Vauquois ou quand la folie des hommes fait disparaître un village!

Publié le par Jérôme Voyageur

Une partie des cratères
Une partie des cratères

Vauquois, 23 Mai 2016

Ce village m'était inconnu jusqu'à il y a quelques mois lorsqu'un documentaire a été diffusé dans le cadre du centenaire de la première guerre. Profitant de ma présence à Verdun, je décide d'élargir le cadre du champ de bataille pour aller explorer l'Argonne voisine, autre haut-lieu des combats. Après être passé au pied des crêtes du Mort-Homme et de la côte 304, je finis par atteindre les contreforts de l'Argonne.

Direction le village de Vauquois sur la bordure est. Perché à 290 mètres d'altitude, il dominait les environs d'où l'intérêt commun des deux belligérants pour s'en emparer. Lorsqu'on arrive au village actuel, on découvre qu'il est implanté non pas au sommet mais au pied de la colline, face au sud. Un petite route part du centre pour rejoindre les abords du sommet, en l’occurrence un parking dans une clairière boisée où sont implantés quelques panneaux historiques et quelques reliques de la grande guerre. Ici point de guichet, seule une cahute semble servir de point de rendez-vous. Pour changer, le temps est plus que couvert mais les gouttes semblent vouloir faire une pause.

Je décide d'en profiter et d'emprunter le chemin aménagé qui démarre dans l'angle droit de la clairière. Il monte directement et régulièrement pour rejoindre en sous-bois la crête, du moins ce qu'il en reste. J'ai le souffle coupé en sortant du couvert végétal non pas que l'effort était insurmontable mais la scène qui m'apparait est tout simplement hallucinante : une immense cuvette verte creusée juste devant moi. La première! En y regardant plus précisément sur ma gauche, j'en devine toute une série. Quelques chevaux de frise sont encore là pour témoigner des lignes de combat. Le chemin se poursuit sur le haut des cratères. La seule construction humaine qui persiste sur le site est le monument aux combattants de Vauquois, érigé en lieu et place de la mairie. Juste devant un panonceau sur la lèvre d'un immense cratère rappelle qu'ici se tenait l'église du village. Comment imaginer qu'il y avait là un village? Aujourd'hui on ne peut voir qu'une alignement sinistre de cratères tout au long de l'ancienne crête. D'ailleurs de crête, on devrait plutôt parler d'un fossé géant, tant les combats ont raboté et défoncé la colline. On pourrait croire que c'est l'oeuvre d'un vol de bombardiers mais il n'en est rien. Avec le soleil qui essaie de percer, l'humidité accumulée se transforme en une brume qui rajoute au côté lugubre et hors du temps de ce lieu.

Je quitte les lignes françaises pour rejoindre les lignes allemandes de l'autre côté des cratères en empruntant un étroit chemin en équilibre entre deux cuvettes tout aussi vertigineuse l'une que l'autre. De ce côté, les tranchées semblent avoir été mieux préservées. On peut ainsi les suivre tout le long de l'ancienne crête, découvrir aussi les différents blocs maçonnés qui jalonnaient les lignes. Le chemin de retour retrouve le sous-bois tout en longeant les tranchées.

Mais comment en est on arrivé là? Dès le début de la guerre, les allemands, conscients du caractère stratégique de cette côte (elle surveille la voie ferrée reliant Verdun à Paris et donc le ravitaillement de la place forte), choisissent d'attaquer le village qui change de mains à plusieurs reprises au cours du mois de septembre 1914. Fin 1914 et jusqu'en avril 1915, les français essaient en vain de reprendre le village au prix de nombreuses pertes humaines. Commence alors ce qu'on a appelé la guerre des mines. Les deux camps percent des tunnels sous la colline pour aller placer des charges explosives de plusieurs tonnes (jusqu'à 60 tonnes pour la plus grosse) sous les lignes ennemies. Voici l'origine des immenses cuvettes qu'on voit aujourd'hui. Cela va durer jusqu'en 1918 avant que les troupes américaines reprennent définitivement la colline (on notera la présence dans ce corps expéditionnaire qui libéra l'Argonne, la présence du futur président Truman et du futur général Patton). Aujourd'hui ce serait près de dix-sept kilomètres de galeries qui sinueraient sous la colline. Il est possible d'en visiter une partie pour les moins claustrophobes.

La butte de Vauquois dévastéeLa butte de Vauquois dévastéeLa butte de Vauquois dévastée
La butte de Vauquois dévastéeLa butte de Vauquois dévastéeLa butte de Vauquois dévastée
La butte de Vauquois dévastéeLa butte de Vauquois dévastéeLa butte de Vauquois dévastée

La butte de Vauquois dévastée

Les tranchées allemandesLes tranchées allemandesLes tranchées allemandes
Les tranchées allemandesLes tranchées allemandesLes tranchées allemandes
Les tranchées allemandesLes tranchées allemandesLes tranchées allemandes

Les tranchées allemandes

Quelques panneaux pour mieux comprendre ...
Quelques panneaux pour mieux comprendre ...Quelques panneaux pour mieux comprendre ...

Quelques panneaux pour mieux comprendre ...

Publié dans Carnet de voyage, Europe, France

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