Marrakech, la Perle du Sud
Août 2002
Quel meilleur choix que Marrakech pour commencer la découverte du Maroc : on est de suite plongé dans une atmosphère typique.
Cette ville impériale du sud marocain doit son origine, selon la légende, à un homme bleu (un touareg) dénommé Youssef Ben Tachfine qui avait planté sa tente à cet endroit pour un court séjour. Mais ce nomade mangea tellement de dattes qu’il fit surgir une palmeraie autour de son campement. Cette histoire se serait déroulée entre 1062 et 1070. Bien évidemment, l’oasis a bien changé pour se transformer en une grande cité grouillante, parée de magnifiques monuments. D’ailleurs, pour bien comprendre et apprécier Marrakech, il faut y séjourner plusieurs jours. Marrakech est le cœur historique du Maroc, auquel elle aurait donné son nom. A égale distance des premières dunes du Sahara et de la côte atlantique, son emplacement est idéal. D’ailleurs, cette situation stratégique explique que la ville aie longtemps dominé le Maghreb.
Des hublots de l’avion qui vous transporte au Maroc, on commence par découvrir une tache ocre rouge au beau milieu d’une étendue quasi désertique, tel un joyau serti dans l’écrin naturel que forment autour les montagnes du Haut Atlas. Apparaissent toutefois quelques taches de verdure aux abords de la ville. Arrivés sur la piste, on découvre un petit aérogare aux toits de tuiles vertes vernies (typiques au Maroc). Vu qu’on débarque sur la piste, on a tout le loisir de l’admirer. Après une attente non négligeable au guichet de la douane (bien qu’en basse saison !!), vous voilà enfin au Maroc. Si vous n’avez pas changé de devises avant de partir, vous n’avez qu’une seule solution : le seul bureau de change juste derrière la douane. Muni de dirhams dans votre poche, direction le parking où vous attendent petits et grands taxis pour vous conduire en ville. Méfiance au moment de négocier le prix de la course : sachez qu’on vous demandera 100 Dh (alors que dans l’autre sens, le tarif n’est que de 50 Dh !!).
Ca y est, vous êtes tombés d’accord avec le chauffeur, alors direction le centre ville. Sachez que Marrakech est en fait composée de deux villes extrêmement différentes.
Guéliz, la nouvelle ville, au nord-ouest, a été créée sous le protectorat français hors des remparts. Elle s’étend autour d’un axe principal, l’avenue Mohammed V, longue de plusieurs kilomètres et qui relie le centre de la vieille ville jusqu’au djebel Guéliz, une montagne sèche à la sortie de la ville. C’est là que sont regroupés les grands hôtels ( dans le quartier de l’Hivernage), les loueurs de voitures, les commerces et la plupart des grands cafés. On y trouve aussi la gare de la CTM, non loin des grands cafés, pour passer le temps en attendant son bus. La gare ferroviaire vous permet de vous rendre vers le nord du pays ; mais elle sert aussi de gare routière pour la compagnie Supratours. Côté touristique, le seul endroit digne d’intérêt est le jardin Majorelle. C’est l’œuvre d’un français, Jacques Majorelle, originaire de Nancy. Il s’installe à Marrakech en 1919 pour poursuivre sa carrière d’artiste peintre tout en soignant sa tuberculose. En 1929, il acquiert le terrain qui va devenir le Jardin Majorelle, où il collectionne des essences végétales des cinq continents. On y découvre pêle-mêle palmiers, cactus, bambous, papyrus, … Plusieurs pièces d’eau donnent une impression rafraîchissante tout en servant d’abris aux nénuphars et aux tortues. La couleur dominante du jardin, en dehors du vert de la végétation luxuriante, est le bleu mauve qui recouvre les murs de l’atelier, aujourd’hui transformé en musée de l’Art Islamique (en gros travaux pour l’heure). Ce Jardin fut aussi, pendant un temps, la propriété de Yves Saint Laurent et Pierre Bergé qui en assurèrent la restauration. Un magnifique jardin qui mérite le détour, ne serait ce que par sa rareté dans ce pays (seulement 20 Dh l’entrée).
