Passage éclair à Gwada
Janvier 2016
Il est des voyages qu'on ne prévoit ni ne voit venir. Bien sûr, j'avais eu l'occasion de passer des vacances dans l'île voisine de la Martinique en 2000 mais je n'envisageais pas spécialement de poursuivre avec la Guadeloupe. C'était sans compter ma société, et les idées soudaines d'envoyer certains collaborateurs en déplacement au dernier moment.
C'est ainsi que Mercredi soir dernier, j'ai gagné un aller-retour de trois jours aux Antilles. Difficile de dire non, surtout pour une simple présentation à un client. Jeudi matin, toutes les réservations étaient bouclées et lundi matin je me présente à Orly pour une longue journée.
Pour des raisons tarifaires, la compagnie nationale laisse place à la compagnie nationale (tout de même 40% de moins à 5 jours du départ). Ce sera donc une première à bord d'Air Caraïbes, uniquement dotée d'Airbus A330. Je découvre que cette compagnie assure tout de même quatre vols par jour en cette haute saison. Et autant pour Air France.
Le vol est plein, principalement des retraités, quelques très jeunes couples, et aussi pas mal de jeunes couples avec des enfants en bas âge. Pour le sommeil à bord, ce n'est pas forcément la meilleure chose. Je fais un peu tâche au milieu, un des seuls à partir avec un simple bagage cabine. Dès l'enregistrement, l'hôtesse tique quand je ne peux lui montrer mon bagage soute! Je continue à "déranger" quand, au milieu du vol, je sors mon ordinateur portable pour travailler et préparer le lendemain. Tous les autres ne songent que vacances et détente. Le ton monte un peu mais cela se calme vite...
L'arrivée à Point-à-Pitre est d'abord étonnante. De par la surface et la forme de l'île, on aperçoit de l'eau de tous côtés. Il faut préciser que l'aéroport est situé non loin du quasi isthme qui relie les deux parties de l'île. Je constate aussi que les noms ne sont pas forcément adapté, ainsi Basse-Terre apparait la plus montagneuse, là où Grande-Terre semble n'être qu'une grande plaine. L'arrivée est ensuite saisissante. Bien que l'hiver mordant ne soit pas encore là, la transition de 3 petits degrés à pas loin de 30 dès les premiers pas sur la passerelle n'est pas anodine. Et comme cette passerelle est très longue, on a le temps de sentir monter la moiteur tropicale. Dans les couloirs, c'est le chien douanier qui court en tous sens pour essayer de trouver d'éventuels porteurs de drogue, quoi qu'en provenance de Paris, j'ai comme un doute.
Exempté d'attente des bagages, je traverse un aérogare assez vide qu'il faut quitter pour dénicher le bâtiment des loueurs de voiture installé juste à côté. Rebelote : l'agent d'Europcar, charmante au demeurant, est surprise que je ne prenne la voiture que pour trois jours. Décidément ... Et puis, il faut encore attendre une navette pour rejoindre le quartier des loueurs, à l'extérieur de l'aéroport. Encore quelques formalités et je peux enfin prendre possession de cette Peugeot 301 Allure que nous ne verrons jamais en métropole. je comprends vite pourquoi la radio est mise à fond. La climatisation est indispensable, mais bruyante dans ce genre de modèles de base.
Faute de GPS, j'essaie de suivre les indications que j'avais pu collecter et imprimer avant de partir. Les premiers kilomètres sont faciles à suivre avant de tomber dans un embouteillage particulièrement sérieux. Il n'est pourtant pas encore 16 heures et la circulation est l'arrêt complet. Ignorant pour combien de temps, je commence par regretter mon choix de la route nord. J'apprendrai par la suite que ce bouchon est tout ce qu'il y a de plus normal. Quelques kilomètres de patience avant de pouvoir rouler, modérément. Je constate qu'ici il ne semble pas y avoir de fous du volant. C'est ainsi que via Morne à l'Eau puis Le Moule, je rejoins la ville de Saint-François à la pointe sud-est de l'île, pointe baptisée des Châteaux. Vu la densité de l'offre hôtelière, cela doit être un des pôles touristiques. On y trouve aussi un golf, un aérodrome, un casino et même une marina qui héberge bon nombre de restaurants et de bars, ainsi qu'aux alentours. Il faut quand même reconnaître que les indications des hôtels et résidences hôtelières sont au mieux sommaires sinon absentes, sans compter les changements de nom.
Bon gré mal gré, je rejoins mon lieu de villégiature pour deux nuits, la Résidence La Plantation dans le quartier Sainte-Marthe. Pour un court séjour comme le mien, ce petit appartement est largement assez vaste, pour ne pas dire trop. Le coin cuisine ne devrait pas servir pas plus que la piscine, faute de créneau disponible. Des restes de machinerie datant de l'époque où les lieux servaient de véritable plantation rouillent ici et là dans le complexe. Au centre s'élève un bâtiment aux allures plus ou moins coloniales qui abrite la réception, la salle du petit-déjeuner, diverses salles de réunions ou autres.
Quelques minutes de véhicule suffisent pour rejoindre le centre-ville. Dans le doute, il suffit de se diriger vers la marina, qui assure de dénicher une adresse pour se restaurer ou pour boire un verre. Après c'est au goût de chacun, soit sur les pontons face aux voiliers, soit quelques rues en retrait pour des adresses peut être plus authentiques. Parmi elles, j'ai repéré les Salines, spécialisé dans la cuisine créole, avec un accueil sympathique et convivial (on vous amène même la bouteille de rhum quand vous commandez un ti-punch!!).
