Découverte de la Birmanie (5)
Samedi 31 Octobre 2015, Bagan
Mauvaise surprise en ouvrant les rideaux ce matin. Le temps est gris, il a plu et il menace de recommencer. Nous n’allons pas nous arrêter pour autant et nous commençons la tournée des pagodes dans le quartier du nouveau Bagan avec celle de Dhamma Ya Zi Ka. Un stupa doré surmonte une base en briques brutes. Contrairement au plan carré habituel, ce sont cinq pavillons qui l’encadrent formant ainsi un pentagone en guise d’enceinte. Nous avons aussi la surprise de découvrir des gargouilles. Les bas-reliefs sont décorés de carreaux sculptés. Un temple voisin disposant d’une terrasse nous permet d’avoir un panorama des environs. Des constructions à perte de vue dans la végétation.
Nous poursuivons par une curiosité : un monastère contemporain creusé dans le sous-sol pour fuir la chaleur suffocante de l’été. Les galeries sont basses et les couloirs sombres, un pur bonheur pour les plus grands. Nandamannya se dévoile au dernier moment, à l’inverse de tous les monuments anciens du site. A la sortie, nous continuons la ballade à pied sous une pluie éparse. Nous rejoignons la pagode triple de Thone Zu. Les photos intérieures y sont interdites mais nous pouvons admirer des trésors de dessins dans celle de gauche, tandis que la seconde ne contient que des épures ; du coup, la troisième n’a jamais reçu la moindre décoration intérieure.
Non loin de là se trouve le temple de Tham Bula construit par la reine du même nom. Principalement construit en briques hormis quelques plaques de stuc en façade, il présente un sikhara d’inspiration indienne. Ici nous pouvons faire des photos en particulier des textes inscrits sur les murs ainsi que des illustrations de la vie du Bouddha. Les statues le présentent vêtu de sombre, une fois n’est pas coutume. A quelques centaines de mètres, nous découvrons d’abord les restes d’un bâtiment en briques, de forme carrée. Il devait s’agir d’un lieu de résidence pour les moines au temps où le complexe Lay Myet Hnar rayonnait. Si l’édifice a bien souffert du séisme, la pagode totalement couverte de blanc a bien résisté.
Petit à petit, nous approchons du village de Min Nan Thu. Mais avant d’y pénétrer, nous grimpons un peu sur la butte voisine pour découvrir en contrebas un réservoir d’eau maçonné. La couleur du liquide est néanmoins loin de faire envie avec sa teinte marron. A partir de là, nous sommes pris en charge par une villageoise. Sous la pluie, elle nous fait faire le tour de son hameau, découvrir ses habitants et ses habitudes. En quelques minutes, nous passons du plus jeune dans son berceau suspendu, à la plus ancienne tirant sur son énorme pipe. A la fin du « circuit », notre guide du moment se remet à ses activités de cardage du coton. Non loin de là alors que la pluie est à son maximum, nous aurions aimé voir les deux ouvriers travailler l’argent ; nous nous contenterons des vitrines avant de repartir, toujours sous le déluge.
Nous redescendons au temple Nanpaya. Celui-ci arbore de la pierre, en fait un placage sur la structure interne en briques. Sa forme basse et en T change de l’ordinaire. A l’intérieur, nous pouvons admirer de superbes sculptures, que ce soit les ogres sur les angles extérieurs ou les Bhramas sur les panneaux internes. Nous retrouvons les mêmes ogres sur les angles du bâtiment, toujours en train de dévorer les bijoux. Le temple de Manuha, le dernier de la matinée est très surprenant : les trois statues de bouddhas à l’intérieur, chacun dans son alcôve, y semblent très à l’étroit. Tout autant que les couloirs qui permettent de passer de l’un à l’autre. Il suffit de lever les yeux vers eux pour ressentir encore plus cette sensation d’étroitesse.
