Roadbook centraméricain (5)
Vendredi 5 novembre 2004, Copan
Réveil dans le sympathique hôtel de Copan. Enfin, la condensation a quand même provoqué de nombreuses gouttes dans toutes les chambres du couloir tout au long de la nuit. Il fallait avoir placé ses affaires stratégiquement. Nous nous en remettons autour d’un petit déjeuner servi par une charmante jeune fille toute de blanc vêtue avec un liseré bleu, blanc, rouge ! A croire qu’elle l’a fait exprès.
La matinée est réservée à la visite du site de Copan, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit d’un important site maya souvent rattaché, à tort, au Guatemala malgré sa situation au Honduras. Dès le centre des visites, situé à moins d’un kilomètre du village, nous sommes accueillis par un guide francophone prénommé Tito. Il a passé deux mois à Besançon au printemps dernier grâce à un archéologue français du site qui lui a décroché une bourse. Nous sommes vraiment ravis de faire sa connaissance.
Avant toutes choses, il nous fait une présentation du parcours sur la maquette du site ainsi que quelques précisions historiques. Dès l’entrée proprement dite du site, nous sommes ébahis par la dizaine de aras en liberté. Ils sont magnifiques dans leur plumage rouge, jaune et bleu. Les appareils photos crépitent surtout qu’ils sont plutôt bon modèles ! Ils sont les gardiens du temple si j’ose dire !
Fait exprès ou pas, nous commençons par l’acropole ouest, la place dédiée au dieu de la pluie dont on peut voir la représentation sur une des façades. On peut en particulier y admirer un autel comportant la sculpture des seize rois ayant régné sur Copan de 250 à 900 ap. JC. Nous poursuivons ensuite avec le temple central (aussi appelé structure 16) qui recouvre le fameux temple de Rosalila reconstitué avec toutes ses couleurs, dont le stuc rouge, au musée, actuellement fermé pour un an en raison d’importants travaux de rénovation. Et, malheureusement, la visite de l’original par les tunnels est réservée aux archéologues. Nous devrons nous contenter des cartes postales pour avoir une idée de son apparence : deux cubes rouges empilés l’un sur l’autre, décorés de motifs mayas aux teintes jaunes, vertes et blanches. Ici comme ailleurs dans le monde maya, les temples sont construits les une sur les autres. Chaque monarque recouvrait ou arasait les constructions de son aïeul avant d’ériger ses propres monuments. Ce qui explique un tel empilement. Les chercheurs pensent que le squelette découvert à la base de cette pyramide serait celle du premier roi, à l’origine de la dynastie de Copan. Un petit coup d’œil sur la droite nous permet d’apercevoir le quartier dit résidentiel qui ne servait qu’à la noblesse. Le bas peuple était repoussé dans les campagnes alentours. Cet endroit leur servit aussi de cimetière.
Nous arrivons enfin à l’acropole est, ou patio des Jaguars, dédiée, elle, au dieu du soleil : nous sommes d’ailleurs surveillés par la divinité et les deux jaguars qui l’encadrent. C’est là que se pose la question du sacrifice mais personne n’est volontaire. Dominant cette place, nous pouvons découvrir la maison du conseil (ou Popol Nah) qui abritait les réunions de la classe dirigeante et la maison de lois, deux petits bâtiments encore parés de nombreux glyphes et sculptures d’époque.
Du sommet du temple des Inscriptions, situé sur la gauche, nous admirons la superbe vue sur la grand place, aussi appelée place des stèles du fait d’un grand nombre de celles-ci disséminées sur cette immense pelouse. Au premier plan se révèle le jeu de pelote tandis qu’une horrible bâche gâche le paysage. Voilà la contrainte du classement par l’UNESCO de l’escalier des Hiéroglyphes. Toute l’histoire de Copan y est écrite sur la soixantaine de marches. Enfin, il faudra tout de même remettre toutes les pièces dans l’ordre avant de traduire et récupérer celles emportées par les américains !! Alors avis aux amateurs de puzzle. Après quelques photos depuis ce temple-belvédère, nous descendons vers la place principale, d’abord pour admirer la stèle N finement ouvragée au pied du temple des Inscriptions. Au pied du grand escalier, c’est la stèle de « Fumée coquillages » qui guette.
