Le long de la ligne Maginot

Publié le par Jérôme Voyageur

20 Mai 2017, Pariscasemate Esch

Cela faisait longtemps que je songeais à une visite de la ligne Maginot. Ma curiosité pour l'histoire et particulièrement les deux guerres mondiales m'incitaient à cette découverte. Et le dernier déclencheur fut certainement la découverte par hasard du fort de la Ferté près de Montmédy l'an dernier lors de ma ballade autour de Verdun. C'était donc une évidence qu'un an plus tard, je viendrai probablement en Lorraine. Cette semaine de congés facilitée par le pont de l'Ascension était la période idéale, laissant aussi présager une météo assez clémente. Aussi, en ce samedi qui s'annonçait chaud, je partais avec ma voiture, direction l'est de la France, le grand est, devrais-je dire, étant donné la proximité de la frontière à destination. Mais pour explorer la Lorraine, j'ai choisi de me diriger vers le nord de l'Alsace. Quelle étrange idée me dire-vous? Je ne suis pas complètement gaga. En préparant ma semaine, j'ai identifié comme visite incontournable le fort de Schoenenbourg, un des sites majeurs des fortifications Maginot.

Bien que le trajet soit quasi intégralement autoroutier, le trajet finit par se révéler fatigant. Et il me tarde d'arriver à Haguenau où j'ai repéré un hôtel. Par chance, deux restaurants se trouvent à proximité immédiate. Cela m'évite de reprendre la voiture; Une petite sieste est la bienvenue pour récupérer du trajet.

 

21 Mai 2017, Haguenau

 

Je n'imaginais pas ce genre d'hôtel aussi silencieux. Résultat, en l'absence de réveil, j'ouvre l'oeil tardivement, un quart d'heure à peine avant la fin du petit-déjeuner. Autant dire que le programme de la matinée risque d'être serré. Je commence ma journée militaro-historique du côté du village de Hatten. En le quittant par le sud, on tombe immanquablement sur la casemate Esch. il s'agit d'un ouvrage Maginot de taille relativement modeste mais qui porte encore de nombreux stigmates de la fin du conflit mondial. Avec son char installé au sommet, on ne peut pas la rater. Néanmoins, il me semble inutile de le visiter : on en profite très bien depuis le bord de la route. C'est une mise en bouche avant de poursuivre plus loin dans la forêt nord-alsacienne.

A la limite entre les communes de Hunspach et d'Ingolsheim, au coeur de la forêt, on finit par déboucher sur la clairière formée autour de l'entrée des munitions du fort de Schoenenbourg. Plus loin, en tout cas, impossible à voir de puis cet accès se trouve l'entrée des troupes, dans le même format. Un peu comme un iceberg, c'est la petite partie émergée d'un complexe souterrain bien plus imposant que ne le laisse présager la construction extérieure. Deux cloches à mitrailleuses surmontent la construction pour compléter la défense rapprochée autour du portail d'accès.

fort de Schoenenbourg, entrée des munitions

Du fait de mon arrivée autour de 11h alors que le site est sensé fermer une heure plus tard, il faut que je parlemente quelques minutes pour l'hôtesse me laisse tout de même entrer. Cela aurait été trop bêta d'attendre jusqu'à 14h. Maudite chambre trop calme. Pour gagner du temps, j'utilise l'ascenseur moderne pour descendre dans l'antre du fort. Ce gros ouvrage comprend six blocs de combat en plus des deux d'accès. Pas moins de 1500 mètres séparent le plus avancé de l'entrée. Autant dire que même pour une visite partielle, je m'apprête à une visite sportive, d'autant que je ne peux pas non plus trainer pour ne pas faire attendre à la sortie. Pas de gymnastique dans les couloirs. Au pied de l'ascenseur on débouche dans une large galerie éclairée et parcourue par une voie ferrée. Celle-ci permettait de déplacer les munitions et autres fournitures dans toute la structure. Seuls les troupes cheminaient à pied. Le parcours est parfaitement flécher pour traverser les principales installations. D'ailleurs je retrouve et dépasse un groupe d'allemands dans la salle des moteurs. En chemin, j'avais pu apercevoir des cuisines d'une impressionnante modernité pour l'époque. Juste après les groupes électrogènes, une imposante installation de purification d'air se présente : encore une installation indispensable pour survivre sous terre. Autant les installations techniques, dignes d'une ville souterraine, semblent futuristes pour les années 30-40, autant les chambrées font penser à des parcs à bestiaux sans le moindre confort. Et chaque paillasse était partagée entre deux voir trois soldats  ...

au coeur du fort de SchoenenbourgAprès avoir sinué dans des couloirs à taille humaine entre la centrale électrique et le casernement, on retrouve l'artère principale pour rejoindre un des blocs de combats. Un peu plus de six cent mètres de ligne droite ou presque. C'est l'occasion d'accélérer le rythme. Cela n'empêche pas de jeter un oeil aux salles aménagées en musée avec les nombreux objets récupérés ici et là. En chemin, un panneau attire mon oeil. Les taches sombres derrière la plaque de plexiglas ne sont pas de la crasse mais du pétrole qui suinte à travers le sous-sol alsacien. Après avoir dépassé le poste de commandement, on bifurque sur la droite vers les blocs 5 et 6. C'est là qu'on peut découvrir toute la structure des tourelles. Impossible néanmoins d'y monter, ni même d'apercevoir la cloche. Cela permet néanmoins de se rendre compte de la technicité de ces mécanismes. Il est désormais temps de faire demi-tour. direct jusqu'à l'ascenseur. De retour à la surface, je me rends compte que j'ai réussi à resortir avant l'heure fatidique, et largement avant le groupe qui me précédait. En ressortant de l'ouvrage je découvre la présence de quelques vestiges de protections rapprochées, barbelés, rails plantés dans le sol, ainsi que les reliques d'une voie ferrée qui servait à l'approvisionnement des lieux.

 

La route se poursuit vers le nord-ouest, souvent en forêt, la plupart du temps seul. Agréable promenade le long de la ligne Maginot dont on ignore la présence la plupart du temps. Souvent ils sont dissimulés par la végétation, et ceux qui ne sont pas ouverts au public sont interdits d'accès puisque terrains militaires. Il en est ainsi de l'ouvrage du Hochwald. ouvrage du Four-à-ChauxA l'approche du village de Lembach, on circule en contrebas de l'ouvrage du Four-à-Chaux. Je m'y arrête quelques minutes le temps de faire des photos. L'entrée est très ressemblante à celle de Schoenenbourg. C'est le symbole de cette construction à l'échelle industrielle d'un cordon de fortifications courant des Ardennes jusqu'à la Méditerranée. Cerise sur le gâteau, un char américain a été déposé le long du chemin d'accès.

 

 

A l'intérieur du fort de SchoenenbourgA l'intérieur du fort de SchoenenbourgA l'intérieur du fort de Schoenenbourg
A l'intérieur du fort de SchoenenbourgA l'intérieur du fort de SchoenenbourgA l'intérieur du fort de Schoenenbourg
A l'intérieur du fort de SchoenenbourgA l'intérieur du fort de SchoenenbourgA l'intérieur du fort de Schoenenbourg

A l'intérieur du fort de Schoenenbourg

Publié dans Carnet de voyage, Europe, France

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