bien qu’elle serve à quelque chose! Mais quel bordel. Des camions dans tous les sens : il est très difficile d’avancer. On croirait qu’ils font un barrage routier mais il n’en est rien, c’est le fonctionnement normal de cette frontière. Pendant que nos papiers passent la frontière, nous faisons notre change au noir avec un autochtone, tout cela sous les yeux des forces de l’ordre, qui affichent ostensiblement des slogans de lutte contre la corruption !! Il n’y a même pas besoin de descendre : on négocie les taux par les fenêtres puis on fait monter dans le bus le mieux disant.

 

Après quelques minutes de route sur le territoire du Honduras, nous atteignons la petite ville de Copan. Nous y sommes accueillis à l’hôtel Yaragua avec un petit cocktail de fruits et surtout des gens très souriants. Juste après, comme de bien entendu, nous nous mettons en quête d’un « happy hour » pour passer la soirée. Merci Monsieur Lonely pour vos adresses ! C’est là que le guide régional trouve toute son utilité, car les guides du Honduras sont rares en France. Bien évidemment, il se remet à pleuvoir et le retour à l’hôtel se révèle épique : les rues sont de vrais petits ruisseaux !! Même mon lit reçoit des gouttes. Il faut dire que le plafond de la chambre est constitué de la charpente et de ses tuiles ! Mais cela ne m’empêche pas de bien dormir.

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