Nous traversons ensuite le jeu de pelote, le second du monde maya en taille, semble-t-il inventé par le premier roi de Copan. Deux équipes de cinq joueurs devaient propulser la balle sur une des trois têtes de aras situées sur les deux bâtiments entourant l’aire de jeu à l’aide d’un côté de leur corps (bras, hanche, jambe). Les deux bâtiments étaient pourvus d’un plan incliné où la pelote pouvait rebondir. A la fin, le capitaine victorieux était sacrifié sur un des autels de la grand place : c’était un honneur pour eux. La pelote avait un rôle non pas sportif mais cérémoniel. La visite se termine avec les nombreuses stèles dressées au milieu de la place. « 18 Lapins » y est particulièrement bien représenté !
Après cette matinée maya, nous reprenons la route pour une longue liaison routière jusqu’à Tela, sur la côte atlantique. Malheureusement, il ne cesse de pleuvoir !!
Arrivés sur place, cela continue. La seule activité qui nous reste consiste à fêter l’anniversaire de Paul. Cela commence par quelques verres de rhum préparés à la demande (soit coca, soit citron vert, soit ananas). Une fois l’ambiance chauffée, nous passons à une tradition locale : la piñata. Il s’agit d’une « statuette » de céramique ou en l’occurrence de papier et de fil de fer. A l’intérieur sont cachées des friandises. La statuette est pendue au plafond et le jeu consiste à la casser pour les libérer, tout ça les yeux bandés. Autant dire que cela donne de bons moments de rigolade, surtout qu’il y en a toujours pour faire bouger la cible. Notre gros poussin jaune a fini par céder au bout d’une dizaine d’assauts.
Nous passons alors à table pour continuer la soirée autour de langoustes : c’est la fête !! La nuit se finit plus tard que d’habitude et quelques peu grisés !!
Samedi 6 novembre, Tela
La pluie continue à tomber à torrents, le vent s’est levé déchaînant la mer. Les éléments sont contre nous. Du coup, la ballade prévue pour la matinée au parc national de Punta Sal est annulée. A la place, nous faisons un tour en ville à la recherche de change et de timbres. La poste locale : tout un programme ! Pas de boîte à l’extérieur et des horaires d’ouverture assez étriquées. Autant dire qu’il faut viser juste pour expédier les cartes postales. Et il faut aussi prévoir un bon moment avant d’obtenir les timbres tant convoités. Après cette occupation, nous sommes de retour à l’hôtel. Les occupations sont diverses et variées : lecture, sieste, télé, cartes, jeux divers. Il faut bien passer le temps en attendant des nouvelles.
Finalement, décision est prise d’aller jusqu’à la Ceiba voir la météo et l’état de la mer. Enfin, quand je dis décision est prise, disons plutôt que nous forçons notre acompagnatrice-boulet à partir (sinon, nous serions encore au Honduras, des fois qu’il arrive quelque chose !!! Grrrrrr ). Deux heures de route pendant lesquelles nous voyons l’effet des pluies. Mais petit à petit, le plafond remonte et les averses se raréfient. Arrivés au port, nous « forçons » Marie-Laure à embarquer sur le ferry pour Roatan malgré ses craintes à deux balles. Tout va bien pendant 30 à 45 minutes jusqu’à ce que le mal de mer me gagne (c’est la première fois mais il faut dire que ça tape au large !!) : dur, dur pour la fin de la traversée. C’est un réel bonheur lorsque, après deux heures de navigation, j’entends le pilote décélérer et je vais tout de suite mieux. D’ailleurs, une heure après, j’avais retrouvé tous mes moyens et mon appétit !!!
A Coxen Hole, la « capitale » de l’île, nous embarquons dans deux vans, quatorze d’un côté, deux de l’autre avec la totalité des bagages. Nous traversons la partie ouest de l’île jusqu’à West End en pleine nuit. Malgré le peu de lumière, nous apercevons l’habitat typique créole : la case en bois, peinte de couleurs vives. A West End, nous posons nos valises dans le dernier hôtel du village : il n’y a rien plus à l’ouest. Il est très discret avec ses deux étages peints en rose bonbon, et blanc pour les boiseries. La seule activité de la soirée consiste à choisir un restaurant. Mais attention, ici tout est plus cher que sur le continent. Un grill argentin fera parfaitement l’affaire. Ma « crédibilité » augmente de jour en jour grâce aux bons choix de table que je fais à l’aide de mon Lonely !! Nous nous remplissons la panse de viande succulente, arrosée d’un petit vin rouge chilien. Pour changer, nous sommes rattrapés par la pluie en rentrant nous coucher.