La seconde ville est la Médina, la vieille ville, ceinte de remparts long de 19 kilomètres. Cette enceinte, de type andalou, avait à l’origine une fonction défensive construite par les Almoravides pour se protéger des Almohades. Ces remparts sont un des symboles de Marrakech. Mais le centre de la ville reste la place Jemaa-el-Fna : c’est là que bats le cœur de Marrakech. C’est probablement l’endroit le plus vivant de la ville, constituant un théâtre de plein air avec spectacle continu. Néanmoins, si vous voulez vraiment en découvrir l’ambiance, vous vous y rendrez de préférence vers 18 heures au moment où la fête commence, moment où la population de Marrakech s’y rassemble (c’est très impressionnant de voir autant de monde alors que la ville est beaucoup plus déserte le jour !!!). Tout au long de la journée, le tour de la place est occupé par des vendeurs de jus d’oranges tous bien alignés. Sur la place, quelques charmeurs de serpents, quelques tatoueuses au henné ainsi que quelques vendeurs herboristes sont installés. Mais lorsque approche l’heure fatidique, la place se métamorphose pour devenir un immense restaurant de plein air. De nombreuse gargotes vous proposent grillades, brochettes, poissons, tagines, couscous, harira à des tarifs imbattables. Ces restaurateurs ambulants sont installés par spécialité, chacun vous invitant à venir vous installer sur leurs petits bancs. Au dessus de la place flotte la fumée des braseros. Si vous êtes à cheval sur l’hygiène, passez votre chemin : sachez seulement que vu le nombre de gens qui viennent y manger, les risques me semblent très limités !! A côté des restaurateurs se rassemble la population en cercles autour des conteurs, des musiciens, des acrobates, des charmeurs de serpents, ... Mais sachez que si vous sortez votre appareil photo pour immortaliser la scène, on vous demandera invariablement la pièce. Pour photographier la place et son animation, le mieux est d’aller prendre un thé sur la terrasse du café Argana. Sachez aussi que la place a été déclarée, depuis un an, chef d’œuvre du patrimoine oral de l’humanité par l’UNESCO.
Je vous ai dit que cette place était le cœur de la ville : c’est si vrai que l’essentiel des pôles d’intérêts d’ordre historique ou culturel sont répartis dans la médina ou à proximité. A commencer par les souks. Ils sont eux aussi regrouper par thèmes : on découvrira donc le souk des teinturiers, celui des cuivres, celui des babouches, celui des vanniers, celui des tourneurs sur bois, celui des ferronniers, celui des bijoutiers. Vous y découvrirez les artisans en plein travail, un vrai régal pour les yeux et les oreilles ! Mais vous serez aussi accosté par la plupart des commerçants qui vous inviteront à rentrer dans leurs boutiques pour le « plaisir des yeux ». Il faut s’y faire !! pour découvrir la Médina, le mieux est de s’y perdre : vous découvrirez ainsi ses ruelles sinueuses, ses caravansérails appelés fondouks, ses fontaines, ses petites mosquées avec de magnifiques portes. Un conseil tout de même : partez de la place Bab Fteuh direction la mosquée Mouassine derrière laquelle vous découvrirez la fontaine du même nom. Continuez ensuite jusqu’à à la mosquée Sidi bel Abbès à l’entrée de laquelle sont rassemblées les voyantes. Mieux vaut avoir un traducteur si vous vous leur demandez quelque chose. Au passage vous serez passé devant la fontaine Chrob n’Chouf. Par cet itinéraire vous aurez surtout vu des commerces. Patience, le chemin du retour va vous mener à travers les souks. Sur le chemin du retour, passez par la Medersa Ben Youssef, un vrai petit chef d’œuvre d’architecture arabo-andalouse et assurément l’un des plus intéressants monuments de la ville. La medersa est une ancienne école coranique qui pouvait accueillir jusqu’à900 élèves qu’on entassait dans une centaine de cellules agencées sur deux niveaux autour de la grande cour. Regardez partout, sols, plafonds, détails des arcs, zelliges de diverses couleurs et formes géométriques. Continuez ensuite votre flânerie à travers les différents souks jusqu’à la place.
