Douaumont, l'ossuaire mémoire de la Grande Guerre
Douaumont, 21 Mai 2016
Quelques centaines de mètres après Fleury s'ouvre l'immense clairière où trône l'ossuaire de Douaumont. Malheureusement, en cette période de préparation des commémorations du centenaire avec la venue de VIP, l'endroit ressemble à un vaste chantier. Certaines routes sont bloquées. A défaut de rejoindre l'ossuaire directement, il faut contourner la nécropole nationale avant de rejoindre l'opposé de la clairière. On découvre à cette occasion que diverses structures métalliques se dressent à côté mais surtout devant l'ossuaire. Quel gâchis pour ceux qui viennent sur place une seule fois dans leur vie ....
Pour ma part, je décide de stationner en bas de la nécropole. Il faut ensuite la traverser à pied pour rejoindre le pied de l'ossuaire en longeant les très nombreux blocs de croix. Malgré tout ce désagrément, il faut tout de même en signaler le seul bon côté : il semblerait que le bâtiment ait été entièrement décapé et nettoyé; sa pierre blanche rayonne en cet après-midi ensoleillé. L'édifice ressemble à une sorte d'immense T à l'envers. Un long bâtiment tout en rondeur s'étire sur presque toute la longueur de la nécropole nationale, percé de sortes de meurtrières sur toute sa longueur. Au centre se dresse une tour, elle aussi de forme arrondie. On pourrait presque penser qu'il s'agit d'immenses douilles posées ainsi. Inutile de tenter d'atteindre l'entrée principale, elle a été temporairement condamnée. Il faut contourner le complexe pour rejoindre la boutique qui sert habituellement de sortie.
Avec la foule ce simple accès créé quelques problèmes. Je passe mon tour pour le film avant de rejoindre directement l'intérieur de l'ossuaire. Quelques irrespectueux, et pas les plus jeunes, ont beaucoup de mal à respecter le silence dû à ce lieu de recueillement et de mémoire. Il est globalement plongé dans une certaine pénombre. Sur les près de 130 mètres de la pièce, on peut discerner de nombreuses plaques des régiments impliqués mais surtout dix huit alvéoles abritant chacune deux tombeaux en granit plus les deux absides terminales dotées elles de cinq tombeaux. Les restes de presque 130000 soldats inconnus, d'origine française et allemande sont ainsi répartis par secteur du champ de bataille. Pour ceux qui ont besoin de voir, des hublots à l'extérieur permettent d'apercevoir une partie des ossements des tombeaux.
Direction la tour qui offre un parfait point de vue sur le plateau du haut de ses 47 mètres. A mi-chemin, un petit musée de la bataille rassemble quelques objets de chaque camp. Arrivé au sommet on découvre la présence d'une cloche, autant dire qu'il vaut mieux éviter d'être là quand elle sonne. D'ici la nécropole prend toute son ampleur; elle semble immense. Plus de 16000 tombes sont réparties dans les sections. On profite aussi du paysage forestier, symbole de la vie qui a repris le dessus sur ce champ de désolations au sortir de la Grande Guerre. Dans une clairière, on aperçoit le mémorial de Verdun.
De retour sur le plancher des vaches, je redescends au coeur de la nécropole ce qui me permet de découvrir une section qui sort de l'ordinaire. Presque six cent soldats d'origine musulmane reposent ici témoin des troupes coloniales, les tirailleurs marocains et sénégalais, venus renforcer les troupes métropolitaines dans ce carnage absolu. En arrière-plan, un petit mémorial leur est consacré, faisant penser aux formes d'une petite mosquée.