Itinéraire bucolique entre terre et mer (9)

Publié le par Jérôme Voyageur

Dimanche 23 Octobre, Ubud

 

Journée de transfert. Nous partons vers huit heures en direction de la côte pour aller prendre le ferry qui doit nous conduire sur l’île voisine. La circulation est déjà, dense. Il nous faut plus d’une heure pour rejoindre Padangbai. C’est une large route qui nous y conduit : cela nous change des petites routes depuis une semaine. Lorsque la route flirte avec le littoral, nous  tombons deux fois sur des préparatifs de cérémonie de dispersion des cendres en mer. Des foules de personnes endimanchées en blanc se massent près des plages. Nous arrivons  finalement au port, d’abord à la mauvaise jetée, avant de retrouver celle des ferries. Nous abandonnons là notre chauffeur balinais : nous traversons en simples piétons. Une bande de porteurs nous tombe dessus, sauf qu’ils finissent par abandonner nos sacs sur le pont inférieur réservé aux véhicules entre deux camions. Sauf que celui-ci est complet. Quelle bande d’incapables, ils avaient soit disant peur de pas avoir le temps de redescendre avant le départ du navire ! A nous de nous frayer un chemin difficile en slalomant jusqu’à l’escalier puis de rejoindre la cabine des passagers au pont supérieur. Des sièges confortables nous y attendent. Il est même possible d’utiliser des couchettes. A peine assis, le bateau se met  en marche. Direction Lombok, à quatre heures de navigation. Après les consignes de sécurité présentées uniquement en indonésien, quelle surprise de voir le choix du film : Titanic, alors que cela commence à secouer. Les indonésiens sont plein d’humour. Suivra Avatar. Pour moi, c’est plutôt coma profond, bien aidé par le cachet contre le mal de mer.

En début d’après-midi, nous débarquons dans un port abrité au sud-ouest de l’île à Lembar. Là nous attend notre guide local anglophone. Nous sommes désormais escortés par deux spécialistes. Au large dans un minibus prévu pour neuf, nous reprenons la route vers le nord, plus ou moins en longeant la côte. Les mosquées remplacent les temps hindouistes (nous sommes désormais sur une île musulmane), le maïs laisse peu de place aux rizières et les palmiers semblent être les seuls arbres à pousser dans cette partie occidentale de l’île. Les routes semblent bien démesurées par rapport à la circulation (à peu près tout l’inverse de Bali). Nous nous arrêtons à Sengigi, principal secteur de plages de la côte ouest, pour prendre le déjeuner sur le sable, à un horaire plus qu’espagnol.

pêcheurs à SengigiIl est presque seize heures lorsque nous repartons pour le point de vue. Celui-ci permet d’percevoir au loin le mont Agung à l’est de Bali, mais aussi le mini archipel que constituent les trois petites îles Gili sur notre droite et la longue bande de sable qui accueille la côte touristique. Il reste encore une grosse heure pour rejoindre Senaru, un des camps de base pour l’ascension du mont Rinjani, le principal volcan qui domine Lombok. En chemin, nous dépassons à deux occasions des cérémonies de mariage, directement dans la rue.

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Lundi 24 Octobre, Senaru

 

Pour pallier à la lenteur du service, nous rejoignons les terrasses couvertes avec un quart d’heure d’avance, histoire de prendre le petit-déjeuner à l’heure. Nous choisissons celle qui est tournée vers la première cascade. Avant que les nuages ne le plongent dans un manteau ouaté, nous avons juste le temps d’apercevoir le sommet du Rinjani culminant tout de même à 3726 mètres d’altitude et plus près de nous l’autre lèvre de la caldeira, de mille mètres plus petite. Vers la vallée, ce sont les rizières qui occupent le paysage. Nous laissons toutes nos affaires sur place et quittons notre hébergement à pied. Direction les cascades de Senaru.

la cascade Sindang GilaLe départ de la marche est situé juste à côté de notre lieu de résidence. C’est un long escalier qui nous fait progresser vers le fond de la vallée tout en y descendant. Accompagnés d’un guide Senaru, nous sommes désormais dotés de trois escortes. Il faut à peine un quart d’heure pour rejoindre les dernières marches, au pied Sindang Gila, la première cascade que nous apercevions depuis la terrasse. Comme nous le devinions, elle se décompose en deux chutes successives avec un basin intermédiaire cerné de végétation. Ainsi, depuis le bas, les deux jets semblent surgir de tubes végétaux. Le second saut est tel qu’il crée une atmosphère d’embruns bien sensible dès qu’on approche de la cataracte. Certains visiteurs asiatiques un peu insensés, s’avancent trempés jusque sous la chute d’eau.