Vu l’heure, il est enfin temps de rejoindre le restaurant. Pour la première fois, le temps d’attente des plats est horriblement long. Mais heureusement, cela se laisse manger. Nous attendent alors presque deux heures et demie de pause. Contrairement aux autres qui préfèrent rejoindre leurs chambres, je quitte immédiatement l’hôtel pour rejoindre le musée voisin. Bien qu’il soit mitoyen de notre hébergement, il faut faire un large tour par la route pour franchir les grandes grilles qui laissent apparaître un semblant de reconstitution de palais aux dimensions grandiloquentes. Ce musée archéologique en impose par son architecture. Sa visite nécessite un billet supplémentaire de 5000 kyats (environ trois euros cinquante). Après avoir composté votre billet sur la terrasse auprès du personnel de contrôle, vous récupérez la clé d’une consigne pour y abandonner toutes vos affaires. Ici on visite léger et sans photo. Le grand hall dessert six salles d’expositions au rez-de-chaussée ainsi que les deux coursives à l’étage où se trouvent deux autres grandes salles. Une dizaine de statues, des bouddhas et des rois, sont présentées sur deux rangées à droite et à gauche du grand hall. Les expositions mélangent pièces collectées sur le site de Bagan et dioramas très instructifs pour visualiser les thèmes présentés. On peut ainsi y admirer des dizaines de stèles gravées, des textes, des peintures murales, de nombreux bouddhas évidemment mais aussi d’instructives maquettes du site, de différents palais du pays et même des différents types de stupas. Une petite heure suffira à faire le tour. Je rentre à l’hôtel me reposer un peu. Nous devions ressortir pour le coucher de soleil, nous terminerons sans lui : il bruine encore.
Direction le hameau de Myin Ka Bar dans le vieux Bagan. Tout le quartier semble dédié à l’artisanat de la laque. Celle-ci est obtenue à partir d’une résine d’arbre, collectée à la manière du latex sur l’hévéa. Les objets en bambou sont recouverts de dix-huit couches (neuf à l’extérieur, neuf à l’intérieur) en plus de la décoration, soit des mois de travail pour un joli et solide résultat. Etonnamment, malgré le travail requis, les tarifs restent plus que raisonnables. Une rapide visite nous permet de découvrir le processus de fabrication, la cave de séchage et l’atelier de gravure et de décoration à l’étage.
Nous rejoignons ensuite le stupa Shwe Tan Taw. Cinq niveaux de terrasses le composent, les deux premiers en briques brutes, les trois suivants plaqués de pierre. Les quatre escaliers sont aussi pentus les uns que les autres. Mais il en faudrait plus pour nous arrêter. Serrant fermement les rambardes ajoutées pour plus de sécurité, nous rejoignons le dernier niveau. Malgré la grisaille et la pluie, le panorama à trois cent soixante degrés est sublime, entre la multiplicité des édifices éparpillés dans la végétation et les principales « attractions » qui se montrent presque toutes. Nous restons un bon moment là-haut, tant que la lumière est suffisante pour faire encore quelques derniers clichés.
Vu l’heure, nous partons directement pour le restaurant. Ce soir, le repas est un peu spécial. Le menu lui-même est un repas traditionnel birman servi dans un grand plat rond à compartiments. Tout est succulent. Mais l’intérêt est ailleurs. La soirée commence avec un musicien local jouant de la harpe locale. Il interprète ainsi deux titres. Vient ensuite un spectacle de marionnettes à quatre manipulateurs accompagnés par un groupe de musiciens. Toutes les scénettes illustrent des histoires traditionnelles birmanes
Dimanche 1 Novembre, Bagan
Les réveils se suivent et se ressemblent à notre plus grand désespoir. Les nuages de pluie s’accrochent au-dessus de nos têtes. Aujourd’hui, nous nous éloignons du site de Bagan vers le sud. Ici il faut quand même presque une heure trente pour parcourir une cinquantaine de kilomètres tant les routes sont, soit en mauvais état, soit en réfection. Nous faisons une première halte à Chauk où nous essayons de découvrir le marché. Après le passage de la pluie, les allées se sont quasiment transformées en bourbier. Du coup, notre passage est plus qu’écourté. Mais nous avons le temps de vor l’essentiel des productions du coin. Fruits du dragon et pommes-cannelles semblent plus présents qu’à l’accoutumée.
Nous repartons vers Salay, plus au sud-ouest, toujours au bord du fleuve. Ce village abrite un joli monastère en bois datant du 19ème siècle, appelé Yoke Soun. Il a réussi à être préservé. Tout en teck, il est devenu un musée archéologique rassemblant les objets retrouvés dans la région. Sur la balustrade se multiplient les scènes de vie saisies en relief dans le bois. Quant à l’exposition, elle propose un mélange hétéroclite de briques, de statues, de coffres, …
Nous traversons la rue pour rejoindre la pagode voisine de Shinbin Maha Laba Man. Celle-ci abrite un bouddha réalisé en bambou laqué puis doré. En en faisant le tour, nous découvrons même qu’on peut se glisser dans ses entrailles par une petite trappe pour voir comment il est fait à l’intérieur. Toutes proportions gardées, on retrouve le même principe que pour la statue de la liberté, à savoir une structure métallique qui supporte l’ensemble. L’interlude ne dure que quelques minutes : le cadenas est remis en place juste derrière nous.
