Cordouan, le Versailles de la mer
9 Mai 2012
Telle est la comparaison qui avait servi de présentation à ce monument. On parle aussi de "phare des rois", ou encore de "roi des phares". N'en jetez plus! La France, avec sa longue façade maritime, est parsemée de nombreux phares aux styles et aux dimensions très variées. Quelques-uns sortent du lot et restent dans la mémoire des hommes. Je veux croire que Cordouan en fait partie, non pas par son exposition aux éléments déchainés comme ces cousins de la pointe bretonne, mais plutôt pour son architecture et sa situation.
Une fois n'est pas coutume, les hommes ont choisi d'installé un phare en plein milieu de flots, à l'entrée même de la Gironde, l'estuaire de la Garonne, entre la pointe de Grae au Sud et la pointe de la Coubre au nord. Le plateau sur lequel trône l'édifice est ainsi situé à environ sept kilomètres de la rive droite de l'estuaire. D'ailleurs, les visites, impliquant obligatoirement un bateau, sont organisées au départ de Royan ou de Saint-Palays-sur-mer.
Je n'ai pas hésité quand l'idée a surgi d'aller visiter cet endroit que je ne connaissais que de nom et par photos interposées. L'image commune : un vaisseau de pierre au milieu des flots. Rien que l'idée de la visite déclenche un sentiment de curiosité pour savoir comment cela peut se passer. C'est donc parti pour une traversée. Vous l'aurez deviné qu'on profite de la marée basse pour facilité l'abordage à l'arrivée. Tout au long de la navigation Cordouan grandit à vue d'oeil s'imposant de plus en plus par sa massive stature. A quelques encâblures, nous découvrons un long banc de sable qui s'étire devant le phare. C'est là que nous stoppons pour débarquer, évidemment pieds nus si vous voulez préserver vos chaussures. Une petite jetée de pierres bien rectiligne mène jusqu'au phare su une petite centaine de mètres à vue de nez.
Celui présente dans sa partie une inférieure ce qu'on pourrait comparer à une muraille de protection. De cette massive construction s'extrait le phare sur trois niveaux sous forme cylindrique. On devine des terrasses aux premier et troisième étages. Sur les trois niveaux suivants, le phare prend alors un profil conique jusquà la terrasse sommitale où est installée la lanterne. Deux lignes verticales de fenêtres en annoncent deux autres sur la partie opposée à notre regard. Certaines semblent être là juste pour la cohérence architecturale à défaut d'être percées pour éclairer l'intérieur.
Lorsqu'on franchit l'enceinte, on croit entrer dans une cité fortifiée tant l'épaisseur des murs est importante. Les éléments naturels sont certainement plus puissants que les hommes! Il fallait assurer une certaine solidité pour préserver la base du phare. Les intentions semblent avoir été suivies des faits : construit entre 1584 et 1611 à la demande du roi Henri III, cela en fait le plus ancien édifice du genre en France. Il tient toujours debout et continue à assurer sa fonction malgré son âge avancé. monument historique certes, mais balise toujours active pour guider la navigation vers Bordeaux.
Au pied des presque soixante huit mètres de pierre blanche de Saintonge, le visiteur se sent tout petit. Il ne reste qu'à pénétrer dans les lieux pour découvrir ce qui s'y cache. Trois cent une marches nous séparent du sommet. On notera au premier étage l'appartement dit du roi, mais si aucun monarque n'y séjourna jamais. La pièce est néanmoins marquée aux monogrammes du roi Soleil et de sa femme. Au niveau suivant on découvre une chapelle dont la coupole crée un vaste volume. Pour un lieu comme un phare, on est surpris par la qualité des pavements en marbre qui présentent de jolies décorations, sans oublier les pilastres et colonnes d'inspiration grecque. On pourrait presque se croire dans un petit château construit à terre. Les diverses fenêtres permettent de profiter des flots et des bancs de sable environnants, et de se rendre compte qu'il n'en est rien.
Il est déjà temps de se remettre en route sous peine de rester coincé sur place jusqu'à la prochaine marée.
Cordouan vise désormais le classement par l'unesco ... affaire à suivre et à soutenir.