Après une journée complète consacrée exclusivement à l'aspect professionnel du voyage, il me reste une partie du mercredi pour profiter un peu de l'île, du moins partiellement. Mais avant tout je profite paisiblement du début de matinée pour prendre mon petit-déjeuner et restituer les clés de mon appartement. Il est temps de flâner au volant de mon véhicule. L'idée directrice est de suivre la côte sud de Grande-Terre jusqu'à rejoindre Point-à-Pitre en m'arrêtant à l'inspiration.
La première halte a lieu sur le front de mer de Sainte-Anne. Il fait déjà chaud et l'ambiance du petit marché installé sur le quai le long de la plage fait envie. Qui plus est, la baie de Sainte-Anne est plutôt agréable à admirer. Par chance, je trouve facilement une place de stationnement. A peine, les pieds dehors, je retrouve ces ambiances créoles que j'avais pu découvrir à la Martinique. Les "doudou", "chéri" volent sans retenue de chaque étal. Les saveurs épicées viennent titiller les narines, le tout sous un chaud soleil. Voici venu le temps de l'immersion. La gouaille de certains vendeurs n'a rien à envier à ceux du sud-est. Un petit quart d'heure suffit amplement pour parcourir la poignée d'allées et profiter du panorama sur la baie, Marie-Galante sur l'horizon, et le sable blanc de la plage.
Je reprends ma progression dans l'espoir de trouver une petite plage sympa. J'abandonne l'idée de celle de la Caravelle dans la baie suivante, impossible de l'approcher pour s'y arrêter en véhicule. Je loupe la seconde visée, ne voyant même pas la route d'accès. C'est ainsi qu'en descendant de Mare-Gaillard, je distingue l'indication Saint-Félix dans un rond-point à la sotie en épingle bien bizarre. Quelques centaines de mètres plus loin, je débouche sur un petit port, bien calme. Seule une poignée de pêcheurs s'affaire à nettoyer et ranger. Le stationnement est un peu sauvage mais il reste des places. Il n'y a plus qu'à marcher un peu, laisser la pointe qui sépare le port de la plage. Les amateurs de fitness feront peut-être une pause sur ce promontoire où ont été installées diverses machines. Pour ma part, je préfère poursuivre sur le chemin qui longe la plage sous les arbres. Il faut préciser que la plage de Saint-Félix est plutôt étroite. Les arbres présentent tout de même l'avantage de pouvoir suspendre les affaires à l'abri du sable.
Ni une, ni deux, je me dirige vers les flots. Mis à part un creux caillouteux à quelques mètres du bord, les fonds sont hauts. Et l'eau largement supportable pour y rentrer sans trop de difficulté. Au pire, il faut prévoir un casque. Deux escadrilles de pélicans ont élu domicile dans la baie. Ils sont en plein repas : nous avons donc droit à des séries de descentes en piqué dans l'eau. Heureusement, ils sont suffisamment au large pour que les baigneurs puissent profiter tranquillement. Je vais ainsi m'octroyer deux baignades bien agréables. C'est quand même le pied de se dorer ainsi la pilule en songeant qu'en métropole, les collègues sont en train de bosser dans un climat de froidure ...
Vu le côté sauvage de la plage, je dois me remettre en route pour trouver un lieu pour me restaurer. Vu la route, il ne me restait qu'un choix : la ville de Gosier. Et le front de mer semblait suffisamment long pour être propice à l'accueil de commerces en tous genres. Quelle ne fut pas ma surprise de pas trouver le moyen d'atteindre une rue en bord de mer. Après moults demi-tours, je finis par dénicher une petite anse disposant à la fois d'un parking avec places libres et deux restaurants. Parfait pour boucler ce passage éclair à Gwada. En surplomb de la plage, je déguste un dernier plat de poisson.
Rejoindre l'aéroport ne semblait pas être une grande difficulté avec la voie rapide qui relie Le Gosier à Point-à-Pitre et même au-delà. C'était sans compter la signalisation un peu spéciale. Après quelques kilomètres, plus rien. La sécurité m'incite à quitter la voie rapide. Et c'est en sinuant dans une zone commerciale que j'aperçois à nouveau des indications .... sur la voie rapide voisine. Quelques bouchons plus loin, je trouve enfin l'accès de cet aéroport. Pas évident pour des étrangers! La dépose du véhicule de location est bien longue, surtout à attendre un agent pour faire l'état des lieux, puis ensuite attendre la navette.
Mon premier objectif est de trouver des toilettes assez grandes pour pouvoir me changer et remplacer la tenue de touriste par une tenue compatible avec la météo parisienne. L'enregistrement est une formalité en l'absence de foule. Il ne reste plus qu'à attendre les quelques heures avant le décollage. Le duty-free se limite à une seule boutique. Alors autant profiter avant pour les achats "locaux". Hormis peut être le rhum.
Constat étrange lors de l'embarquement : l'avion n'est rempli qu'aux deux tiers. Rien à voir avec le vol de lundi. Une hôtesse me propose même d'avancer d'un cran pour pouvoir lever l'accoudoir et être moins serré. Ce n'est pas plus mal : le sommeil-coma est peut-être plus efficace! A six heures pile, nous atterrissons avec de l'avance à Orly. Fin de l'intermède antillais