Il est temps de poursuivre notre route pour rejoindre le but principal de la journée : le mont Popa situé à plusieurs kilomètres à l’est. Ce lieu est considéré comme particulièrement sacré car il hébergerait des dizaines de génies, appelés nats en Birmanie. Plusieurs fois, nous apercevons cet étonnant éperon rocheux presque planté au milieu de nulle part, et coiffé de stupas dorés, seul vestige d’un ancien volcan, culminant à plus de mille mètres au-dessus de la plaine environnante. Nous distinguons même une partie des fameux escaliers qui nous attendent. Mais dans un premier temps, nous montons sur une colline voisine dont le sommet domine le mont Popa. Accessoirement, il s’y trouve un restaurant avec vue, mais bien venté ce qui refroidit les plus frileux. Une fois le ventre plein, mais pas trop, nous redescendons de notre perchoir pour rejoindre le pied du pic. De manière assez surprenante, il n’y a pas cette foule que nous attendions pour un lieu de pèlerinage aussi important. Avant de monter, nous allons jeter un œil dans la salle des nats. La ferveur y est impressionnante : chacun a fait l’objet de diverses offrandes. Des centaines de billets sont insérés partout où c’est possible. Au moins entre chaque doigt !
Désormais, il faut s’armer de courage pour affronter les sept cents et quelques marches qui mènent jusqu’au sommet. Le premier tiers se fait avec les chaussures mais néanmoins, ce sont les portions les plus simples. Ceci explique peut-être aussi la présence des nombreuses échoppes massées dans cette première partie. Après avoir abandonné nos chaussures, nous rentrons vite dans le dur. Mya nous abandonne là en attendant notre retour. Elle a dû suffisamment affronter cette montée dans le passé. Les rampes se font de plus en plus raides, le vent a bien rafraichi l’atmosphère et les marchent commencent à être humides à cause de la pluie, et ce, malgré les toits couvrant tous les escaliers. Nous reprenons notre souffle à chaque palier. Sans nous en rendre compte, nous sommes en train de contourner le piton jusqu’à atteindre enfin le sommet. Il y tombe des cordes. L’espace d’un instant, nous restons désabusés pensant que seul le petit hall où nous venons d’arriver est accessible. Joëlle finit par dénicher le passage de l’autre côté de la salle de prière voisine. Le moindre abri est le bienvenu. Ce ne sont pas tant les stupas qui valent l’ascension que la vue sensée être panoramique. Malheureusement, avec la météo du jour, c’est une chape de brume et des cordes qui écrasent le mont Popa. Du coup, nous ne nous attardons pas longtemps au somment. La descente est épique : risque de glissade à chaque marche. En chemin, nous apercevons divers babouins que les pèlerins prennent un plaisir certain à nourrir. Tant bien que mal, nous retrouvons Mya, tous entiers. Nous nous hâtons de quitter les lieux.
Comme souvent, j’ai vite fait de profiter de la route pour faire un petit somme ou deux… J’émerge dans une zone de plantations où les palmiers semblent servir de délimitations entre les diverses parcelles. C’est dans ce cadre que nous faisons une halte instructive ; nous assistons à la collecte des récipients fixés au sommet des arbres, au traitement pour en extraire le sirop et finalement produire des sucreries et de l’alcool, assez léger d’ailleurs. L’autre production est celle des arachides. Je découvre d’ailleurs que celles-ci grossissent sous terre. On en apprend tous les jours ! Après quelques dégustations et un thé vert, nous reprenons notre progression vers Bagan. La route du retour est bien plus agréable que celle du matin : rectiligne et sans le moindre chantier. Ce soir, nous découvrons un nouveau restaurant, le BBB, à la cuisine succulente, dans un cadre agréable entre pelouses, bassins et grandes sculptures.
Lundi 2 Novembre, Bagan
Et toujours la grisaille qui nous attend au réveil ainsi que quelques gouttes. Pourtant le ciel semble un peu plus lumineux ce matin. Gardons l’espoir ! Aujourd’hui, il est prévu d’explorer les constructions des quartiers de Nyaung U et du vieux Bagan. Nous commençons par un des lieux les plus réputés du site : la pagode Shwe Zi Gon. Son stupa doré en impose. Toutes proportions gardées, nous pourrions presque nous croire à celle de Shwedagon à Yangon. Ceux sont l’or et le rouge qui dominent. Construite entre les onzième et douzième siècles, son stupa en forme de cloche constitue une sorte de prototype pour de nombreux autres dans le pays. Tout autour de la base, des plaques émaillées sont incrustées, illustrant la vie antérieure du Bouddha. Comme dans la capitale, c’est un complexe religieux multipliant les constructions annexes. Mya, voulant à tout prix nous montrer un trésor, se met en quête du détenteur des clés. Elle fait ainsi ouvrir un petit local abritant l’ancienne cloche de la pagode, entièrement recouverte d’inscriptions.