C’était une simple mise en bouche. Il faut remonter quelques dizaines de marches pour reprendre le chemin qui conduit à la cascade suivante. Après quelques marches à descendre, nous suivons un canal d’irrigation dont les berges bâties ont bien subi. Le parcours dure quelques centaines de mètres jusqu’à la retenue qui, aujourd’hui, ne retient pas grand-chose. Au-delà de cet ouvrage maçonné, le chemin se fait  plus sauvage jusqu’à croiser le lit de la rivière. Plus le choix. Il faut déchausser et traverser dans l’eau, pas si froide que cela, et de préférence avec des sandales pour avoir le pied plus ferme sur les rochers glissants. Sur l’autre rive, le chemin ne reste pas longtemps à sec. Nous  poursuivons directement dans le lit sur quelques dizaines de mètres avant de rejoindre enfin la rive opposée. Il ne reste qu’à rejoindre la cascade dont les fracas aquatiques commencent à se faire entendre avec netteté. Mais il faut encore franchir une série de passages rocheux, donc bien glissants sous nos sandales détrempées. la cascade Tiu KilepEnfin apparait Tiu Kilep dans son écrin de roches et de verdure. Elle semble avoir formé une marmite géante à ses pieds. Nous ne sommes que deux à vouloir tenter la baignade. Le premier défi consiste à dénicher un coin sec pour se changer et stocker ses affaires, le deuxième consiste à approcher, sans tomber, de la pseudo piscine formée à la base de la cataracte. Non sans encombre,, nous finissons par y parvenir. L’eau, bien que fraiche, reste plus que supportable. Vu la hauteur de chute, nous n’essayons même pas d’aller nous glisser dessous, ce serait trop risqué. Nous nous limitons aux embruns.

Mais il faut déjà faire demi-tour. Pas simple de se sécher dans un endroit aussi humide. De nouveau, les deux traversées de rivière. Les sandales font schlock schlock. Aussi gorgées d’eau, elles sont bien moins pratiques pour marcher : ça glisse dans tous les sens. Après le pont-canal, le guide me propose à nouveau d’emprunter le tunnel. Après avoir demandé plusieurs fois  s’il est assez haut pour moi, je me décide. Le guide local rebrousse chemin pour m’y accompagner tandis qu’Ari, le guide de Lombok, prend en charge mon sac (a posteriori, j’aurais pu le garder). Nous voici embarqués dans le canal d’irrigation, qui circule dans un tunnel d’environ deux cent cinquante mètres de long. Les sandales dans l’eau évidemment, la frontale sur le crâne et l’appareil photo autour du cou, je m’enfonce dans le noir derrière mon guide. De temps en temps, des sortes de fenêtres sont percées dans la paroi extérieure. Ainsi, l’ambiance est moins sombre. De temps en temps, il me signale les quelques défauts du sol pour éviter tout accident. Chemin faisant, nous court-circuitons une bonne partie des escaliers puisque le tunnel débouche au-delà de la première cascade. Du coup, les derniers tronçons de marches me paraissent moins pénibles. Aucun regret d’avoir opté pour cet itinéraire bis.

De retour à, l’hôtel, pas lassé de l’eau, je prends une bonne douche avant de boucler le sac. Nous quittons Senaru vers onze heures pour redescendre vers la côte jusqu’à Bayan. Ce village abrite une ancienne mosquée datant de 1640, au moment de la période d’islamisation de Lombok par deux imams, un javanais et un yéménite. Elle est étonnante : construite en bambou sur un socle de pierres, elle ne ressemble en rien à l’image qu’on peut avoir d’un tel endroit. Aucun signe distinctif. Elle ne sert qu’une fois par an pour une grande cérémonie. Nous ne pouvons profiter que de l’extérieur. Elle est flanquée des tombeaux de ses deux créateurs. A l’arrière se succèdent trois cimetières : un islamo-animiste, un animiste au milieu et sur la droite, celui des imams de la mosquée.

De là, nous repartons vers une autre cascade, dont nous ignorons le nom, suite à de longs débats, sur le programme théorique, celui du guide local, et la réalité du moment. Il nous l’assistance d’un jeune du coin pour trouver la bonne route. Celui-ci continue à nous accompagner sur le chemin. Commence alors l’expédition, chargé des pique-niques. Le chemin, d’abord tranquille et équipé d’échelles ou de mains-courantes, finit par rejoindre le lit d’une rivière. Pendant un bon moment, il est possible de progresser à pied sec sur la rive. Mais arrive le moment où le chemin devient impraticable. Il faut déchausser et traverser le cours d’eau laiteux. A être pieds nus, nous le restons jusqu’à la cascade, ce qui rend la progression moins bien assurée. Dès le bassin, cette eau a cet aspect laiteux qu’on trouve habituellement dans les eaux d’origine glaciaire ; mais ici nous en sommes particulièrement loin. Le mystère reste entier. Nous nous posons pour manger dans un cadre finalement assez moyen. Cette cascade n’a rien d’exceptionnel.  A peine finissons-nous nos repas qu’une averse éclate. Serein, je m’abrite avec mon barda sous ma cape de pluie et je continue de me restaurer comme si de rien n’était. Les guides s’abritent sous la rare végétation. Etonnamment la pluie réduit très vite d’intensité. Nous en profitons pour lever le camp, un peu à l’arrache. Les averses vont et viennent, de plus en plus clairsemées : c’est encore plus pénible de mettre et retirer la cape toutes les cinq minutes. Toujours est il que je rejoins le véhicule complètement trempé.

Le trajet ne suffira qu’à me sécher moi, par les fringues. Une fois n’est pas coutume à Lombok, nous rejoignons notre dernier hébergement en début d’après-midi. Cela laisse tout le temps de se reposer, de trouver des vêtements secs et de tenter de faire sécher les autres. Nous ne serons pas dérangés, nous sommes les seuls occupants des lieux.

cascades de Senaru et mosquée Kuno à Bayancascades de Senaru et mosquée Kuno à Bayancascades de Senaru et mosquée Kuno à Bayan
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