Découverte de la Birmanie (7)
Vendredi 6 Novembre 2015, lac Inlé
Jour de transfert en avion : nous avons légèrement changé notre rythme habituel. Mya est restée en ville attendre le véhicule et nous a envoyé la barque. Cette fois, nous reprenons la direction du nord. Etonnamment, depuis le lever du jour une montgolfière tente de décoller. Il y a juste un détail. Comme chaque matin, le lac est couvert de brume et de nuages ; et ce matin, le plafond est particulièrement bas. Quelle idée de vouloir sortir un ballon dans ces conditions ? Nous retrouvons les comédiens-pêcheurs à l’entrée du grand canal avant de filer plein pot jusqu’à Nyaung Shwe. Je m’amuse à deviner l’usage des barques croisées (touristes, guide, local, …). Une trentaine de minutes après être partis, nous retrouvons la terre ferme. Le retour à la civilisation terrestre est un peu bizarre : la cohue, les klaxons, les bouchons, … Sur la route vers Heho, nous avons même droit à un arrêt forcé à cause du passage du train : la barrière est fermée au moins dix minutes avant son passage !
Je ressens un peu moins d’effervescence à l’aéroport pourtant bien rempli en très grande majorité de touristes étrangers. D’ailleurs, une fois dans la salle d’embarquement, je constate que le ballet des avions est presque incessant. Les ATR de la demi-douzaine de compagnies aériennes ne chôment pas. Nous assistons aussi à des scènes hallucinantes et inédites en ce qui me concerne : des dizaines de passagers sortent de la salle et s’avancent jusque sur le tarmac alors que les avions, moteurs allumés, sont à quelques mètres à peine. Cela photographie à tours de bras sans que personne ne dise quoique ce soit. Tout juste les fait on reculer. De complets abrutis !! Je conçois que les vols intérieurs birmans soient « flexibles » mais il y a tout de même certaines limites et règles de sécurité à respecter, quel que soit l’aéroport où on se trouve dans le monde. L’heure tourne, les panneaux de vols défilent devant nos yeux mais nous sommes toujours là : une grosse demi-heure de retard au final. Cette fois, c’est le retour au point de départ. Que la visite de Yangon me parait si loin ! Ce n’était pourtant qu’il y a deux semaines.
Comme annoncé par TV5 ce matin au réveil, il fait effectivement bien chaud quand nous atterrissons dans la capitale. Il faut attendre un peu que le véhicule puisse approcher. Nous retrouvons vite les embouteillages, encore plus denses que la dernière fois. Leur présence va, d’ailleurs, faire varier le programme tout au long de la journée. Nous commençons par le musée des pierres précieuses. Depuis le début du circuit, Mya nous parlait des différentes mines qui pouvaient exister aux environs. Ici nous avons un aperçu complet de toutes les productions du pays. Les vitrines révèlent de magnifiques pierres. Certains jades bruts pèsent plusieurs kilos. Je découvre d’ailleurs que cette gemme peut prendre bien d’autres teintes que le vert. Quelques scènes historiques ou légendaires sont reconstituées à base d’or et de pierres. Suite à ce dernier étage instructif, nous descendons d’un niveau pour rejoindre une première série de boutiques. Elles sont réparties sur trois paliers jusqu’au rez-de-chaussée. Un seul nous suffira. Encore que j’ai craint un instant que les filles veuillent voir toutes les boutiques du bâtiment.
Nous ressortons à la chaleur toujours aussi pesante. Il nous faut un long moment dans les bouchons pour rejoindre le restaurant non loin des quais. Du coup, nous mangeons à l’heure hispano-birmane. Et le même manège se reproduit pour rejoindre le marché Bogyoke : un assemblage de plusieurs centaines de boutiques vendant tous les artisanats de la Birmanie, avec un net penchant pour les bijoux néanmoins, le tout à l’abri d’une grande halle métallique.
L’heure ayant bien avancé, nous inversons le programme. Nous retournons une dernière fois à la splendide pagode Shwedagon, un vœu que nous avions émis depuis quelques jours déjà. C’est d’abord dans les chaudes lumières du couchant que nous la redécouvrons sous un jour nouveau, puis nous déambulons laissant la nuit s’installer, les lumières des projecteurs remplacer celles du soleil pour habiller le stupa de sa plus belle parure. C’est alors que nous apercevons quelques moines franchir les grilles au pied de celui-ci, monter sur les terrasses et, a priori, ramasser tout ce qui aurait pu tomber de l’ombrelle sommitale. Seuls des religieux peuvent fouler ce stupa sacré. Par leur présence, ils donnent encore plus de dimension au site, tant ils apparaissent tout petit sur ce fond doré.