L’autre monument incontournable de Marrakech est le minaret de la Koutoubia. Tout le monde le connaît et il sert de point de repère. Il est considéré comme la tour Eiffel locale. Cette tour mesure près de 77 mètres, aussi haute que les tours de Notre-Dame. Chaque face est décorée de manières différentes et l’éclairage nocturne ne gâche rien à sa splendeur.
Un peu plus excentré, vous pourrez découvrir les tombeaux saadiens, juste derrière la mosquée El Mansour. Au passage, vous aurez pu observer des cigognes nichant sur les remparts. L’ensemble comporte plusieurs koubba autour d’un cimetière envahi de fleurs. Le premier mausolée est composé de trois salles. La première présente un riche mihrab ; la seconde abrite la tombe de Moulay Ahmed El Mansour sous une coupole de cèdre doré supportée par douze colonnes de marbre de Carrare ; la troisième salle abrite, quant à elle, des tombes d’enfants. Le second mausolée abrite sous sa coupole à stalactites peintes la tombe de la mère du sus nommé.
A l’extérieur de la ville, vous pouvez aller voir le bassin de la Ménara, bien que j’y trouve un intérêt assez limité. Il est recommandé de s’y rendre au soleil couchant pour profiter de magnifiques reflets sur le bassin. Il est vrai que ce lieu constitue un havre de paix après le tumulte du centre ville. A vous de voir !!
Pour vous déplacer dans la ville, plusieurs moyens de transports s’offrent à vous. Des plus classiques : autobus (mais d’un intérêt limité), petits taxis (ils vous emmènent partout à l’intérieur de la ville), grands taxis pour quitter la ville. Aux plus originaux : de nombreuses calèches sillonnent le centre ville, faisant très souvent office de taxi.
Pour vous restaurer, vous avez le choix entre les gargotes de la place, citées plus haut et les nombreux restaurants de la ville. Une adresse arrive en tête : Chez Chegrouni. Ce petit restaurant se situe au bout de la place Jemaa el Fna. Vous pourrez y manger pour 50 Dh à peine. Mais surtout, vous vous délecterez : leur tagine poulet légumes est un vrai délice, sans parler de leurs yaourts maison !! Petite anecdote : c’est vous qui écrivez la commande sur un bout de papier :-) !!!
Côté cafés , deux adresses dans des genres très différents. Tout d’abord, le café Argana situé, lui aussi, sur la place offre une superbe vue depuis sa terrasse où vous pouvez déguster un bon thé à la menthe, incontournable ici, ou bien une délicieuse glace. L’autre adresse se situe dans un riad, tout près de la mosquée Mouassine : c’est Dar Chérifa, un café littéraire où vous pourrez déguster café, jus d’orange ou thé à la menthe. Certes, les tarifs sont plus chers qu’ailleurs mais quel bonheur de trouver de la fraîcheur et du silence. La preuve, on y retourné trois fois en l’espace de 15 jours. Vous y trouverez aussi de nombreux livres sur le Maroc, ainsi que des expositions (actuellement des peintures sur Marrakech et une expo photo sur la restauration du riad). Merci au Guide du Routard pour cet excellente adresse : pas de difficultés à trouver, c’est fléché depuis la place Bab Fteuh.
Passons enfin à la page hôtellerie. Il y en a pour différents types de budgets. Tout d’abord, l’hôtel Pacha situé dans Guéliz, non loin de l’avenue Mohammed V. C’est une adresse Nouvelles Frontières très agréable, assez silencieux, avec des chambres en très bon état ; sans oublier le petit déjeuner compris dans le prix de 310 Dh pour une chambre double. Il est vrai que ça passe mieux quand on achète sa nuit à l’avance avec son billet d’avion !! Dans une autre gamme, vous avez l’hôtel Farouk, dans Guéliz lui aussi : là, c’est plutôt genre routard. Faut pas être trop regardant à la propreté ; qui plus est, vous risquez d’être logé au dernier étage, autant dire que dès que le soleil commence à chauffer, vers 7 heures, vous ne tenez plus au lit !! Cependant, vous pourrez là aussi prendre votre petit déjeuner sur la terrasse du café en dessous de l’hôtel. J’ai entendu dire que l’hôtel Ali, sur la place Jemaa el Fna est sympa aussi.
Voilà tout ce que je pouvais vous raconter sur Marrakech.