Nous poursuivons notre promenade dans un des deux temples homonymes Gu Byauk Gyi, en l’occurrence celui situé près du village de Wet Kyi Inn. Tout en briques, il est coiffé d’un sikhara d’inspiration indienne. Mais l’intérêt principal est à l’intérieur. Ce petit édifice est recouvert de stucs et de fresques qu’on ne peut malheureusement pas photographier. Non loin de là, nous quittons la route pour rejoindre le lieu dit Wut Tana Taw. Ce stupa de briques est constitué de trois terrasses surmontées d’un bulbe cylindrique cerclé de métal pour le préserver, et lui-même coiffé par un cône. L’escalier est plus qu’abrupt mais la récompense mérite cette courte ascension. Depuis la troisième terrasse, nous disposons d’un panorama sur tous les environs. Même avec la grisaille, le spectacle reste fascinant : des stupas, pagodes et temples à perte de vue, alors que du sol, nous ne soupçonnons qu’une infirme partie de tous ces édifices.
Nous continuons notre découverte de la zone de Nyaung U avec le temple Htilomino, parmi les plus majestueux du site Il doit son nom et sa construction au choix du futur roi par l’ombrelle royale. Construit en briques, nous distinguons encore par endroits des restes de stucs et des plaques émaillées. Il est ceint d’un mur de briques percé de portes aux quatre points cardinaux. S’il en impose autant, c’est que ses terrasses culminent presque à cinquante mètres. Et c’est sans compter le sikhara qui coiffe la construction. Nous pénétrons dans le déambulatoire qui permet de découvrir quatre statues de bouddhas. Adossées à l’enceinte extérieure, des dizaines de commerces artisanaux se sont installés. Nous apercevons devant l’un d’eux des femmes girafes en train de tisser des écharpes. En regardant de près leurs nombreux anneaux, nous nous demandons comment elles parviennent à supporter de telles parures. De sauts de puces en sauts de puces, nous arrivons au complexe de Khay Min Gha. Il s’agit d’un ensemble de petits stupas regroupés autour d’un modeste temple, le tout en briques. Nous pouvons néanmoins y admirer et photographier quelques fresques.
Cette lente progression finit par nous amener à l’un des joyaux de Bagan. Plutôt que d’y aller directement, nous commençons par jeter un œil au monastère attenant baptisé du même nom : Ananda. Il semble plutôt délaissé par les visiteurs. Il faut dire qu’il est bien discret par ses dimensions. Nous pouvons néanmoins y admirer quelques intéressantes décorations sculptées. Il suffit juste de s’approcher et de se faire ouvrir la porte. Après cette mise en bouche, nous pouvons nous avancer vers la pagode d’Ananda. Or, rouge et blanc sont les couleurs du joyau. L’or pour le majestueux sikhara qui coiffe le temple, le blanc pour l’ensemble des trois terrasses qui constituent la base de la pagode et le rouge pour les bases de modestes sikharas secondaires. Un long couloir mène jusqu’au cœur mais un écart pour admirer l’édifice depuis l’esplanade mérite le détour. Nous nous trouvons tout petits. Quel contraste aussi entre les portions restaurées donc immaculées et les parties anciennes où le noir de l’usure et de la pollution strient la chaux qui recouvre la construction. Là encore des plaques d’émail décorent tout le pourtour du temple. De retour dans le corridor, nous passons entre les deux statues gardant l’accès et saluant les visiteurs de part et d’autre des immenses portes en teck. Celles-ci dévoilent une grande statue dorée du bouddha. Un couloir interne permet de faire le tour. Il est percé de nombreuses niches qui permettent à la fois d’alléger la structure et d’abriter d’innombrables statues de bouddhas. Sur la paroi extérieure, une série de sculptures retrace les principaux évènements de la vie du Bouddha. En cheminant le long de ce couloir, nous finissons par découvrir l’existence de quatre grands bouddhas dont l’un est dissimulé derrière un échafaudage en bambou. Celui du sud apparait souriant lorsqu’on s’en éloigne mais son visage se transforme quand on est à ses pieds. Avec celui du nord, ils sont les deux seuls d’origine, les deux autres ayant été détruits par le feu et remplacés. Dans une niche vide se tient un jeune moine assis et totalement immobile, sûrement en pleine méditation. Quelle matinée !
