Première incursion chinoise
30 Mai 2016
Les semaines passent et les déplacements professionnels se multiplient à tel point qu'ils se succèdent à une vitesse folle. En cette semaine à cheval entre Mai et Juin, c'est une destination connue mais entièrement nouvelle qui se présente à moi. Une semaine à Shanghai pour rencontrer des collègues.
En jetant un oeil en ma carte du monde, je constate qu'il n'y a pas encore de pointe colorée dans ce coin. Ce sera mon point le plus oriental jusqu'à nouvel ordre. Mais cela signifie aussi entre onze et douze heures de vol entre Roissy et l'aéroport international de Pudong. Selon les jours et les heures, c'est sur B777 de China Eastern ou sur A380 d'Air France. Le second est quand même légèrement plus agréable pour loger mes jambes.
Au prix peut être de tarifs onéreux, toujours est il que la présence d'un bureau de change dès l'entrée dans la salle des bagages a un côté plus que pratique : inutile de courir pour dénicher un guichet comme c'est le cas au moment de repartir. En revanche, je souris moins en découvrant que mon chauffeur n'est pas là alors que mon téléphone est en train de consommer ses derniers watts. J'essaie plusieurs fois de chercher dans l'aérogare, sur les deux niveaux, en vain. Au passage, cela me permet de découvrir qu'il existe un maglev (tain à sustentation électromagnétique) qui relie l'aéroport au centre-ville en quelques minutes, avec une pointe de vitesse à 431 km/h. Après un gros quart d'heure, un panneau à mon nom fait enfin son apparition. C'est parti pour trois quarts d'heure de trajet sur les autoroutes shanghaiaises pour rejoindre l'hôtel situé en plein centre du quartier de Pudong. La chaleur ambiante finit par me faire comprendre que ce voile épais que j'aperçois n'est pas un nuage : c'est un énorme couvercle de pollution. Je comprends désormais pourquoi tant de chinois se déplacent avec des masques.
L'enregistrement à l'hôtel se révèle être une épreuve inattendue. Les seuls mots de l'employée semblent être "It doesn't work". Impossible de savoir ce qui ne va pas avec ma carte de crédit. Il faudrait que j'ai une autre carte, si possible chinoise, voir pourquoi pas une grosse somme en dollars. Ben voyons! Il faut une bonne demi-heure avant que je finisse par comprendre qu'en voulant prendre l'empreinte de la carte pour garantie, ils sont en train d'essayer de simuler un achat, et le plafond de la carte bloque. J'ai vu le moment où j'allais repartir aussitôt à l'aéroport mais après pas mal de palabres, je finis par trouver un compromis pour récupérer mon badge, précieux sésame pour rejoindre ma chambre. Grand luxe à tous les niveaux, mais pourquoi donc avoir choisi un hôtel aussi central? Cela restera un mystère sans réponse. Toujours est il que le Hongta hôtel s'élève sur 35 étages, abrite trois restaurants et un nombre incalculable de services.
La table d'inspiration italienne est justement installée au dernier étage. Choisir une table près des fenêtres permet de profiter pleinement des très nombreuses tours de Shanghai Downtown. Elles rivalisent de diversité architecturale, et le spectacle se renforce à la nuit lorsque les éclairages entrent en jeu. Les plus hautes se jouent souvent de moi, soit à cause des nuages soir le plus souvent à cause de la population. Il faut profiter dès qu'on aperçoit le centre mondial des finances qui ressemble à un décapsuleur géant, la Tour Shanghai, toute vrillée ou encore la pointe de la Pearl, peut être la plus connue de la ville à défaut d'être la plus haute. Côté intérieur, il peut y avoir un autre spectacle, la cuisine étant entièrement ouverte sur la salle, et le chef italien n'épargne pas ses cuisiniers chinois.
Le premier matin sur place est une épreuve. Il faut bien penser à partir avec l'adresse de destination traduite en chinois, et s'assurer que le chauffeur de taxi a bien compris où il doit aller. C'est déjà un sacré défi. On peut alors affronter les nombreux bouchons de cette cité de plus de dix millions d'habitants. Les infrastructures routières sont hallucinantes : on trouve même des rampes façon parkings à niveaux, sauf qu'il s'agit là d'arriver à monter ou descendre suffisamment haut ou bas .... 1h à 1h30 de trajet, matin et soir, quelle hallucination! Et il faut préciser que la majorité des taxis ne disposent pas de la climatisation. Autant dire qu'avec les températures du moment, les trajets se font vitres ouvertes, un compromis entre la température et la pollution difficile à définir.
Autre surprise, la totalité des panneaux et devantures sont écrites en idéogrammes. Il est tout simplement impossible de se repérer sans une connaissance minimale du mandarin, ce qui ne facilite pas le moins du monde l'autonomie des étrangers. Dépaysement assuré! Les soirées au restaurant sont étonnantes : à croire qu'il y a une crainte de manquer. Les commandes sont bien trop copieuses; la table à beau tourner, c'est en vain : beaucoup de restes à la fin du repas. C'est aussi l'occasion de se rendre compte l'énorme différence entre ce qu'on appelle cuisine chinoise en France (en fait un mélange de divers pays asiatiques) et la réelle cuisine chinoise locale. Certains plats sont bien mystérieux, d'autres déroutants.
Ce premier voyage est aussi l'occasion de toucher du doigt les restrictions à la liberté. Si les hôtels proposent bien des accès internet gratuits dans leurs chambres, on découvre rapidement que notre moteur de recherche habituel, google pour ne pas le citer, ne fonctionne pas. Idem pour la messagerie du même fournisseur. Par cascade, cela bloque une série d'autres sites, comme par exemple le site d'Air France sur lequel il n'est pas possible de s'identifier à cause d'un usage de google en tâche de fond. Mystérieusement, googlemaps est autorisé, ce qui nous a sauvé avec un chauffeur de taxi totalement perdu. Une seule solution, disposer d'un accès internet par VPN, autant dire que cela se limite aux accès professionnels.
Je terminerai avec un carton jaune à notre compagnie nationale. Alors qu'une liaison quotidienne régulière existe entre Shanghai Pudong et Paris, aucune borne d'enregistrement n'est installée sur place. Autant dire qu'avec les restrictions internet locales ou si aucune imprimante n'est disponible, vous devrez attendre l'ouverture de l'enregistrement simplement pour obtenir la carte d'embarquement. C'est tout de même hallucinant quand on voit l'overdose de bornes en France, et que même dans des petites capitales comme Amman, on trouve une borne Air France.
Dernières tracasseries une fois dans l'avion. A plusieurs reprises, les autorités tardent à autoriser les mouvements de notre avion, ce qui se traduit finalement par une bonne heure de retard au décollage. Vivement qu'on quitte l'espace aérien chinois. J'ai aussi hâte de retrouver la nourriture européenne. Je n'ai rien contre la chinoise, mais à doses limitées.
PS : la photo d'illustration n'est pas de moi, elle a été récupérée sur wikipédia