Valse des mémoriaux (2)
Washington D.C., 30 Avril 2016
Après l'escapade au mémorial des Marines, il faut marcher un bon moment pour retourner à l'avenue d'accès au cimetière d'Arlington. Heureusement, une piste cyclable permet de cheminer en toute sécurité entre la route et les premières pierres tombales. De retour au point de départ, en surface de la station de métro, il suffit de bifurquer à 90 degrés sur la droite pour rejoindre l'extrémité du National Mall. La large avenue entièrement rectiligne emprunte un long pont qui enjambe le Potomac. C'est ainsi qu'on débouche à l'arrière d'un imposant bâtiment blanc.
Nous voici aux abords du mémorial Lincoln. Cet édifice de marbre blanc ressemble étrangement à un temple grec, surtout avec son alignement de colonnes doriques. On aperçoit une première frise au sommet du mur principal : les noms de 36 état et leur date d'arrivée dans l'union y sont gravés. Au-dessus s'élève encore le bâtiment , formant une corniche. Là encore s'étalent les noms de 48 états qui étaient présents lors de l'édification du mémorial.
Mais cette première impression n'est rien. De l'autre côté de l'édifice, le mémorial prend toute sa majesté. Ainsi planté à l'extrémité du National Mall, il fait le pendant au Capitole à l'autre bout. A plus courte portée, le Reflecting Pool, tout en longueur, sert de parfait miroir au "temple". Nombreux sont les gens à gravir et se masser sur cet escalier monumental qui mène à l'intérieur. C'est là que se trouve Lincoln, ou plus exactement sa statue, assis comme sur un trône, les montants du siège figurant les faisceaux de l'autorité de la république, et le regard portant loin, vers le Mall. Six mètres de haut pour six mètres de larges, l'effigie de l'illustre président assassiné en impose encore de nos jours. Les deux murs latéraux dans les annexes exhibent deux discours de l'ancien président.
En ressortant, il faut prendre le temps de profiter de la vue du haut de ses marches qui contemple la première démocratie du monde.
Ainsi planté, on se rappelle que cet escalier et ce mémorial fut le lieu de nombreuses manifestations. Martin Luther King y prononça son fameux "I have a dream"; les pacifistes y organisaient leurs rassemblements contre la guerre du Vietnam.
Le cinéma n'est pas en reste : on se souvient de Forrest Gump qui y retrouve sa Jenny à l'occasion d'une manifestation pacifiste; on se souvient aussi de la scène finale de la Planète des singes, version Tim Burton, où le héros du film, revenant sur Terre, se rend compte que la statue de Lincoln a été remplacée par celle d'un singe.