Quand le Doubs s'élance
Août 2002
Je dois reconnaître que je n'aurais pas choisi cette destination de mon propre chef. Quelques images d'Epinal et idées préconçues! Il se trouve que mes parents avaient fait le choix de passer deux semaines en Franche-Comté. Et ils m'avaient invité à les rejoindre pour un long week-end du 15 Août. Je ne pouvais pas dire non. Et par chance, ces quelques jours furent baignés par un agréable soleil. La nature environnante est tout de même là pour rappeler qu'il doit y avoir souvent de l'eau pour avoir autant de verdure et de vivacité.
Parmi les ballades à faire, celle du Saut du Doubs mérite un détour. Pour faire simple, nous sommes entre Pontarlier au sud-ouest et Montbéliard au nord-est, non de la ville de Morteau bien connue des gastronomes. Accessoirement, la Suisse est à une poignée de kilomètres. Le point de départ se situe à Villers-le-Lac. Contrairement aux apparences, point de lac mais la rivière Doubs qui baigne la cité. Non loin de l'office du tourisme, on déniche les compagnies fluviales qui assurent les ballades en bateau sur le Doubs. Ces navires à deux ponts dont un en plein air proposent des crosières au calme et à faible vitesse.
Le cours du Doubs est d'abord relativement étroit et bordé de pentes douces exploitées pour l'agriculture. Dès le départ, on découvre que celui est une succession de méandres. N'espérez pas la moindre ligne droite façon canal. La rivière commence enfin à prendre ses aises à la sortie de la ville alors que le lac de Chaillexon s'annonce. Avec lui, nous voisinons désormais le territoire hélvète. A partir du lac, la rive droite fait partie de la Suisse. Le paysage commence à changer de manière notable. Les berges s'inclinent de plus en plus, laissant finalement place à des falaises rocheuses. Les prairies sont remplacées par des forêts de résineux. Les méandres sont la seule constante.
Tout d'un coup, les passagers sont le sentiment de se retrouver en pleine nature. Air frais, ciel bleu et payage verdoyant. Certaines portions sont qualifiées de lacs, comme celui des Brenets, quoi que n'apportant pas le moindre élargissement au cours du Doubs. Après une nouvelle série de méandres, les berges s'éloignent alors que nous constatons que le Doubs semble s'arrêter devant nous. Un restaurant sur chaque rive, un dans chaque pays, quelques pontons sur la gauche et ce qui pourrait ressembler à une plage de galet. L'endroit n'est pas tout à fait une impasse. En revanche, la rivière devient plus sauvage et se dissimule sous les arbres.
Pas d'autre choix que de débarquer. Il suffit alors de se laisser guider en suivant le chemin qui démarre derrière le restaurant. Accessoirement, on peut tendre l'oreille pour identifier d'où vient le bruit d'eau qui commence à se faire entendre. Il ne faut que quelques centaines de mètres sous le couvert des sapins pour enfin apercevoir l'origine de ce brouhaha. Le Doubs saute ici de vingt sept mètres dans le vide. Divers points de vue sont aménagés dans le sous-bois, que ce soit à hauteur de chute, voir plus bas en descendant vers le nouveau cours de la rivière. Ainsi est il question d'un saut. La faute à un bouleversement géologique survenu il y a un peu moins de quinze milles ans, résultant dans l'obstruction du cours normal du Doubs. Ce qui est certain, c'est que la rivière offre ici un joli spectacle tout en moutonnements. L'eau semblerait presque avoir été savonnée...
Précisons qu'en plein hiver, tout ou partie de la ballade se transforme en une immense patinoire. Personnellement, pour diverses raisons, je préfère largement la version estivale. Après avoir flâné autour de la cascade, il ne reste plus qu'à rebrousser chemin pour retourner au quai. En tendntn l'oreille, on en tend la sirène qui prévient du proche départ d'un bateau.
Côté logisitique, sachez qu'il faut compter environ trente minutes de navigation dans chaque sens. Les croisières sont bien évidemment suspendues pendant l'hiver. Les tarifs sont de l'ordre d'une quinzaine d'euros pour un aller-retour de base.