Nous verrons bien la météo demain.
Dimanche 7 novembre, West End
Première grasse matinée du circuit pour cause de journée libre. Autant en profiter. Aujourd’hui le lever a lieu à 8 heures. Même en vacances, cela fait du bien de buller un peu au lit, surtout qu’il est bien moelleux, et la chambre ventilée.
On part chez Rudy’s prendre notre petit déjeuner. Il s’agit d’une cabane en bois face à la mer, tenue par un sympathique créole bien en chair, à qui nous avons donné un petit cours de français en même temps qu’il nous servait.
Nous voilà prêts à partir. Nous décidons de rejoindre West Bay, encore plus à l’ouest vers la pointe de l’île, en longeant la mer. Pas de route ni de chemin, il faut marcher sur la plage. Nous découvrons ainsi de-ci delà quelques paillotes au milieu de nulle part. Quelques fois, les passages sont plutôt scabreux sur des pointes rocheuse, mouillées par les vagues, mais nous arrivons bien à avancer. Au bout d’une bonne demi heure de marche, nous atteignons enfin la plage désirée. Sa situation dans une baie la protège relativement des effets du vent. Un petite bande de sable fin, parsemée de palmiers, et bordés de petites maisons qui ont tendance à devenir envahissante. Malheureusement, le fond est brassé rendant la visibilité presque nulle. Masque et tuba resteront dans le sac. Par contre, nous profitons bien de la baignade : l’eau est plutôt chaude, c’est juste l’air qui est rafraîchissant à la sortie. Après avoir bien trempé, je profite de la matinée pour aller traîner sur Internet, vider ma boîte pleine de mails, envoyer quelques messages pour faire râler les proches, et consulter les news pour se tenir au courant.
Arrive l’heure de manger, toujours dans une paillote. Malgré quelques plats manquants, nous arrivons à nous restaurer (mon envie de pizza devra attendre !). Pour le retour, au vu du niveau de l’eau qui semble avoir monté, nous optons pour un retour par la route. Cela s’annonce d’entrée très sportif avec quelques bonnes côtes. Comme quoi cette île n’est pas aussi plate qu’on pourrait le croire ! D’un autre côté, prendre de la hauteur nous permet d’avoir de beaux points de vue sur la quasi totalité de l’île et sur la mer des Caraïbes qui nous entoure. Joëlle, semble-t-il attaquée par une escadrille de moustiques, nous gratifie d’un sauter dans le pantalon digne du Guinness des records, et accessoirement, d’une bonne rigolade. En chemin, nous trouvons Garance, Bertrand, Nadia et Myriam dans un taxi co. Après mûre réflexion, et un peu feignants, nous finissons la route avec eux jusqu’à West End. Finalement, il restait un bon bout de chemin à faire !!!
Là nous sommes les seuls fous à nous baigner entre les pontons. Il faut dire que le fond est couvert d’un épais tapis d’algues. Il est préférable de rester en surface. Et puis ça fait tellement de bien ! Après ce second petit bain, une bonne douche est bien appréciable et régénérante. Pour m’occuper, je profite du temps libre refaire mon sac à mi-parcours. Sur le coup des 18 heures, nous nous faisons une petite mise en bouche au rhum dans la chambre de Patrick et Malawi avec Joëlle. Tout ça pour attendre le briefing de 19h30, qui n’aura jamais lieu puisque Miss Marie-Laure est au bar. Dommage pour ceux qui ont attendu. Cela ne nous empêche pas de trouver un restaurant italien où je peux enfin manger ma pizza, pour laquelle j’ai eu les yeux plus gros que le ventre. Il faut dire qu’ici la « large » était vraiment maousse ! Un petit conseil, demander avant la taille exacte !
Sur ce, il faut dormir car le réveil du lendemain est prévu entre 4h et 4h30 pour prendre l’avion vers Tegucigalpa, capitale du Honduras.
Au final, nous aurons profité de cette île surtout pour sa plage, mais si la mer est calme, tout est fait pour les apprentis plongeurs, vous aurez l’embarras du choix !