L’ambiance est toujours aussi particulière, un mélange inexplicable mais empreint de quiétude. Nous restons ainsi jusqu’à l’allumage des coupelles d’huile déposées sur le muret qui ceint la base du stupa. Une ceinture de flammes commence à encercler celui-ci. Pendant cette attente, je me trouve à discute un long moment avec un couple de retraités américains assis juste à côté de moi. Ayant bien profité une dernière fois de ce lieu unique, nous nous décidons un peu à regret à quitter définitivement les lieux.
Encore que … Notre hôtel n’est pas très loin ; j’ai même une chambre avec vue sur la pagode. Une excellente surprise quand le bagagiste m’entrouvre les rideaux. Tout comme nous semblons tourner autour de Shwedagon pour rejoindre notre dernier restaurant, House of Memories, une maison coloniale, conservée dans son jus, et qui, surtout, servit de bureau au général Aung San, le père de la Lady, en passe de relever avec succès son flambeau. L’adorable Mya nous offre à chacun un dessous de verre illustré avec une des ethnies birmanes. Il est alors temps de rejoindre l’hôtel, bien plus tardivement que d’habitude. Je ne m’attarde pas, la nuit va être très courte.
Samedi 7 Novembre, Yangon
Réveil à cinq heures. Dur, dur ? Il faut rapidement se bouger sous peine de replonger sous les couvertures en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. La journée va être très longue pour remonter un à un les fuseaux horaires jusqu’à l’Europe, sans passer réellement une nuit à bord. Nous arrivons sans encombre à l’aéroport peu après six heures. L’affluence est assez mesurée. Malheureusement, le contrôle des bagages se fait dès l’entrée dans le bâtiment. Nous sommes contraints d’abandonner Mya plus tôt que prévu. Un long voyage l’attend, elle aussi, pour rejoindre son domicile au nord du pays afin de participer aux élections de dimanche. L’enregistrement est des plus rapides, de même que les formalités de l’immigration. Le tour du duty-free est lui aussi vite expédié : très peu de boutiques, certaines sont encore fermées. Il ne reste qu’à rejoindre l’étroite salle d’embarquement. A vue de nez, nous ne sommes pas plus d’une quarantaine à bord de l’A330 qui doit nous ramener jusqu’à Doha au Qatar. Autant dire que dès le décollage effectué, nous nous mettons à nos aises en changeant de siège. Quatre heures d’escale nous attendent à destination. Les boutiques y sont toujours aussi luxueuses et, pour ainsi dire, inabordables.
Nous remontons à bord à quatorze heures trente pour notre dernier vol vers Paris. Celui-ci aussi est loin d’être plein. Etonnants ces avions qui volent avec si peu de passagers ! La journée commence à devenir longue. Je me force pour éviter de dormir de trop, histoire d’avoir une nuit normale à l’arrivée en France. A dix-neuf heures trente, comme prévu, nous atterrissons à Roissy. Nous sommes plutôt rapidement débarqués avant de découvrir que Parafe est en panne. Il faut faire la queue alors que les guichets ouverts sont rares. Et que dire des bagages qui mettent des lustres à arriver alors que l’avion n’était pas complet. Direction le VAL où nous nous séparons tous en arrivant au terminal 3. La gare RER est toujours aussi « triste ». Mais le summum reste à venir. Un trajet en RER tout simplement ubuesque ! La rame entre en gare sans lumière et continue ainsi jusqu’à la gare du Nord. Les wagons sont plongés dans l’obscurité la plus totale. Seuls les téléphones offrent un peu de luminosité. Et que dire de ce quasi-zonard monté à Denfert avec ses deux chiens étalés au milieu du passage. A charge pour les autres passagers de les enjamber et de passer les bagages tant bien que mal. Bouddha, au secours, aide moi à rester zen. Il n’y a pas grand monde dans les rues en ce samedi soir alors que je traine mon sac. Ainsi se clôt une première aventure asiatique particulièrement plaisante et dépaysante.