Nous faisons la pause repas tout près des anciens remparts en briques du vieux Bagan. Depuis notre arrivée, nous passons régulièrement ici dans les deux directions sans vraiment y prêter attention. C’est pourtant la portion la mieux conservée de l’enceinte d’origine qui protégeait la cité. La porte de Sarabha flanquée de deux nats permet de franchir ces murs. Je constate la présence des deux côtés de la route d’un large fossé désormais vide mais qui devait certainement servir de douve pour compléter la défense.
Après avoir passé l’arche, nous tournons à gauche dans la première piste qui se présente. Après quelques mètres, nous apercevons sous les arbres un édifice un peu différent des autres. Pitakattaik, c’est son nom, est supposé être la bibliothèque du roi Anawratha. Sa base carrée est desservie par trois petits escaliers et surmontée d’un toit pyramidal à degrés. En faisant le tour, je découvre une série de fenêtres carrées à fermeture typique de la région. Avec Mya, nous faisons même du désherbage pour dégager celle représentant un lion à tête tournée vers l’arrière. Elle m’amuse en craignant la présence de serpents autour de nous dans les hautes herbes. Je lui dis alors de taper des pieds pour faire du bruit, ce qu’elle fait immédiatement jusqu’à ce que nous soyons revenus sur la piste.
Au bout de celle-ci, nous rejoignons la pagode Thatbyinnyu (je l’avais déjà découverte le premier soir). Elle se trouve être la plus haute avec ses soixante sept mètres. Associée à sa couleur blanche et sa pointe dorée, elle est visible et reconnaissable d’où qu’on regarde dans la plaine de Bagan. En forme de croix, l’édifice s’élève en tout sur sept terrasses il faut d’ailleurs prendre un certain recul pour photographier l’ensemble. Le mieux est de marcher jusqu’aux restes de la muraille qui passe non loin de là, à environ une centaine de mètres.
Il faut plusieurs minutes pour atteindre un autre édifice d’exception. La pagode Dhammayangyi est la plus massive de toutes. Quand on l’aperçoit au loin, on la reconnait immédiatement à sa structure trapue et pyramidale, rouge de la brique qui la constitue. Malheureusement, elle ne fut jamais terminée ce qui la prive d’un stupa au sommet. Deux corridors permettent d’en faire le tour ; néanmoins, nous découvrons que le cœur de l’édifice est muré. De retour dehors, nous apprenons que le bâtiment annexe a été construit avec les briques de comptage, une pour dix milles utilisées dans la pagode. Autant dire que vu la taille de ce bâtiment, on imagine aisément la quantité de briques utilisées pour ce colosse.
Voici venu le temps de retourner à l’hôtel pour faire une pause après une telle série de merveilles d’architecture. Je mets à profit ces deux heures pour tester la piscine, malgré le temps toujours couvert. Une baignade est toujours bénéfique. Vers seize heures, nous retrouvons l’esplanade entre la porte Sarabha et la pagode Ananda. Nous y grimpons dans des carrioles tractées par des chevaux. Nous commençons par traverser le village situé aux pieds d’Ananda avant de flâner dans des chemins que nous ne soupçonnions pas. Par miracle, le soleil perce enfin, éclairant les constructions d’une chaude lumière. Le spectacle est encore plus beau. Nous refaisons presque un tour complet des temples et stupas que nous avons déjà pu voir sous la grisaille. Du coup, l’appareil photo surchauffe, d’autant plus que notre cocher ralentit ou s’arrête à chaque fois que je pointe mon objectif. Nous déambulons ainsi pendant plus d’une heure : les yeux pleins d’images magiques.
Nous rejoignons alors le temple Law Ka Ou, au sud de Thatbyinnyu. Un peu à l’écart, il semble délaissé au contraire de celui de Shwa Tan Taw que nous voyons se couvrir de nombreux touristes sur chaque terrasse. Ici il faut d’abord dénicher l’escalier interne à la fois abrupt et plongé dans le noir. Vive la lampe frontale ! Nous débarquons sur une relativement vaste terrasse qui voisine le traditionnel stupa. Nous bénéficions ainsi d’un parfait panorama dans un quasi calme. Nous sommes seulement une petite dizaine sur les lieux, massés au pied du stupa. Après en avoir fait le tour, je m’installe face à l’ouest pour attendre le coucher du soleil. Quel meilleur endroit et moment pour se vider l’esprit et profiter, simplement profiter de l’instant présent. Et tant pis si des nuages sur l’horizon gâchent un peu le spectacle.
Pour boucler cette journée magnifique à tous points de vue, nous retournons dans le même restaurant qu’hier. C’est toujours aussi délicieux et tranquille.