Itinéraire bucolique entre terre et mer (4)

Publié le par Jérôme Voyageur

Jeudi 20 Octobre, Pinge

 

Une espèce étrange a devancé les coqs pour le réveil. Un mélange de grillon, de cigale et d’une machine électrique. Vers cinq heures trente, cela surprend un peu. Les gallinacés ne se mettent à chanter qu’après. J’ai tôt fait de tout ranger et de préparer les sacs pour le départ. Ainsi je peux flâner un peu en attendant le petit-déjeuner. Ce matin, il a une note tout particulièrement indonésienne. Tout une série de préparations à base de riz ou de noix de coco. La pâte de riz fourrée à la coco est elle-même emballée dans un savant écrin de feuille de bananier, scellé par de petites piques en bois. Quel travail !

Volcan BaturA sept heures trente, nous quittons ce havre de paix pour deux heures de route vers l’Est. Ici rien n’est direct ou presque. Il nous faut quasiment descendre jusqu’à Ubud, destination dus soir, avant de remonter vers le triptyque volcanique que constituent le Batur, l’Amang et l’Agung, le plus haut de tous. Nous débouchons finalement sur la lèvre d’une caldeira. Sous nos yeux, trois cratères se succèdent à différentes altitudes, tandis qu’une large tache noire s’étale au pied, témoignant d’une coulée pas trop ancienne. Sur la droite s’étire un lac en forme de croissant. Voici donc le cadre du volcan Batur. Nous descendons un peu dans la caldeira avant de mettre pied à terre. Avant de commencer à marcher, je profite de la terrasse du restaurant voisin pour profiter du panorama.

Pendant plus de deux heures, nous progressons vers le fond du cratère en empruntant une route de plus en plus défoncée, tout le temps surplombés par les cônes volcaniques du Batur. Parvenus au bout de la route, nous sinuons alors sur la dernière coulée, tantôt les champs de pierre ponce bien instables et irréguliers, tantôt  en bordure immédiate, là où la végétation a bénéficié à fond des bienfaits du volcanisme. Nous y apercevons de multiples arbres qui semblent prospérer plus qu’ailleurs, comme cet avocat aux branches chargées d’une centaine de petits fruits. On en mangerait sur place. Les chemins de pierre et de sable sont tout de même plus agréables que ces passages sur des petits blocs de basalte qui ont une fâcheuse tendance à rouler sous les pieds, au risque d’y laisser une cheville au moindre pas. Il en est ainsi du dernier tronçon pour rejoindre les rives du lac Batur : minéral et hostile, pas la moindre ombre. Etonnamment, alors qu’on ne croise pas le moindre touriste ici-là, nous dénichons sur une petite butte, deux panneaux explicatifs de la volcanologie du coin. Ils datent un peu mais ils sont toujours là. En levant les yeux, nous faisons face au volcan Amang qui semble tremper sa base dans les eaux du Batur, tandis que l’Agung, un peu en retrait, reste désespérément dissimulé sous une épaisse couche de nuages blancs.

Le lac Batur et ses parcs piscicolesAu moment de traverser la route qui longe le lac, nous sommes surpris par les nombreux véhicules, dont des camions-benne et des bus, lourdement chargés de gens endimanchés. Il semblerait qu’une cérémonie important attire les foules. De notre côté, nous privilégions les berges du lac pourtant pas très propres (et c’est un euphémisme) mais recouvertes de grands champs maraîchers. Dans l’eau, ce sont de multiples parcs de piscicultures qui encombrent les eaux. Un ou deux pêcheurs à bord d’étroites pirogues essaient en vain d’attraper des poissons avec de simples filets.

Volcan et lac BaturVolcan et lac BaturVolcan et lac Batur
Volcan et lac BaturVolcan et lac BaturVolcan et lac Batur
Volcan et lac BaturVolcan et lac BaturVolcan et lac Batur

Volcan et lac Batur

volcan BaturA l’issue de la ballade, le véhicule nous récupère dans le village et nous ramène sur la crête dans un des immenses restaurants avec vue sur la caldeira ; son défaut : être particulièrement venté à cause de sa situation sommitale. Après le repas, nous poussons un peu plus loin sur la lèvre pour rejoindre  le temple Ulun Danu Batur, considérés comme un des plus importants de l’île. Impossible de le manquer au bout de cette enfilade de trois temples, en plus de la foule massée là. Celui-ci doit sa réputation à la divinité des eaux, Dewi Batari Ulun Danu. Mais ici, il faut d’abord s’affranchir d’un droit d’entrée de trente cinq mille roupies (à ce prix là, on vous offre une boisson), puis dans la salle suivante, on vous impose une ceinture en plus du classique sarong, heureusement j’avais prévu le coup, sinon c’est vingt mille roupies location obligatoire en plus. A partir de là on vous bloque la circulation dans la rue pour vous faciliter la traversée jusqu’à l’entrée du complexe religieux.

Etonnamment, nous sommes quasiment seuls à visiter les lieux, peut-être un effet des tarifs un tantinet abusifs. C’est un vaste complexe qui nous attend. Dès l’entrée, nous sommes placés sous la protection de Ganesh, qu’on va retrouver à maints endroits à l’intérieur. Mais immédiatement nous découvrons dès la première cour deux divinités marines, rappelant le patronage du temple. D’imposantes portes conduisent vers les cours voisines. Certaines sont dotées de superbes portes dorées délicatement sculptées. Dans les cours suivantes se multiplient les autels, les sortes de trônes, les zones de repos, et des statues à profusion, de toutes tailles et de toutes couleurs. Les offrandes sont visibles à chaque pas. Les tours de pierre de lave aux nombreuses sculptures autant que les tours de toits de chaumes se multiplient dans tous les coins du temple. Sans grande connaissance de l’exercice religieux hindouiste, il est bien difficile de comprendre cette multiplicité architecturale.

temple Ulun Danu Baturtemple Ulun Danu Baturtemple Ulun Danu Batur
temple Ulun Danu Baturtemple Ulun Danu Baturtemple Ulun Danu Batur
temple Ulun Danu Baturtemple Ulun Danu Baturtemple Ulun Danu Batur

temple Ulun Danu Batur

temple Ulun Danu Baturtemple Ulun Danu Batur

temple Ulun Danu Batur

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article